Saints Sinice et Sixte (3ème s.)
évêques de Reims
Sinice de Reims ou Sinice de Soissons, ou plus simplement saint Sinice, est évêque de Soissons au IIIe siècle.
D'abord simple prêtre, Sinice vient évangéliser les régions de Soissons et Reims en compagnie de Sixte.
Ce dernier le désigne évêque de Soissons.
À la mort de Sixte, Sinice devient à son tour évêque de Reims vers 280.
Il décède en 286.
Il est enseveli auprès de Sixte et ses cendres sont transférées avec les siennes, au Xe siècle, en l'église église Saint-Remi de Reims.
Sixte de Reims est un évêque de Reims du IIIe siècle.
Il a été proclamé saint.
Biographie
Après
avoir parcouru avec Sinice, son collègue, le pays rémois et
le Soissonnais, il se fixe à Reims et établit Sinice à Soissons.
Il occupe le poste d'évêque de Reims vers 260 pour une vingtaine d'années.
Il est enterré dans l'église de Reims, qui est alors appelée, de son nom et de celui de son successeur,Saint-Sixte et Saint-Sinice.
Ses ossements sont transférés par l'archevêque Hérivé dans l'église Saint-Remi en 920.
Les envoyés de saint Sixte II
Animés
de l’esprit évangélique, remplis d'un espoir inébranlable, conscients
de la difficulté de leur mission, deux missionnaires, Sixte et Sinice,
arrivèrent à Durocortorum des Rèmes, probablement envoyés par la pape
saint Sixte II, sinous acceptons l'assertion de l'évêque Hincmar, lequel
affirme que le premier évêque de Reims, saint Sixte, fut envoyé dans
notre ville par le pape du même nom.
Or
ce pape, élu au siège de saint Pierre en août 257, au moment même où
Valérien publiait son édit de persécution contre l'Église, fut martyrisé
en même temps que ses diacres en 258, probablement au mois d'août
aussi.
Nous pouvons donc déduire que ces deux premiers missionnaires arrivèrent chez nous en ces années-là.
À Rome, au cours de ce IIIe siècle, la persécution sévissait, féroce et implacable et « le nombre de martyrs connus, identifiés, ne doit être rien à côté de la masse immense des anonymes. »
Pour
avoir une idée plus précise de ces événements, faisons appel à un
historien chrétien dont le renom n'est plus à faire : Daniel-Rops.
« Ce
n'était pas la religion chrétienne qui était visée, mais la société
chrétienne, considérée — pour la première fois — comme “association
illicite”. Les chefs, notamment les évêques, devaient être mis en
demeure de sacrifier aux dieux de l'Empire; le culte public était
interdit et la visite des cimetières chrétiens prohibée. (...) Le
premier édit fut donc suivi d'une première vague de sévices. Des
chrétiens, prêtres et laïcs, furent déportés aux mines. Les cimetières
chrétiens furent gardés par la police et ceux qui essayèrent d'y tenir
des réunions, durement châtiés. »
Saints
Sixte et Sinice, malgré les dangers qu'ils pouvaient logiquement
envisager, en arrivant, dans la cité païenne de Durocortorum, où le
culte aux dieux romains était une obligation, commencèrent leur
apostolat et, s'aperçurent probablement que la persécution n'était pas
le principal souci de ses magistrats à ce moment-là.
Comment furent-ils reçus ?
Aucun
document ne nous permet de répondre à cette question. Nous pouvons
supposer que l'accueil fut plutôt défavorable et froid et que le début
de leur mission fut extrêmement périlleux, non seulement à cause de la
nouveauté des arguments mais parce que les bruits de persécution venant
de Rome, n'incitaient pas les Rèmes à accepter une religion qui avait
pour fondateur un supplicié et, de surcroît, un supplicié crucifié comme
un banal voleur.
