Sainte Clotilde († 545)

Sainte Clotilde († 545)
Reine des Francs

Sainte Clotilde. Reine des Francs († 545)



Clotilde (en latin Crotechildis), née en 465 ou vers 475, morte autour de 545, est une princesse burgonde, devenue reine des Francs en épousant Clovis, qu'elle contribue à convertir au christianisme.

Elle a été canonisée ; l'Église orthodoxe la fête le 3 juin (dies natalis) et l'Église catholique romaine le 4 juin.

 

Biographie

Sainte Clotilde. Reine des Francs († 545)

Origine familiale et jeunesse

Description de cette image, également commentée ci-après

Clotilde représentée sur une plaque de reliure en ivoire dépeignant le baptême de Clovis par saint Remi avec le miracle de la Sainte Ampoule (détail), Reims, dernier quart du IXe siècle. Amiens, musée de Picardie. Cette plaque servit sans doute à orner la reliure d'un manuscrit de la vie de saint Remi

 

Clotilde est la fille du roi burgonde Chilpéric II, fils du roi Gondioc et frère de Gondebaud, Godegisile et Gondemar.

Le nom de la mère de Clotilde n'est pas connu. Sa date de naissance est aussi approximative, malgré les apparences.

L'enfance et la jeunesse de Clotilde se déroulent à la cour burgonde sous les règnes de Gondioc, mort dans les années 470, puis de Chilpéric 1er, mort vers 480, puis sous le règne conjoint des quatre fils de Gondioc.

Deux d'entre eux, Gondemar et Chilpéric II, père de Clotilde, disparaissent durant les années 480, laissant la place à Gondebaud et Godegisile, seuls rois des Burgondes dans les années 490.

Cette disparition de deux des frères est l'objet d'un certain nombre d'interrogations.

 

La mort du père de Clotilde

image illustrative de l’article Clotilde (femme de Clovis)

Sainte Clotilde prie saint Martin, Grandes Chroniques de France de Charles V, f.23r

 

Dans son Histoire des Francs, Grégoire de Tours donne une version plutôt tragique de la disparition de Chilpéric II :

« Gondioc avait été roi des Burgondes .... Il avait eu quatre fils : Gondebaud, Godégisèle, Chilpéric et Gondemar. Gondebaud égorgea Chilpéric son frère et noya la femme de celui-ci en lui attachant une pierre au cou. Il condamna à l'exil ses deux filles ; l'aînée, qui prit l'habit, s'appelait Croma, la plus jeune Clotilde. Or, comme Clovis envoie souvent des ambassades en Bourgogne, la jeune Clotilde est aperçue par ses ambassadeurs. Comme ils l'avaient trouvée élégante et sage et qu'ils avaient su qu'elle était de famille royale, ils l'annoncèrent au roi Clovis. Sans tarder, celui-ci envoie à Gondebaud une ambassade pour la demander en mariage. Ce dernier n'osant pas opposer un refus la remit aux ambassadeurs, et ceux-ci, amenant la jeune fille, la présentant au plus vite au roi. Quand il l'eut vue, le roi fut rempli d'une grande joie et il se l'associa par le mariage, alors qu'il avait déjà d'une concubine un fils nommé Thierry.  »
— Grégoire de Tours, Historia Francorum, Livre II, paragraphe XXVIII, traduction Robert Latouche, Les classiques de l'histoire de France au Moyen Âge, volume 27, p. 116-117, in La Bourgogne au Moyen Âge, Académie de Dijon, Centre régional de recherche et de documentation pédagogique, Dijon, 1972.

Selon Grégoire de Tours, le père et la mère de Clotilde ont donc été exécutés par Gondebaud, mais il ne précise pas pour quelles raisons, ni dans quelles circonstances. Clotilde et sa sœur Croma échappent au massacre. Elles sont condamnées à l'exil, mais apparemment, quelques années après, alors que Croma est devenue nonne, Clotilde est présente à la cour de Gondebaud où des ambassadeurs francs la remarquent et la signalent à Clovis, qui la demande en mariage.

Le récit (très court) du massacre a ensuite repris par le Liber Historiae Francorum, chronique du VIIIe siècle, qui en augmente la portée tragique en introduisantt deux fils de Chilpéric, décapités par l'oncle régicide.

Quoi qu'il en soit de la réalité de cet épisode, Clotilde a reçu à la cour de Gondebaud une éducation non seulement soignée mais aussi chrétienne, sans doute transmise par la reine chrétienne Carétène que l'on pense épouse de Gondebaud.

 

Reine des Francs

Sainte Clotilde. Reine des Francs († 545)


Elle épouse Clovis vers 493 à Soissons.

Selon Grégoire de Tours, elle a exercé une influence pour l'amener au baptême.


Le baptême de Clovis par saint Remy avec le miracle de la Sainte Ampoule. Plaque de reliure en ivoire, Reims, dernier quart du IXe siècle. Musée de Picardie à Amiens


Sainte Clotilde. Reine des Francs († 545)


Avant cet évènement, dont la date n'est pas connue avec une absolue certitude, elle prend même l'initiative de faire baptiser ses deux premiers fils contre l'avis de son époux, et ceci, bien que le premier,Ingomer, meure peu après son baptême.

Le couple a d'autres enfants, d'abord trois fils, Clodomir, Childebert et Clotaire, puis une fille, Clotilde, qui sont tous baptisés et parviennent à l'âge adulte.

Clovis et Clotilde résident le plus souvent à Clichy, Épineuil, Chelles, Rueil ou Bonneuil. Après sa victoire de Vouillé sur les wisigoths en 507, le roi fait de Paris sa capitale.

 

Le veuvage à Tours


Selon Grégoire de Tours, la reine restait encore à Paris, en continuant probablement à influencer ses trois fils, Clodomir, Childebert et Clotaire, mais notamment afin de soutenir Clodomir et sa famille.

Puis, vraisemblablement à la suite de la mort de Clodomir en 524, Clotilde se retira à Saint-Martin de Tours.

Femme politique, elle les amena à monter une expédition contre le royaume burgonde des fils de Gondebaud, vraisemblablement pour venger ses parents assassinés (selon Grégoire de Tours). Son fils Clodomir fut tué pendant cette guerre, à la bataille de Vézeronce.

Elle tenta de protéger les trois fils de Clodomir, mais ne put sauver que Clodoald, le futur saint Cloud, tandis que les deux autres étaient massacrés par leurs oncles.

Pour secourir sa fille envoyée en Espagne dès 511 (et également prénommée Clotilde), elle poussa Childebert à attaquer l'époux de celle-ci, le roi wisigoth Amalaric qui la maltraitait.

À Tours, elle imposa des évêques burgondes réfugiés auprès d'elle.

Veuve très pieuse, Clotilde est la première reine chrétienne qui ait fondé plusieurs établissements religieux.

Si, faute de documents sûrs, certains restent légendaires tel l'ancien couvent royal aux Andelys, de nos jours, deux édifices sont certainement attribués à cette reine.

D'une part, il s'agit de la basilique Saint-Germain d'Auxerre.

Des recherches archéologiques indiquent que l'aménagement de celle-ci remonte à l'époque de Clotilde.

Comme elle était une princesse de Bourgogne, ce soutien peut être effectivement expliqué.

D'autre part, dans la villa royale située à Chelles près de Paris, elle fonda un oratoire dédié à Saint Georges.

Les sources furent soigneusement établies en 1971 par un historien allemand.

En raison de cette légitimité, sous le règne des premiers Carolingiens, cet établissement devint l'abbaye royale de femmes la plus distinguée à l'époque, en y accueillant la sœur de Charlemagne, Gisèle.

De plus, saint Grégoire de Tours attribuait, d'après des manuscrits, l'origine de l'abbaye royale Saint-Martin de Tours à Clotilde, à la fin de l'Histoire des Francs Livre II.

