Saint Prétextat de Rouen († 586)
martyr
Vitrail de saint Prétextat dans la chapelle de la Vierge de la cathédrale de Rouen
Par Giogo — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=18277855
Prétextat
de Rouen, mort en 586 à Rouen, est un homme d'Église de l'époque
mérovingienne, évêque de Rouen durant la période de guerre entre rois
mérovingiens des années 570 et 580.
Sa mort par assassinat est peut-être due à la reine Frédégonde.
Il a été canonisé par l'Église (fête le 24 février).
Biographie
Prétextat
est évêque de Rouen pendant la lutte sanglante, appelée "faide royale",
entre notamment Sigebert, roi de Metz, avec son
épouse Brunehilde (Brunehaut) et Chilpéric Ier, roi de Soissons, avec son épouse Frédégonde.
Il est le parrain de Mérovée, fils de Chilpéric.
En 575, après l'assassinat de son époux Sigebert, Brunehilde, prisonnière de Chilpéric, est amenée à Rouen.
L'année suivante, Mérovée et Brunehilde se marient devant l'évêque Prétextat.
À
la suite d'un certain nombre de péripéties, Brunehilde repart en
Austrasie, tandis que Mérovée traqué finit par être tué à Thérouanne.
Chilpéric
convoque alors à Paris un concile d'évêques, devant lequel il fait
comparaitre Prétextat (577), l'accusant d'avoir violé les lois
canoniques mais aussi d'avoir voulu, en accord avec Mérovée, le faire
assassiner et d'avoir excité le peuple contre lui.
Prétextat est défendu par Grégoire de Tours, mais en vain.
L'évêque de Rouen est condamné à la déposition et à l'exil sur une île, probablement Jersey.
Il est remplacé par Melantius.
La
mort de Chilpéric, en 584 permet à Prétextat de rentrer à Rouen,
rappelé, selon la formule consacrée, "par le clergé et par le peuple".
Le frère de Chilpéric, Gontran, roi de Burgondie, prend en charge le sort de Frédégonde et de son fils nouveau-né,Clotaire.
Il écarte cependant de la cour Frédégonde qui s'établit d'abord dans une villa royale proche de Rouen, Rotoialum (Val de Reuil).
Prétextat
est assassiné le jour de Pâques 586, au pied de l'autel, par un serf
qui aurait touché 100 sous d'or de Frédégonde, 50 de Melantius et 50 de
l'archidiacre de Rouen.
Il était issu de la noble et ancienne famille des Prétextais, si renommée dans Macrobe.
C'était
un homme docte et de grande autorité, qui assista au cinquième concile
d'Orléans, l'an 552 ; au premier concile de Paris, l'an 559, et au
deuxième de Tours, l'an 570.
En
580, il fut tenu un autre concile à Paris, au sujet de ce saint évêque
accusé faussement de plusieurs crimes de lèse-majesté, par l'instigation
de Frédégonde.
On
ne put les prouver; toutefois, trompé par l'espérance d'un pardon qu'on
lui promettait, il les reconnut mal à propos pour véritables, et fut
ignominieusement chassé de son siége et envoyé en exil.
Après
la mort de Chilpéric, les Rouennais regrettant leur saint pasteur,
firent en sorte qu'il revint et fut remis en son siége.
Depuis,
il assista au second concile de Macon, l'an 588. Mais Frédégonde ne
pouvant supporter le courage et la constance de ce saint homme à
reprendre les vices, et principalement les siens, le fit assassiner dans
l'église de Notre-Dame de Rouen, comme il était à l'autel pour le
service divin, le 24 février de l'an 589.
On l'emporta en sa maison, où Frédégonde eut l'audace de l'aller voir.
— Il
est triste pour nous, ô saint évêque, lui dit-elle, aussi bien que pour
le reste de ton peuple, qu'un pareil mal soit arrivé à ta personne
vénérable. Plût à Dieu qu'on nous indiquât celui qui a osé commettre
cette horrible action, afin qu'il fût puni d'un supplice proportionné à
son crime.
— Et
qui a frappé ce coup, répondit le saint, si ce n'est la main qui a tué
des rois, qui a si souvent répandu le sang innocent et fait tant de maux
dans le royaume ?
La
reine reprit : Il y a auprès de nous de très-habiles médecins qui sont
capables de guérir cette blessure ; permets qu'ils viennent te visiter.
— Je
sens, répondit l'évêque, que Dieu veut me rappeler de ce monde; mais
toi, qui t'es rencontrée pour commander ce crime, tu seras dans tous les
siècles un objet d'exécration, et la justice divine vengera mon sang
sur ta tête.
Frédégonde effrayée se retira ; peu après le bienheureux martyr reçut la couronne immortelle.
Pedro de Ribadeneyra : Les vies des saints et fêtes de toute l'année, Volume 2 ; traduction : Timoléon Vassel de Fautereau.
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