Pour y adhérer, il fallait vraiment avoir « la folie de la Croix », ou avoir vraiment compris que « le
bonheur que le christianisme promet à l'homme présente un ensemble de
caractères radicalement opposés à ceux de la félicité romaine. Il
consiste dans la jouissance du Bien suprême, c'est-à-dire dans l'union
avec Dieu. Il est parfait comme le Bien qui en est le principe, il est
indéfectible, il est éternel, il est fait pour tous, à la seule
condition qu'ils obéissent à la Loi d'amour: aimer Dieu par-dessus tout
et son prochain comme soi-même. »
Il
est possible d'affirmer que même avant l'arrivée de ces deux
missionnaires, des chrétiens vivaient déjà dans la cité des Rèmes, même
si, pour des raisons de sécurité, ceux-ci se cachaient pour pratiquer
leur culte chrétien.
En
effet, avec le va-et-vient des légions romaines, où des sujets de
toutes nations et cultures cohabitaient, il est pour ainsi dire
impossible que parmi eux, parmi tous ces milliers d'hommes, certains
n'aient pas adhéré à la nouvelle religion, d'autant plus que nous
disposons de récits qui nous racontent comment de hauts fonctionnaires
des légions romaines furent exécutés, justement parce qu'ils étaient
chrétiens.
Nous
savons, avec une certaine assurance, que ces premiers missionnaires
s'installèrent sur la colline qui, au sud de la cité romaine, borde la
Voie Césarée ; l'actuelle colline de Saint-Remi.
Tout porte à croire, en effet, que l’Église de Reims prit là sa naissance.
Combien
de Rèmes ou de Romains eurent les premiers cette folie de la Croix ?
Cela aussi nous l'ignorons. En tout cas pour les premiers temps de la
mission d'évangélisation.
Quels furent, les actes de saint Sixte, notre premier évêque?
Où célébra-t-il ses messes?
Où, exactement pratiqua-t-il son apostolat?
Eut-il une église?
Fit-il en construire une pour son siège épiscopal?
Voilà
des questions qui, malheureusement doivent rester sans réponse. Il est
possible de faire des suppositions, d'avancer des idées et même des
arguments mais, ces questions, hélas, continueront sans réponses
affirmatives, catégoriques, parce que les documents nous manquent pour
justifier telle ou telle affirmation.
En ce qui concerne les actes de saint Sixte, nous pouvons avancer des évidences :
– Il organisa son apostolat et son église, prêcha l’Évangile du Christ, cette Bonne Nouvelle qu'il fallait « annoncer à toute la création »,
baptisa les convertis, maria ceux qui en manifestèrent le désir,
enterra les morts, en leur prodiguant les sacrements qui y sont
inhérents, ordonna probablement évêque son successeur, saint Sinice,
lequel ne l'était peut être pas encore; ordonna, certainement des
diacres dont la mission était la pratique de la charité auprès des
nécessiteux et, bien entendu l'évangélisation.
– Quant
à savoir où il célébra ses messes, rien n'est moins facile, car, comme
nous l'avons déjà dit, les premiers chrétiens rémois, étant donné les
circonstances persécutrices en vigueur, durent, très certainement vivre
dans une relative clandestinité. De là à penser que saint Sixte célébra
ses offices en cachette, il n'y a qu'un pas que nous franchissons
volontiers. En effet, il est presque certain que les premiers chrétiens
de Reims vécurent dans la clandestinité et qu'ils se cachèrent dans les
crayères de leur colline pour pratiquer leur religion.
– En
ce qui concerne le lieu de l'apostolat de saint Sixte et saint Sinice,
son compagnon, il est facile de déduire, après ce que nous venons de
dire, que celui-ci aussi se déroula dans la clandestinité et, peut être
bien dans la crainte d'une dénonciation et des poursuites qui en
découlent; peur des poursuites, non pas pour eux-mêmes, dont la force de
caractère et la foi devaient être assez vives pour affronter le martyr,
s'il le fallait, mais peur pour ceux qui les écoutaient et qui
essayaient de suivre leur enseignement.