D'ailleurs, il est possible que ses dernières années à Tours aient contribué la naissance de cette précieuse chronologie de Grégoire, écrite pendant l'époque de la décadence des petits-fils de Clovis.

Car, pour les habitants de Tours, il s'agissait d'une reine pieuse et d'un témoin de la conversion de Clovis et du peuple barbare à la foi catholique, et non d'un personnage légendaire.

 

Décès

 
tombeau de Clovis Ier et Sainte Clotilde

 
 
Vitrail de l'atelier Charles Champigneulle (1895) représentant Sainte Clotilde - Église Notre-Dame de Sablé-sur-Sarthe
 
 
 
Statue de Clotilde dans la série Reines de France et Femmes illustres du Jardin du Luxembourg à Paris
 
 
 Tour Clovis dans l'actuel lycée Henri-IV, à Paris


Elle termina ses jours dans la piété, auprès du tombeau de saint Martin, à Tours où elle mourut vers 545.

Elle fut inhumée par ses fils Childebert et Clotaire à Paris aux côtés de son époux Clovis, dans le sacrarium de la basilique des Saints-Apôtres, future Abbaye de Sainte-Geneviève, qu'elle avait contribué à fonder.

Des reliques de la Sainte sont présentes dans l'église de Vivières (aisne); chaque année un pèlerinage est organisé le troisième dimanche de juin depuis 1947.

Postérité

Vénération

Les chanoines de l'abbatiale, fuyant les invasions normandes au IXe siècle, procèdent à la translation de sa châsse au château de Vivières.

Lors du retour de ses reliques à la abbaye Sainte-Geneviève de Paris, la paroisse de Vivières garde sa tête et un bras dans un reliquaire désormais abrité dans l'église.

Un pèlerinage national, dédiée à sainte Clotilde, est annuellement organisé par la paroisse de Vivières.

L'organisation est, plus précisément, déléguée à la confrérie sainte Clotilde qui bénéficie, depuis le milieu des années 1980, du soutien du centre Charlier.

Existant depuis 1947, il se déroule généralement le troisième dimanche de juin.

Sainte Clotilde est particulièrement vénérée dans la Collégiale Notre-Dame des Andelys depuis qu'en 1656, l'église reçut en relique une côte de la sainte.

En 1793, les restes de Clotilde auraient été brûlés pour éviter aux moines génovéfains, détenteurs de ces reliques, la fureur des sans-culottes et lui épargner la profanation révolutionnaire.

Ses cendres sont alors déposées dans l'église Saint-Leu-Saint-Gilles et une partie concédées à la basilique Sainte-Clotilde de Reims.

L'église Saint-André de l'abbaye de Chelles conserve également une châsse qui lui est attribuée, de même l'église Sainte-Clotilde de Chambourcy et dans l'église Notre Dame de Vivières (aisne), la basilique Notre Dame de bonne garde de Longpont sur Orge (essonne) conserve également une relique de Sainte Clotilde.

Voies publiques


La reine Clotilde (vue d'artiste (XIXe siècle) - vitrail néogothique de l'église Saint-Martin de Florac

  • "Rue Clotilde" : à Paris (5e arrondissement), Issy-les-Moulineaux
  • "Rue Sainte Clotilde" : à Lyon (1er arrondissement)
  • "Rue à Clotilde" : à L'Île-d'Yeu, Vendée
  • "Avenue Sainte-Clotilde": à Genève, (quartier de la Jonction) où se trouve l'église du même nom
  • "Square Sainte-Clotilde" : à Saint-Cloud

Patronne de l'aviation légère de l'armée de terre

Depuis 1995 l'Aviation légère de l'armée de terre a choisi sainte Clotilde pour patronne.

C'est en effet à ses prières que Clovis put être victorieux à Tolbiac en « submergeant l'ennemi sous le feu du ciel », ce qui est précisément aujourd'hui la fonction des hélicoptères de combat de l'armée française.

En savoir plus :








 

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