Notre-Dame de Grâce (Cambrai)

Notre-Dame de Grâce
(Cambrai)

Avesnes sur helpe, la collégiale Saint Nicolas
 Tableau de Notre-Dame de Grâce (Cambrai) dans la collégiale Saint Nicolas à Avesnes sur Helpe


Avesnes sur helpe, la collégiale Saint Nicolas


 

Saint Diogène fuyant de Bavai saccagé par les Huns, vers l'an 385, vint se réfugier à Cambrai avec les Chrétiens qui furent assez heureux pour échapper au désastre.
Ce saint Évêque, y éleva la première église à la gloire du vrai Dieu, et la dédia à la Vierge Mère.
C'est donc en naissant à la foi chrétienne que Cambrai a été placé sous le patronage de la Reine du Ciel, et dès l'année 953 cette ville reconnaissante la saluait comme sa protectrice et son plus ferme rempart.
En effet, à cette époque, les Hongrois ayant fait irruption dans les Gaules, vinrent mettre le siège devant Cambrai.
Fulbert, fils du duc de Brabant était alors évêque, il ordonna des prières publiques ; il rappela au peuple qu'il avait une médiatrice puissante en Marie, patronne du diocèse ; et la foule ne fut pas sourde à la voix de son pasteur : on accourut aux pieds de la Vierge ; on multiplia les supplications et les jeûnes.
Les Hongrois livrèrent en vain à la ville plusieurs assauts ; toujours ils furent repoussés avec perte et obligés enfin de lever le siège.
Mais la vierge ne fut honorée qu'en 1452 dans la sainte Image qu'on vénère encore de nos jours a Cambrai.
Une pieuse croyance l'a toujours attribuée au pinceau de saint Luc.
Fursy de Bruille, docteur ès-lois et archidiacre de Valenciennes, l'apporta de Rome en 1440 : il ne voulut pas se déposséder de son vivant, d'un tableau si cher à sa piété, et il le légua par son testament à l'église métropolitaine de Cambrai.
La mort de Fursy de Bruille arriva le 17 Décembre de l'année 1450, et le 6 Août de l'année suivante le vénérable chapitre nomma des commissaires chargés d'examiner de quelle manière on placerait dans l'église la sainte image, conformément au désir exprimé par le testateur.
Ces commissaires furent le Doyen Jean Lambert, Renauld Deslions, Joseph Artule, et Beringhen. Leur rapport fut entendu le 13 du même mois, et le 10 Juillet 1452, on décida que la veille de l'Assomption, la pieuse Image serait exposée au milieu du chœur, et qu'après la messe chantée solennellement, elle serait portée avec pompe dans la chapelle de la Sainte-Trinité, fondée en 1240 par le chanoine Michel, archidiacre de Hainaut. Elle se trouvait située à l'orient, derrière le chœur ; plus tard, elle perdit son nom pour prendre celui de Notre-Dame-de-Grâce.
Fursy de Bruille y fut inhumé ; une inscription gravée sur un marbre noir au-devant de l'Image indiquait la sépulture du vénérable chanoine, et rappelait le don précieux qu'il avait fait à l'église.
Les actes de l'église métropolitaine de Cambrai nous apprennent que pour exposer le tableau peint par saint Luc dans la chapelle de la Trinité, on déplaça une pierre qui rappelait quelque fondation faite par le cardinal Pierre d'Ailly ; on la rapprocha à cette époque, un peu plus près de l'autel.
En 1742 on renouvela le pavement de la chapelle de la Trinité au moyen des libéralités d'Augustin Fourdin, et, par suite de cette réparation , on fit disparaître l'épitaphe de Fursy de Bruille.
M. Failly, inspecteur des douanes et membre de la commission historique du département du Nord, n'a pas craint de dire dans son essai archéologique sur l'Image miraculeuse de Notre-Dame de Grâce, que le renouvellement du pavé de la chapelle de la Sainte-Trinité a été, à cette époque le prétexte de la disparition du tombeau de Fursy de Bruille et de l'épitaphe qui le désignait comme donataire de la Sainte-Image.
Le chapitre de la Métropole aura cru devoir, autant qu'il était possible, chercher à éloigner la preuve d'une origine qui, bien que respectable, n'avait pourtant rien de saint et de prestigieux.
L'évidence d'une telle origine pouvait, dans l'esprit des populations, paraître en opposition avec l'éclat des miracles qu'elles croyaient devoir à la puissante intercession de l'Image de Notre-Dame-de Grâce.
Telle est l'intention peu loyale prêtée par M. Failly au vénérable chapitre de la métropole de Cambrai qui contenait alors dans son sein des hommes jugés dignes par leur sience et leurs vertus des honneurs de l'épiscopat.
Eh bien, cette supposition gratuite et malveillante n'est pas seulement une injure imméritée jetée à la face du chapitre métropolitain, qu'au reste un pareil outrage ne saurait atteindre, mais, de plus, c'est une absurdité.
Quoi ! pour effacer du souvenir des peuples l'origine de la Sainte-Image, les vénérables chanoines auraient pu croire qu'il suffisait de faire disparaître l'épitaphe de Fursy de Bruille !
Ils auraient pensé que par cette seule précaution, ils anéantiraient une tradition universelle de près de trois siècles, consignée presqu'à chaque page dans les actes du chapitre, dans tous les historiens, dans tous les livres qui ont eu occasion de parler de la métropole de Cambrai et du culte rendu à l'Image peinte par saint Luc !
M. le membre de la commission historique ne savait-il pas que, vers la même époque, les hommes chargés de l'embellissement du chœur de la métropole, avaient renversé, par un goût bizare, un magnifique jubé, détruit le somptueux mausolé de Jean de Bourgogne, brisé un grand nombre d'effigies d'anciens évêques, arraché quantité d'épitaphes en cuivre, et vendu à Paris tous ces débris pour la somme de trente mille francs ?
Cette mauvaise direction donnée aux travaux qui eurent lieu à cette époque, direction contre laquelle s'élevèrent les murmures de la population et les réclamations de plusieurs personnes distinguées, explique donc la disparition de l'épitaphe de Fursy de Bruille, sans qu'il soit nécessaire de recourir à la supposition de M. Failly, supposition odieuse qui ne fait honneur, il faut bien le dire, ni à son esprit ni à son cœur.
En 1743, l'image de Marie fut rapprochée de l'autel, et on plaça la grille en fer à rosaces dorées et la boiserie sur laquelle ont été sculptés l'Annonciation et saint Luc peignant la Vierge.
Ces objets ont été conservés et ornent de nos jours la cathédrale actuelle.
L'élégant grillage ferme encore la niche où repose la Madone vénérée : les deux sujets sculptés sur la boiserie et qui, primitivement, étaient réunis, ont été divisés en 1839 ; ils se voient maintenant dans les deux chapelles collatérales.
L'auteur de l'histoire ecclésiastique des Pays-Bas Guillaume Gazet, après avoir raconté qu'une image de Notre-Dame peinte par saint Luc a été  donnée à l'église cathédrale de Cambrai par M. Fourcy de Bruylle, ajoute : Depuis lors jusques aujourd'hui, elle a été honorée des princes et du peuple, non sans preuve évidente d'opérations miraculeuses qui se sont remarquées par les habitants en diverses années.
En effet, lorsqu'il s'agit d'inaugurer la sainte image dans la métropole, le chapitre se rassemble, et nomme une commission qu'il charge d'aviser à ce que la translation se fasse d'une manière digne d'une si précieuse relique.
Le 14 Août 1452, conformément à la décision des commissaires, le clergé va chercher en cérémonie le saint Tableau et le dépose solennellement dans la chapelle de la Sainte Trinité.
La même année, le chapitre acceptait la fondation de cent écus destinés à fournir trois cierges qui, aux fêtes de la Vierge Marie, devaient brûler devant l'Image peinte par saint Luc.
Le 1er Août de l'année suivante 1453, le chapitre approuvait le projet d'une confrérie de la Sainte-Vierge et de Saint-Luc, dans la chapelle de Notre-Dame de Grâce, signait les lettres, qui autorisaient cette pieuse association.
La supplique avait été faite par Berthoul Manchion, Hector de Canteraine, l'un vicaire, l'autre chapelain de l'église cathédrale ; Adolphe du Prier, prêtre ; Herman Waldrick, peintre ; Guillaume Sluper, écrivain ; Jean de Locron, Judoc Lambert, Charles de Dixmude, et Henri de Ghiseghem, bourgeois.
Leur motif était la dévotion particulière qu'ils avaient pour la Reine du Ciel, et la pieuse croyance où ils étaient que l'image exposée à la vénération des fidèles dans la chapelle de la Trinité, était bien l'œuvre de l'évangéliste saint Luc.
Le 24 Avril 1454, pour satisfaire la pieuse dévotion du comte d'Estampes, un peintre de Bruges, Pierre Criste était autorisé à tirer trois copies de l'image vénérée ; les chanoines désignaient l'archidiacre de Hainaut pour les offrir au prince de la part du Chapitre.
Le 12 Mai 1456, Jean Lambert, président de la fabrique, recevait des instructions sur l'usage qu'il devait faire des nombreux ex-voto offerts par le peuple à l'image de Notre-Dame de Grâce.
En 1457, Philippe-le-Bon, duc de Bourgogne, se trouvant à Cambrai, ne veut pas quitter cette ville sans venir et saluer l'image de Notre-Dame qui fut faite de la main de saint Luc,
En 1458, Louis XI, roi de France, passant à Cambrai, donnait 1,200 écus d'or pour la confection d'une couronne de fer entourée de douze plats ou flambeaux d'argent. Elle portait cette inscription :
L'an de l'incarnation mille quatre cents LXXVIII, Louis XI, roi de France où tout honneur luit, fonda ici, l'an susdit, pour décorer la Vierge Mère de Grâce : prions jour et nuit Jésus qu'il ne périsse de âme.
Les douze plats furent volés en 1584, et plus tard la couronne de fer fut placé sous les voûtes de l'église.
En 1752, année jubilaire de la translation de la sainte image dans l'église métropolitaine, le chapitre fit dorer cette couronne, et on la replaça à l'entrée de la chapelle vénérée.
En 1499, les offrandes des pèlerins étaient employées à la confection d'un habitacle en argent destiné à recevoir le tableau de Notre-Dame de Grâce.
Le 12 Février 1545, le Chapitre votait des remerciements à un illustre chevalier, François de Raysse, seigneur de la Hargeries, qui offrait 400 florins pour les riches tapis destinés à la chapelle de Notre-Dame de Grâce, et le 22 Mars de la même année, on apprenait au chapitre que ce seigneur avait donné 200 florins de plus qu'il n'avait offert.
En 1646, don Esteven de Gomara y Contreras, gouverneur de Cambrai, faisait don à la Vierge d'une riche couronne d'or, et les chanoines ordonnaient qu'elle fût jointe aux nombreux joyaux conservés dans le trésor de la chapelle.
En 1649, Le comte de Fuensaldagne se reconnaissant redevable à Notre-Dame de Grâce du succès de ses armes, lui donnait une lampe d'argent pesant 258 onces et demie ; il faisait en outre les fonds nécessaires pour en entretenir le luminaire à perpétuité.
Eu 1655, le comte de Garcies, gouverneur de Cambrai pour le roi catholique, léguait une somme de 7,000 florins à la chapelle de Notre-Dame de Grâce où l'on célébrait pour lui tous les ans le 19 Juin, un obit solennel. L'acte d'acceptation porte la date de 1656, et nous apprend que le comte avait été porté à faire cette, donation en reconnaissance des bénéfices reçus de Dieu par l'intercession de la sainte Vierge Mère.
Ce n'était là que la moindre partie des riches offrandes faites à Notre-Dame de Grâce par la piété des fidèles.
M. le Glay, dans ses recherches, ne cite que les plus remarquables, et nous y lisons que dans le trésor de cette chapelle on voyait encore :
1.° Un magnifique ostensoir de vermeil, dont le soleil était orné de diamants très-riches et surmonté d'une belle figure de Vierge. Au bas se trouvait le nom du donateur avec la date : Renier Paul de Crassavernas, chanoine de cette église, 1674.
2.° Une antipende et des gradins d'argent pour l'autel. On lisait au pied du tabernacle une inscription qui portait le millésime de 1674. C'était Nicaise de Maldonade, chanoine et grand ministre de l'église métropolitaine, qui avait fait ce don à la plus grande gloire de la Sainte Trinité et de Notre-Dame de Grâce, en mémoire de ses parents, et spécialement de sa mère, Michéle Lebrun, inhumée dans cette chapelle.
3.° Quatre beaux calices d'argent, dont le plus grand provenait du chapitre cathédral d'Anvers qui l'avait offert comme un gage de sa vénération à Gaspard Nemius, archevêque de Cambrai et ancien évêque d'Anvers.
4.° Quatre grandes pyramides d'argent dont deux portaient cette légende : Dono A.di adm. D." D. Mkhaelis Vancantelbec1!h Anluerpensis J. V. L' hujus melropolilanœ canonici annis circitcr 30 piœ devotionis affecli erga Divam Virginem duas lias pyramides consecravit. 1701. Au-dessus de ces paroles on avait gravé les armoiries du donateur avec cette devise : Spes ad ripam.
5.° Un reliquaire d'argent doré, représentant la chapelle de Lorette soutenue par quatre anges d'argent sur un socle de cuivre doré. Une belle figure de vierge surmontait le dôme, et dans le milieu du reliquaire se trouvait une pierre de la chapelle même de Lorette, enchassée dans le cristal avec ces mots : lapis de capella B. Mariœ de Loreto ex Dono D. Crispini de Stapen canonici. Ce reliquaire était environné d'un cercle de rayons de cuivre doré, enrichi de pierreries et surmonté d'une couronne d'argent aussi ornée de pierres précieuses.
6.° Un lampadaire précieux composée de trente quatre lampes d'argent dont vingt-deux furent données en 1759 par le Chapitre, avec quelques autres argenteries pour les besoins de la guerre. Parmi celles qui furent alors envoyées à la monnaie, on en voyait une offerte par les paroissiens de la Madeleine à l'occasion de la levée du siège de 1649.
Au nombre des lampes réservées dans le sanctuaire, on remarquait surtout celle qui présentait en relief une vue de la citadelle de Cambrai, avec une inscription qui témoignait qu'elle avait été offerte à Notre-Dame de Grâce par le comte de Garcies, gouverneur, en mémoire de la délivrance de cette forteresse.
Nous citerons encore la lampe donnée dans la même circonstance par trois paroisses de Valenciennes. Sur le dôme s'élevait une figure de la Vierge, et le pourtour offrait les images de saint Jacques, de saint Nicolas et de saint Vaast patron de ces paroisses.
7° On conservait encore, dans la trésorerie de la chapelle, trois couronnes de cuivre doré, attachées l'une à l'autre, et reposant sur un support. Deux inscriptions rappelaient que ces trois couronnes avaient été offertes à Notre-Dame de Grâce par le comte de Garcia, gouverneur de Cambrai, et par tous les habitants en reconnaissance de la levée du siége ; Cambrai y était appelé la ville privilégiée de la Mère de Grâce. » Nous n'entrons pas dans de plus longs détails ; nous en avons dit assez pour prouver que, depuis 1452, les peuples ont mis une sainte émulation à multiplier les témoignages de la vénération qu'ils portaient à Notre-Dame de Grâce.
Nous avions à cœur de le constater, afin de réduire à leur juste valeur ces phrases inconcevables, sorties de la plume de M. Failly :
De simple ornement qu'il était d'abord, le petit tableau de Notre-Dame de Grâce a fini par paraître aux yeux de quelques esprits peu éclairés le principal objet du culte dans l'ancienne métropole de Cambrai. Cette copie aura peu-à-peu partagé la gloire, le mérite, la vénération dont, à Rome, on entourait l'original. La foi peu éclairée, le besoin, l'amour du merveilleux et quatre siècles auront fait le reste.
M. Failly a écrit ces lignes en dépit de ces souvenirs qu'il a eus comme nous sous les yeux, et qui rendent incontestable le respect constant des fidèles pour l'image de Notre-Dame de Grâce dans l'église métropolitaine de Cambrai.
Avant 1682, la sainte image ne quittait son sanctuaire que dans des circonstances fort rares, lorsque le peuple, accablé sous le poids de quelque fléau, accourait en demander à Dieu la cessation.
Mais après que Cambrai fut devenu ville française, Notre-Dame de Grâce, en vertu du vœu par lequel le roi Louis XIII a consacré son royaume à la Sainte Vierge, Notre-Dame de Grâce était, chaque année, le jour de l'Assomption, apportée dans le chœur après la messe solennelle.
On la plaçait sur un brancard richement orné, et, après vêpres, elle parcourait processionnellement toute la ville. Elle était portée par deux chanoines revêtus du rochet et de l'étole, et elle s'avançait ainsi sous un dais magnifique soutenu par six prêtres. Ils étaient suivis des magistrats et d'un peuple immense accouru des villes circonvoisines.
Ce fut en 1733, que, pour la première fois, on vit paraître à la procession du 15 Août, les chars de triomphe. Les magistrats, dans cette innovation, avaient bien plutôt écouté un esprit d'intérêt que le désir de rendre plus magnifique la cérémonie religieuse.
Cette première année, dit un auteur contemporain, cette procession ne fut pas fort régulière ; il s'y trouvait même du ridicule. Un char de triomphe représentait le clocher de l'Hôtel de Ville avec son Martin de Cambrai ; deux hommes étaient aux deux côtés d'une cloche assez pesante posée sur un petit clocher qui imitait celui de l'Hôtel de Ville. Ils étaient habillés à-peu-près comme ces deux statuts que l'on appelle Martin et Martine, et avaient chacun un marteau à la main dont ils frappaient de temps en temps leur cloche.
Un autre char représentait la tour de Babel ; cette tour était fort grosse et fort pesante, ayant d'espace en espace plusieurs personnages qui représentaient les travailleurs ; elle avait à son sommet un roi, le sceptre à la main : c'était encore fort mal inventé.
Ces deux machines étaient si larges et si pesantes qu'elles eurent bien de la peine à passer près de l'église Sainte-Croix et de la chapelle Sainte-Anne.
Les autres chars et le reste de la procession étaient assez bien imaginés.
Mais, dans la suite, cette procession fut tellement perfectionnée qu'elle fut jugée la plus belle du Pays-Bas.
Elle attirait tous les ans une foule innombrable d'étrangers.
En 1737, l'intendant fit cesser cette magnifique procession, disant que les fermes y faisaient trop de dépenses. Ainsi les chanoines de Notre-Dame, avec le reste du clergé, firent la procession comme on avait coutume de faire avant ces représentations.
De nos jours, les chars de la procession de Cambrai sont redevenus célèbres ; mais on a pris la sage précaution de séparer le sacré du profane ; ces chars ont disparu de la cérémonie religieuse.
Gazet, dans son histoire ecclésiastique, Rayssius, dans son supplément à la vie des saints de Belgique, De Lewarde, dans son histoire du Hainaut, le Père Bauduin Willot, dans son hagiologe Belgic, parlent, mais sans en donner les détails, des nombreux miracles de Notre-Dame de Grâce.
Il parait même qu'un prêtre de Cambrai, Julien de Ligne, en a composé un recueil.
Gazet, en 1614, exprimait l'espérance de voir bientôt ce manuscrit livré à l'impression ; il n'a jamais été publié.
Par les soins de M. Le Glay, la bibliothèque publique de Cambrai a été mise en possession de plusieurs manuscrits de Julien de Ligne, et M. Failly affirme que le manuscrit N° 658 contient le recueil des miracles opérés dans le sanctuaire de Notre-Dame de Grâce.
Sur sa parole, nous l'avons parcouru d'un bout à l'autre ; il y est question de toute autre chose. Julien de Ligne est mort en 1615, il est probable que le temps lui aura manqué pour éditer son ouvrage, et, depuis, son manuscrit se sera perdu.
En 1649, lorsque les troupes pressaient vivement le siège de Cambrai, et que réduits à l'extrémité, les habitants avaient tout à redouter du courroux des vainqueurs, on exposa l'image de Notre-Dame de Grâce à la vénération des fidèles ; on fit une procession solennelle par toute la ville ; on redoubla les supplications et les prières, et peu de jours après, la nuit de la fête de la Visitation, l'ennemi fatigué s'éloigna, et Cambrai fut délivré.
Toute la province se reconnut redevable de ce bienfait à Notre-Dame-de-Grâce, et il serait difficile de se faire une idée de la vive reconnaissance qu'en témoigna tout le peuple de cette partie de la Belgique.
De la seule ville de Douai, sept mille personnes se rendirent en procession à Cambrai pour y remercier la Sainte Vierge d'une protection si visible.
Quelques jours après, les habitants de Valenciennes, au nombre de trois mille, entreprirent le même pèlérinage et vinrent offrir à la Vierge de Cambrai leurs vœux et leurs présents.
En 1657, les bourgeois de la petite ville de Bouchain, qui n'avaient point peu contribué par leur courage à faire lever le siège de Cambrai, se rendirent aussi en pèlérinage au sanctuaire de Notre-Dame de Grâce, le jour de l'octave de l'Assomption, pour remercier la Sainte Vierge à laquelle ils reconnaissaient devoir leurs brillants succès.
Le dominicain Don Petit, dans son histoire de la ville de Bouchain, nous a conservé la description de ce pileux voyage ! nous citerons ici cet auteur et nous lui laisserons toute la naïveté de son langage :
L'ordre qui y fut observé fut grandement religieux et incitant à dévotion : car le jour destiné étant arrivé, tout le peuple au son des cloches et du carillon se trouva à l'église de grand matin.
Mais à peine en fut-il sorti en belle disposition, qu'incontinent une pluie véhémente menace de mettre tout en désordre, et si la dévotion et la piété des pèlerins n'eut été bien affermie, principalement par l'exemple et la parole de M. le gouverneur qui, marchant à pied, et méprisant l'incommodité du temps, encouragea les autres. On poursuivit donc, et le clergé revêtu commença d'entonner les cantiques d'actions de grâce.
Cependant à l'issue de la ville basse le temps se changea et fut plus serein le reste de la journée. On marcha avec tant de modestie qu'il fut dix heures quand on arriva aux portes de Cambrai. La cloche de la ville commençant à donner à la vue de tant de peuple, les remparts parurent incontinent tout couverts de monde : dans l'ordre qu'on avait marché, on entre dans la ville.
Premièrement marchait à la tête une compagnie de cent mousquetaires avec le capitaine et tous ses officiers, qui, entrant en la ville, fit une belle décharge.
Puis suivaient les enfants divisés en quinze compagnies, chacune distinguée par les guidons du Saint-Rosaire, tous marchaient deux à deux, chapelets et rosaires en main, suivant leur croix portée par des enfants revêtus en ange.
Derrière les sept premières compagnies qui étaient toutes de garçons, quatre filles couvertes toutes blanches portaient sur une civière la belle et dévote Image de Marie enfant, comme elle a été présentée au temple : ensuite marchaient toutes les filles, deux à deux, en bel ordre, divisées par les guidons en vingt compagnies, et à la fin une demoiselle qui portait le grand cierge voué à Notre-Dame de Grâce, auquel il y avait un écu chargé des armes de la ville et de cette inscription :
A NOTRE-DAME-DE-GRACE,
POUR LA DÉLIVRANCE DE CAMBRAY, L'AN 1657
Le peuple de Bouchain.

Le cierge précédait immédiatement l'image du saint enfant Jésus qui est de grande vénération en la paroisse de Bouchain, et dont l'ornement était si propre qu'il attirait sur soi les yeux des spectateurs et l'affection de tout le monde : quatre garçons revêtus à qui mieux mieux portaient cette image : ces enfants si bien arrangés étaient environ au nombre de cent cinquante.
De là marchait la croix et le clergé revêtu en surplis, le diacre et sous-diacre, chapelains de la paroisse, de leurs dalmatiques, le prêtre officiant qui était le pasteur, d'une riche chappe. Suivait à pied M. le Gouverneur, Mme sa femme avec ses filles et autres demoiselles ; M. de Rental, maître de camp d'infanterie, avec ses officiers qui étaient pour lors en garnison en cette ville, et puis le reste du peuple.
Cet extraordinaire appareil d'un pélerinage attira tellement tout le peuple de Cambrai, que les rues étaient pleines de monde. On alla par le grand marché, où à peine la compagnie des mousquetaires, qui fit une belle salve devant la Maison de Ville, se pouvait faire place dans la foule du peuple. On traversa, toute fois, chacun en son rang, jusques au portail de Notre-Dame, et la procession entra en l'église au bruit d'une furieuse décharge. Chacun fit ses dévotions pendant la grande messe chantée par M. le pasteur, et le Te Deum avec la plus belle musique de cette métropolitaine.
Sur les deux heures, chacun s'étant retrouvé à l'entour de l'église, après avoir salué l'image de la Sainte-Vierge, retourna en même ordre, et on repassa par les mêmes endroits qu'on était entré, le clergé chantant quelques hymnes et les enfants reportant leurs images de Jésus et Marie enfants.