– Il
nous semble impensable que saint Sixte ait fait construire une église,
même petite comme celle qui plus tard porta son nom; même, s'il nous
semble judicieux tenir compte ici d'un fait qui peut avoir son
importance en ce qui concerne la construction éventuelle d'un oratoire
ou d'une église, sur la colline en question. En effet, « peu après
son avènement, en 260, Gallien rendit un édit ordonnant de cesser les
procès pour faits de christianisme. Puis, sollicité par des évêques qui,
évidemment, connaissaient ses sentiments, il ordonna la restitution des
biens d’Église et des cimetières confisqués. »
Nous
aurions aimé croire et pouvoir affirmer que cette construction fut une
réalité, mais une autre interrogation nous vient à l'esprit: cet édit de
Gallien, fut-il appliqué à Durocortorum ? Il ne serait ni raisonnable,
ni sérieux de prendre position et d'affirmer qu'une église fut
construite à cette époque, vu que, malheureusement, les preuves nous
manquent. Même pendant le pontificat de son successeur, saint Sinice,
cela nous paraît encore impensable qu'un sanctuaire ait pu voir le jour.
Il
est certain, en tout cas, que les dépouilles des premiers évêques
furent gardées en lieu sûr et que par la suite, elles furent déposées
dans la petite église Saint-Sixte, première église à être construite sur
le territoire des Rèmes et que d'aucuns considèrent, peut-être à juste
titre, comme étant la première Cathédrale de Reims.
Nous
devons signaler, pour une meilleur approche de cette période trouble
et, pour justifier nos réticences quant à une éventuelle construction
religieuse que, probablement, pendant le pontificat de saint Sinice,
une « persécution eut lieu, ainsi que le portent les Actes, sous
Maximien Hercule, ennemi farouche des chrétiens. Nommé César en 285 et
envoyé en Gaule pour écraser le soulèvement des Bagaudes, Maximien se
persuade que les chrétiens, ou du moins les plus ardents d'entre eux,
soutiennent ces révoltés; il va donc les comprendre dans la répression
de cette jacquerie. »
Mais
ce personnage plutôt odieux, ne va pas se contenter de quelques têtes;
les têtes de ceux qui, hauts placés dans la hiérarchie, pourraient lui “faire de l'ombre”.
Il va user de tout son pouvoir et même, commettre des abus de ce même
pouvoir et, de nombreuses têtes vont ainsi tomber, comme nous l'explique
le chanoine Leflon : « pour vaincre les Bagaudes, il faut d'abord
être sûr de l'armée et des fonctionnaires; de là le martyre de saint
Maurice et de la légion thébaine, qui inaugure en 285 sa campagne. Il
faut épurer en second lieu l'administration; de là le martyre des saints
Rufin et Valère, préfets à Bazoches des greniers impériaux et, comme
tels, en relation étroite avec le peuple des campagnes favorable au
soulèvement. Il faut enfin frapper les propagateurs de la foi nouvelle,
les zélés qui excitent les autres et qui gagnent des recrues, tels , les
Crépin, les Crépinien et leurs compagnons d'apostolat. »
C'est,
probablement, durant cette période pénible que les premières victimes
rémoises reçurent leurs palmes, ce qui fait que l’Église de Reims « compte,
parmi son clergé et ses fidèles des martyrs. Les plus anciens de ces
martyrs seraient d'après la tradition locale, saint Timothée, saint
Maur, saint Apollinaire, exécutés avec cinquante chrétiens le sixième et
le onzième jours des calendes de septembre, en haine de la foi. »
Mais,
le martyrologe de ces trois saints rémois, semblait poser problème,
quant à sa véracité. Un laïc et non des moindres, Louis Demaison,
archiviste de la ville de Reims, prit parti, et se rangea parmi ceux qui
défendaient cette véracité des faits :
« – Bien
des détails sont sans doute imaginaires, mais je ne vois pas de raisons
pour en rejeter les éléments principaux qui pouvaient être connus au
temps du chroniqueur rémois: procès et martyre des saints, leur
exécution en dehors de la ville, ce qui est conforme aux habitudes
romaines; lieu du supplice de saint Timothée et saint Apollinaire
indiqué avec précision, et resté depuis, l'objet de la vénération des
fidèles; inhumation des corps par les soins des chrétiens. »
Les
corps de ces martyrs furent recueillis et inhumés par les autres
chrétiens et, sur leurs tombes une église fut érigée, plus tard. Et si à
ce moment-là, la dédicace fut faite pour les trois martyrs, un seul
parmi eux, donnera, dans l'avenir son nom à cette église : saint
Timothée.
