Notre-Dame de Pontmain
Le contexte
L'hiver 1870-1871 fut terrible pour la France. Le 19 juillet, Napoléon
III avait déclaré la guerre à la Prusse et depuis, les défaites se
succédaient. L'Empereur avait capitulé le 2 septembre, Paris était
assiégé par l'ennemi, l'armée de l'Ouest était battue au Mans le 13
janvier, et elle se repliait en désordre. Une grande partie de la France
était occupée : il ne restait plus aucun espoir humain d'arrêter
l'invasion.
Après la défaite du Mans, l'inquiétude augmenta dans l'Ouest ; les
troupes françaises battaient en retraite en direction de la Bretagne.
Le
soir du 17 janvier, le général allemand Von Schmidt disait : "En ce
moment, mes troupes sont à Laval". Elles étaient, en effet, aux portes
de la ville et avaient reçu l'ordre de la prendre, celle-ci ne pouvait
résister. Or, Laval est à 52 kilomètres de Pontmain.
L'angoisse régnait à Pontmain. Depuis le 23 septembre, 38 hommes étaient partis à la guerre.
Monsieur
le Curé les y avait préparés. Après la messe célébrée pour eux le jour
du départ, il les avait bénis, consacrés à la Sainte Vierge, et leur
avait promis qu'ils reviendraient tous.
Mais, depuis plusieurs jours, on était sans nouvelles de la plupart d'entre eux.
L'angoisse
était telle que le 15 janvier, après les vêpres, personne n'avait eu le
courage d'entonner le cantique habituel : "Mère de l'Espérance".
Mais
l'abbé Guérin avait su trouver dans son cœur les paroles de foi et de
confiance qui raniment le courage. La prière et les chants s'étaient
finalement élevés comme de coutume. Puisque toutes les espérances et les
consolations humaines semblaient perdues, ne fallait-il pas se tourner
vers Dieu ?
Au départ des soldats, Monsieur le Curé avait demandé à ses paroissiens de venir à la messe, chaque jour si possible. Son appel avait été entendu, l'assistance était nombreuse et, après la messe, on priait encore pour la France et les soldats.
La paroisse était devenue une véritable communauté priante, dans laquelle chaque famille voulait avoir sa place.
Les enfants priaient peut-être encore plus que leurs parents. Monsieur le curé ne se lassait pas de leur redire : « Priez, mes enfants, vous obtiendrez miséricorde ; et surtout, demandez par Marie ».
Parmi les enfants, les deux petits Barbedette se distinguaient par leur piété.
Chaque
matin, après une courte prière et le travail avec leur père, ils
récitaient le chapelet à haute voix pour leur frère (parti à la guerre),
avant le déjeuner.
Depuis
le début de la guerre, ils allaient chaque jour à l'église faire le
chemin de croix, pour demander la cessation des hostilités.
Ils servaient ensuite la messe de 7 heures et s'unissaient encore aux
prières pour les soldats. La classe sonnait à 8 heures. Là encore, les
religieuses les faisaient prier et chanter des cantiques pour obtenir la
miséricorde divine. Ainsi se passa la journée du 17 janvier 1871...
...
Au moment précis où la Vierge Marie promettait la paix aux petits
enfants de Pontmain, les troupes allemandes étaient établies dans le
voisinage immédiat de Laval et recevaient du général Von Schmidt l'ordre
de prendre la ville qui était sans défense... Mais dans la nuit du 17
au 18, le prince Frédéric-Charles donnait contrordre ; le lendemain
avaient lieu à Saint-Melaine, à 2 km de Laval, les derniers combats qui
se terminaient à l'avantage de l'armée française.
Le 20 janvier, Laval vivait encore dans l'inquiétude, car la nouvelle
de l'apparition n'était pas connue. Mgr Wicart, évêque de Laval faisait
dans la basilique d'Avesnières le vœu de rebâtir la tour et la flèche,
pour que la ville fut préservée de l'invasion. Le jour même, les troupes
allemandes commençaient à évacuer la Mayenne. Le message de Pontmain se
réalisait : « Priez, Dieu vous exaucera en peu de temps ».
Le 28, l'armistice était signé... (D'après le Chanoine Foisnet, Notre
Dame de Pont-Main, Belles histoires belles vies, éditions Fleurus)
Les faits
Vers 6 heures, Jeanne Destais, l'ensevelisseuse, entre dans la grange pour raconter ce qu'elle a appris au sujet des soldats dont fait partie Auguste Friteau, le demi-frère d'Eugène et Joseph Barbedette.
A
ce moment, Eugène va dehors guettant le retour de l'aurore boréale
qu'il a aperçue le 11 janvier, mais c'est autre chose qu'il voit à vingt
pieds au-dessus de la maison Guidecoq :
une Dame vêtue d'une robe bleu sombre,
parsemée d'étoiles comme la voûte de l'église.
Un voile de deuil encadre son visage fin et jeune.
Elle porte une couronne d'or marquée d'un liseré rouge à mi-hauteur.
Elle sourit et tend les mains vers l'enfant
Un instant effrayé, Eugène est vite captivé par le tendre regard de cette Dame qu'il contemple en silence.
Un message
Arrivent
Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé : deux filles de l’école.
Elles voient et battent des mains, joyeuses, comme les garçons : « Oh !
la belle Dame ! »
On
avertit le curé : l’abbé Guérin (soixante-neuf ans). Il arrive inquiet,
avec sa gouvernante munie d’une lanterne. La prière s’est déjà
improvisée.
Deux
tout-petits regardent aussi avec un sourire ravi : Eugène Friteau (deux
ans), infirme, enveloppé dans le châle de sa maman, et Augustine
Boiteau, encore plus petite, qui gazouille avec enthousiasme : « Le
Zésus ! le Zésus ! »
Les
voyants signalent alors : « V’là d’què qui s’fait » (quelque chose se
fait). Un cadre s’est formé autour de l’apparition, une sorte de
mandorle, ornée de quatre bougies à l’intérieur. Une petite croix rouge
est apparue à l’endroit du cœur. Il y a maintenant plus de cinquante
personnes : « V’là qu’elle tombe en humilité » (c’est-à-dire en
tristesse), dit Eugène.
Une banderole apparaît dans le ciel, horizontalement.
La croix dans le ciel
Le
message est terminé, mais voici un nouveau signe : les enfants le
décrivent : « Un grand crucifix apparaît dans le ciel. Notre-Dame le
tient devant elle, à deux mains, légèrement incliné. Une croix d’environ
40 centimètres », ont-ils évalué. En haut, un écriteau est fixé : «
JÉSUS-CHRIST » ; rouge, couleur du sang versé durant la Passion et
aujourd’hui dans la guerre qui déferle. La foule chante le Parce Domine :
Épargne, Seigneur ! C’est le moment le plus poignant. La tristesse
devient plus profonde sur le visage de l’apparition. Une étoile monte
dans le ciel. Elle vient allumer successivement les quatre bougies de la
mandorle. Notre-Dame salue cette lumière d’un nouveau sourire.
Il
est environ vingt heures trente : « Faisons tous ensemble la prière du
soir », demande le curé. Pendant l’examen de conscience, avant l’acte de
contrition, une dernière phase commence. Les enfants la décrivent au
fur et à mesure : Un grand voile blanc apparaît aux pieds de la Vierge.
Il monte lentement devant elle et la cache progressivement, de bas en
haut.
Chacun
rentre chez soi, dans le recueillement et l’espérance. L’angoisse de la
guerre s’est évanouie. Les Allemands ne viendront pas jusqu’à Pontmain.
Tous les soldats du village reviendront successivement sains et saufs.
La joie est profonde et discrète.
Jeanne
Destais ne voit rien, le père non plus ; mais Joseph, sorti avec eux,
voit bien, lui ; et il fait la même description que son frère.
L'abbé Guérin
C'est
ainsi : ni Victoire, la mère, ni les Sœurs Vitaline et Marie-Edouard,
ni même l'Abbé Guérin, aucun adulte ne pourra voir autre chose que les
trois étoiles qui encadrent, en triangle, la tête et les bras de la
Dame. Mais plusieurs autres enfants ont éclaté de joie en regardant le
ciel.Ainsi
Françoise Richer (11 ans) et Jeanne-Marie Lebossé (9 ans) qui, avec les
frères Barbedette, forment le groupe des quatre voyants officiellement
reconnus.
