Légendes, coutumes et croyances populaires Naissance

Légendes, coutumes
et croyances populaires

Naissance
 


En Lorraine, lorsqu'à sa naissance, un enfant est d'une faible complexion et qu’il inspire à ses parents la crainte de ne pouvoir le conserver à leur tendresse, ils s'empressent de le vouer à la sainte Vierge, protectrice de l'enfance, jusqu'à ce qu’il eût atteint sa septième année.

Ce vœu consiste à le vêtir constamment d'habits, entièrement blancs, pendant la durée de cette période septénaire.
C'est ce qui s'appelle : vouer au blanc, quelquefois aussi on voue au bleu.


Être parrain et marraine d'un enfant naturel, ou enfant de l'amour, est un acte de charité chrétienne qui porte toujours bonheur, si c'est pour la première fois et en faveur d’un garçon qu'on remplit ce devoir religieux.
On croit encore généralement que ces enfants ne peuvent manquer d'avoir beaucoup d'esprit et qu'ils réussiront dans, toutes leurs entreprises ; c'est toujours une douce consolation pour leurs pauvres mères.


A Gigney, disent les auteurs de la Statistique des Vosges, il est d'usage de donner au curé une paire de poulets pour le premier enfant qu’il baptise après Pâques ou après la Pentecôte ; le même cadeau est également fait après chaque mariage.


A Haillainville, ajoutent les auteurs de la même statistique, lorsqu’il s’agit de conférer le baptême  à un nouveau né, une voisine se trouve fort honorée d'être choisie par l’accouchée pour conduire à l'église l'enfant, la sage-femme, les parrain et marraine : elle ouvre fort gravement la marche, précède le cortège tenant en main une cruche d'eau et portant sur le bras une serviette. On lui donne le nom de voite femme (sale, vilaine femme).
En revenant de l'église après la cérémonie du baptême, la marraine, dans quelques communes, fait encore présent, à la mère du nouveau né, de la serviette ornée de rubans et de fleurs qui le couvrait pour aller recevoir ce sacrement. Les fleurs sont ensuite fixées par des épingles aux rideaux du lit de la nouvelle accouchée. Un semblable hommage est aussi offert aux joies maternelles dans les montagnes du Jura (Monnier, ouvrage cité). Cette touchante coutume rappelle celle qui existait chez les Grecs, où, suivant Hesychius (Lexicon), on attachait des couronnes d'olivier au-dessus de la porte de la maison d'une femme récemment accouchée pour annoncer à la République qu'elle venait d'acquérir un citoyen de plus et des bandelettes de laine afin d’indiquer la naissance d'une fille et quels seraient ses travaux. A Rome, à l'arrivée d'un enfant au monde, on décorait la porte de la demeure de sa mère, de branches vertes, de fleurs et de lampes (Juvénal, sat. XI, 85. XII, 91).

La même cérémonie du baptême est toujours suivie de la distribution des dragées, les Nataliœ des Romains, et d’un repas de famille pour célébrer l'heureuse venue d'un convive chéri au banquet de la vie. Les frais de ce repas sont ordinairement faits par les parrain et marraine chez les personnes peu aisées. Ils envoyent quelquefois à l‘accouchée un pain de sucre, du café et plusieurs bouteilles de bon vin pour rétablir ses forces.
On donne le nom de bénédiction des relevailles, celle que les femmes vont recevoir à l'église la première fois, qu'après leurs couches, il leur est permis de sortir de chez elles. A cette cérémonie religieuse, elles ont soin de faire apporter par la sage-femme qui les accompagnent, un morceau de pain blanc que le prêtre bénit aussi et qu'elles partagent en rentrant à la maison entre leurs enfants, leurs voisines et leurs amies. A Remiremont, c'est dans les familles jouissant d'une plus grande aisance, un gâteau que l'on fait bénir et auquel on donne la même destination. Cet usage fort ancien existe également dans le pays de Gex (Depery)
Dans le Léonais (Bretagne ), quand une jeune femme devient mère, du pain blanc et du vin chaud sont envoyés de sa part à toutes les femmes enceintes du voisinage comme annonce et souhait d’heureuse délivrance,  c’est un repas de communion entre la jeune épouse devenue mère et celles qui attendent ce doux nom. » (Emile Souvestre, les derniers Bretons, in-42, page 20).
Dans le Poitou les petits morceaux de pain envoyés à la suite de la bénédiction des relevailles jouissent toujours de la merveilleuse propriété de faire bientôt marier, et même dans le courant de l'année, les jeunes filles qui ont été assez heureuses pour ne pas être oubliées dans leur distribution.

Il était assez généralement d'usage dans plusieurs communes de l'arrondissement de Remiremont que les femmes qui venaient de se faire bénir, après leurs couches, se rendissent au presbytère. Dans cette hospitalières et chaste maison, on leur offrait avec une affectueuse sollicitude une rôtie de vin chaud, toujours bien sucrée, dans laquelle la bonne vieille gouvernante de M. le Pasteur avait eu soin de faire tremper d'appétissantes tranches de pain grillées. Ces attentions délicates manquaient rarement d'être rénumérées par l'envoi qui était fait, quelques jours après, à la cure, soit d'une paire de petits poulets, dans la saison, soit par un pain de beurre frais ou un fromage bien gras, souvent même par plusieurs aunes de fine toile.
On croit encore qu'une femme peut connaître quel sera le sexe du premier enfant qu'elle aura. Il suffit pour cela qu'elle fasse attention, en revenant de recevoir la bénédiction des relevailles, qu’elle est la première personne qu’elle rencontrera ; si c'est un homme elle aura un garçon et une fille si c'est une femme. Cette croyance existe également dans le département de l'Orne (Annuaire de ce département, pour l'an 1809). Un autre moyen est encore indiqué pour acquérir cette connaissance. Il consiste à bien remarquer quel est le nom qu'un enfant a prononcé la première fois qu'il a commencé à parler, si c'est le mot de papa l'enfant qui viendra ensuite sera un garçon, et une fille s'il a prononcé premièrement le nom de maman.


A Remiremont , on a toujours le pieux usage d'asseoir les petits enfants de l'année sous la couronne du reposoir de la Fête-Dieu dans l'espérance qu'en grandissant ils acquerront plus de force et marcheront aussi plus tôt.







Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire