Saint Philarète de Moscou († 1867)

Saint Philarète de Moscou († 1867)
métropolite de Moscou

Saint Philarète de Moscou, métropolite de Moscou († 1867)


Saint Philarète fut une des figures les plus marquantes de l'Église russe au XIXe siècle.
Né en 1782, à Kolomna, près de Moscou, dans une famille sacerdotale, il fut baptisé sous le nom de Basile.
Il entra à l'âge de neuf ans au séminaire local et continua ensuite son instruction ecclésiastique dans le séminaire installé auprès de la Laure de la Trinité-Saint-Serge.
Le métropolite de Moscou Platon, qui résidait fréquemment à la Laure, remarqua les aptitudes extraordinaires du jeune séminariste, tant pour l'apprentissage des langues anciennes, qu'en théologie et poésie, et il le prit sous sa protection.
Malgré ses talents, Basile restait pieux, calme et modeste, et jouissait de l'estime générale.
Ayant terminé ses études, premier de sa promotion, on lui confia aussitôt l'enseignement du grec, langue qu'il écrivait et parlait couramment, et de l'hébreu.
Orateur d'esprit fin, sachant enflammer les âmes d'amour pour la vertu, il fut bientôt désigné comme prédicateur à la Laure et nommé professeur de rhétorique.
Son bienfaiteur, le métropolite Platon, qui était considéré comme un grand théologien et orateur, écrivait à son propos : « Moi, j'écris comme un homme, mais lui il écrit comme un Ange. »
Encouragé par le Métropolite et après mûre réflexion, accompagnée de luttes intérieures, le brillant professeur fut tonsuré moine, sous le nom de Philarète, et ordonné Diacre quelques jours après (1808).
Transféré, un an plus tard, au Séminaire de Saint-Pétersbourg, il y remplit les fonctions d'inspecteur et de professeur de philosophie; et après son ordination sacerdotale, il enseigna, à l'Académie théologique, l'Écriture Sainte, l'Histoire ecclésiastique, le Droit canonique et la Théologie dogmatique.
Il continuait de plus sa prédication et sa voix, résonnant dans les grandes cathédrales, attirait de nombreux admirateurs.
Il entretenait des relations avec les écrivains illustres de ce temps, comme Pouchkine, qu'il avait réconforté par un admirable poème et qui lui écrivit avec reconnaissance : « Le poète, saisi de frayeur sacrée, écoute religieusement la harpe de Philarète. »

Élevé à la dignité d'Archimandrite à l'âge de trente ans, il fut bientôt nommé recteur de l'Académie théologique et supérieur d'un grand monastère de Novgorod.
Infatigable dans les travaux intellectuels comme dans les responsabilités administratives, il menait ordinairement de front trois ou quatre besognes à la fois.
Son disciple, l'archimandrite Photius, le décrit en ces termes: « Il avait toujours le visage clair et joyeux, les yeux perçants, l'air ascétique et sévère, mais agréable ; son allure était lente et majestueuse.
Sa voix était douce et fine, mais bien claire.
Il parlait avec finesse et sagacité, et disposait les étudiants à l'écouter avec entrain, au point d'oublier l'heure du repas.
La force, la beauté, la dignité et la gloire de l'Académie théologique étaient alors concentrées en Philarète. »
Unissant une rare érudition à une fervente piété, il tâchait de communiquer avant tout à ses auditeurs, ou aux lecteurs de ses ouvrages qui restent des classiques de la littérature orthodoxe, l'"esprit de l'0rthodoxie", c'est pourquoi il fut, dès son vivant, considéré comme un véritable Père de l'Église et surnommé : le "nouveau Chrysostome".

Après avoir reçu la dignité de Docteur en Théologie, Philarète fut consacré Evêque à l'âge de trente-cinq ans seulement (1817).
D'abord vicaire du Métropolite de Saint-Pétersbourg, il devint bientôt Archevêque de Tver, puis de Iaroslav et, au bout de cinq ans, il fut élevé au poste de Métropolite de Moscou et de Kolomna, charge qu'il occupa jusqu'à son trépas.