Ainsi
la toute petite Augustine Boitin (25 mois) qui battait des mains,
Eugène Friteau (6 ans et demi) illuminé de bonheur, bien que très
malade. Quant à Auguste Avice (4 ans), il décrivit doucement la Dame à
son père ; ensuite, sur l'ordre de celui-ci, il garda le silence. Plus
tard, par trois fois et en particulier la veille de sa mort, il rompit
ce silence pour dire qu'il avait vu la Sainte Vierge.C'est elle, en effet, qui fut reconnue lorsque les enfants épelèrent la dernière partie du message écrit :
L'apparition donna lieu à une veillée de prières dans la neige devant la grange ce soir d'hiver.Les enfants restèrent ainsi trois heures à prier, à s'exclamer en regardant le ciel, sans un instant de lassitude.
Après
le 20 janvier une dernière canonnade suscite un vœu à Notre-Dame
d'Avesnières de Laval. Les troupes prussiennes se replient. Le 28
janvier l'armistice est signé. Les 38 soldats mobilisés dans la paroisse
de Pontmain reviennent tous indemnes.
La
reconnaissance l'emporte sur le scepticisme. La prière demandée par la
Vierge continue. Les foules affluent. Les voyants, eux, sont interrogés,
d'abord par le doyen de Landivy puis par une commission spéciale, enfin
par l'évêque lui-même.
Des
médecins les examinent, au terme de l'enquête, le 2 février 1872,
Monseigneur Wicart évêque de Laval, fait la déclaration suivante :
«
Nous jugeons que l'Immaculée Vierge Marie, Mère de Dieu a véritablement
apparu, le 17 janvier 1871, à Eugène Barbedette, Joseph Barbedette,
Françoise Richer et Jeanne-Marie Lebossé, dans le hameau de Pontmain.»
Évoquant alors l'armistice et les préliminaires de paix, il renvoie aux paroles inscrites dans le ciel.
La
nouvelle se répandit très vite dans toute la contrée comme dans toute
la France. L’armistice sera signé 11 jours plus tard et les allemands
ne sont pas entrés à Laval ! Les 38 soldats mobilisés dans la paroisse
de Pontmain reviennent tous indemnes.
Reconnaissance de l’évêque de Laval
Des grâces de toutes sortes seront obtenues à Pontmain.
Les témoins de l'apparitionEugène Barbedette
Victoire Barbedette avait perdu son premier mari Augustin Friteau avec trois petites filles en 1856 lors d’une épidémie de typhoïde. Restée seule avec son fils Auguste, elle s’était remariée en 1857 avec César Barbedette dit « Bériot ». De ce mariage vont naître deux garçons.
Eugène est né à Pontmain le 4 novembre 1858. Très tôt, il fut, comme son frère, initié à la prière. N’oublions pas qu’à Pontmain, on priait le chapelet tous les jours dans toutes les familles et cela depuis l’arrivée de l’abbé Michel Guérin. Le travail manuel faisait aussi partie du quotidien.
« Aussitôt sortis de l’école, toutes sortes de petits travaux nous attendaient à la maison. Il fallait tourner le rouet de la mère et de la domestique, effilocher les vieux chiffons de laine, piler les ajoncs dans la grange, couper en tranches les betteraves et les carottes pour la nourriture des animaux. Je me souviens que ce travail était assez dur… Il n’y avait donc jamais pour nous un instant de paresse » (mots d’Eugène).
Le matin du 17 janvier 1871, après le travail avec le père, il fallait bien remplacer le frère aîné Auguste parti à la guerre ; il était allé à l’église prier et servir la messe avant d’aller à l’école. Le soir, il se retrouvait à la grange pour le travail quand sorti dehors « voir le temps » il vit le premier la belle Dame.
Joseph Barbedette
Joseph
est né le 20 novembre 1860. Il était d’un caractère plus enjoué que son
frère, plus jovial. Lui aussi comme son frère avait été formé par
Victoire à la prière et au travail. L’éducation « selon Victoire » était
celle que l’on retrouvait dans toutes les familles de l’époque. C’était
la mère qui était investie de la charge de l’éducation. Non point que
le père s’en désintéressât, mais il était pris par le travail des
champs, tandis que la mère se tenait à la maison ; il n’intervient qu’en
dernier ressort pour les cas jugés graves par la mère : « Je vais le
dire à ton père ».
La sanction était la plupart du temps une « tok » ; les gifles c’étaient pour les plus petits rebelles de la ville. A la campagne, on donne une « tok ». Le mot exprime parfaitement ce qu’il représente. C’était le bruit que le geste produisait sur la joue du récalcitrant. Victoire, disait-on, avait la « tok » facile, et c’était musclé.
Joseph avait donc dormi à la grange avec Eugène comme ils étaient habitués à le faire. Réveillés de bonne heure par leur père, ils avaient travaillé, puis mangé la soupe du matin avant d’aller à l’église où ils vont faire la grande prière du matin, puis le chemin de croix (c’était une promesse faite à Auguste pour qu’il revienne sain et sauf de la guerre) avant de servir la messe.
« Oh ! la belle Dame ! Qu’elle est belle ! ». C’est par cette exclamation que Joseph sorti de la grange un peu après son frère va saluer l’apparition.
Jeanne-Marie Lebossé
La sanction était la plupart du temps une « tok » ; les gifles c’étaient pour les plus petits rebelles de la ville. A la campagne, on donne une « tok ». Le mot exprime parfaitement ce qu’il représente. C’était le bruit que le geste produisait sur la joue du récalcitrant. Victoire, disait-on, avait la « tok » facile, et c’était musclé.
Joseph avait donc dormi à la grange avec Eugène comme ils étaient habitués à le faire. Réveillés de bonne heure par leur père, ils avaient travaillé, puis mangé la soupe du matin avant d’aller à l’église où ils vont faire la grande prière du matin, puis le chemin de croix (c’était une promesse faite à Auguste pour qu’il revienne sain et sauf de la guerre) avant de servir la messe.
« Oh ! la belle Dame ! Qu’elle est belle ! ». C’est par cette exclamation que Joseph sorti de la grange un peu après son frère va saluer l’apparition.
Jeanne-Marie Lebossé
Jeanne-Marie est née à Gosné (Ille-et-Vilaine) au village de Louvel le 12 septembre 1861. Elle était la fille unique de François Lebossé et de Jeanne-Marie Garancher. Dès le lendemain de sa naissance, elle avait été baptisée à l’église de Gosné par l’abbé Beaulieu, recteur.
Elle écrira plus tard : « Depuis l’âge de deux ans, à la mort de mon père, ma mère étant tombée paralysée, j’ai été recueillie par ma tante Supérieure des Sœurs Adoratrices de la Justice de Dieu, qui tenaient l’école à Pontmain » (12 décembre 1920).
Voilà donc Jeanne-Marie arrivée très tôt à Pontmain près de la tante Perrine Lebossé, en religion Sœur Marie-Timothée de la Croix née elle-même à Laignelet (Ille-et-Vilaine). Directrice de l’école, elle donne aussi des soins à domicile.
Pour Jeanne-Marie, la mort de son père et la maladie de sa mère qui entraînent la séparation sont sans nul doute une épreuve terrible qui la marque dès sa plus tendre enfance et que l’affection de la tante religieuse – malgré tous ses efforts – ne pourra compenser.
Se trouvant sur place, Jeanne-Marie va entrer très tôt à l’école, ce que dénoterait son esprit éveillé.
Le soir du 17 janvier, elle va suivre Sœur Vitaline avec les deux autres pensionnaires et elle va être témoin de tout ce qui se passe ce soir-là au-dessus de la maison d’Augustin Guidecoq.
Françoise Richer
On sait peu de choses de l’enfance de Françoise Richer. Elle était née en 1860.
Pensionnaire à l’école de Pontmain, elle vit là avec les religieuses : Sœur Marie-Timothée, Sœur Vitaline et Sœur Marie-Edouard et deux autres petites pensionnaires : Augustine Mouton, âgée de 13 ans, et Jeanne-Marie Lebossé (9 ans).
Une première fois, Victoire Barbedette était venue demander à Sœur Vitaline (Sœur Marie-Timothée était ce soir-là à sa communauté de Rillé Fougères) : « Ma Sœur, voudriez-vous venir chez nous ? Les garçons disent qu’ils voient quelque chose, mais nous on ne voit rien ».
Sœur Vitaline ne vit rien non plus, à l’exception des trois étoiles, mais fit cette réflexion judicieuse : « Si ce sont les enfants qui voient, c’est qu’ils en sont plus dignes que nous ».
De retour à l’école, Sœur Vitaline dira aux petites filles : « Petites filles, venez donc par là, Victoire a quelque chose à vous montrer ».
Les enfants hésitent. Françoise a peur de la nuit. Pourtant, c’est elle qui va voir la première. Arrivée au coin de la maison du cordonnier Rousseau, elle s’écrie : « Moi je vois bien quelque chose sur la maison Guidecoq, mais je ne sais pas ce que c’est ».
Elle fait les quelques pas qui la séparent de la grange avant d’écrier en même temps que Jeanne-Marie : « Oh ! la belle Dame » ! »
Françoise et Jeanne-Marie décrivent alors cette belle Dame, tout comme les garçons l’avaient déjà fait auparavant.
Notre-Dame de Pontmain (1) par Nuntiavit
Notre-Dame de Pontmain (2) par Nuntiavit
LE PÈLERINAGE
Le
17 janvier 1871, pendant trois heures, la Sainte Vierge Marie
illuminait le ciel de Pontmain devant quelques enfants. Seize ans
auparavant, le tout nouveau diocèse de Laval, avait été voué à
l’Immaculée Conception de la Vierge Marie.
Monseigneur Casimir Wicart, évêque de Laval, ordonna tout de suite une enquête minutieuse sur l’événement et vint lui-même à Pontmain interroger les uns et les autres. D’autres investigations et interrogatoires furent menés par la suite, mais dès le 2 février 1872, par un acte canonique très déterminé, l’évêque prononça solennellement sa sentence. Il reconnaissait l’authenticité de l’apparition, approuvait le culte de Notre Dame de l’Espérance de Pontmain et appelait à la construction d’un sanctuaire.
L’abbé Michel Guérin étant mort après 36 ans de service à Pontmain, l’évêque faisait appel aux Missionnaires Oblats de Marie Immaculée comme animateurs des premiers pèlerinages et prédicateurs apostoliques dans toute la région de l’ouest. Il les avait connus quand il était évêque de Fréjus. Ils furent mis en charge le 1er octobre 1872. Par coïncidence, à la même époque, les Oblats furent aussi appelés à desservir comme chapelains la future Basilique du Sacré Cœur de Montmartre.
Moins d’un an plus tard, le 18 juin 1873, Mgr Wicart bénissait la première pierre du sanctuaire de Pontmain. C’était son chant du cygne : il allait mourir peu après.
Ses successeurs entrèrent tout à fait dans ses vues, et confirmèrent ses décisions, mais eurent un épiscopat assez court : 10 ans, 48 jours, huit mois, 5 ans, et 4 ans. Avant la fin du siècle pourtant, le 15 octobre 1900, Mgr Pierre Geay, consacrait la basilique.
Monseigneur Casimir Wicart, évêque de Laval, ordonna tout de suite une enquête minutieuse sur l’événement et vint lui-même à Pontmain interroger les uns et les autres. D’autres investigations et interrogatoires furent menés par la suite, mais dès le 2 février 1872, par un acte canonique très déterminé, l’évêque prononça solennellement sa sentence. Il reconnaissait l’authenticité de l’apparition, approuvait le culte de Notre Dame de l’Espérance de Pontmain et appelait à la construction d’un sanctuaire.
L’abbé Michel Guérin étant mort après 36 ans de service à Pontmain, l’évêque faisait appel aux Missionnaires Oblats de Marie Immaculée comme animateurs des premiers pèlerinages et prédicateurs apostoliques dans toute la région de l’ouest. Il les avait connus quand il était évêque de Fréjus. Ils furent mis en charge le 1er octobre 1872. Par coïncidence, à la même époque, les Oblats furent aussi appelés à desservir comme chapelains la future Basilique du Sacré Cœur de Montmartre.
Moins d’un an plus tard, le 18 juin 1873, Mgr Wicart bénissait la première pierre du sanctuaire de Pontmain. C’était son chant du cygne : il allait mourir peu après.
Ses successeurs entrèrent tout à fait dans ses vues, et confirmèrent ses décisions, mais eurent un épiscopat assez court : 10 ans, 48 jours, huit mois, 5 ans, et 4 ans. Avant la fin du siècle pourtant, le 15 octobre 1900, Mgr Pierre Geay, consacrait la basilique.
Évidemment beaucoup de personnes faisaient déjà le déplacement de Pontmain, en carriole, mais souvent aussi à pied, et parfois venaient de très loin. Dès le premier anniversaire, le 17 janvier 1872, on comptait 8.000 pèlerins. L’affluence ne fit que croître avec les années.
On assistait à la messe de 10 heures dans la petite église paroissiale, puis on allait en procession à la grange et à la petite colonne élevée en souvenir de l’apparition ; on écoutait une instruction, et on revenait pour le salut du St Sacrement.
Mais pas de basilique encore. C’est à l’endroit de l’apparition que le sanctuaire se construisait. Le terrain qui s’appelait précédemment « Les Douves du Château », appartenait à Monsieur Morin du Tertre, mais à la nouvelle de l’apparition il s’était écrié joyeusement : « ce champ ne m’appartient plus ; la sainte Vierge me l’a volé ! »
En septembre 1873, pendant six jours se succédèrent près de 40.000 pèlerins venus de toute la région, doyenné par doyenné. « Autant d’hommes que de femmes, remarque un contemporain». Les rumeurs malveillantes ou alarmistes ne manquaient pourtant pas en cette époque agitée : « l’estrade s’est écroulée, il n’y a plus rien à manger, pas de place pour les carrioles, pourquoi aller là-bas, c’est la misère, cette croix rouge veut dire le sang, donc la guerre va recommencer etc »
Le 17 janvier 1877, on célèbre pour la première fois la messe dans le chœur de la nouvelle église. On a prié « comme aux 6 jours de 1873 ! » Les invocations plaisent beaucoup aux pèlerins. La chronique nous explique : « Ces acclamations lancées d’une voix forte et sonore par un prêtre et terminées par l’Amen solennel de tous les pèlerins étaient d’un effet saisissant et ont donné à la cérémonie le caractère d’une importante manifestation de foi ».
Le projet était d’élever un gigantesque clocher avec au sommet une statue de la Vierge. Mais le terrain n’était pas assez solide. La tour s’effondra et on dut se contenter des deux clochers déjà construits et d’élever la voûte à 35 mètres. Celle-ci fut posée en 1883.
Le 11 octobre 1896, grande fête pour la bénédiction du carillon. Le Père Achille Rey est supérieur des chapelains depuis trois ans après avoir été à Montmartre où il avait installé la plus grosse cloche du monde, la Savoyarde. Cette fois-ci, 33 cloches sont prévues... La journée entière est une immense fête. Mais le comble ce sera le soir, « après la récitation du Rosaire, lorsque sur la façade et au premier étage de la basilique, pendant que le P. Lemius, d’une voix tonnante, parlera à la foule, des projections lumineuses des professeurs du Collège de l’Immaculée Conception de Laval dérouleront sous les yeux de tous quelques poses des diverses phases de l’Apparition. Alors l’enthousiasme électrisera tous les cœurs et les chants s’élèveront pour chanter, chanter encore, comme on chantait le soir du 17 janvier ».
Le 15 octobre 1900 a eu lieu la consécration de la grande église. La cérémonie sera très belle et longue, rappelant les rites bibliques de la consécration du Temple.
En 1903, les Oblats, comme tous les autres religieux, étaient expulsés de France. Ils ne reviendront que longtemps après la première guerre mondiale. Heureusement, le clergé du diocèse avait pris leur relève.
En 1908, les 22-23-24 septembre, proclamation solennelle de la Basilique Notre Dame de l’Espérance de Pontmain, en présence de 2 archevêques, 4 évêques, 600 prêtres, 15.000 pèlerins.
Notre-Dame de Béchouate
Si
de nombreux fidèles s’étant rendus dans la Mayenne ont fait état de
grâces reçues à l’occasion de pèlerinages, Notre-Dame de Pontmain
réalise aujourd’hui encore des prodiges, cette fois-ci au Liban.
En savoir plus : Notre-Dame de Béchouate au Liban.
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