Les dévotions des églises du Nord Teteghem

Les dévotions des églises du Nord
Teteghem


On invoque Notre-Dame de Bourbourg et Notre-Dame-des-Neiges, à Teteghem, pour tous les cas possibles de maladies, d'infirmités et d'afflictions.
La chapelle Notre-Dame des neiges


La chapelle des Neiges dédiée à la sainte madone, est située entre le village de Teteghem et la ville de Bergues, dans un assez pauvre hameau au côté occidental de la rue des Pêcheurs ou « Visscherstraete », que l'on nomme indifféremment rue des Neiges ou « Sneevestraete ».

Elle n'atteste ni la munificence des fondateurs, ni un zèle ardent de dévotion de la part des contemporains ; rien n'est plus modeste ! Mais la Vierge sainte est là ; elle est tout pour les pieux pèlerins.

Les habitants du hameau racontent que la Vierge de ce lieu fut trouvée sur un mont de neige par une froide journée du 5 Août, d'une année qu'ils ignorent, mais dont nous fixerons la date.

Puis ils disent que le clergé de Teteghem vint, cinq ou six fois, à des temps plus ou moins éloignés, prendre la Vierge et la porter en grande cérémonie et nombreuse assistance de personnes à l'église du village ; que, chaque fois, à peine placée dans le saint lieu, elle disparut d'une manière invisible et se retrouva constamment, par l'effet d'un merveilleux prodige, à l'endroit où on l'avait découverte.

Enfin ils ajoutent que cette circonstance fut un témoignage évident de l'expression de la volonté divine pour l'édification d'une chapelle.

On le comprit, et la chapelle fut érigée.

La Vierge y prit place, et elle y est demeurée jusqu'à nos jours sans qu'aucun autre événement que celui de 1793, soit venu la faire descendre du trône où elle est assise avec l'enfant Jésus.

Nous l'avons vue ainsi, écoutant les prières des fidèles agenouillés à ses pieds ; mais nous n'avons pas retrouvé en elle cet air angélique, cette quiétude maternelle, que l'on admire dans la Vierge de Raphaël.

La Vierge de Teteghem n'est pas représentée de la sorte : elle a le visage noir et l'enfant Jésus aussi.

Le sculpteur n'avait pas le ciseau de Praxitèle ou de Michel-Ange ; mais ce que l'on aime en son œuvre, c'est d'avoir retracé l'image de la Vierge, telle à peu près qu'elle a dû paraître sous le ciel brûlant de la Judée.
Nous venons de redire quelques traits de l'histoire de NotreDame-des-Neiges, de Teteghem ; il nous reste à indiquer l'époque vraie et le lieu de son origine.

Dans le pays il ne se trouve pas d'archives qui pourraient nous l'apprendre ; mais qu'il nous soit permis de rapporter ce que nous avons lu dans le bréviaire romain. On trouvera peut-être dans notre citation le sujet d'où a été tirée l'histoire de Notre-Dame de Teteghem.

Or voici ce que nous avons lu dans le texte :

Le patrice Jean et sa femme, se voyant sans enfant, voulurent instituer la Sainte-Vierge héritière de leurs biens.

Comme ils étaient en peine de trouver le moyen de les employer en son honneur, ils furent avertis en songe de lui élever une église sur une place qu'ils verraient couverte de neige.

Ils cherchèrent et trouvèrent cette neige miraculeuse dans la matinée du 5 Août 352, malgré la chaleur excessive de la saison, sur le côté du mont Esquilin au-dessous de la boucherie Livie dans le cinquième quartier de Rome.

L'affaire fut portée au pape Libère qui avait été prévenu d'une semblable vision.

Heureux de rencontrer de bons sentiments chez un grand seigneur, le Saint-Père s'empressa d'accepter l'œuvre pie du patrice Jean et de sa femme, et désigna sur-le champ, au pied du mont Esquilin, l'emplacement d'un temple.

