Canon des églises

Canon des églises



Les différentes Églises chrétiennes ne reconnaissent pas les mêmes livres pour canoniques.

Voici une liste détaillée de leurs choix Pour savoir dans quels ordres sont classés ces livres suivant les différentes éditions de la Bible, il faut s’intéresser à la Bible hébraïque et à la Septante.

Outre les éléments donnés dans le tableau présenté plus bas, certaines églises présentent des particularités quant aux traductions utilisées.

Cette canonisation d'une traduction est particulièrement pertinente dans les églises où l'étude historico-critique du texte est déconseillée voire interdite.

Églises grecques

Au milieu du IIIe siècle, l'opposition aux littératures apocalyptiques s'inscrivait dans la lutte contre le millénarisme montaniste, attestée par Eusèbe de Césarée, puis par Grégoire de Nazianze, Amphiloque d'Iconium (mort en 896) qui déclare à propos de l'Apocalypse : « Certains l'acceptent mais la plupart le disent inauthentique ».

Dans sa Lettre festale XXXIX, en 367,Athanase d'Alexandrie cite les vingt-sept livres du Nouveau Testament. Il indique que les livres qui seront beaucoup plus tard appelés deutérocanoniques par Luther au XVIe siècle dans son désaccord avec l'Église catholique, ainsi que la Doctrine des douze apôtres (la Didachè), et le Pasteur d'Hermas, (aujourd'hui rangés parmi les écrits des Pères apostoliques), ne sont pas inclus dans le canon mais doivent « être lus ».

La canonicité de l'Apocalypse fut encore discutée au Ve siècle et VIe siècle. C'est le pape saint Grégoire qui affirma de toute son autorité, la canonicité de ce livre en 419, en contradiction des avis orientaux, et notamment de l'école théologique chrétienne d'Alexandrie.

Pour l'Ancien Testament, si quasiment tous les Pères apostoliques suivaient la Septante, il y eut quelques interrogations vis-à-vis des livres qui n'appartenaient pas au canon juif (canon décidé définitivement par les juifs au concile de Jamïa en l'an 90 après la destruction totale du Temple par les Romains), à partir notamment de Justin (il n'a rien écrit contre ces livres deutérocanoniques. Sauf que pour défendre sa foi chrétienne, face aux juifs qui l'accusaient de corrompre la société avec sa secte, il voulut démontrer la divinité de Jésus par les seuls livres reconnus des juifs, donc par le canon hébraïque) et Méliton de Sardes, puis de la part d'Origène, Eusèbe de Césarée, Athanase d'Alexandrie, Cyrille de Jérusalem, Épiphane de Salamine, Grégoire de Naziance. Le concile de Laodicée ne retient que les livres de la Bible hébraïque pour l'ancien testament, et ne retint également que quelques livres de notre nouveau testament actuel; Ce concile a eu lieu en l'an 279. C'est donc pendant le IVe siècle que le canon biblique se figea définitivement en occident, avec tous les livres appelés aujourd'hui « deutérocanoniques » (depuis le XVIe siècle uniquement), et avec tous livres du nouveau testament commun à toutes les confessions dites chrétiennes (catholiques, orthodoxes, protestantes). Il fallut attendre l'an 1531 en occident, soit 1.200 ans plus tard, pour que Luther décida tout seul de revoir la liste du canon des églises, en fondant la « réforme » dite protestante. En effet, Luther déconsidérait toutes les décisions prises par les conciles, (donc par les évêques donc par le Pape), fonda une doctrine de foi qui révisa toutes les décisions doctrinales d'autrefois, et donc, celle du canon biblique également.

Les Grecs finirent par accepter l'intégralité du canon occidental au concile in Trullo en 692, c'est-à-dire, tous les livres présents dans les bibles catholiques, donc les deutérocanoniques, et recommanda également la lecture des livres 3 et 4 Esdras, 3 et 4 Maccabées, psaume 151, la prière de Manassé.

La canonicité fait toujours débat pour ces derniers cités dans les églises dites orthodoxes, puisque les églises orthodoxes russe, bulgare, serbe et roumaine, ont uniquement reconnus les livres deutérocanoniques et rejetés les autres. Seule l'Église orthodoxe grecque a reconnu la canonicité des livres d'Esdras 3 et 4, des livres du Maccabées 3 et 4, du psaume 151, et de la prière de Manassé.

Cependant ces décisions n'étant pas conciliaire au sens « catholique » du terme, mais seulement des décisions « autocéphales », la liste du canon des écritures sera encore débattus lors du prochain grand concile orthodoxe, puisque ce thème est fermement inscrit dans les travaux du futur grand concile panorthodoxe attendu par tous les orthodoxes du monde, mais aussi par tous les chrétiens des autres confessions chrétiennes soucieux de l'œcuménisme et de la visibilité des fruits de l'Esprit Saint dans l'ensemble de l'Église du Seigneur Jésus Christ.

