Diable
Le diable (latin : diabolus, du grec Διάβολος signifiant « celui qui divise » ou « qui désunit ») est l'esprit du mal.
Si dans le Manichéisme,
le principe du mal est à égalité avec le principe du Bien, dans la
tradition judéo-chrétienne, le mal est insufflé dans le monde par une
entité, le Diable.
S'il est donc en cela l'esprit du mal, il est aussi le bien : ange déchu,
donc d'une créature de Dieu et n'a pas été créé mauvais mais s'est
déchu lui-même en se voulant l'égal de Dieu et en le rejetant.
Ce
faisant il a rejeté le Bien et il est à l'origine du mal : « Il a été
meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité,
parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge,
il parle de son propre fonds; car il est menteur et le père du
mensonge » (Jean chapitre 8 verset 44).
À
l'origine du mal, esprit du mal dans le monde, il est représenté sous
un aspect qui varie entre l'homme et l'animal réel ou imaginaire (ours, bouc, dragon, rapace, etc.), le plus souvent aux traits hideux et repoussants.
Le diable et la chrétienté
Héritier
du Judaïsme, le Christianisme reprend l'idée du Diable personne et non
notion ; une personne qui agit, et non seulement au plan moral par la
tentation des fidèles, mais qui agit dans le monde et le séduit pour
l'amener contre les fidèles de Dieu : les Égyptiens contre Israël,
l'Empire romain contre les premiers Chrétiens.
La
Vérité ne pouvant que séduire dans la pensée chrétienne, les
persécutions ne peuvent s'expliquer que par l'action du démon, venir de
ses mensonges. L'Empire romain, premier persécuteur est donc
naturellement le premier à se voir qualifier de légion du démon.
Cette
vision se généralise progressivement pour s'étendre à toutes les
divisions qui apparaissent au sein même de l'Église : le diable, le
diviseur, est considéré comme à l'origine des disputes et des hérésies.
Alors
que le canon de la Bible n'est pas encore fixé et que les apôtres et
leurs successeurs débattent encore de la nature de l'enseignement
du christ, l'accusation d'hérésie est fréquente et sous-entend une
inspiration démoniaque ; les errements des autres chrétiens ne pouvant
s'expliquer que par l'intervention du « prince des menteurs ».
Considérer
le Diable comme le responsable des divisions entre Chrétiens, comme
l'inspirateur des croyances hérétiques et des rites qui en découlent
amène peu à peu à accuser les gnostiques, puis les bogomils et
les cathares de pratiquer des rites volontairement sataniques.
Cependant,
le Christianisme considère que si le diable est souvent à l'œuvre, il
ne l'est que par le biais des hommes : le premier concile de Braga dans
son canon 8, déclare qu'il ne peut être à l'origine des catastrophes
naturelles.
Le
Christianisme refuse également de voir en lui le pendant mauvais de
Dieu et s'oppose en cela à la vision dualiste, héritée du Zoroastrisme,
des gnostiques, bogomils et cathares.
Pour
ces derniers le diable occupe une position clef puisqu'il est considéré
non seulement comme le maître du monde matériel dans lequel l'humanité
se débat (Dieu étant le maître du monde spirituel) mais comme son
créateur. (alors que pour le judéo-christianisme, Dieu est créateur du
ciel et de la terre : les choses matérielles sont donc bonnes par
nature, seul leur usage peut être mauvais).
Parler du diable est une chose familière et commune aux Chrétiens.
Sa nature et ses pouvoirs sont définis peu à peu et si les théologiens
débattent de ces questions au plan spirituel, la masse des croyants
conserve une vision très imagée du démon.
Le Malin est généralement représenté comme une figure humaine dégénérée plus que comme un monstre surnaturel.
Au
plan profane, les contes populaires qui le mettent en scène font de lui
un adversaire sans grand pouvoirs et aisément trompé.
Ses représentations sont d'ailleurs quasi inexistantes avant le VIe siècle et
ne deviennent vraiment courantes et accessibles qu'avec les églises
romanes dont la statuaire et les vitraux donnent corps au démon.
