Bienheureux Pablo Melendez Gonzalo († 1936)
laïc martyr espagnol
L’Église a béatifié, durant les vingt dernières années, plus de mille martyrs de la guerre civile espagnole : autant dire que désormais toute catégorie de travailleur est officiellement représentée au paradis.
En
effet, les laïcs, provenant en majeure partie des rangs de l’Action
Catholique, sont tellement présents parmi les centaines d’évêques,
prêtres et religieux, qu’ils peuvent offrir à tout travailleur un modèle
et un protecteur contemporains.
Nous
allons présenter un avocat, dont la vie exemplaire suffit à racheter la
mauvaise réputation que l’imagination populaire se fait du barreau,
nourrie en cela par le climat des œuvres de Manzoni.
On peut dire que son martyre fut l’aboutissement logique, le digne couronnement d’une vie entièrement illuminée par la foi.
Pablo
Meléndez Gonzalo naît le 7 novembre 1876 à Valencia, d’un commandant de
la Garde Civile qui le laisse orphelin à quatorze ans.
Spontanément
le garçon, qui est l’aîné de sept enfants, se sent le devoir de prendre
en charge la famille : tout en continuant l’école, qu’il achèvera avec
une mention d’honneur, il se fait babysitter, accompagnateur, compagnon
de jeux, éducateur de tous ses petits frères et sœurs.
Après
l’école, ce garçon intelligent et doué s’inscrit à la faculté de droit
de l’Université de Valence, où il passe son doctorat, qu’il obtient à
l’unanimité des voix des membres du jury, et obtenant en plus un prix
extraordinaire comme meilleur élève de Droit de toute l’Espagne.
Le
christianisme de son enfance se fortifie durant la jeunesse grâce à
l’Action Catholique, qui le forme et le prépare à occuper sa place dans
la société.
Ses
compagnons se rappellent qu’il a coutume d’étudier devant le crucifix
ou quelque image pieuse, comme pour en recevoir plus de motivation à
étudier.
A peine installé comme avocat, il est apprécié pour son sérieux, son honnêteté et sa rectitude morale.
Son
travail ne l’empêche pas de donner du temps et de l’énergie pour les
œuvres de charité, les pratiques pieuses et l’apostolat.
Il travaille, sans se lasser, pour soulager les pauvres de la
Conférence Saint Vincent de Paul ; il est présent à la messe et y
communie chaque jour, ce qu’il fera pendant toute sa vie ; il anime des
groupes catholiques dans tout le diocèse, des Ouvriers Catholiques aux
membres de l’Action Catholique.
Il parle bien, on l’écoute volontiers ; il est si cohérent dans sa vie de chaque jour qu’on croit à sa parole.
Il se marie en 1904 avec Dolores Boscá Bas, une femme qui partage ses idéaux, chrétienne convaincue, dont il aura dix enfants.
En
1936, quand la guerre civile espagnole atteint le sommet de la violence
et se révèle désormais comme une véritable persécution religieuse,
l’avocat, qui “pue l’encens”, est tout de suite pris dans le champ de
mire des ennemis, mais lui continue imperturbablement son activité, avec
le même engagement, avec la même sérénité.
Il accepte même d’être l’avocat de l’évêque, charge que beaucoup ont refusée pour ne pas trop s’exposer.
Il refuse tous les conseils qu’on lui donne de modérer son engagement et de limiter son apostolat ou même de se cacher.
Il n’a pas peur, et en même temps, il ne veut pas abandonner son fils Carlos, gravement malade.
On
l’arrête le 25 octobre avec son fils Alberto et, devant les juges, qui
lui demandent s’il est catholique, il répond avec fierté : “Catholique
apostolique et romain”.
Emprisonné, il reste serein, affronte les tortures avec la plus grande dignité, jusqu’à quelques jours avant Noël.
A ses filles qui demandent de ses nouvelles, la direction de la prison répond qu’il sera libéré sous peu.
Mais c’est justement une d’elles qui découvre le cadavre de leur père
et de leur frère, la veille de Noël, parmi les corps entassés dans le
cimetière de Valencia : fusillé comme les autres, le même jour ou le
jour d’avant, puis achevé d’un coup à la nuque.
Motif
: “trop catholique”, car ils n’étaient pas arrivés à le faire renoncer à
son désir de rester “fidèle à Dieu, à l’Église et à la Patrie”.
L’Église
a reconnu la mort de l’avocat Pablo Meléndez Gonzalo comme un
authentique martyre, et Jean-Paul II l’a béatifié le 11 mars 2001.
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