Sœur Saint-Bernard de la Croix

Sœur Saint-Bernard de la Croix



Sœur Saint-Bernard, prénommée à sa naissance Angélique, naquit le 31 août 1820 à Sainte-Foy, au diocèse de Bordeaux, dans une famille aisée.
Les revers s'abattirent d'un coup sur le foyer, et la fillette connut très tôt la souffrance : encore jeune, elle perdit son père, que des opérations en Bourse avaient ruiné, et dut s'occuper de nombreux frères et sœurs plus jeunes qu'elle, car sa mère, très affectée par son veuvage, resta gravement malade.
Angélique s'occupa de la maisonnée, se mit à travailler de ses mains pour faire vivre les siens et finalement fut confiée avec sa sœur aînée, qui l'aidait autant que possible, à une famille charitable : cette famille était protestante, Angélique n'en fut que plus fidèle à ses devoirs religieux : sa foi se fortifia, sa charité se dilata, et enfin elle parvint même à entraîner quelques personnes à l'Église catholique.
Âme silencieuse et contemplative, elle priait sans relâche, et fut favorisée de grâces d'oraison qui l'inclinèrent vers la vie religieuse, comme sa sœur aînée qui entra en 1840 chez les religieuses de Marie-Thérèse.
Elle-même y fut admise, deux ans plus tard, le 1° septembre 1842.
Son noviciat fut, en apparence, tout simple et uniforme, elle se fit estimer et aimer de ses sœurs en religion, et fut admise à la profession le 16 janvier 1843, jour où sa sœur prononçait ses vœux perpétuels.
Après ce premier engagement, sa vie intérieure s'affermit à la grande joie de ses supérieures.
Sœur Saint-Bernard était très réservée, elle ne se confiait qu'à son confesseur, et comme toute sa vie conventuelle était très observante et exemplaire, ses supérieures ne voulaient en rien faire pression sur elle. 
Les stigmates
Mais elle s'était ouverte à une supérieure d'une grâce qu'elle avait reçue en 1840, donc bien avant d'entrer au couvent : elle sentait dans son corps les douleurs de la Passion.
Or, le 25 mai 1843, ces douleurs se firent si violentes qu'elle dut s'aliter, et le médecin crut tout d'abord à une attaque de paralysie, puis dit, après un examen attentif, qu'il ne connaissait pas cette maladie.
La supérieure restait perplexe, car elle ne savait si c'était là suggestion ou réelles souffrances mystiques. Elle mit donc la religieuse à l'épreuve, éprouvant surtout sa vertu et gardant son âme dans l'obéissance et l'humilité. Comme les résultats étaient concluants, elle recommanda à la sœur Saint-Bernard de prier Dieu qu'Il voulût lui donner un signe.
Sœur Saint-Bernard obéit et demanda à Jésus, qui lui apparaissait parfois, de donner un signe.
Le 21 avril 1844, les plaies des mains s'ouvrirent spontanément, puis celles des pieds le 5 mai : ces stigmates donnaient de l'eau et du sang.
Le 6 mai, la plaie du côté apparut. Le Seigneur annonça à la sœur Saint-Bernard une somme de souffrances qu'Il lui réservait pour l'avenir.
Dès lors, les plaies, toujours plus profondes et larges, s'ouvrirent une fois par semaine, tandis que la religieuse s'unissait en extase à la passion du Sauveur. La douleur était telle qu'elle arrachait des cris à la pauvre stigmatisée.
Le Vicaire Général de Lyon, M. de Serres, fut informé de ces événements, car il était confesseur de la communauté.
Il étudia la question avec soin, puis agréa le désir de sœur Saint-Bernard : être, le plus rapidement possible, admise aux vœux perpétuels.
La cérémonie eut lieu le 15 juin 1844, au lendemain de la fête du Sacré-Cœur, jour prévu de longue date, mais où les souffrances furent telles que l'on dut surseoir aux vœux.
Dès lors, sœur Saint-Bernard vécut davantage dans le retrait et le silence, tout adonnée de par la conduite de Dieu sur elle à une vie d'expiation et de réparation, spécialement pour sa communauté.
Elle était favorisée de grâces peu communes, comme celle de lire dans les consciences, de prendre sur elle-même les souffrances, maladies et tentations, qui frappaient telle ou telle de ses sœurs.
Usant de ces charismes, elle fut un précieux conseil, un véritable Ange Gardien pour sa supérieure, et elle lui demanda permission de supplier Dieu d'ôter les signes extérieurs des stigmates, ce qui arriva dès 1845. Mais les plaies se rouvrirent pour le Carême et disparurent à Pâques.
Pendant un an, rien ne transpira au dehors de ces grâces extraordinaires.
Le Seigneur lui accorda la couronne d'épines le 27 janvier 1846, et dès lors les plaies reparurent tous les vendredis avec les extases de la Passion, que la religieuse revivait de l'Agonie jusqu'au coup de lance.
Hormis ce cycle liturgique, la sœur était comblée d'extases dans lesquelles elle voyait l'Enfant-Jésus qui lui donnait directives et conseils pour sa vie intérieure, ne lui épargnant ni reproches ni réprimandes quand Il le jugeait nécessaire.
De plus, le démon, jusque là assez discret, la persécuta avec rage et alla jusqu'à la rouer de coups.
Comme les phénomènes allaient s'amplifiant, le Vicaire Général fit procéder à un examen médical : le résultat fut si concluant qu'on institua aussitôt une commission d'enquête canonique, qui admit, après étude très poussée, l'origine et le caractère surnaturel des faits.
Sœur Saint-Bernard tomba gravement malade, épuisée par les stigmates et les extases de la Passion, et par le vœu d'oblation - qu'elle avait prononcé pour l'expansion de l'Ordre où elle avait été admise.
La Congrégation des Sœurs de Marie-Thérèse a été fondée en 1815, cinq ans avant la naissance de Sœur Saint-Bernard.
Elle s'est depuis considérablement développée, sans doute en partie grâce à la prière et à l'oblation de la stigmatisée. Celle-ci eut la douleur de perdre sa sœur aînée en 1845 et offrit cette croix au Seigneur, qui la conduisit à l'immolation à travers toutes sortes de peines, de souffrances, tant physique que spirituelles.
Dès 1847, l'état de sœur Saint-Bernard empira considérablement, jusqu'à devenir critique : on ne comprenait pas pourquoi le Seigneur l'arrachait à sa famille religieuse, et la supérieure lui fit, par obéissance, demander à Dieu de prolonger encore sa vie.
Elle obéit, mais le confesseur ordinaire - sans très bien réaliser la situation - lui ordonna de s'en remettre en tout à la volonté de Dieu sans demander spécialement sa guérison.
Elle mourut, le 24 juillet 1847, à peine âgée de 27 ans, et ce fut alors comme si le tonnerre avait ébranlé le monastère : on réalisa qu'on avait perdu une religieuse éminente, modèle d'oraison et d'observance, simple et imitable en tout ce qui fait la vie commune, en dehors des grâces inouïes dont elle était comblée.











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