On ne saurait dire comme toute la ville de Cambrai, fut sastisfaite et bien édifiée de cette procession, mais surtout de la modestie et la dévotion des enfants : ce qu'elle témoigna non seulement par le concours qu'elle fit encore au sortir de la procession, mais en convoyant de vue sur leurs remparts ceux qui, pour remercier Notre-Seigneur et sa sainte Mère de la délivrance de leur ville, avaient entrepris ce dévot et pénible pèlerinage.
Hors de la ville, on marcha en bon ordre, si bien qu'à la brune on rentra à Bouchain tous ensemble, et on alla à l'église recevoir la bénédiction du Saint-Sacrement; après quoi chacun se retira en paix.
Pendant le siège de leur ville, en 1708, par les Princes alliés, coalisés contre la France, les Lillois s'étaient comme toujours défendus vaillamment. Après des efforts inouis et une résistance vigoureuse, ils avaient été pourtant obligés de céder. La ville capitulait le 22 Octobre, et la citadelle se rendait le 11 Décembre. Bien que Lille eut été préservée du pillage, traitée même avec bienveillance par le vainqueur, faveur dont le magistrat et le peuple se crurent redevables à Notre-Dame de la Treille qu'ils avaient invoquée, cependant, on y supportait avec peine la nouvelle domination.
L'hérésie dont cette ville, si profondément catholique, avait su toujours se préserver, levait la tête, et forte de l'appui des Hollandais, elle réclamait audacieusement le droit de cité.
Les Lillois faisaient secrètement des vœux pour voir tomber enfin un joug qui mettait leur foi en péril, leur foi à laquelle ils tenaient plus qu'à leurs biens, plus qu'à la vie : ils invoquaient Notre-Dame de Grâce qui, dans des circonstances semblables, s'était montrée secourable à tant d'autres cités ; et Notre-Dame de Grâce ne tarda point à exaucer des prières si ardentes.
Le 24 Juillet 1712, Villars triomphe à Denain, et le 1er Juin de l'année suivante, les Français rentraient dans la ville de Lille, au milieu des acclamations du peuple.
Le 14 Août Lille reconnaissante envoyait ses députés à Cambrai pour rendre grâce à la Vierge.
Ils furent reçus par les serments de cette dernière ville qui allèrent au-devant d'eux jusqu'à la porte de Selle : ils déposèrent leur offrande qui consistait en un cœur d'argent de grande dimension, sur l'autel de Notre-Dame de Grâce, et firent chanter dans sa chapelle une grande messe en musique.
Les Lillois continuèrent tous les ans, jusqu'en 1737, de venir apporter un présent à la madone de Cambrai. Ils arrivaient le Samedi dans l'octave de l'Assomption, et ils faisaient chanter le lendemain une messe solennelle.
Dans un inventaire du trésor de la chapelle de Notre-Dame de Grâce, inventaire levé, le 18 Avril 1725, en présence d'Alexis Lambert, chanoine, et intendant de la chapelle, et de Messieurs Seulin et Du Vieux Bourg, trésoriers, nous trouvons qu'il est fait mention d'une lampe d'argent donnée avec sa couronne par les habitants de Lille. Cette lampe demeurait toujours exposée avec trente-trois autres de même métal, dans la chapelle de Notre-Dame de Grâce.
Nous avons déjà vu un duc de Bourgogne, Philippe-le-Bon, en 1457, et un roi de France, Louis XI, en 1458, s'agenouiller devant l'image peinte par saint Luc.
Plus tard, l'illustre Fénélon devenu archevêque de Cambrai, lui voua un culte tout particulier.
C'était à son autel que fort souvent il célébrait les saints mystères.
Enfin Louis XV, en 1744, au commencement de la campagne de Flandre, voulut également réclamer l'assistance de Notre-Dame de Grâce, et lui recommander le succès de ses armes qu'il allait tourner contre l'Angleterre et la Hongrie.
Ce prince arriva à Cambrai le 4 de Mai, vers midi, au son de toutes les cloches et au bruit du canon.
Le magistrat en robe, accompagné des trois serments de la ville, alla au-devant de lui par la porte Saint-Sépulcre, et lui présenta les clefs de la cité ; elles étaient argentées, ornées d'un ruban et portées dans un bassin de vermeil. M. Dupuis, conseiller pensionnaire, fit le compliment. Les rues par lesquelles le prince devait passer, étaient bordées des troupes de la garnison et des régiments cantonnés dans les villages voisins. M. de Bouliers, gouverneur de Lille, précédait le roi dans un carrosse à six chevaux ; le prince suivait dans un autre carrosse attelé de chevaux de poste ; il était précédé et suivi des troupes de sa maison. Il descendit à l'archevêché où il fut reçu par le régiment de la couronne, rangé en bataille dans la cour. Les états du Cambrésis lui firent le compliment près des escaliers de la grande porte qui se trouvait sous le clocher ; ce fut M. Lemoine grand ministre de Notre-Dame, qui porta la parole. L'archevêque Charles de Saint-Albin, orné de ses insignes, et l'abbé de Saint-Aubert, à la tête de son clergé, attendaient le roi a l'entrée de l'église. Le prélat présenta l'eau bénite au prince, et lui donna la croix, à baiser. Après l'avoir harangué , il le conduisit au chœur, et la musique chanta l'Exaudiat.
Le prince visita ensuite l'image miraculeuse devant laquelle il pria quelques instants ; puis il sortit de l'église par le grand portail où il fut conduit avec les mêmes cérémonies qu'à son arrivée.
Un mois n'était pas encore écoulé depuis ce jour où la majesté royale, humiliée devant l'autel, avait imploré le secours de Notre-Dame de Grâce, et Menin aux abois voyait tomber ses murailles ; Courtrai, Ypres et Furnes ouvraient leurs portes au roi de France.
Ces premiers succès devaient être suivis des victoires de Fontenoi, de Rocoux et de Lawfeld. La ville de Gand se rendait peu après la glorieuse journée de Melle ; Bruges, Oudenarde, Dendermonde, Nieuport, Ath, se soumettaient à la France ; Ostende était forcée en six jours, Bruxelles prise au cœur de l'hiver, Bergop-Zoom emportée d'assaut, Maestricht investie en présence d'une armée de quatre-vingts mille hommes : la gloire de nos armes, en Flandre, était complète.
Pour la première fois, en 1752, on célébra l'année jubilaire de la translation de Notre-Dame de Grâce dans la métropole de Cambrai.
Afin d'augmenter encore la piété des fidèles et rendre plus solennelle cette fête commémorative, l'archevêque et son chapitre demandèrent au souverain pontife Benoît XIV, une indulgence plénière pour tous ceux qui, s'étant confessés et ayant communié, visiteraient pieusement la sainte image pendant l'un des jours de l'octave.
La supplique rappelait l'antiquité du culte rendu à la madone vénérée, le concours toujours croissant qui, depuis deux cents ans, se faisait à son autel, et le zèle des princes et des rois à visiter et à orner son sanctuaire.
Par son rescrit du 17 Juin de la même année 1752, le pape Benoît XIV accorda la faveur qu'on sollicitait. L'Assomption tombait cette année là un Mardi ; il y eut une seconde procession le jour de l'octave.
Non-seulement les chanoines et tout le clergé de la ville assistèrent à la cérémonie, mais malgré les travaux de la campagne qui pressaient de toutes parts, une multitude innombrable accourut des villages circonvoisins.
Nous avons eu entre les mains une affiche qui annonçait l'ordre des exercices pendant l'octave : on la retrouvera à la fin de la notice sous la lettre H.
Quarante ans plus tard, 95 arrivait avec son fanatisme avide de destructions et de ruines.
Quelques jours suffirent pour disperser et les saintes reliques, et les richesses amassées pendant tant de siècles dans l'ancienne basilique de Cambrai.
Elle-même, malgré son admirable architecture et la majesté de ses formes qui en faisaient une des plus belles églises des Pays-Bas, ne put obtenir grâce aux yeux des démolisseurs.
Un artisan Pierre Durand, fut assez heureux pour soustraire au désastre l'image de Notre-Dame de Grâce.
Il la tint cachée pendant près d'un an au péril de sa vie, et vers la fin de 1794, il la déposa dans la chapelle du couvent de Saint-Aubert où elle fut conservée comme objet d'art.
On la rendit à l'église en 1802, et l'année suivante, sur la demande de M. Douai, maire de Cambrai, et de M. d'Abancourt, Mgr Belmas consentit à ce que l'image tant vénérée par le peuple du Cambrésis, de la Picardie, de l'Artois, et surtout de la Flandre, reparut avec son cortège dans les rues de la ville épiscopale, le jour de l'Assomption.
Ecoutons le prélat nous raconter lui-même comment le peuple accueillit cette procession dont il était privé depuis tant d'années.
La chasse, dit-il, fut bientôt rétablie et parée ; les présents lui arrivèrent de toutes parts : des bijoux et des diamants, jadis offerts à la Vierge, et qui avaient été religieusement conservés, me furent restitués pour que j'en ornasse de non veau la sainte image.
Enfin, le jour tant désiré arriva. Il faisait un temps admirable, tous les villages du Cambrésis, une multitude d'habitants des villes voisines accoururent à Cambrai pour revoir Notre-Dame de Grâce cachée depuis dix ans, mais que personne n'avait encore oubliée.
Quand on la sortit de son habitacle, et qu'à genoux devant l'autel, je prononçai à haute voix, Ave Maria, un grand bruit remplit aussitôt les voûtes de l'église. Jamais prière à la Sainte Vierge n'avait été prononcée avec tant de ferveur par une aussi grande masse de peuple. Ce ne fut pas sans peine que la procession parvint à sortir de l'église. Je suivais immédiatement la chasse : à peine fut-elle arrivée sur le haut perron, qu'un immense cri d'admiration s'éleva dans les airs.
Toute la population qui remplissait la place Fénélon tomba à deux genoux ; elle pleurait, elle priait, elle sanglotait, elle poussait des vivat, elle battait des mains, elle agitait des mouchoirs, des chapeaux... Je n'ai jamais rien vu , rien entendu d'aussi majestueux, d'aussi attendrissant.
Les mères mettaient leurs petits enfants sur leurs têtes pour qu'ils pussent voir l'image sainte dont elles leur parlaient si souvent, et que beaucoup d'entre-elles avaient pu croire perdue.
La procession dura plus de quatre heures ; nous ne pouvions avancer qu'à petits pas. On m'a assuré que cent mille personnes étaient entrées à Cambrai ce jour-là. J'étais heureux de voir combien la foi était vive dans mon diocèse, et combien notre sainte Religion y avait jeté de profondes racines ; certes, ce beau jour a été le plus émouvant de ma longue carrière. Il y a trente-six ans qu'il est passé ; je me le rappelle comme s'il n'était que d'hier.
Pendant neuf jours la châsse resta exposée dans l'église cathédrale, et pendant neuf jours la ville ne désemplit pas d'étrangers qui retrouvaient avec bonheur la Madone tant révérée dans leurs jeunes années, ou qui voyaient pour la première fois l'objet de la tendre dévotion de leurs aïeux, l'image sainte dont les miracles racontés par leurs mères avaient si souvent frappé leurs jeunes imaginations.
Nous trouvons dans le Bulletin de la Commission historique du département du Nord, une description de l'image miraculeuse de Notre-Dame de Grâce : elle est de M. Failly ; nous la croyons exacte.
Nous laisserons donc parler cet auteur.
Je suis allé voir, dans la matinée du 5 mars 1845, à la sacristie des chanoines de la cathédrale de Cambrai, la châsse renfermant le tableau dit : Image miraculeuse de Notre-Dame de Grâce.
Il est peint sur un panneau de bois de cèdre qui porte 35 centimètres de hauteur sur 26 centimètres de largeur.
Le revers du panneau est tapissé d'une peau de velin, collée et très-tendue ; cette peau est elle-même cachée par une étoffe de soie verte damassée.
Le tableau est entouré par une bordure en argent dont les plates-bandes unies sont assemblées sans soudure.
Quatre ornements en vermeil et de style assez moderne sont appliqués aux quatre coins de la bordure d'argent, dont ils cachent les onglets.
La partie inférieure de la bordure repose sur une base en argent laminé et à moulures, qui exhausse la châsse d'environ 12 centimètres, et lui sert de piédestal.
En dehors de l'encadrement, qui est cintré, quoique le tableau se le soit pas, brillent un grand nombre de bijoux en or, tels que chaînes, cœurs, bagues, colliers, croix, pendants d'oreilles, médailles, reliquaires, etc. Tous ces ex-voto sont attachés à des montants en fil de fer, qui encadrent la bordure de l'image.
La peinture est recouverte par un verre très commun, très peu blanc et rempli de bulles.
On aperçoit que le panneau a été autrefois dans une autre bordure que celle d'aujourd'hui. Ils est maintenant désuni par le milieu de la hauteur. La peinture est fendillée d'un bout à l'autre ; elle se sépare du panneau à plusieurs endroits, et bientôt je le crains, elle aura besoin d'être enlevée et replacée sur une toile. La couleur n'est presque pas altérée ; elle est peu salie. Deux petites raies se voyent dans le fond et dans les habillements. Le fond est encore très-fraîchement doré.
La vierge porte un nimbe quadrillé à la manière des Madones byzantines, son manteau est vert bleu ; il est entouré d'une bordure rouge vermillon, brodée en jaune-clair. Les ornements de cette broderie ont quelque peu de ressemblance avec les caractères des langues de l'Orient. On ne voit de la robe que les manches, qui sont aussi de couleur rouge vermillon, et brodées comme l'est la bordure du manteau.
La Vierge a les yeux longs et très-peu ouverts ; son nez est long et droit ; la bouche petite et le menton court.
Son manteau fait office de voile et recouvre la coiffure bordée de rouge qui ne laisse voir qu'une très petite partie du front. Deux rosaces dorées sont brodées sur le manteau aux endroits où il recouvre ta tête et l'épaule de la Madone.
La Vierge tient dans les bras son fils qui n'a de nu, que les bras, les jambes et la tête. Le corps de l'enfant Jésus est enveloppé dans un fange blanc et recouvert d'un mantelet rouge sans broderie. La tête de l'enfant est ornée d'une gloire, d'un nimbe moins brillant que celui de la mère. De la main droite, l'enfant Jésus prend le menton de la Vierge, et de la gauche il saisit la bordure de son manteau. Ses yeux sont très-petits, son front déprimé, ses cheveux rares et applatis. La jambe droite est allongée sans mesure. La madone n'est représentée qu'en demi-figure. De ses deux mains dont les doigts sont très-affilés, elle presse son fils sur son cœur, et le mouvement de sa tête semble indiquer qu'elle va l'incliner pour donner un baiser à l'enfant Jésus.
Les ornements, que l'on remarque sur la bordure du manteau de Notre-Dame de Grâce ont exercé l'attention des antiquaires et des savants ; ils étaient tentés d'y voir quelqu'inscription en caractères orientaux. Le P. Gumppenberg plaça sous les yeux du savant jésuite Athanase Kircher une copie fidèle de la madone de Cambrai, qui lui avait été envoyée par le P.J.B. Florboque, et ce religieux qui était versé dans toutes les langues, et dont le génie, embrassait toutes les sciences, trancha la question.
Il déclara que c'étaient de simples dessins de fantaisie dont les Orientaux aimaient à orner les bords de leur vêtement.
En savoir plus :




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire