Notre-Dame d'Ayde (Marpent)

Notre-Dame d'Ayde
(Marpent)


 

Dès le milieu du XIIIe siècle, la sainte Vierge était particulièrement vénérée à Marpent. Nicolas de Barbençon et Elisabeth de Soissons, sa femme, y fondaient en 1244, dans le dessein d'honorer la Mère de Dieu, une abbaye de filles de l'ordre de saint Augustin.

Guy de Laon, évêque de Cambrai en confirmait l'établissement par lettres du 24 Août de la même année.

Le sire de Barbençon donnait à ce monastère un fond de dix bonniers de terre situés dans le voisinage et contenant vingt arpents de forêts, la dîme de Villers, la chapellenie fondée à perpétuité dans l'église paroissiale, des étangs, des pâturages, et l'usage des moulins, des fours et des garennes.

Douze ans plus tard, deux filles du sire Barbençon, Jeanne et Isabelle, se consacraient à Dieu dans le monastère fondé par leur père, et la communauté quittait la maison de Marpent trouvée trop petite, pauvre et située dans un lieu malsain, pour aller s'établir à la Thure, près de Solre-sur-Sambre, dont le sire de Barbençon était également seigneur.

La chapelle actuelle de Marpent ne fut élevée qu'environ deux siècles après cette émigration, en 1442, et les religieuses de la Thure ne furent pas étrangères à sa construction.

 Avant la révolution de 89, elles députaient encore, tons les ans, à l'époque du grand concours des pélerins, chaque jour de l'octave, deux d'entre elles, à la chapelle de Marpent, pour y recevoir les offrandes des fidèles et les ex-voto qu'on présentait à Notre-Dame.

Elles veillaient à l'ordre et à la décence, prenaient soin des ornements et du luminaire ; elles exerçaient enfin, dans le sanctuaire de Marie, l'office de sacristines.

Les miracles opérés par la sainte Vierge rendirent ce pèlerinage fort célèbre.

Là, comme dans la plupart de ses sanctuaires, Marie a rappelé des enfants à la vie pour leur procurer la grâce du baptême.

Les nombreux ex-voto en or et en argent qui ornaient cette chapelle avant la fatale époque de notre révolution, les candélabres en argent massif qui brillaient sur l'autel, les lampes de même métal suspendues devant la sainte image, les nombreux calices richement ciselés qui sont devenus, dans nos mauvais jours, la proie d'une cupidité sacrilège, prouvaient la confiance des fidèles et les grâces précieuses obtenues aux pieds de Notre-Dame de Marpent.

Mais la perte des archives de la chapelle et l'absence de renseignements bien positifs, nous mettent dans l'impossibilité de parler en détail de toutes ces faveurs signalées.

La traduction d'une bulle d'Innocent XI a seule échappé au naufrage ; elle est du 7 Octobre 1684. Elle a pour objet l'institution canonique d'une confrérie de la très-sainte Vierge, que les vieillards se souviennent d'avoir vue très-florissante encore au moment de la révolution