Des auteurs qui ont tâché de remettre les faits dans les bornes de la vraisemblance, ont écrit que le pape Libère, se voyant rétabli sur le siége pontifical après son bannissement, fit bâtir en 358 une basilique qui porta son nom pendant près de quatre-vingts ans, jusqu'à ce que le Saint-Père Sixte III, l'ayant fait achever vers 440, en fit la dédicace sous le nom de la Sainte-Vierge.

Adrien Baillet fait remarquer que, dans le calendrier du septième et du huitième siècle, donné par le Père Fronteau, la station du jour de Pâques est à sainte Marie-Majeure dans-la-Crèche. « Ce qui nous fait juger, dit-il, qu'on n'avoit point encore ouï parler de l'histoire des Neiges. Ceux qui l'ont fait ont cru que le prodige du temps de Libère et la dédicace de Sixte , avoient eu lieu le même jour. L'office de cette dédicace, qui n'étoit d'abord que pour la ville de Rome et qui s'est depuis étendu à toutes les églises du rit romain, a été fait double majeur avec celui de la transfiguration de Jésus-Christ au lendemain, par Clément VIII, élu pape en 1502. Dans la suite on a fait porter à la fête le titre moderne de Notre-Dame-des-Neiges. »

L'érection de la chapelle de Notre-Dame de Teteghem ne remonte pas à une époque éloignée.

Elle fut édifiée au milieu du dix-huitième siècle ; seulement il est à présumer qu'il existait là antérieurement un petit oratoire de quelques pieds carrés devant lequel on venait s'agenouiller pour implorer l'intercession auprès de Dieu, dela Très-Sainte-Vierge qui y était exposée à la vénération des chrétiens.

Ce petit sanctuaire, prétend-on, fut élevé au commencement du dix-septième siècle, aux frais des marins du port de Dunkerque, et l'on dut à cette circonstance le nom de rue des Pêcheurs (Visscherstraete) donné au chemin près duquel l'oratoire est bâti.

Ce qui fortifie cette opinion, c'est la bizarrerie de la chaussure de la Vierge qui est identiquement la même que celle des pieux donateurs, les pêcheurs d'Islande, ces intrépides enfants de la patrie de Jean Bart, l'illustre marin dunkerquois.

Un ancien vicaire de la paroisse de Teteghem, était en 1749 curé d'Aremboutscappel depuis le mois de juillet 1740, C'était « Monsieur et maître » Pierre Vandaele, natif de Warhem.

Mû par un sentiment de piété et appréciant l'amour des hommes pour la Mère de Dieu, il eut la pensée d'élever dans la paroisse de Teteghem, où il avait été vicaire de 1 726 à 1729, un sanctuaire à la Sainte-Vierge, sur l'emplacement même de la petite chapelle qui s'y trouvait ; et s'adressant en frère quêteur à quelques âmes pieuses des villes de Bergues et de Dunkerque, et surtout aux marins flamands de cette dernière ville, il parvint à recueillir une somme assez importante qui, jointe à ses propres deniers, lui permit de réaliser son noble projet.
Monseigneur l'évêque d'Ypies s'empressa d'y donner sa sanction.

La chapelle fut érigée en 1750 parles soins du fondateur, et bientôt les fidèles y arrivèrent en grand nombre au temps de l'octave qui commença dès l'année suivante.

Vandaele revint souvent à Teteghem visiter son ancienne paroisse, et l'oratoire dédié à Marie.

Il alla aussi quelquefois à Zuydcoote où il avait passé comme curé dix ans de sa vie de 1729 à 1740.

Ce digne ecclésiastique, possesseur d'une fortune assez belle, fut un homme généreux et charitable, et l'on peut dire de lui qu'il passa sur la terre en y faisant le bien.

Sa mémoire est restée en vénération à Arembouts cappel dont il fut le curé pendant plus de trente ans.

La paroisse de Teteghem sait, elle aussi maintenant, qu'elle lui doit de la reconnaissance. Honneur donc à Pierre Vandaele, fondateur de la Chapelle-des-Neiges de Teteghem.

Le curé Vandaele mourut à Aremboutscappel dans la soixante-treizième année de son âge, le 28 Novembre 1770.

Le 1er Décembre suivant, le curé de la paroisse de SaintPierre, à Bergues, qui avait alors le titre de « doyen de chrétienté », chanta le premier service dans l'église d'Aremboutscappel, et y enterra ensuite, devant l'autel de saint Eloi, le corps du «sieur et maître Pierre Vandaele» son défunt confrère et ami.

A quelque temps de là une pierre sépulcrale recouvrit la tombe du fondateur de Notre-Dame-des-Neiges de Teteghem, et son épitaphe que nous avons vue, témoigne encore aujourd'hui du zèle que déploya ce vénérable vieillard à embellir la maison du Seigneur.

Telle est la traduction de cette épitaphe :
A Dieu, très-bon, très-grand. Sépulture du révérend sieur Pierre Van Daele, curé d'Aremboutscappel, fils de Charles et de Pétronille Tamackers, son épouse. Il naquit à Warhem le 8 Novembre 1698. Ayant fait ses prémices le 20 Décembre 1726, il fut pendant trois ans vicaire de la paroisse de Teteghem, ensuite curé de Zuydcoote, dont il restaura l'église, et d'où il fut promu à la cure d'Aremboutscappel. Il en restaura pareillement l'église, y érigea la confrérie du Saint Sacrement, fonda une messe chantée, le jeudi, avec deux bénédictions avant et après la messe; et, en outre , deux obits, dont l'un fixé au lundi après le troisième dimanche de Juillet. En l'année 1750, il construisit en entier la chapelle de la Sainte-Vierge-aux-Neiges, dans la paroisse de Teteghem. Il donna les stalles des deux côtés, ornées de sculptures, un tabernacle, en l'année 1755 (à l'église d'Aremboutscappel) ainsi qu'une horloge et deux nouvelles cloches, — en même temps qu'il fit refondre, à ses propres frais, la grande cloche de la paroisse, — un nouveau calice, une chaire de vérité, deux confessionnaux, un maître-autel et des orgues avec leurs dépendances. Il mourut le 28 Novembre de l'année 1770. Qu'il repose en paix.

Nous devons à l'intelligente prévoyance de M. Louis Barbier, curé actuel de la paroisse d'Aremboutscappel, la conservation du marbre blanc sur lequel se trouve l'épitaphe en texte latin, qui, pour nous, a le mérite d'une charte à défaut d'autre
Je certifie la scrupuleuse exactitude de cette inscription tombale. Je l'ai copiée en 1852 dans l'église d'Aremboutscappel et l'ai collationnée avec une tierce personne sur les lieux dans un second voyage à quelque temps de là.
titre authentique. Il fit enlever ce marbre, il y a plusieurs années, du pavement de son église et le fit incruster dans le mur du côté droit du chœur où il se conservera parfaitement bien.

Le sanctuaire de Teteghem, comme tout ce qu'il y avait de religieux en France, éprouva les tristes effets de la révolution de 1793. On le détruisit en partie ; mais la statuette de la vierge Marie fut heureusement sauvée du péril. Au rétablissement du culte en 1802, on y fit les réparations nécessaires en même temps qu'on l'agrandit. En 1803, la chapelle était ouverte aux fidèles.

De cette époque à 1815, date de la reconstruction de la chapelle de Notre-Dame-des-Dunes à Dunkerque (1), le pèlerinage de Teteghem eut une immense vogue. On y accourait, de Dunkerque, de Bergues et de toutes les communes voisines. Actuellement encore le sanctuaire conserve un grand crédit parmi les personnes pieuses; aussi désirons-nous l'agrandissement de cette chapelle qui ne mesure qu'environ onze mètres en longueur; n'offrant que quatre vitraux au nord et trois vitraux et la sacristie au sud. Elle est évidemment trop exiguë, car pendant la neuvaine la plupart des fidèles sont obligés de se tenir en dehors.

On y dit la messe le matin , et le salut dans l'après-midi pendant toute l'octave. Un grand concours de peuple y assiste religieusement et chacun y dépose sa petite offrande.

Après les offices, la majeure partie de la foule reste quelques heures au hameau de Notre-Dame-des-Neiges, où les enfants trouvent les jeux et les petits marchands de la foire, et les jeunes gens, le plaisir de la danse, comme il en est d'usage en Flandre, de temps immémorial.

On invoque Notre-Dame-des-Neiges pour tous les maux et
pour toutes les maladies possibles. Le peuple flamand la tient en haute estime et a une confiance illimitée dans ses vertus miraculeuses. On cite une foule de guérisons qu'on lui attribue et qui ont été obtenues, grâce à la ferveur sincère des pèlerins s'en allant prier pour eux ou pour des malades pénétrés de la foi la plus vive; et c'est certes ici que la parole de l'Evangéliste saint Jacques, est applicable: « La prière faite avec foi sauvera le malade, et le Seigneur le relèvera. »

Nous parlions un jour des miracles de la Vierge des Neiges. Chacun disait convenablement son mot; mais non loin de nous et à quelques pas de l'oratoire se trouvait un homme connu par l'exaltation de ses pensées et le dérèglement de ses mœurs. Moins que personne, il n'avait le droit de donner son avis; mais l'insensé se crut autorisé à parler; et prenant occasion de ce qu'il entendait et par esprit d'opposition ou de méchanceté, il éleva la voix avec arrogance et fit d'absurdes et longues digressions sur les pèlerinages et certaines autres pratiques religieuses; puis il lança d'amères épigrammes et contre le clergé et contre les gens pieux qui fréquentent assidûment les églises.

Personne ne répondit à ces sorties violentes; la prudence l'exigeait, car c'eût été chercher un sujet certain de querelle interminable.
Ceci se passait en 1840.

On plaignit cet homme et l'on finit par lui tourner le dos. Le misérable souriait et tout le monde le quitta!

Dix années s'étaient écoulées depuis notre visite à la Chapelle-des-Neiges.
On était au 5 Août 1850. L'octave de Notre-Dame était commencée. Quelques bons bourgeois de Dunkerque, d'honorables pères de famille avec leurs enfants se rendaient en pèlerinage à la chapelle; d'autres les avaient devancés. On allait chanter le salut. La cloche tintait dans les airs; et déjà un homme était agenouillé dans l'oratoire: il priait avec ferveur, et rien autour de lui ne pouvait le distraire. Il n'était pas inconnu ; on le citait même par son ardente piété.

En quittant le lieu saint après l'office, quelqu'un fit observer que, dix années auparavant, cet homme s'était fait remarquer à Teteghem par ses violentes attaques contre la religion , les prêtres et les pèlerinages. Depuis lors Dieu l'avait éprouvé: Il l'avait frappé dans ses plus tendres affections I Puis la révolution de 1848 lui avait fait subir la perte de la
majeure partie de sa fortune A la suite de cette double
circonstance, il s'était converti; la religion lui avait procuré des consolations qu'il eût vainement cherchées ailleurs que dans le sein de Dieu. Ses méditations l'avaient convaincu que la foi divine lui était indispensable autant pour le salut de son âme que pour le bon exemple de ses enfants et de ses ouvriers.

Chapelle Notre-Dame de Lourdes
C'est une chapelle à loques.
De nombreux cordons sont attachés à la grille. On y vient pour guérir les fièvres.
En savoir plus :
http://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9teghem


L'église Saint Pierre

Téteghem, l'église Saint Pierre

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La grotte

Téteghem, la grotte


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