Alors
que la chrétienté cherche à s'étendre au-delà des frontières de
l'ancien empire romain et est confrontée à de nombreuses et diverses
croyances païennes, les divinités locales sont assimilées au diable (il
faut attendre Vatican II pour voir considérer les autres religions comme
la marque d'une recherche de la Vérité digne de respect, même
lorsqu'elles portent atteinte à la dignité de l'homme, cette atteinte
étant due à l'ignorance plus qu'à un choix délibéré).
Plus tard, alors que l'Islam prend de l'ampleur et s'étend jusqu'en Europe, la menace est vue comme inspirée du démon.
Les
préparatifs de ces expéditions donnent lieu par ailleurs à des
persécutions populaires contre les Juifs (diabolisés par la vindicte
populaire car ils refusent de payer l'impôt levé spécialement pour la
Croisade) ce qui suscite les protestations du Pape.
Le Nouveau Testament et l'avènement du Prince des Ténèbres
Les apôtres semblent
en outre convaincus de l'imminence de l'avènement du Royaume de Dieu et
placent donc un accent particulier sur la purification de l'âme dans
cette perspective.
En
particulier pour Paul, Satan apparaît dans ce contexte comme
l'adversaire de l'humanité au sens de l'Ancien Testament, une approche
que l'on retrouve surtout dans ses épîtres :
« Pour
nous, frères, après avoir été quelque temps séparés de vous, de corps
mais non de cœur, nous avons eu d’autant plus ardemment le vif désir de
vous voir.
Aussi voulions-nous aller vers vous, du moins moi Paul, une et même deux fois ; mais Satan nous en a empêchés. »
— Paul de Tarse, 1 Thessaloniciens 2.17-18
Les évangiles
synoptiques, dont les historiens estiment qu'ils furent écrits plus
tardivement, font quant à eux une place prédominante à l'affrontement
entre Jésus et le démon.
Des
premières confrontations dans le désert jusqu'à la bataille finale sur
le mont Calvaire, ils se présentent comme le récit d'une bataille entre
le bien et le mal, placés de ce fait quasiment sur un pied d'égalité.
Jésus mène bataille pour le bien en exorcisant le démon, illustrant
ainsi une représentation du monde terrestre aux mains de forces
démoniaques responsables de tout le mal. C'est probablement dans Jean
que ce dualisme est le plus marqué.
« Vous
avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre
père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans
la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le
mensonge, il parle de son propre fonds ; car il est menteur et le père
du mensonge. »
— Jean l'Évangéliste, Jean 8.44
Le
Nouveau Testament entretient cependant l'ambiguïté à propos de
l'origine du mal, les propos de Jésus faisant régulièrement état du
libre arbitre de l'homme qui doit prouver sa vertu en choisissant de
renoncer au péché pour gagner sa place au paradis.
Apocalypse
Le livre de l'Apocalypse, attribué à l'évangéliste Jean, expose la vision la plus saisissante du diable, et on y trouve l'unique récit d'un affrontement cosmique de la Bible (chapitre 12).
Le démon y prend l'aspect du monstre le plus effrayant :
« Un
autre signe parut encore dans le ciel; et voici, c'était un grand
dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept
diadèmes. Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les
jetait sur la terre. »
- Apocalypse 12.3
Le
récit se poursuit avec le combat entre le diable et ses démons d'une
part et les anges commandés par Michel d'autre part. Chose unique dans
le Nouveau Testament, concentrant par ailleurs son attention sur
l'aspect tentateur du démon et son rôle de corrupteur de la nature
humaine, le monstre de l'apocalypse est responsable des catastrophes
naturelles, à l'instar des déités pré-judaïques. La bête est vaincue,
enchaînée en enfer pour mille ans :
« Il saisit le dragon, le serpent ancien, qui est le diable et Satan, et il le lia pour mille ans.
Il
le jeta dans l'abîme, ferma et scella l'entrée au-dessus de lui, afin
qu'il ne séduisît plus les nations, jusqu'à ce que les mille ans fussent
accomplis. Après cela, il faut qu'il soit délié pour un peu de temps.[...]Quand les mille ans seront accomplis, Satan sera relâché de sa prison.
Et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre[…]
Et le diable, qui les séduisait, fut jeté dans l'étang de feu et de soufre, où sont la bête et le faux prophète. Et ils seront tourmentés jour et nuit, aux siècles des siècles. »
Apocalypse 20.2-10
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