Saint Isaac le Syrien († 406)
Notre
Saint Père Isaac était un ermite syrien, qui vivait dans le désert au
temps de la persécution menée par l'empereur Valens (364-379) contre les
orthodoxes.
En
378, alors que ce dernier se préparait à partir en campagne contre les
Goths qui, rassemblés en masse sur les rives du Danube, menaçaient
Constantinople, Saint Isaac, répondant à une motion divine, se présenta
devant l'empereur et lui dit : « Majesté, ordonne de rouvrir les
églises, et tu rentreras victorieux ».
Mais le souverain se détouma dédaigneusement de lui.
Le lendemain, l'homme de Dieu se tint de nouveau devant lui et lui réitéra sa demande, mais Valens passa outre.
Le troisième jour, il lui barra la route et, agrippant la bride de son
cheval, il ne cessa de lui répéter sa requête, tantôt sous forme de
supplication, tantôt sur un ton de reproche.
Lorsqu'ils parvinrent à une gorge profonde, pleine de ronces,
l'empereur excédé donna l'ordre à ses gardes d'y précipiter le Saint.
Par
la grâce de Dieu, Isaac tomba au milieu des ronces comme sur un lit
douillet, et deux jeunes gens, radieux et vêtus de blanc, l'en tirèrent
sans retard et le transportèrent, sain et sauf, à Constantinople, au
milieu de l'agora, devant l'empereur qui venait d'y arriver.
Stupéfait, Valens demanda s'il était bien celui qu'il avait fait jeter dans le ravin.
Le
Saint lui répliqua : « Ouvre les églises, et tu reviendras dans la
joie. Si tu n'agis pas ainsi, sache qu'après avoir eu la vie sauve en
fuyant, tu périras, brûlé par tes ennemis, dans un tas de paille. »
Ebranlé
par cette révélation, l'empereur n'en resta pas moins entêté, et il
chargea deux sénateurs, Saturnin et Victor, d'assurer la garde d'Isaac,
jusqu'à son retour.
La bataille, livrée près d'Andrinople le 9 août 378, tourna à la déroute pour les troupes impériales.
Valens parvint à sortir de la mêlée et alla se cacher, avec son aide de camp, dans un tas de paille.
Les barbares qui le pourchassaient l'y découvrirent et y mirent le feu,
et c'est ainsi que le tyran périt misérablement, réalisant la prophétie
de Saint Isaac.
Au
retour des troupes qui avaient pu échapper au carnage, certains,
voulant éprouver Isaac, lui dirent : « Prépares-toi à rendre compte de
ta conduite, car l'empereur est de retour. » Mais le Saint leur répondit
: « Voilà plus de sept jours que l'odeur de ses ossements calcinés
m'est parvenue. »
Lorsque
Théodose le Grand prit le pouvoir, informé des événements et du rôle
joué par le Saint moine, il lui rendit la liberté et proclama sans
retard un édit rendant aux Orthodoxes l'usage de leurs Eglises, après
quarante ans d'interruption.
Isaac déclara que, sa mission étant achevée, il n'avait plus qu'à retoumer dans son désert de Syrie.
Mais
Saturnin et Victor le supplièrent avec larmes de rester en ville pour y
rétablir la vie monastique, délaissée pendant la persécution arienne.
Il finit par céder, à la condition qu'ils lui construisent une cellule,
dans un endroit calme et retiré, où il pourrait finir ses jours dans
l'hésychia.
Les
deux sénateurs, devenus ses fils spirituels, rivalisèrent de zèle dans
leurs propositions, et il porta finalement son choix sur une petite
propriété, offerte par Saturnin, située hors de l'enceinte d'alors, dans
le quartier de Psamathia (Samatya), près de la porte de Xérolophos.
Il s'y installa dans une modeste cellule et commença à y mener la vie exemplaire d'un anachorète.
Chaque
matin les deux sénateurs allaient prendre sa bénédiction avant de
vaquer à leurs affaires, et un nombre croissant d'hommes pieux venaient
lui rendre visite, pour s'entretenir avec lui sur la vraie foi et sur la
vie spirituelle.
L'empereur Théodose lui-même se rendait fréquemment auprès de l'ermite
pour recevoir ses conseils et pour lui demander d'intercéder auprès de
Dieu pour lui et pour l'Empire.
Beaucoup
de Chrétiens l'invitaient chez eux, et, rejetant tout esprit de vaine
gloire, le Saint sortait parfois pour les visiter.
Des disciples se joignirent peu à peu à lui et l'endroit devint le premier Monastère de Constantinople (382).
D'autres
communautés monastiques, comptant jusqu'à cent cinquante moines, se
constituèrent sous son influence, aussi bien à l'intérieur de la ville
qu'aux environs, en particulier celle de Saint Hypatios, au Monastère
des Rufinianes (cf 17 juin).
Saint Isaac les visitait tous régulièrement et les exhortait au zèle spirituel.
Bien qu'il n'eût aucune autorité officielle, il était honoré comme un père par tous les moines de la capitale.
Par
ailleurs, quand il apprenait que des gens manquaient du nécessaire,
s'il n'avait rien à leur donner lui-même, il en informait les Chrétiens
aisés, et ceux-ci leur faisaient parvenir des vivres et des vêtements.
Saint
Isaac présidait donc, en ce temps-là, non seulement à l'enseignement de
la foi et de la vie spirituelle, mais aussi à la charité et aux œuvres
de bienfaisance.
Lorsque
Saint Jean Chrysostome accéda au siège épiscopal de Constantinople
(398), constatant qu'un grand nombre de moines circulaient en ville et
se rendaient dans les maisons privées, il prit des mesures contre ces
abus et leur ordonna de rester dans leurs Monastères.
Il entreprit aussi de réorganiser les oeuvres de charité, en
particulier par la fondation d'un grand hôpital, dont il désigna
lui-même les responsables.
Ces mesures pastorales nécessaires portèrent ombrage à l'activité de
Saint Isaac et à une grande partie des moines qui se sentirent
délaissés.
L'Archevêque d'Alexandrie, Théophile, sut exploiter habilement ce
différend ; et, lorsqu'il arriva à Constantinople, en vue de retourner
contre Saint Chrysostome les accusations dirigées contre lui, il attira à
son parti Isaac et ses moines.
C'est
ainsi que le vieil ascète prit malheureusement une part active au
Synode du Chêne (403), parmi les accusateurs de Saint Jean.
Celui-ci
fut alors déposé et condamné à l'exil. Mais cette condamnation suscita
de tels réactions qu'il fut bientôt rappelé sur son siège, hélas pour
peu de temps.
Saint Isaac ne s'immisca plus dans les affaires ecclésiastiques, mais passa ses demiers jours, paisiblement, dans son Monastère.
Ayant été averti par Dieu de son prochain départ de cette vie, il
rassembla ses disciples, leur recommanda de rester fermes dans la vraie
foi et désigna Dalmate pour lui succéder, puis il remit son âme à Dieu
(406).
Il fut pleuré par le peuple tout entier, l'empereur en tête.
Après
une cérémonie dans la Cathédrale, présidée par le Patriarche, on
organisa un cortège pour aller l'inhumer dans son Monastère.
Mais
Aurélien, un des grands personnages de la cour, qui était un fervent
admirateur du Saint, posta un fort détachement de soldats sur le chemin.
Ceux-ci
s'emparèrent de la précieuse dépouille et allèrent la déposer dans la
crypte d'une église érigée par Aurélien en l'honneur de Saint Etienne,
tandis que, contraints de se soumettre à ce pieux coup de force, les
moines rentraient à leur Monastère privés de la consolation des Reliques
de leur père spirituel.
1). Il est également commémoré le 3 août, avec ses successeurs : Sts. Dalmate et Fauste.
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