Sainte Mechtilde de Diessen ou Mechtilde D’Edelstetten († 1160)

Sainte Mechtilde de Diessen
ou Mechtilde D’Edelstetten († 1160)
abbesse bénédictine

Sainte Mechtilde de Diessen, abbesse bénédictine († 1160)


Mechtilde eut pour père Berthold, comte d'Andech, et pour mère Sophie d'Amertala, remarquables tous deux par leur vertu et leur naissance, puisque Frédéric Barberousse appelait notre Bienheureuse sa parente.

Elle naquit vers l'an 1125, et dès l'âge de cinq ans elle fut consacrée au Seigneur dans le couvent des Augustines de Diessen, situé près du lac d'Ambre, et fondé, vers l'an 1130, par son père et Othon de Wolfratshausen.

Dans cette pépinière son esprit et son corps se développèrent, mais plus encore sa vertu et sa piété.

Elle soumit, par des jeûnes continuels, la chair à l'empire de l'esprit, et donna, de cette manière, à son âme des armes pour combattre le vice.

Elle s'interdisait l'usage de la viande, du vin et des bains, et forte de sa confiance en Dieu, elle refusait dans ses maladies toute espèce de remèdes.

Elle ne se fortifiait que plus souvent à la table de l'Agneau qui porte les péchés du monde, et elle lui préparait toujours un temple pur et agréable.

Elle joignait à ces vertus une obéissance absolue, et ne voyait dans les ordres de ses supérieures que la volonté de Dieu.

Pour acquérir cette vertu dans toute sa perfection, elle quittait son ouvrage au premier coup de la cloche, persuadée qu'elle suivait ainsi la voix du Seigneur, et qu'elle se fortifiait de plus en plus dans le combat qu'elle livrait aux penchants pervers du cœur, et aux insinuations de l'esprit malin.
Élevée dans son esprit, au-dessus des régions terrestres, toujours couvertes de brouillards et de nuages, elle voyait à ses pieds toutes les choses de la terre, et contemplait avec pitié ceux qui courent avec une si inconcevable ardeur après ces vains fantômes.
Pleine de cette sérénité d'esprit et de ce calme du cœur qu'on remarque dans les enfants de Dieu, il n'y avait pas un moment où elle ne pût répéter du fond de son âme ce cantique de virginité et d'amour :
« J'ai méprisé le monde et sa gloire, » par amour pour mon Seigneur Jésus-Christ, que j'ai vu » avec une foi pure, que j'ai cherché, avec une espérance » inébranlable , que j'ai aimé d'un amour parfait. »
Les peines et les épreuves auxquelles Mechtilde se vit soumise lui donnèrent plus d'une occasion de pratiquer la patience chrétienne.
Malgré les grands progrès qu'elle avait déjà faits dans la vertu, elle fut exposée à des tentations de plus d'un genre, qu'elle sut toujours surmonter, en reconnaissant sa faiblesse, et par la confiance filiale qu'elle plaçait en Dieu.
Éloignée elle-même de toute espèce d'envie, elle fut forcée plus d'une fois de goûter des fruits amers de cet arbre ; mais son humilité et son affabilité parvinrent toujours à en arrêter les effets.
Car, bien que la noblesse de sa naissance la plaçât au-dessus de toutes les autres sœurs, elle se regardait comme leur servante, et voulait non-seulement ne pas leur être préférée, mais encore ne pas être considérée comme leur égale.
Sa conduite vérifiait d'une 'manière frappante, ce que le Prophète dit de l'homme juste : Celui qui marche dans la justice et qui parle dans la vérité ; qui Q horreur d'un bien acquis par extorsion ; qui garde ses mains pures et rejette tous les présents ; qui bouche ses oreilles, pour ne pas entendre des paroles de sanget qui ferme ses yeux afin de ne pas voir le mal : celui-là demeurera dans les lieux élevés; il se retirera dans de hautes roches fortifiées de toutes parts ; et ses y eux contempleront le Roi dans l'éclat de sa beauté.
Elle exerçait en effet un si grand empire sur ses sens, que jamais elle ne fut dans le cas de devoir déplorer une faiblesse.
Elle répondait aux injures par un silence si extraordinaire, qu'on eût dit que pas un mot n'était parvenu jusqu'à son âme, et qu'elle était privée de la parole ; mais dès qu'elle ouvrait la bouche pour prononcer des paroles de vie et d'amour, on croyait converser avec un esprit céleste.
Ces moyens infaillibles qu'elle employait pour assurer son salut préservèrent son cœur de tout péché , et les yeux de Dieu comme ceux des hommes reposaient sur elle avec satisfaction.
Aussi les charmes de sa vertu durent-ils lui attirer bien des louanges, qu'elle n'écoutait qu'avec une impatience qu'il lui était impossible de cacher.
Pour se mettre à l'abri des dangers de ce genre, elle ne recevait que rarement des visites, même de ses frères, et elle savait les rendre courtes.
Dans tout ce qu'elle faisait elle était un miroir de sainteté.
Elle ne voulait rien posséder en propre, et regardait toute sa fortune comme un bien commun ; elle s'amusait avec ceux qui étaient gais, s'affligeait avec ceux qui étaient tristes, partageait les douleurs de ceux qui souffraient ; elle était respectueuse envers ses parents, sévère et affectueuse envers ceux qui étaient plus jeunes qu'elle, prévenante, douce et humble envers tous.
L'épouse du Seigneur aurait bien voulu passer toute sa vie dans l'obscurité ; mais ses sœurs en jugèrent autrement, et, malgré sa jeunesse, la placèrent sur le chandelier, et la choisirent unanimement pour leur supérieure. 
Mechtilde se fit une loi, du moment où elle entra dans ses nouvelles fonctions, de ne se distinguer en rien de ses inférieures, à moins que ce fût par son zèle à observer la règle de l'ordre.
Marchant avec fermeté dans cette voie de la perfection, servant de modèle à ses sœurs dans toutes les vertus, portant toujours le nom de sœur et non celui de supérieure, et choisissant toujours pour elle-même ce qu'il y avait de moins bon, elle s'attacha tous les cœurs, qu'il lui fut facile d'élever au plus haut point de la perfection évangélique.
Elle fit en peu de temps du couvent de Diessen une pépinière féconde pour le ciel, et on admirait de tous côtés l'héroïsme de ces pieuses épouses de Jésus.
La haute sagesse de Mechtilde ne put échapper à l'attention de Conrad, évêque d'Augsbourg, qui, à la mort de Gisèle, abbesse d'Edelstelten en Souabe, nomma en sa place la servante de Dieu, pour porter remède au relâchement dans lequel ce monastère était tombé.
Elle employa diverses raisons pour éloigner d'elle ce fardeau, et persista dans ses refus jusqu'à ce que le Pape Anastase IV la déterminât par une lettre à accepter cette dignité.
Il lui en coûta bien des larmes pour se séparer d'une communauté qui lui était devenue si chère, et ce qui seul fut capable de porter quelque adoucissement à sa douleur, ce fut la joie inattendue avec laquelle la reçurent les religieuses d'Edelstetten.
En 1153 l'évêque Conrad l'installa solennellement comme abbesse.
La nouvelle supérieure rétablit en peu de temps l'ancien ordre et l'esprit d'une parfaite régularité.
Son extérieur imposant, sa douceur, son affabilité, ses manières modestes, humbles et pleines de l'Esprit divin, ses paroles sages et persuasives, en un mot toute sa personne qui ne respirait qu'amour et bienveillance, fit bientôt l'impression la plus salutaire sur les religieuses.
Quoique sévère en tout, elle savait approprier ses préceptes à tous les caractères et à toutes les forces : les plus zélées s'y soumettaient avec une joie, évidente ; celles qui étaient plus faibles se sentaient attirées par les autres d'une manière irrésistible, et les âmes tièdes plièrent d'abord sans murmure, et éprouvèrent plus tard un attrait inconnu pour la vertu.
La seule mesure qui rencontra quelque opposition, ce fut la sévère clôture que l'on exigea des religieuses, cet égide du recueillement et dela modestie virginale et l'évêque d'Augsbourg fut obligé d'intervenir, pour amener, par la sévérité et la douceur, toute l'entreprise au but auquel on aspirait.
Usant avec énergie de son autorité épiscopale, il ferma la porte du couvent, et pour couper court à toute espèce de désordre, on renvoya quelques-unes des plus rebelles.
Dès ce moment une vie nouvelle anima l'abbesse, ses années semblèrent se rajeunir, et avec elles son esprit de charité, ses élans vers les lieux élevés de la contemplation.
Fidèle aux paroles de l'Apôtre, elle ne tenait à la terre que par son corps, car elle vivait déjà dans le ciel.
Elle passait la plupart de son temps à l'église, où elle se joignait aux Anges et aux Saints pour déposer devant le trône du Très-Haut l'offrande de sa prière et de ses soupirs.
Elle ne négligeait cependant en aucune manière les intérêts de sa maison, qu'elle regardait au contraire comme l'objet principal de son zèle.
D'une austérité inflexible pour elle-même, elle usait de bonté et d'indulgence envers ses sœurs, sans transgresser néanmoins les règles de la prudence et de l'ordre.
Sa compassion était si grande, qu'elle sentait au fond de l'âme les besoins et la misère de son prochain, et il n'y avait que les larmes et de prompts bienfaits qui pussent guérir les plaies que sa sensibilité avait faites à son cœur.
C'est pourquoi tous les pauvres et les malheureux, les veuves surtout et les orphelins étaient ses amis et ses protégés, qui par reconnaissance, mais au grand regret de leur bienfaitrice, publiaient partout ses louanges.
Avançant rapidement dans la carrière de sa vie, où chaque pas était marqué par un bienfait et glorifié par quelque vertu, elle approcha enfin du terme après lequel elle soupirait, et se réjouit dans le Seigneur, lorsqu'elle se sentit au point de passer à l'éternité.
Dans sa dernière maladie, elle quitta le couvent d'Edelstetten, et se rendit à Diessen, pour y terminer ses jours.
Elle donna encore , avant sa mort, d'utiles leçons à ses sœurs, fit des dons considérables à la communauté, reçut ensuite les saints sacrements des mourants et entra dans les joies du Seigneur le 31 Mai 1160. 
 Son corps fut enterré dans l'église du couvent, où sa fête se célèbre le lendemain du dimanche de Trinité.
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