Églises latines

La liste de tous les livres du Nouveau Testament actuel existe dans le décret de Damase issu du synode de Rome en 382. L'adoption de la liste longue du canon des livres de l'Ancien Testament est confirmée par les conciles de Carthage de 397 et de 419.

Le canon est donc réalisé à la fin du IVe siècle. L'influence d'Augustin d'Hippone, qui a défendu (contrairement à Jérôme de Stridon) et conformément à la tradition de la Septante et aussi à la Tradition de la Vetus latina) la canonicité des livres controversés fut importante. En effet c'est lors du concile de Carthage et d'Hippone en l'an 393 et 397 que fut déterminé clairement le canon des écritures de la bible catholique actuel. Les manuscrits de Qumran, découverts en 1947 et datant du premier siècle de notre ère, donc du temps de Jésus, démontrent que tous les livres présents dans les bibles catholiques et orthodoxes étaient lus par les juifs, puisque tous ces livres ont été trouvés écris en grec, mais aussi en hébreux. Par exemple, le livre de Tobie (absent des bibles juives depuis l'an 90 et la célèbre décision du concile juif de Jamia décidant quels étaient les livres inspirés ou non pour les juifs, repris plus tard par les protestants)a été trouvé dans cette bibliothèque juive intacte à Qumran, en Israël, écrit en Hébreux, alors qu'il est présent en grec dans la Septante. Cependant, Grégoire le Grand, Hugues de Saint-Victor, Nicolas de Lyre, Cajetan confirme par la suite fortement cette canonicité à leur sujet. Le pape Grégoire fut obligé de rappeler fermement par un décret au Ve siècle, la canonicité du livre de l'Apocalypse, qui n'était pas retenu dans les Églises d'Orient !

Pour l'Église catholique romaine, c'est le concile de Trente (1545 - 1563) qui a définitivement confirmé le canon des Écritures, distinguant les livres inspirés, de ceux qui ne le sont pas. Cette décision fut entérinée à cause de la Sainte Tradition, c'est-à-dire à cause de l'usage depuis 1 200 ans dans l'Église, qui ne peut se tromper pendant tout ce temps. Dans sa IVe session, en 1546, le concile de Trente a donné la liste des Livres saints qui doivent être reçus par tous (Les noms et les attributions des livres sont les noms et les attributions traditionnels ; ils ne sont pas forcément de foi). Le Catéchisme de l'Église catholique (1991) parle de « liste intégrale » (n° 120).
Article connexe : Liste des livres de la Bible.

Églises orientales

Le canon du Nouveau Testament n'est pas le même pour toutes les confessions chrétiennes. Certaines Églises chrétiennes orientales reconnaissent le Diatessaron de Tatien et connaissent une épître de Paul aux Lacédémoniens.

L'Église éthiopienne orthodoxe a de toutes les église chrétiennes le canon biblique le plus large, qui inclut notamment le Livre des Jubilés et le Livre d'Hénoch.

Églises issues de la Réforme

Les protestants n'ont pas d'institution doctrinale et de ce fait pas de canon officiel.

Luther a déclaré non inspirés les livres deutérocanoniques de l'Ancien Testament ainsi que plusieurs du Nouveau Testament (l'Épître de Jacques, celle de Jude et l'Apocalypse), qu'il considérait cependant comme utiles. En effet Luther voulut extraire du nouveau testament d'alors, la lettre de Jacques, parce que dans cette lettre il est écrit : « C'est par les œuvres que l'homme est justifié et non par la foi seule » Jc 2,24. Or Luther ne posait-il pas comme fondement de la foi naissante protestante, ce fameux cri de la réforme Sola Fide, c'est-à-dire, « seule la foi nous justifie et non les œuvres » ? La lettre de Jacques était tellement en contradiction avec la pensée théologique de Luther, que Luther préféra retirer du canon du nouveau testament cette lettre, plutôt que réviser sa position. Cependant les réformateurs ne suivirent pas leur fondateur, et conservèrent quand même cette lettre dans le canon biblique protestant, et ils en proposent aujourd'hui une lecture arrangée, en reconnaissant avec elle que « la foi sans les œuvres est tout à fait morte » Jc 2, 26. L'Alliance luthérienne mondiale admet aujourd'hui avec l'Église catholique romaine, depuis l'accord théologique du 31 octobre 1999 sur la « justification », que les « œuvres » de la lettre de Jacques qui justifient, sont bien des « œuvres » d'Amour « fruits » (terme retenus par les luthériens) ou « mérites » (terme retenus par les catholiques), et non des « œuvres » de la Loi que condamne régulièrement (saint) Paul notamment dans sa lettre aux Romains. De sorte que la [« justification »]

Après lui, les protestants, ne l'ayant suivi que partiellement, ont adopté le canon de la Bible hébraïque pour l'Ancien Testament et, généralement, le même canon que les catholiques pour le Nouveau Testament.

Les éditions protestantes de la Bible publiaient aux XVIe et XVIIe siècles, suivant Jérôme, les livres que les protestants seuls appellentApocryphes à la suite de l'Ancien Testament. Avec le développement des sociétés bibliques et de l'édition en nombre en vue de l'évangélisation, ceux-ci disparurent par commodité au XIXe siècle. Les Églises protestantes aujourd'hui ne privilégient pas une traduction particulière, même si elles ont été attachées à l'une d'elles (la plupart des francophones aux XVIIIe et XIXe  siècles à Ostervald et au XXe à Segond, d'autres à Darby, etc.). Les sociétés bibliques en éditent plusieurs, dont le type de traduction varie selon l'usage auxquelles elles sont destinées : éditions d'étude (Segond, TOB), littéraires (Bayard), à lexique restreint (Français courant, Parole de vie), pour la proclamation, etc. Il en résulte que les fidèles, attachés à la lecture biblique, disposent de plusieurs éditions et peuvent trouver les deutérocanoniques dans les éditions catholiques ou interconfessionnelles (TOB, Jérusalem, Bayard, etc.).

La dernière publication de la Bible œcuménique, dite "TOB" pour Traduction œcuménique de la Bible, auxquelles les Églises protestantes ont fortement participé, a repris la forme de la publication d'origine des bibles protestantes d'autrefois. En effet, cette dernière bible éditée pour la fête des 50 ans de traduction œcuménique de la bible, le 30 septembre 2010, (en la fête de Saint Jérôme et préfacée par le pasteur Claude Baty, le père Nicolas Cernokrak, et monseigneur Francis Deniau, chacun co-président de l'AORB), admet en son sein tous les livres reconnus par toutes les dénominations chrétiennes du monde, soit : le canon hébraïque (reçu traditionnellement par les confessions protestantes), en plus les livres deutérocanoniques, (acceptés par les cooptes, orthodoxes, catholiques et arméniens depuis les premiers temps du christianisme), mais aussi tous les livres acceptés par les confessions (particulières) orthodoxes, malgré leur débat encore en questions dans ces églises mêmes.

Courants évangéliques

Aujourd’hui c’est la Bible Louis Segond, traduction réalisée à la fin du XIXe siècle par le protestant du même nom, ainsi que la Bible catholique dit « de Jérusalem », mais aussi l'autre Bible catholique dite « de tous les peuples » qui sont sans aucun doute dans ses différentes éditions, les Bibles les plus lues dans l’ensemble de la francophonie.

La première, essentiellement parce qu'elle est libre de droits et de ce fait mise en ligne. La Bible Louis Segond a connu une révision en 2000 avec un apparat critique extrêmement intéressant dans la mesure où, contrairement à la plupart des autres traductions, les notes de bas de page apportent l'étymologie ou le texte en langue d'origine avec son mot à mot. Cette révision est très critiquée par les cercles évangélicalistes. Quant à la fameuse et très célèbre Bible de Jérusalem, [introduite récemment par l'École biblique et archéologique française de Jérusalem, dont le célèbre président fut Roland de Vaux elle fut entre autres, rédigée à partir des dernières découvertes [1947] des manuscrits de la mer Morte, dans les illustres grottes de Qumran. Sa conception est fortement basée sur les récentes découvertes archéologiques, et aussi selon la recherche dite « historico-critique ». Enfin comme ces grottes dataient du temps de Jésus, (elles ont été abandonnées lors de la prise de Jérusalem en l'an 70), elles ont permis d'affirmer la totale présence et lecture dans la culture juive de cette époque, des livres deutérocanoniques {dénommés ainsi depuis le XVIe siècle par Luther et la Réforme}, puisque tous ceux-ci ont été retrouvés soit écrits en hébreux soit écrits en grec.

Les Bibles catholiques, sont peu utilisées par les églises évangéliques, moins que la Bible Segond d'origine protestante. Ce sont surtout les Bibles dites « en français courant », ou « la Bible du semeur », qui sont les plus lues par ces courants parce qu'elles présentent une meilleure littéralité, et donc, en revanche, un fond moins axé sur la doctrine.

Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours

Les saints des derniers jours croient que la Bible est la parole de Dieu dans la mesure où elle traduite correctement (8e article de foi). Les anglophones utilisent la King James version, les francophones la Segond 1910. À son époque, Joseph Smith considérait la traduction de Martin Luther comme la plus correcte de toutes. Les Apocryphes ne font pas partie du canon des Saintes Écritures mais sont considérés, dans l'Église, comme utiles à lire. Selon Doctrine et Alliances 91:1-6, les Apocryphes sont en majeure partie traduits correctement mais contiennent des interpolations incorrectes ; ils peuvent être profitables pour ceux qui sont éclairés par l'Esprit.








 

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