Comme Hiérarque, il administrait son diocèse avec la même énergie, qu'il avait manifestée en tant que recteur de l'Académie. Dès qu'il fut nommé à Tver, par exemple, il parcourut en cent jours cet immense diocèse, en prêchant dans toutes les églises.
À la tête du diocèse de Moscou, il oeuvra avec persévérance pour corriger les défauts du Clergé. Exigeant pour la rigueur morale de ses Clercs, il n'hésitait pas à leur infliger des peines canoniques ; mais il savait tempérer cette sévérité en subvenant personnellement aux besoins matériels des familles des Clercs suspendus.
Travaillant sans relâche, il ne s'accordait jamais de loisirs, et nul ne savait quand il donnait, car quel que fût le moment du jour ou de la nuit auquel son serviteur se présentât, il le trouvait toujours à sa table de travail.
Il rédigeait des ouvrages de théologie, des manuels, des articles; mais donnait surtout le meilleur de lui-même en d'admirables sermons.
Il laissa également une immense correspondance, contenant de précieuses instructions sur tous les sujets d'ordre ecclésiastique.
Il fut par ailleurs l'initiateur de la traduction en russe de la Bible, tâche de longue haleine, à laquelle il contribua en traduisant lui-même plusieurs livres, et qui ne put être achevée qu'au bout de cinquante ans, à cause de l'opposition du tsar et de certains milieux ecclésiastiques.
Et ce fut grâce à son soutien et à sa collaboration que les Startsi du Monastère d'Optino purent publier leurs traductions des Pères de l'Église, qui allaient devenir le moteur d'un grand mouvement de réveil spirituel en Russie (cf. 10 oct. sup.).
Sachant consulter ses collaborateurs et recevant avec humilité leurs critiques, le Saint Hiérarque était doux et patient envers ses ennemis et endurait avec tolérance les accusations les plus injustes ; mais il se montrait en revanche inflexible quand il s'agissait des Saints Dogmes, des commandements de Dieu ou de la tradition de l'Église. Il employait tous ses revenus à des oeuvres de bienfaisance, s'arrangeant pour que ses bienfaits restent toujours secrets, et c'est avec ses propres ressources que fut construit un grand hospice pour les orphelins et les enfants de familles ecclésiastiques pauvres.
A partir de 1819, il devint membre du Saint-Synode. Nulle question n'échappait à sa compétence.
On le consultait même quand il n'assistait pas aux sessions; et il ne manquait jamais de donner aux problèmes les plus embrouillés une solution juste et sagement fondée sur les principes canoniques.

Ascète de nature, le Saint Métropolite aimait à se retirer dans la solitude pour se consacrer à la prière et à la contemplation.
C'est pour satisfaire cette inclination, qu'il fonda la skite de Gethsémani, près de la Laure de la Trinité, où il passait souvent quelques jours dans une simple cellule monastique.
Débordant de charité divine, ses yeux luisaient de larmes, dès qu'il était question d'une bonne oeuvre, de bonne intention ou de bons sentiments.
Il s'efforçait d'accomplir tout ce qu'il enseignait aux autres et s'attirait ainsi l'attachement indéfectible de ses fidèles, qui demandaient ses prières, lesquelles étaient souvent couronnées par des Miracles.

Ayant brillé pendant un demi siècle comme un flambeau de la grâce sur la lampe de l'Eglise, Saint Philarète remit en paix son âme à Dieu, le 19 novembre 1867, à l'âge de quatre vingt-cinq ans.
Quelques mois auparavant, il avait vu en rêve son père qui lui avait recommandé d'observer la "date du 19 !"
Philarète (né Drozdov, s.d.) (russe : Филарет (Дроздов), né Vassili Mikhaïlovitch Drozdov Василий Михайлович Дроздов (6 janvier 1783 (greg) à Kolomna; † 1er décembre 1867 (greg) à Moscou) fut métropolite de Moscou de 1826 à 1867.

Biographie

Education

Né à Kolomna; il étudie au petit séminaire local, puis au grand séminaire de la Laure-Saint-Serge dirigé par l'archimandriteEugraphe (Mesalevski-Platonov) qui l'introduit surtout à la philologie et à la stylistique, en se basant sur des ouvrages protestants tels que ceux d'Hollatius.
Il approfondit en autodidacte ses connaissances en langues anciennes et théologie.

A Saint-Pétersbourg

En 1809, il est appelé à l'Académie théologique de Saint-Pétersbourg où il finit par enseigner malgré la méfiance du clergé local.
Il s'imposa par la force de son éloquence, dans un style très orné au début, aux phrases complexes et contrapunctiques, et aux sujets tirés du piétisme de l'époque : mystère de la Croix, manifestation de l'esprit etc.
Ayant lu les orateurs français, Massillon,Bourdaloue et Fénelon, mais aussi sans doute les Pères de l'Eglise tels Jean Chrysostome et Grégoire le Théologien, il délivra des chefs d'œuvre d'éloquence, tels ses sermons du Vendredi Saint 1813 et 1816.
A cette époque, il officie à la chapelle privée du ministre des Cultes Golitsyne, ainsi qu'au monastère Saint-Georges de Novgorod dont il fut nommé abbé en 1812.
Homme réservé et silencieux sur sa vie personnelle et intellectuelle, il partageait volontiers ses connaissances avec ses auditoires, et fut chargé de nombreux cours dans ses premières années sur des matières qu'il avait peu étudié et qu'il dut travailler avec vigueur; ses premiers ouvrages en sont le reflet: Essai d'histoire ecclésiale et biblique (1816) et Notes sur la Genèse (1816).
Il se passionne pour le projet de la Bible en russe promu par la société biblique russe, mais voit l'opposition au projet se développer: méfiance envers la Bible qui pourrait « rendre fou » ses lecteurs chrétiens, interdiction de sa lecture dans les Lycées militaires, défiance envers Macaire l'Egyptien ou la Prière du coeur etc.
Le projet de la Bible russe est abandonné avec la révocation de Golitsyne. La Commission des écoles religieuses se choisit alors comme président Eugène (Bolkhovitinov) plutôt que Philarète, car le mouvement conservateur représenté par Photios était majoritaire, et Phlarète était connu pour son attachement à la langue russe pour éveiller l'intelligence de ses élèves.

Métropolite de Moscou

S'occupant par la suite de son diocèse, il intervient épisodiquement au Saint-Synode, s'opposant en 1827 au projet du général Morder d'une réforme du Saint-Synode sur le modèle du consistoire protestant, ou rédigeant une note contre l'emploi du latin dans les études théologiques et pastorales (qui disparut dans les faits dans les années 1830).
En tant que censeur de ses subordonnés, il exigea des écrits justifiés par la Bible, gage d'authenticité, plutôt que de multiples références aux autorités de la tradition.
SM Soloviev dans ses Carnets autobiographiques soutient qu'il détruisait toute velléité de création au sein de l'Académie de Moscou (témoignage contredit par GZ Eliseïev, élève à l'Académie de Moscou et futur professeur à l'Académie de Kazan).

Sélection d'oeuvres

Ses occupations pastorales ne permirent pas à Philarète de mettre en forme une théologie propre, que l'on devine centrée sur les Ecritures (héritage de son éducation protestante) et la contemplation. Ses écrits sont basés moins sur la déduction que la description des principaux points de foi tels qu'il apparaissent dans la Bible : l'Annonciation comme passage de l'Ancien au Nouveau Testament, le Christ comme homme se sacrifiant pour l'humanité.
  • Exposé des différences de foi entre les Eglises occidentales et orientales, 1811: se base sur des arguments qui ne prennent pas en compte la tradition de l'Eglise, y préférant la Bible.
  • Regard sur les sciences théologiques (1814): base la théologie sur les Ecritures et sur son déroulement historique.
  • ' 'Разговор между испытующим и уверенным о Православии Восточной Греко-российской церкви с присовокуплением выписки из окружного послания Фотия, патриарха Цареградского, к восточным патриаршим престола (« Dialogue entre la recherche et la foi sur l'orthodoxie orientale Eglise gréco-russe  Moscou Saint-Pétersbourg, 1815
  • Начертание церковно-библейской истории (Essai d'histoire ecclésiale et biblique, 1816

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