Légendes, coutumes
et croyances populaires
Lune
Parmi les nombreuses superstitions indiquées dans un sermon de saint Éloi, on remarque celle de l'observance des jours de la lune, avant de se mettre en route ou de faire quelque entreprise et de refuser de mettre la main à l’œuvre le jour de la nouvelle lune, comme si Dieu, dit le pieux évêque de Noyon, avait réglé les phases de cet astre pour interrompre nos travaux ou pour rendre les hommes malades et fous, ainsi que le pensent les insensés qui attribuent à cet astre des maladies que cause le démon. On voit par ce texte, observe M. Clouet (Histoire ecclésiastique de la province de Trêves), que les fous, dits lunatiques, étaient considérés comme possédés du diable.
L'acte
de visite de l'église de Ramonchamp, que nous avons fait connaître aux
mots coliques des enfants, nous offre une nouvelle preuve de l’influence
que l’on croyait qu'exerçaient encore, à la fin du XVe siècle, les
différentes phases de la lune sur l'esprit superstitieux des habitants
de la campagne ; dans cet acte il est fait aussi mention d'un pèlerinage
qui avait fieu dans cette église pour la guérison de l'amaurose ou
amblyopie, vulgairement appelée : goutte sereine.
Les personnes qui étaient affectées de cette infirmité devaient se présenter le premier dimanche qui suivait immédiatement l'apparition de la nouvelle lune, devant l'autel sur lequel étaient exposées à la vénération des fidèles, les reliques de Monsieur saint Brice, et y faire brûler un certain nombre dé e chandelles de résine.
Telle était la confiance que les malades avaient dans la bénigne influence de la lune, que le choix de tout autre jour pour faire ce pèlerinage aurait été regardé comme ne devant produire aucun bon effet pour leur entière guérison.
Aujourd'hui, encore dans la commune de Rochesson, on évite de semer aucun grain pendant la pleine lune et on ne néglige pas de consulter cet astre avant d’en récolter les produits, comme aussi avant de saigner un porc et de faire la choucroute.
On dit encore que s'il fait un beau clair de lune quand on revient de la messe de minuit, il est fort à craindre que les blés de l'année suivante ne soient pas très abondants, ce qui a donné lieu au dicton populaire,
Clair de Noël,
Clair de javelle.
Clair de javelle.
Comme les Belges, leurs ancêtres, les habitants de la campagne sont toujours persuadés que les mariages les plus heureux sont encore ceux que l'on contracte pendant la croissance de la lune ; que les entreprises qui obtiennent le plus de succès sont ordinairement celles qu’on a commencé pendant cette période lunaire.
On trouve aussi beaucoup de personnes qui vous diront de la meilleure foi du monde, que la lune voit certainement avec plaisir et souhaite bonheur à une jeune femme s'établissant, pendant le premier quartier de cet astre, chez son mari, et qu'il favorise également le propriétaire d’une maison qui suit cet exemple.
Quiconque compte son-argent dans la pleine lune, peut le voir souvent se changer en or, car, disent les Belges (Coremans, ouvrage, cité), ce n'est pas la bonne lune (la nouvelle lune) qui bénit l'argent.
Source : Livre "Traditions populaires, croyances superstitieuses, usages et coutumes de l'ancienne Lorraine" par Nicolas Louis Antoine Richard
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