Peu
à peu les sentiments antichrétiens s'apaisèrent. Même si les années 303
et 304 apportèrent de nouveaux rebondissements et de terribles
persécutions, sous Domicien, dans la Gaule, une certaine accalmie régna,
grâce à la bienveillance du consul romain de cette époque, Constance
Chlore, qui semble ne pas avoir appliqué à la lettre les consignes qui
lui étaient envoyées depuis Rome, comme l'affirme catégoriquement
Lactance, dans son ouvrage “De morte persecutorum” : « le César ne
pouvait sans doute refuser toute obéissance aux commandements de ses
supérieurs, les Augustes (...) mais il en adoucit l'exécution au point
de les rendre presque tolérables. Pour ne pas rompre ouvertement,
Constance donna un témoignage de sa soumission matérielle en détruisant
quelques églises; mais, au prix de quelques murailles faciles à relever,
il se dispensa d'attenter au vrai temple de Dieu qui est dans le cœur
des hommes. »
Mais la liste des martyrs ne se clos pas avec saint Timothée, saint Maur et saint Apollinaire. Et s'il fut dit que le sang des martyrs est semence de chrétiens,
d'autres gouttes rougeâtres couleront de nouveau, bientôt sur le sol de
la cité des Rèmes, lors de l'invasion des Vandales. Mais n'anticipons
pas.
Faisant confiance à Hincmar, nous allons donc considérer que saint Sixte est arrivé à Reims vers 257 ou 258; qu'il était accompagné de saint Sinice qui
sera son successeur vers 280, après avoir occupé le siège de Soissons.
Nous allons aussi, comme tant d'autres avant nous, considérer que saint
Sixte est mort à Reims et que son successeur le fit inhumer sur la
colline matrice. Il est aussi plus que probable que le premier évêque
ait été aimé de tous ceux qu'il avait évangélisé et que ceux-ci venaient
se recueillir sur sa tombe, laquelle fut préservée, sans aucun doute
pendant de nombreuses années, jusqu'au moment où, un sanctuaire pour
préserver ces saintes reliques, put être construit. Est-ce saint Sinice
qui la bâtit, cette première église? Peu probable, à notre avis, si nous
prenons en compte l'argument énoncé ci-dessus: la persécution de
Maximien et le martyre des saints Timothée, Maur et Apollinaire. Malgré
la période de relative liberté religieuse, survenue après cette
bourrasque, déclenchée par Maximien, il nous est impossible de croire en
cette hypothèse.
En
effet, malgré le fait que les premiers chrétiens se soient installés à
part, il ne faut pas croire que les ordres romaines s'arrêtaient à la
porte Bacchus et que la voie Césarée qui passait juste à côté de leur
colline ne serait pas empruntée par les soldats romains, si le besoin
s'en faisait sentir; la loi romaine étant agissante sur tous les
territoires dominés par l'empereur romain.
À saint Sinice, qui fut inhumé à côté de saint Sixte, succéda saint Amance, ou saint Amand, vers 290.
Alphonse Rocha
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