Trappistes

Trappistes


Trappistes



L'ordre cistercien de la stricte observance (en latin ordo cisterciensis strictioris observantiæ, en abrégé o.c.s.o.), dont les membres sont familièrement appelés trappistes, est un ordre monastique catholique qui forme, avec l'Ordre cistercien (en latin ordo cisterciensis, en abrégé OCist) et les moniales Bernardines, la Famille Cistercienne ou Familia Cisterciensis.

Il est accessoirement connu pour les fromages et les bières trappistes.
À l'heure actuelle, l'ordre cistercien de la stricte observance comprend 2 600 moines et 1 883 moniales, répartis respectivement dans quatre-vingt-seize et soixante-six monastères dans le monde entier.

 

Historique 

Aux origines : l'Étroite observance de l'Ordre de Cîteaux 

Dès la deuxième moitié du XIIe siècle, l'Ordre de Cîteaux avait commencé à s'éloigner de l'idéal cistercien primitif en acceptant d'autres revenus que le travail des frères.
Avec les années, et diverses calamités comme la Peste noire et la Guerre de Cent Ans, l'observance des monastères s'était encore plus relâchée.
Au début du XVIIe siècle, un mouvement de réforme dans l'Ordre de Cîteaux naît à l'abbaye de La Charmoye, au diocèse de Châlons-sur-Marne.
Son abbé, Octave Arnolfini, abbé initialement commendataire avant de devenir abbé régulier (comme plus tard Rancé) gagne à son projet d'autres abbayes de l'Ordre, d'abord Clairvaux, puis Châtillon (1605).
La même année, mais indépendamment, Bernard de Montgaillard commence à rétablir l'observance dans son Abbaye d'Orval.
En 1616, l'influence de la réforme naissante s'étend à l'ensemble de la filiation de Clairvaux; mais chaque communauté garde la liberté d'y adhérer ou non  .
À partir de 1618, la réforme s'étend au niveau de l'Ordre, qui va progressivement se diviser en deux mouvements : celui de « l'étroite observance » (Il s'agit toujours de l'observance de la Règle de saint Benoît, et des statuts, constitutions et décrets des chapitres généraux de l'Ordre de Cîteaux) et celui de la « commune observance ».
La réforme touche de plus en plus d'abbayes, comme Sept-Fons, le Val-Richer, etc. Ces monastères continuent à dépendre de l'Ordre de Cîteaux, dont une partie est fortement hostile à la réforme.
Dans la mouvance de l'Étroite Observance, à l'abbaye de La Trappe à Soligny, l'abbé Armand Jean de Rancé commença également à rétablir l'observance cistercienne primitive à partir de 1662.
L'objectif était de revenir à une vie monastique authentique, en retrouvant la simplicité et l'austérité originelles de la vie cistercienne, fondées sur la règle de saint Benoît, le travail manuel, la prière liturgique et personnelle.
La Révolution française amena la fermeture de toutes les maisons religieuses et donc des monastères cisterciens de France.
Avant la dispersion de sa communauté, dom Augustin de Lestrange, maître des novices à l'abbaye de la Trappe, organisa l'émigration d'une partie des moines vers la Suisse.
Là, des moines d'autres communautés et des moniales se joignirent au groupe lequel fut appelé par la suite "les trappistes".
Les moines s'installèrent à la chartreuse de La Valsainte, les moniales à Sembrancher.
Mais la guerre et de nombreuses difficultés les obligèrent à un long périple à travers la Suisse, l'Europe centrale, la Russie ; ils essaimèrent un peu partout en Europe (Westmalle en Belgique, Lulworth en Angleterre, Darfeld en Westphalie, et ailleurs...) et même au Nouveau Monde (États-Unis, Canada), puis, après l'abdication de Napoléon Ier se réinstallèrent en France.

 

1892 : la naissance de l'Ordre

En 1836, une congrégation belge se détacha de la partie française.
En 1847, l'abbaye de Sept-Fons devint une seconde congrégation française.
À la demande du Saint-Siège, les congrégations trappistes se réunirent en 1892 sous le nom d' Ordre des cisterciens réformés de Notre-Dame de la Trappe, élisant un Abbé Général.
Il s'agissait donc de fait d'une séparation juridique de l'Ordre de Cîteaux; il y aurait désormais deux Ordres cisterciens.
En 1899, l'Ordre des cisterciens réformés put racheter Cîteaux et y recréer une communauté; à la place de La Trappe, l'abbaye qui avait donné son nom aux cisterciens redevint dès lors tête de l'Ordre, qui s'appellerait désormais Ordre cistercien de la stricte observance (Constitution apostolique Haud mediocri, 30 juillet 1902).

 

Spiritualité


La spiritualité trappiste est la spiritualité commune aux Cisterciens. Elle tire sa source de la Bible, de la Règle de saint Benoît et des écrits des pères du monachisme.
Comme tous les ordres religieux, l'ordre cistercien de la stricte observance possède par ailleurs des Constitutions qui explicitent la mise en œuvre de cette spiritualité aujourd'hui.
La spiritualité cistercienne et trappiste est au service de la recherche de Dieu, objectif premier des moines et des moniales.
Elle se caractérise par une certaine simplicité et par la recherche d'un équilibre entre les formes traditionnelles de la prière monastique: liturgie des heures (prière commune, 7 fois par jour, à partir de la Bible et en particulier des Psaumes), lectio divina (lecture priée de la Bible ou d'auteurs spirituels), oraison (prière personnelle silencieuse).
Les cisterciens-trappistes valorisent aussi le travail manuel, considéré comme hautement favorable à la prière, le silence (qui laisse tout de même place à la communication nécessaire), et le retrait du monde: leurs monastères se situent normalement en des lieux écartés, voire en pleine nature; ils n'ont pas d'activités apostoliques, dans le but de se consacrer pleinement à la vie contemplative.

 

Figures de l'ordre

L'OCSO est aussi connu à travers plusieurs de ses membres qui, malgré le caractère caché de leur vie, ont eu un rayonnement au-delà des murs de leur monastère.
Quelques-uns ont été déclarés par l'Église catholique "Bienheureux", c'est-à-dire exemples de vie chrétienne : Cyprien Tansi, moine nigérian; Maria Gabriella Sagheddu, moniale italienne ; Marie-Joseph Cassant, moine français de Sainte-Marie du Désert.
Un frère espagnol de l'abbaye San Isidro de Dueñas a été canonisé par Benoît XVI : Saint Rafael Arnáiz Barón (1911–1938).

D'autres sont connus pour avoir été fidèles à leur choix monastique jusqu'au don de leur vie, comme les sept frères du monastère de Tibhirine en Algérie, restés sur place à la demande de leurs voisins, et assassinés en mai 1996.

Enfin, quelques-uns ont témoigné de leur foi à travers des livres, comme par exemple le trappiste américain Thomas Merton de l'abbaye de Gethsémani (Kentucky), dont l'autobiographie La nuit privée d'étoiles (The seven storey mountain) a été un best-seller traduit dans de nombreuses langues.
Dom Jean-Baptiste Chautard est une des grandes figures de l'ordre célèbre pour sa rencontre avec Clemenceau qui évita l'expulsion des cisterciens lors des lois anticléricales.








 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire