Légendes, coutumes
et croyances populaires
Fontaine
La plupart de celles qui existent en Lorraine ont été mises à l'époque de l'établissement du
christianisme dans cette province, sous la protection des saints et ont
conservé, sous ces nouveaux titres, les propriétés et les vertus
médicinales que leur avaient attribué les populations non encore
converties.
Grégoire de Tours (de miraculis S. Juliani, chap. III, de virtute
fontis) nous apprend, dit M. Clouet (Histoire de la province de Trêves
et des pays limitrophes, déjà citée), comment les merveilles de la
légende et les souvenirs chrétiens furent mis en œuvre pour purifier les
ondes qui coulaient depuis des siècles, dans les rustiques sanctuaires
de la Gaule druidique.
Il
serait trop long, remarque M. Clouet, d'énumérer toutes les sources
qui, dans notre pays seulement, sont encore le but de pèlerinages
populaires ; chacune a son histoire merveilleuse, traditions lointaines
de ce qui fut fait pour consacrer au culte catholique les derniers
objets de l'adoration païenne,
Au
nombre des fontaines que l'église, toujours douce et indulgente , mit
sous l'invocation des saints afin de détruire dans les campagnes les
vieilles erreurs du culte des éléments, sans rompre trop brusquement
avec les habitudes de pérégrination aux sources bienfaisantes situées au
fond des bois, dans le creux des rochers, nous citerons
particulièrement la fontaine de sainte Claire, sur le revers méridional
de la haute montagne du Saint-Mont, à l’orient de Remiremont, où on
allait en pélerinage pour les maux d’yeux. Celle de sainte Sabine, dans
la sombre forêt de Fossard, non loin du menhir celtique de Kerlinkin et
de laquelle on disait :
La fontaine de sainte Sabine,
De tout mal affine.
La fontaine de sainte Sabine,
De tout mal affine.
Encore
aujourd'hui les personnes qui ont des abcès, des ulcères, ne manquent
pas de les piquer avec des épingles qu'elles jettent ensuite dans le
bassin de cette source à laquelle les jeunes filles attribuent aussi,
comme nous le dirons encore, au mot mariage, la merveilleuse propriété
de leur faire connaître si elles seront bientôt mariées, ce qu'elles
apprennent quand les épingles qu'elles vont jeter dans le même bassin ne descendent point au fond de l'eau.
La
fontaine d'Ambacourt, dite de saint Thiébaut, celle de saint Médard qui
guérissent de la fièvre ; de sainte Barbe dans l'ancien comté de Dabo ;
de saint Michel, près de Pont-les Bonfay (auxquelles on l'attribue
d’autres vertus médicinales ; celle de sainte Colombe, près de
Provenchères, canton de Darney, où l'on porte encore les enfants malades
et ou l’on va toujours en procession chaque année.
Nous
retrouvons également plusieurs traces du même culte des fontaines ;
reste de celui des Fontinales que les Romains célébraient en l'honneur
des Nymphes, divinités tutélaires et protectrices de ces sources
bienfaisantes, dans l'usage existant de les orner le jour du nouvel an
et au premier mai, comme on le fait particulièrement dans le canton de
Schirmeck (Annuaire des Vosges, 1838), d’un jeune sapin ou de tout autre
arbre, aux branches duquel on suspend des banderoles de papier de
couleur, des fleurs artificielles, des coques d'œufs et quelquefois de
petits mannequins en plâtre, en carton ou en linge, vestiges, ce nous
semble, irrécusables du polythéisme romain, proscrit par le célèbre édit
de Childebert 1er, de l'année 554, par les sermons de saint Éloi et
plus explicitement encore par le chapitre XI : De fontibus sacrificiorum
de l'Indiculus superstitionum.
L'enquête faite à Vaucouleurs par la révision du procès de Jeanne D'Arc (Manuscrit de la bibliothèque royale), nous apprend que près du village de Domrémy et non loin du bois chenu, existait une fontaine, appelée Fons ad ramnos et Fons ramnorum, et que les personnes malades venaient boire de son eau dans l'espérance de recouvrer la santé.
L'enquête faite à Vaucouleurs par la révision du procès de Jeanne D'Arc (Manuscrit de la bibliothèque royale), nous apprend que près du village de Domrémy et non loin du bois chenu, existait une fontaine, appelée Fons ad ramnos et Fons ramnorum, et que les personnes malades venaient boire de son eau dans l'espérance de recouvrer la santé.
A
ces témoignages de l’existance du vieux culte, des éléments, dans notre
Lorraine, nous ajouterons que le jour où l'on y chantait à l'introït de
la messe les paroles consacrées : réjouis-toi Jérusalem, lætare
Jherusalem, était appelé le Dimanche-des-Fontaines, Dominica de
fontanis, et qu'on se rendait à une
fontaine pour y boire de ses eaux, ce qu'on nommait ; faire ses
fontaines, facere suos fontes, pour dire faire ou célébrer le dimanche
des fontaines (voir l'histoire de Jeanne-d'arc, par M. Lebrun des Charmettes).
Source : Livre "Traditions populaires, croyances superstitieuses, usages et coutumes de l'ancienne Lorraine" par Nicolas Louis Antoine Richard
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