Notre-Dame du Rosaire (Bouchain)

Notre-Dame du Rosaire
(Bouchain)


Au commencement du XVIIe siècle, la sainte Vierge était honorée d'une manière particulière à Bouchain, sous le titre de Notre-Dame du Rosaire.
Les Dominicains de Douai qui exerçaient dans cette ville, le ministère de la prédication, et spécialement le P. Philippe Petit à qui nous sommes redevables d'une histoire de Bouchain, devenue fort rare, avaient beaucoup contribué à faire fleurir cette dévotion.
Nous donnerons ici le texte même du P. Petit.
La chapelle de Notre-Dame du Rosaire se trouve à droite en descendant du chœur, sa décoration et la variété de ses ornements prêchent hautement combien le peuple y est affectionné. Il ne faut chercher autres preuves de cette vérité que les trois témoignages suivants.
» Le premier témoignage est que personne ne sort de l'église, qu'au préalable, il ne fasse quelque petite dévote prière devant cette chapelle, ou au moins quelque révérence. 
» Le second témoignage est que fort peu de personnes de Bouchain néglige de se faire enregistrer dans cette sainte confrérie, crainte de se croire soi-même ou n'être estimé des autres pour un parfait chrétien ou catholique.
> Le troisième témoignage de cette dévotion et affection est que presque toute personne ayant un peu de commodité, avant que mourir, laisse, par sa dernière volonté, à cette sainte chapelle, quelque pieux légat ou aumônes ; les registres en donnent assurance.
La renfermeture de cette chapelle est richement faite de plusieurs sortes de marbres polis et lustrés avec ses piliers de jaspe ; le tout selon l'ordre de sculpture.
Le fond de la grande table d'autel représentant la sainte Vierge, laquelle donne le Rosaire à notre père saint Dominique, fait par un peintre fameux, est orné d'un bois bien travaillé avec tous les points de l'architecture, au-dessus, il est enrichi d'aucunes figures.
Dessus l'autel est toujours reposante la belle image de Notre-Dame du Rosaire, ayant sur la tête une couronne d'argent à la royal, et en sa main un sceptre de pareille matière, couverte d'une robe très riche et très éclatante. Laquelle image est portée en toutes les processions solennelles qui se font parmi la ville, accompagnée de beaux et riches guidons de quinze mystères du Rosaire ; et lorsqu'elle repose sur l'autel, elle est toujours honorée et éclairée de trois lampes d'argent.
M. le gouverneur de la ville, en qualité de gouverneur, est toujours le prince et le principal administrateur de cette sainte archiconfrérie.
Aujourd'hui, messire Anthoine Drouot, gouverneur, en cette qualité, honore la sainte mère de Dieu. Oret voce pia pro vo Virgo Maria. Amen. 
Nous avons vu et lu le matériel de cette chapelle du très-saint Rosaire ; voyons, en passant, le spirituel.
Il serait bien mal aisé de vous exprimer combien grande est la dévotion que le peuple de Bouchain fait paraitre à l'endroit de la très-auguste société du Saint-Rosaire de la Vierge sacrée, Marie.
Nous en venons dire quelque chose.
Tous les premiers Dimanches du mois et fêtes principales de l'an, est un perpétuel flux et reflux du monde qui, pour satisfaire à sa dévotion et guigner les indulgences plénières, fait une douce violence, afin de s'approcher des confesseurs et ensuite de la sainte communion.
Plusieurs confesseurs ne sont suffisants de contenter et d'écouter tous ceux et celles qui s'y présentent.
Avec la même dévotion, un nombre sans nombre assiste à la messe solennelle, à la prédication et à la procession avec le Rosaire en mains, témoignant tous extérieurement le grand respect qu'intérieurement ils portent à cette Reine du Ciel.
Nous souhaitons avec passion et espérons qu'un jour cette Mère de miséricorde, en récompense de leur confiante et amoureuse dévotion, obtiendra en vérité aux dévots et dévotes de ma chère patrie, les effets de ses saintes promesses, savoir, que tous ceux et celles qui la serviront et honoreront avec une tendre affection, auront pour salaire et guerdon la vie éternelle.
Pour inciter, voir pour augmenter davantage la dévotion des fidèles à l'endroit de cette sainte Vierge du Rosaire, outre tous les premiers Dimanches du mois et toutes les principales fêtes, tous les samedis de chaque semaine, l'on chante pareillement dans sa chapelle une messe fort solennelle avec l'orgue et musique. Le peuple est convié d'y assister au son des cloches et du carillon, comme aussi par M. le pasteur, lequel tous les Dimanches, l'annonce dans son prosne.
L'église de Bouchain a beaucoup souffert de la révolution de 93.
Son jubé, son magnifique maître-autel, son tabernacle si artistement sculpté, ses élégantes chapelles, tout a été détruit.
Il ne reste rien de toutes ces richesses dont le P. Petit fait avec tant de complaisance la description dans son histoire.
On doit sans doute de grands éloges aux ecclésiastiques qui, depuis le révolution ont dirigé la paroisse de Bouchain, et spécialement à M. l'abbé Grau qui occupe actuellement ce poste.
Mais si l'on éprouve une joie bien vive de tout ce que leur zèle a pu faire pour l'ornement de la maison de Dieu, ceux qui ont connu l'ancienne église, ou qui en lisent la description dans l'histoire de Dom Petit, ne peuvent se défendre d'une amère tristesse, en comparant ce qu'elle est aujourd'hui avec ce qu'elle était autrefois.
A l'autel de la vierge que M. l'abbé Grau a fait restaurer, il y a à peine trois ans, avec un goût remarquable, on voit encore un ancien tableau peint sur bois qu'on attribue au pinceau de Franck. La Vierge y est représentée, tenant son divin fils dans ses bras : elle est environnée de quinze médaillons qui rappellent les quinze mystères du Rosaire.
La paroisse de Bouchain possède toujours sa confrérie du Rosaire qui est encore florissante. La fête s'en célèbre le premier Dimanche d'Octobre avec Octave et Procession solennelle : les Sacrements sont beaucoup fréquentés à cette époque de l'année.
Plusieurs familles ont conservé la sainte habitude de réciter fréquemment le Rosaire, et le chapelet se dit publiquement à l'église tous les Samedis du Carême pour la conversion des pécheurs.






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire