Saints Théodora et Didyme († 304)

Saints Théodora et Didyme († 304)
Martyrs à Alexandrie en Égypte
 


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Didyme échange ses vêtements avec Théodora pour que celle-ci puisse s'échapper du bordel (Jan Luyken, av. 1712)


Théodora et Didyme sont deux saints chrétiens dont le martyre est censé avoir eu lieu à Alexandrie vers 304 sous le règne de Dioclétien.

Leur légende, probablement entièrement fictive, apparaît et se répand dès la première moitié du IVe siècle.

En 377 Ambroise de Milan l'enrichit, et la déplace par méprise à Antioche.

Elle inspire ensuite de nombreux auteurs jusqu'au XVIIIe siècle, en particulier Corneille avec sa pièce Théodore, vierge et martyre et Haendel avec son oratorio Theodora.

La légende

La légende combine plusieurs thèmes à succès, comme la vierge au lupanar et le travestissement. Théodora, jeune fille noble d'Alexandrie qui souhaite rester vierge par foi chrétienne, est condamnée par le gouverneur de la ville à la prostitution pour ne pas avoir voulu sacrifier aux Dieux de Rome. Elle est sauvée par le jeune chrétien Didyme qui, déguisé en soldat, obtient d'être le premier à accéder à la jeune femme, ce qui lui permet de laisser s'échapper celle-ci en échangeant ses vêtements avec les siens. Didyme, une fois confondu, est condamné à la décapitation par le gouverneur, et son corps à être brûlé. Cette version, connue par un manuscrit grec du Xe siècle, est celle reprise dans les Acta Sanctorum. Elle repose sur une Passion grecque, qui circule probablement dès les premières décennies du IVe siècle car Eusèbe d'Émèse l'utilise dans une homélie à Antioche vers 340. Elle est connue également par deux traductions latines qui pourraient toutes deux dater de l'antiquité tardive, et qui restent assez proches de la version grecque qui nous est parvenue.

Ambroise de Milan reprend et enrichit la légende en 377 dans son De virginibus. Il déplace par méprise l'action à Antioche. Didyme devient un jeune officier romain converti. Mais surtout Ambroise fait également de la jeune vierge une martyre : Théodora, apprenant le procès de son sauveur, le rejoint pour prendre sa place, et le gouverneur de la ville les condamne tous deux à la décapitation. Les deux protagonistes d'Ambroise sont anonymes, mais la tradition hagiographique se chargera de les identifier en recoupant les deux récits, et c'est essentiellement la version d'Ambroise qui assure leur postérité.

Contexte historique, et influences

La date supposée de la légende (304) est compatible avec celles de la persécution de Dioclétien (303-313), la dernière grande persécution de chrétiens dans l'Empire romain. Le manuscrit grec nomme bien Eustrate le préfet d'Égypte qui condamne Theodora, mais c'est la seule mention que l'on connaisse de ce magistrat. L'une des traductions latine l'appelle Proculus, mais c'est probablement une corruption du titre de proconsul lors des recopies successives.

La légende est probablement purement fictive, et résulte certainement de la christianisation de couples héroïques païens. Ainsi Ambroise compare-t-il Théodora et Didyme à Damon et Pythias, ce que l'on peut lire comme un aveu de sa source pour la fin de la légende qu'il a refaçonnée.

Postérité

Théodora et Didyme inspirent directement d'autres récits hagiographiques, comme la légende très similaire d'Antonina et Alexandre (en). Au Moyen Âge, le récit d'Ambroise est repris par Jacques de Voragine dans La Légende dorée.

Le thème est à l'origine d'une abondante tradition théâtrale à partir du XVIe siècle en Italie, avec la Sacra Rappresentazione di santa Theodora (première édition connue : 1554) où Didyme est renommé Euryale. Le Tasse s'en inspire pour le chapitre 2 de la Jérusalem délivrée : Theodora et Didyme, devenus Sophronie et Olinde, sont condamnés par le roi musulman de la ville pour un vol dont chacun s'accuse, Sophronie pour sauver les chrétiens de Jérusalem, Olinde pour sauver Sophronie. Tous deux sont menés au bûcher. Mais la guerrière musulmane Clorinde intercède et ils sont graciés in extremis. La scène du lupanar a disparu, mais l'amour d'Olinde est plus charnel que celui de Didyme, et l'histoire s'achève sur leurs noces plutôt que leur martyre.

Au XVIIe siècle le thème est repris par le ferrarais Agostino Faustini (1613), le Florentin Girolamo Bartolommei (1632), le Lucquois Fra Giovanni Gottardi (1640) et à Rome par le cardinal Rospigliosi, futur Clément IX (représentations en 1635 et 1636). Ces « tragédies chrétiennes », dans la veine théorisée par les jésuites romains, sont aussi marquées par l'influence du Tasse. Comme Olinde, Didyme brûle souvent pour Theodora d'un amour plus charnel, ou bien se voit doublé d'un soupirant païen à qui cet aspect est dévolu. Ainsi Faustini, dont la pièce reprend des éléments de la légende de Sainte Agnès, introduit-il un rival de Didyme qui est fils du préfet d'Égypte.

Martyrologie

Les saints Théodora et Didyme sont (ou ont été) fêtés le 28 avril dans le calendrier latin, et le 5 avril ou le 27 mai dans le calendrier grec. Ils ne figurent plus dans l'édition 2001 du Martyrologe romain.



Au temps de la persécution de Dioclétien et Maximien (289-305), on arrêta à Alexandrie la vierge consacrée à Dieu : Théodora.
Après avoir courageusement confessé le Christ devant le gouverneur, elle fut livrée à une maison de prostitution.
Le premier homme qui se présenta pour abuser d'elle était un noble militaire du nom de Didyme.
Aussitôt converti par la pureté rayonnante de Théodora, il la revêtit de son costume militaire, lui donna ses armes et elle put ainsi sortir saine et sauve.
Quand la supercherie fut découverte, on mena Didyme avec un grand tapage auprès du gouverneur.
Comme on lui demandait la raison de son acte, il répondit calmement qu'il en attendait une double couronne : pour avoir délivrée l'épouse du Christ des hommes débauchés d'une part, et d'autre part celle du martyre qui l'attendait.
Il fut décapité en rendant gloire à Dieu, et son corps fut livré aux flammes.
Sainte Théodora remporta aussi la couronne du martyre en étant brûlée vive.
Fête locale le 5 avril.
LES ACTES DES SAINTS DIDYME ET THÉODORA
Dans la ville d'Antioche, Proculus s'étant assis sur son tribunal, dit : «Qu'on amène la vierge Théodora.»
Un huissier répondit : «Voici Théodora.»
Le juge dit : «De quelle condition es-tu ?»
Théodora répondit : «Je suis chrétienne.»
Le juge dit : «Es-tu libre ou esclave ?»
Théodora répondit : «Je t'ai déjà dit que je suis chrétienne ; le Christ par sa venue sur la terre m'a affranchie ; d'ailleurs je suis née de parents nobles.»
Le juge dit : «Appelez le procureur de la cité.»
Quand celui-ci eut compara, le juge lui dit : «Fais-nous connaître ce que tu sais de la vierge Théodora.»
Le procureur, qui se nommait Lucius, dit : «Par son illustre naissance, elle est libre et même noble : elle est issue d'une famille très honorée.»
Le juge dit à Théodora : «Si tu es libre, pourquoi ne veux-tu pas te marier ?»
Théodora répondit : «Pour l'amour du Christ. Par son Incarnation et sa Venue en ce monde, il nous a délivrés de la corruption et nous a mérité la vie éternelle. Ayant embrassé sa foi, je crois qu'il est bon pour moi de demeurer vierge.»
Le juge dit : «Les empereurs ont ordonné que les vierges eussent à choisir, ou de sacrifier aux dieux, ou d'être livrées à la prostitution.»
Théodora répondit : «Je pense que tu n'ignores pas que Dieu voit nos cÏurs; ce que Dieu considère en nous, c'est la ferme volonté conçue dans notre âme de garder la chasteté. Si tu me forces à subir un outrage, ce n'est pas une faute volontaire que je commets, c'est une violence à laquelle je ne puis me soustraire.»
Le juge dit : «Connaissant la noblesse de ta naissance et touché de compassion pour ta beauté, j'ai pitié de toi. Je t'avertis de ne pas me mépriser; car, par tous les dieux, tu n'y gagneras rien. Je te le répète : les empereurs ont ordonné que les vierges auraient à choisir entre le sacrifice et la prostitution.»
Théodora répondit : «Et moi je te répète que Dieu ne considère que notre volonté. Il voit toutes nos pensées et les pénètre d'avance. Si donc on me fait subir malgré moi cette indignité, je n'aurai pas à rougir devant mon Dieu comme celle qui s'est volontairement abandonnée au crime. De même, si tu coupes ma tête, ma main, mon pied, si tu déchires tout mon corps, ce sera l'effet de la violence, et non d'une cruauté que j'aurais exercée librement sur moi-même. Ma volonté est de rester constamment fidèle à Dieu : car ses promesses sont attachées au vÏu qui j'ai formé : la virginité et le martyre sont des résolutions inspirées par lui et qui lui plaisent. Comme il est le souverain Seigneur, il sait bien prendre les moyens de conserver sa grâce dans ceux qui s'attachent à lui.»
Le juge dit : «Prends garde de couvrir de honte ta famille, et d'être à jamais pour tes parents un sujet d'opprobre, puisque, selon le témoignage que t'a rendu le procureur de la ville, tu es noble et de race illustre .»
Théodora répondit : «Avant tout, rien ne m'empêchera de confesser le Seigneur Jésus Christ, qui m'a donné la vraie liberté et la vraie noblesse : il sait par quels moyens sauver sa colombe.»
Le juge dit : «Pourquoi persévérer dans une erreur aussi grossière, et mettre ta confiance en un homme crucifié ? Crois-tu donc que, lorsqu'on t'aura conduite aux lieux infâmes, tu en sortiras sans tache ? Tout le monde voit bien que tu déraisonnes.»
Théodora répondit : «Je crois au Christ, qui a souffert sous Ponce-Pilate : il me délivrera des mains de mes ennemis ; si je persévère dans la foi, il me conservera sans tache; et, à cause de cela, je ne le renie pas.»
Le juge dit : «Jusqu'ici j'ai supporté tes discours, et je ne t'ai pas fait encore sentir les tourments; si tu continues à désobéir, je vais te faire traiter comme une esclave. Il est à propos que je fasse exécuter les ordres des empereurs nos maîtres, afin que ton exemple serve à instruire les autres, femmes.»
Théodora répondit : «Je suis prête à livrer mon corps, sur lequel la puissance t'a été donnée : pour mon âme, Dieu seul a pouvoir sur elle.»
Le juge dit : «Donnez-lui deux soufflets, et dites-lui : Ne sois pas insensée, mais approche et sacrifie aux dieux.»
Théodora répondit : «Par le saint nom de Dieu, je ne sacrifie pas : le Seigneur est mon appui.» Le juge dit «Insensée, tu m'as réduit à te maltraiter malgré la noblesse de ton rang, et cela devant toute cette foule qui n'attend plus que ta condamnation.»
Théodora répondit : «Ce D'est pas un acte de folie que de confesser le Seigneur. Cette injure que tu m'as faite sera devant lui ma gloire et mon bonheur à jamais.»
Le juge dit : «Je ne te souffrirai pas plus longtemps ; je vais accomplir les ordres des empereurs nos maîtres. J'ai pris patience, croyant que je parviendrais enfin à te désabuser ; mais si je continuais à te traiter d'une manière aussi indulgente, je n'exécuterais pas comme je le dois les ordres des empereurs.»
Théodora répondit : «C'est bien, mais cette crainte que tu exprimes, et ton empressement à exécuter les ordres que tu as reçus, doivent te faire comprendre pourquoi je m'empresse, de mon côté, de rendre à Dieu ce que je lui dois en refusant de le renier, car je crains, aussi moi de déplaire au roi véritable.»
Le juge dit : «Tu résistes avec mépris aux ordres de nos immortels empereurs, et tu me regardes comme un insensé ? Prends garde que tu ne commences à sentir le poids de ma colère. Je te donne trois jours pour réfléchir; après cela, par les dieux, si tu ne consens à ce que je te demande, je te ferai conduire aux lieux infâmes, afin que toutes les femmes voient cet exemple, et que ton châtiment serve à les corriger.»
Théodora répondit : «Penses-tu qu'après trois jours Dieu, qui est éternel, ne sera plus là pour me protéger ? Il ne permettra pas que je sois séparée de lui ; aussi je suis prête à t'abandonner mon corps ; car pour moi ces trois jours sont déjà comme écoulés. Fais ce qu'il te plaira; je te demande seulement de me préserver de toute insulte jusqu'à ce que tu aies rendu ta sentence.»
Le juge dit : «JÕordonne que Théodora soit tenue sous bonne garde d'ici trois jours, afin que nous voyions si elle ne se repentira pas et ne sortira pas d'une obstination si grande. Mais qu'on ne lui fasse aucune violence, parce qu'elle est de condition libre.»
Trois jours après, le juge, s'étant assis de nouveau sur son tribunal, donna l'ordre que l'on fit venir Théodora.
Le juge dit : «Si tu es corrigée, sacrifie et retire-toi ; car, je te l'assure, si tu persistes dans ta désobéissance, tu ne conserveras pas ton honneur.»
Théodora répondit : «Je te l'ai déjà dit, et je ne refuse pas de te le dire encore le Christ a promis de récompenser et de préserver la chasteté ; la gloire de la virginité et celle de confesser son nom m'ont été accordées par lui ; il trouvera bien le moyen de sauver sa brebis fidèle.»
Le juge dit : «Par tous les dieux, la crainte des empereurs m'oblige à prononcer la sentence de peur que, si j'épargne davantage ton entêtement, je ne sois trouvé moi-même coupable de désobéissance. Puisque tu as voulu toi-même te livrer à la prostitution, quand tu as refusé de sacrifier aux dieux, tu vas avoir à l'instant ce que tu as cherché. Nous allons voir si le Christ te gardera, Lui pour qui tu as fait paraître une si folle obstination.»
Théodora répondit : «Dieu, qui connaît les secrets des cÏurs et qui pénètre d'avance les choses futures, qui m'a conservée sans tache jusqu'à ce jour, saura bien me défendre contre les hommes méchants et pervers qui voudraient m'outrager.»
On conduisit donc la servante de Dieu aux lieux infâmes.
En y entrant, elle leva les yeux au ciel, et dit : «Père de notre Seigneur Jésus Christ, aidez-moi et délivrez-moi du péril où je me trouve maintenant. Vous qui avez secouru Pierre dans sa prison, et l'en avez fait sortir sans qu'il eût souffert aucun mal, tirez-moi d'ici sans que je perde mon honneur, afin que tous voient que je suis votre servante.»
Une foule nombreuse entourait la porte ; ils étaient là comme des loups affamés, se disputant à qui outragerait le premier la brebis de Dieu, comme des vautours qui vont se jeter sur une colombe timide.
Mais notre Seigneur Jésus Christ ne l'abandonna pas ; il pourvut à lui envoyer sans retard un libérateur.
Un des frères craignant Dieu, instruit de la voie qui conduit au ciel, se revêtit d'un habit de soldat et se disposa ainsi à mériter une double palme.
Il entra le premier, feignant d'être le plus empressé aux yeux de ces vils scélérats qui se proposaient d'insulter la vierge du Christ.
Celle-ci, le voyant entrer avec cet habit étranger, se mit à courir avec effroi, et se réfugia toute tremblante dans un recoin de la prison.
Mais le prétendu soldat étant parvenu à la joindre et à se faire entendre dÕelle, lui dit tout aussitôt : «Je ne suis pas ce que cet habit semble indiquer : extérieurement je parais un loup, mais en réalité je suis un agneau. Ne prends pas garde à ce vêtement qui t'effraie : je suis ton frère dans la foi et dans la volonté de servir Dieu. Si je suis entré ici sous le costume des serviteurs du démon, c'est afin de pouvoir te délivrer. Je suis venu pour chercher et sauver le trésor de mon Dieu ; car tu es la servante fidèle et la colombe chérie de mon Seigneur. Ton sexe t'expose au danger; mais je n'ai pu voir sans indignation le sort qu'on te réservait : Viens: échangeons nos habits, et sors d'ici sous la garde de Dieu, couverte de ce même vêtement qui t'a d'abord effrayée ; je n'ai point oublié la parole de l'Apôtre : «Soyez comme moi.»
Théodora, avant entendu ces paroles, consentit à ce qu'il lui proposait ; elle reconnut que Celui qui envoya son ange pour fermer la gueule des lions de Daniel venait d'envoyer pareillement, sous cet habit de soldat, un libérateur à sa brebis fidèle.
S'étant donc revêtue de ce costume militaire, elle enfonça sur sa tête un large chapeau que ce généreux chrétien avait apporté, comme pour cacher sa honte en sortant du lieu infâme où il n'avait pas craint d'entrer le premier.
Il conseilla à la vierge de baisser les yeux quand elle sortirait et de ne parler à personne, mais de marcher en silence vers Celui qui est la véritable porte par laquelle ceux qui entrent sont sauvés.
Étant donc sortie, elle éleva vers le ciel les ailes de sa prière, se voyant délivrée des serres du vautour et de la gueule du lion.
Celui qui l'avait délivrée demeurait assis dans la prison, la tête couverte du voile de la vierge, ceint de sa ceinture, ayant déjà sa couronne assurée par la charité qu'il avait montrée envers une sÏur.
Au bout d'un certain temps, un de ces débauchés pénétra à son tour dans ce réduit, et y trouvant un homme au lieu d'une jeune fille, il fut saisi d'étonnement et dit en lui-même : «Est-ce que Jésus change aussi les femmes en hommes ? Celui qui était entré est bien sorti.»
Puis élevant la voix, il dit : «Qui est assis là ? Où est la vierge que l'on avait enfermée ici ? J'avais bien entendu dire que Jésus avait changé l'eau en vin, et je croyais que c'était une fable ; maintenant je vois quelque chose de bien plus surprenant; et puisqu'il a changé cette femme en homme, j'ai peur qu'à mon tour il ne me change en femme»
Le libérateur de la vierge prit alors la parole et dit : «Non, le changement que tu supposes n'a pas eu lieu, mais Dieu a voulu favoriser à la fois et la vierge et le soldat. Celle que vous teniez vous a échappé : prenez à sa place celui qui demeure entre vos mains. Vous me ferez mériter ainsi une double palme : lÕune, pour avoir sauvé une vierge innocente ; l'autre, pour être devenu moi-même l'athlète du Christ.»
Cet homme qui était entré et avait découvert l'évasion de Théodora, alla faire son rapport au juge, qui, connaissant ainsi ce qui s'était passé, se fit amener aussitôt le courageux chrétien, et commençant sans délai l'interrogatoire, lui dit : «Quel est ton nom ?»
Le chrétien répondit : «Je m'appelle Didyme.»
Le proconsul dit : «Qui t'a envoyé pour faire ce que tu as fait ?»
«C'est Dieu, répondit Didyme, qui m'a inspiré ce dessein.»
Le juge dit : «Confesse tout, avant que jÕaie recours aux tortures. Où est Théodora?»
Didyme répondit : «Par Jésus Christ Fils de Dieu, je ne sais où elle est. Tout ce que je sais, c'est qu'elle est fidèle à Dieu, et qu'après avoir confessé le Christ, elle est demeurée pure ; car le Seigneur l'a préservée de toute souillure. Ce n'est pas à moi que j'attribue ce qui s'est fait, mais à Dieu qui a récompensé sa foi, comme tu le sais toi-même, quoique tu ne veuilles pas l'avouer.»
Le juge dit : «Quelle est ta condition ?»
Didyme répondit «Je suis chrétien : le Christ m'a rendu libre.»
Le Juge dit : «On te fera subit, un double supplice : lÕun à cause de ta foi, l'autre à cause de ton audacieuse action.»
Didyme répondit : «Je te supplie de faire sans retard ce qui t'est commandé par les empereurs.»
Le juge dit : «Par les dieux, sache que si tu ne sacrifies, tu vas subit, à l'instant un double supplice, et pour ton refus d'obéissance, et pour le coup que tu as osé faire.»
Didyme répondit : «Je veux te montrer que je suis vraiment le soldat de Dieu, et que je suis prêt à souffrir pour la foi qu'il nous a donnée. C'est pour cela que jÕai résolu, et de sauver l'honneur de cette vierge, et de confesser publiquement la foi; tant que je conserverai cette foi, les tourments ne pourront me nuire. Fais donc promptement ce qu'il te plaira; car je ne sacrifierais pas aux démons, quand même tu me ferais livrer aux flammes.»
Le juge dit : «À cause de l'audace si grande que tu as fait paraître, on te coupera la tête, et parce que, tu n'as pas obéi aux ordres de nos maîtres les empereurs, le reste de ton corps sera brûlé.»
Didyme répondit : «Soyez béni, ô Dieu, Père de mon Seigneur Jésus Christ, qui avez daigné bénir et faire réussir ma résolution. Vous avez sauvé votre servante Théodora, et par cette double sentence rendue contre moi, vous m'avez assuré une double couronne.»
Le jugement avant donc été ainsi rendu, on l'exécuta en lui tranchant la tête et en brûlant le reste de son corps.
Et ainsi il consomma soit martyre, par la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, à qui est honneur, gloire et puissance dans tous les siècles des siècles. Amen.
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