Les dévotions des églises du Nord
Bergues
On invoque Sainte Apolline,
vierge et martyre, à Bambeke, à Bergues, à Bourbourg, à Eringhem, à
Hondschoote, à Spycker, à Merckeghem, pour les maux de dents.
On invoque Saint Winoc, à Bergues, pour la fièvre et la quinte-toux dite coqueluche, la jaunisse, l'heureuse délivrance des femmes enceintes.
Église des Jésuites
La
Sainte-Vierge-Marie, que l'on invoquait aussi dans l'église des
Jésuites, à Bergues, sous le titre de Mère de Miséricorde, ou, comme le
disaient les Flamands, «Van Moeder der Bermherticheyt», jouissait
également d'une remarquable célébrité : Parmi les miracles qu'on lui
attribuait, on citait les suivants, relatifs à trois personnes que toute
la science des médecins et des chirurgiens n'avait pu guérir ni même
soulager.
«Petronelle
Maes», accablée d'infirmités sans cesse renaissantes ; tourmentée par
d'affreuses douleurs qui lui donnaient une fièvre continue ; atteinte
enfin d'hydropisie et sujette à l'hémorragie, est subitement guérie au
mois de Novembre 1631, après avoir souffert durant cinq années.
«Anna
De Wintere», sœur du gentilhomme Guislain De Wintere, « borghemester »
de la ville et de la châtellenie de Bergues, souffrante depuis sept ans
d'une excroissance de chair au côté droit, est guérie miraculeusement au
mois de Juillet 1633.
«Magdelena
Wils », parente de Philippe d'Orosco, chevalier, seigneur de
Quienville, Westbriarde, burgrave héréditaire et grand-bailli de la
ville et de la châtellenie de Bergues, atteinte de fièvres violentes, de
crampes, de convulsions, d'une toux sèche et douloureuse, est guérie
subitement en 1637, après une longue et mortelle maladie.
Ces
trois événements parurent si extraordinaires aux yeux de tout le monde,
que l'on crut devoir en faire l'objet d'une notice qui fut imprimée à
Bergues vers ce temps, et à laquelle l'évêque d'Ypres, François-Jean De
Robles, donna sa pleine et entière approbation.
Le culte de saint Winoc
Le
culte de Saint Winoc devint bientôt célèbre dans toute la Morinie. Les
habitants de Bergues ont dans tous les siècles témoigné une profonde
vénération pour leur fondateur ; et la plupart des annalistes flamands
et Artésiens ont rendu hommage à sa mission tutélaire.
Jadis
la châsse de Saint Winoc, d'une rare magnificence, se voyait au-dessus
du maître autel de l'abbaye. On la descendait chaque année, la veille de
la kermesse.
Dans les temps pernicieux ; l'usage constant était de faire une neuvaine à Saint Winoc.
Son
chef reposait dans un buste d'argent, qui fut brisé à la révolution et
envoyé à la monnaie. C'était une triste mode alors d'anéantir les restes
des premiers bienfaiteurs du peuple.
Quand
le voyageur s'arrête un moment dans l'un des nombreux vestibules de
l'hôtel-de-ville. il y découvre, parmi divers objets précieux pour les
arts, un tableau figurant une lente navigation de la châsse de Saint
Winoc, dans un cercueil de plomb, sur les eaux paisibles de la Colme,
non loin du pont de Biernes, en présence d'une multitude de chrétiens
accourus avec ardeur sur les bords de la rivière.
Sa curiosité excitée recueille à ce sujet maintes traditions qui subsistent encore dans la contrée.
Un
pauvre paysan avait laissé choir dans la Colme, le fer de sa charrue ;
attristé de cette perte, il avait fait de vains efforts pour le
ressaisir. Saint Winoc touché de sa détresse, avait retiré l'instrument
nourricier à l'aide de son bâton.
—
La version la plus accréditée et basée sur un fait infiniment plus
dramatique. La fille unique d'un bourgeois opulent était tombée dans la
Colme. Ses parents désolés avaient tenté des moyens inouïs pour la
sauver ou pour recouvrer son corps. Tout avait été infructueux. Une voix
inconnue tout-à-coup s'écrie : « adressez-vous à Saint Winoc ! »
On
excite le père désespéré, à se rendre immédiatement à l'abbaye ; il
supplie l'abbé de faire placer aussitôt sur les eaux fatales les restes
du fondateur ; il répète qu'il est certain de retrouver son enfant chéri
en vertu de leurs mérites.
Émus
de tant de foi, les moines consentent au transport sollicité. Bientôt
il s'opère avec le plus grand respect et la plus humble dévotion au
milieu de toute la population de la ville. O prodige ! A peine les
saintes reliques sont-elles plongées dans la Colme, et voilà que la
jeune vierge reparaît pleine de vie devant la tombe merveilleuse,
chantant les louanges de son mystérieux protecteur !
Telle est la cause donnée à l'immersion annuelle de Saint-Winoc qui a procuré si longtemps à son monastère d'immenses bénéfices.
A
travers les narrations des miracles si complaisamment rapportées par
nos divers légendaires, et conservées dans les archives monastiques,
s'il est certains faits qu'on n'avait aucun intérêt à inventer, il en
est d'autres qui peuvent s'expliquer naïvement par la nature même des choses.
Les Flamands avaient pu mettre la navigation de la Colme sous les auspices favorables de Saint Winoc, comme les Anglais avaient placé le passage du détroit sous la surveillance propice de Sainte-Marguerite.
L'enthousiasme pour les Saints à cette époque, à l'égal des héros de l'antiquité, est donc facile à concevoir. « C'est la même
conviction et le même enthousiasme formulés d'une autre manière ; le
même penchant à immortaliser en idée ceux qui ont dévoué leur vie au
salut ou au bien-être d'autrui. »
Le tableau témoigne aussi du talent de l'artiste, et nous applaudissons d'ailleurs à la pensée utile de conserver d'une manière agréable les anciennes traditions historiques.
Source : Livre "Histoire de la ville de Bergues-Saint-Winoc, notices historiques sur ... " Par Hector Beaurepaire Piers
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