INNOCENT PAPE XI
POUR MÉMOIRE A LA POSTÉRITÉ.
« Ayant appris qu'il y avait dans l'église paroissiale de Marpent, diocèse de Cambrai, une pieuse et dévote confrérie sous l'invocation de la très-sainte Vierge, érigée en faveur de tous les fidèles généralement tant de l'un que de l'autre sexe, et désirant, autant qu'il est en nous, procurer l'accroissement de ladite confrérie, de jour en jour, nous accordons, par la confiance que nous avons en la miséricorde de Dieu tout-puissant, et en l'autorité des bienheureux apôtres saint Pierre et saint Paul, indulgence plénière à tous les fidèles de l'un et l'autre sexe, qui entreront dans ladite confrérie, le premier jour de leur entrée, pourvu que, vraiment contrits, pénitents et confessés, ils y reçoivent le saint Sacrement de l'Eucharistie. »
Item. Indulgence plénière auxdits confrères et consœurs qui, vraiment contrits, confessés et communiés, visiteront dévotement l'église où est érigée ladite confrérie, le jour de la Visitation de la très sainte Vierge, depuis les premières vêpres jusqu'au soleil couchant de ladite fête, et y prieront Dieu pour la paix et concorde entre les princes Chrétiens, pour l'extirpation des hérésies et pour l'exaltation de notre mère la sainte Église.
Outre cela, nous accordons auxdits confrères et consœurs, aussi vraiment contrits, confessés et communiés, qui visiteront ladite église les jours de la Conception, Nativité, Purification et Assomption de la même bienheureuse Vierge Immaculée, et y prieront aussi pour les fins ci-dessous marquées, sept années et sept quarantaines d'indulgences.
Enfin nous accordons soixante jours d'indulgences auxdits confrères et consœurs qui feront les bonnes œuvres ci-dessous spécifiées :
1 A ceux qui assisteront aux messes et autres offices qui se célèbreront dans ladite église ;
2 A ceux qui accorderont l'hospitalité aux pauvres ;
3 A ceux qui réconcilieront les ennemis ou procureront leur réconciliation ;
4 A ceux qui assisteront aux funérailles des confrères, ou consœurs, ou autres défunts ;
5 A ceux qui assisteront aux processions qui se feront avec la permission de l'ordinaire, et accompagneront le très-saint Sacrement de l'Autel, soit lorsqu'on le porte solennellement en procession, soit lorsqu'on le porte aux malades ; ou qui ne pouvant le faire, diront après le signal donné à cet effet, l'Oraison Dominicale ou la Salutation Angélique ;
6 A ceux qui diront lesdites oraison et salutation, pour le repos des âmes desdits confrères et consœurs décédés.
La présente est donnée à perpétuité.
Donné à Rome, auprès de Sainte Marie Majeure, sous l'anneau du pécheur, le 7 octobre 1684.
Tout l'argent qu'on reçoit doit être réduit en messes célébrées des confrères et consœurs."
Bien que la chapelle de Marpent se trouve dans un délabrement déplorable, les fidèles aiment encore à la visiter.
Il ne se passe guère de jour où il ne vienne plusieurs pèlerins prier devant la sainte image.
Mais on y accourt en foule le dimanche de la Trinité : c'est le jour de la fête patronale de Notre-Dame de Marpent, et l'époque de la grande Octave, l'église ne désemplit pas depuis l'aube du jour jusqu'au soir ; non seulement on y vient des villages d'alentour, mais de toute la contrée, de lieux même fort éloignés.
L'affluence est aussi grande le jeudi, jour de l'octave du saint Sacrement et le dimanche suivant.
L'antique image n'a pas été perdue : il nous a été impossible de savoir comment elle a échappé à la destruction au moment où l'impiété profanait son autel et s'enrichissait de ses dépouilles.
Elle n'est pas un chef-d'œuvre de sculpture. Le travail en est même assez grossier ; mais elle est précieuse par les pieux souvenirs qui s'y rattachent, et la vénération de trois siècles.
Au reste on ne connaît guère d'images miraculeuses qui se fassent remarquer par la richesse de la matière ou par la délicatesse du travail.
Selon la réflexion de Wicmans dans son livre, Brabantia Mariana,réflexion que fait après lui le P. Maillard dans son histoire de Notre-Dame-de-Hal, la vue en pourrait amoindrir l'estime, si la foi ne la relevait, qui ne s'arrête ni à la matière, ni à l'artifice, mais à ce qu'elles représentent, et à la puissance de Dieu qui reluit, et se fait reconnaitre où elle veut. En quoi faut aussi remarquer un trait spécial de la divine providence, qui par cela veut ôter toute occasion d'idolatrie aux fidèles. Si telles images étaient ou d'étoffes précieuses, ou d'un artifice fort recherché, les plus simples en attribueraient le culte au prix, et les malveillants croiraient qu'on les honorerait pour leur valeur, et qu'on aurait égard à la matière ou à l'art, et non à ce qui est représenté, et à Dieu qu'on adore en ses œuvres, et qui fait éclater sa grandeur, quand il veut, autant aux choses petites et viles, qu'aux grandes et précieuses. »
C'est aussi la remarque faite par le pieux auteur du Mois de Marie populaire, à propos de l'image de Notre-Dame-de-Hal : « Elle est en bois, dit-il, et sculptée avec assez peu d'élégance. Il semble que par là Dieu ait voulu empêcher la fausse dévotion des personnes peu instruites, qui auraient pu attribuer quelque vertu à la statue même, si cette statue eut été d'un travail fini. »
De cette manière il est visible que c'est Dieu lui-même qu'on adore en ses œuvres, et que c'est la Reine du ciel qu'on honore en sa terrestre image.

L'église saint Martin abrite la statue de Notre-Dame d'Ayde.
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