La
légende combine plusieurs thèmes à succès, comme la vierge au lupanar
et le travestissement. Théodora, jeune fille noble d'Alexandrie qui
souhaite rester vierge par foi chrétienne, est condamnée par le
gouverneur de la ville à la prostitution pour ne pas avoir voulu
sacrifier aux Dieux de Rome. Elle est sauvée par le jeune chrétien
Didyme qui, déguisé en soldat, obtient d'être le premier à accéder à la
jeune femme, ce qui lui permet de laisser s'échapper celle-ci en
échangeant ses vêtements avec les siens. Didyme, une fois confondu, est
condamné à la décapitation par le gouverneur, et son corps à être brûlé.
Cette version, connue par un manuscrit grec du Xe siècle, est celle reprise dans les Acta Sanctorum. Elle repose sur une Passion grecque, qui circule probablement dès les premières décennies du IVe siècle car Eusèbe d'Émèse
l'utilise dans une homélie à Antioche vers 340. Elle est connue
également par deux traductions latines qui pourraient toutes deux dater
de l'antiquité tardive, et qui restent assez proches de la version
grecque qui nous est parvenue.
Ambroise de Milan reprend et enrichit la légende en 377 dans son De virginibus.
Il déplace par méprise l'action à Antioche. Didyme devient un jeune
officier romain converti. Mais surtout Ambroise fait également de la
jeune vierge une martyre : Théodora, apprenant le procès de son sauveur,
le rejoint pour prendre sa place, et le gouverneur de la ville les
condamne tous deux à la décapitation. Les deux protagonistes d'Ambroise
sont anonymes, mais la tradition hagiographique se chargera de les
identifier en recoupant les deux récits, et c'est essentiellement la
version d'Ambroise qui assure leur postérité.
Contexte historique, et influences
La date supposée de la légende (304) est compatible avec celles de la persécution de Dioclétien
(303-313), la dernière grande persécution de chrétiens dans l'Empire
romain. Le manuscrit grec nomme bien Eustrate le préfet d'Égypte qui
condamne Theodora, mais c'est la seule mention que l'on connaisse de ce
magistrat. L'une des traductions latine l'appelle Proculus, mais c'est
probablement une corruption du titre de proconsul lors des recopies
successives.
La
légende est probablement purement fictive, et résulte certainement de
la christianisation de couples héroïques païens. Ainsi Ambroise
compare-t-il Théodora et Didyme à Damon et Pythias, ce que l'on peut lire comme un aveu de sa source pour la fin de la légende qu'il a refaçonnée.
Postérité
Théodora et Didyme inspirent directement d'autres récits hagiographiques, comme la légende très similaire d'Antonina et Alexandre(en). Au Moyen Âge, le récit d'Ambroise est repris par Jacques de Voragine dans La Légende dorée.
Le thème est à l'origine d'une abondante tradition théâtrale à partir du XVIe siècle en Italie, avec la Sacra Rappresentazione di santa Theodora (première édition connue : 1554) où Didyme est renommé Euryale. Le Tasse s'en inspire pour le chapitre 2 de la Jérusalem délivrée :
Theodora et Didyme, devenus Sophronie et Olinde, sont condamnés par le
roi musulman de la ville pour un vol dont chacun s'accuse, Sophronie
pour sauver les chrétiens de Jérusalem, Olinde pour sauver Sophronie.
Tous deux sont menés au bûcher. Mais la guerrière musulmane Clorinde
intercède et ils sont graciés in extremis. La scène du lupanar a
disparu, mais l'amour d'Olinde est plus charnel que celui de Didyme, et
l'histoire s'achève sur leurs noces plutôt que leur martyre.
Au XVIIe siècle
le thème est repris par le ferrarais Agostino Faustini (1613), le
Florentin Girolamo Bartolommei (1632), le Lucquois Fra Giovanni Gottardi
(1640) et à Rome par le cardinal Rospigliosi, futur Clément IX (représentations en 1635 et 1636). Ces « tragédies chrétiennes », dans la veine théorisée par les jésuites romains, sont aussi marquées par l'influence du Tasse.
Comme Olinde, Didyme brûle souvent pour Theodora d'un amour plus
charnel, ou bien se voit doublé d'un soupirant païen à qui cet aspect
est dévolu. Ainsi Faustini, dont la pièce reprend des éléments de la légende de Sainte Agnès, introduit-il un rival de Didyme qui est fils du préfet d'Égypte.
Martyrologie
Les
saints Théodora et Didyme sont (ou ont été) fêtés le 28 avril dans le
calendrier latin, et le 5 avril ou le 27 mai dans le calendrier grec.
Ils ne figurent plus dans l'édition 2001 du Martyrologe romain.
Au temps de la persécution de Dioclétien et Maximien (289-305), on arrêta à Alexandrie la vierge consacrée à Dieu : Théodora.
Après avoir courageusement confessé le Christ devant le gouverneur, elle fut livrée à une maison de prostitution.
Le premier homme qui se présenta pour abuser d'elle était un noble militaire du nom de Didyme.
Aussitôt
converti par la pureté rayonnante de Théodora, il la revêtit de son
costume militaire, lui donna ses armes et elle put ainsi sortir saine et
sauve.
Quand la supercherie fut découverte, on mena Didyme avec un grand tapage auprès du gouverneur.
Comme
on lui demandait la raison de son acte, il répondit calmement qu'il en
attendait une double couronne : pour avoir délivrée l'épouse du Christ
des hommes débauchés d'une part, et d'autre part celle du martyre qui
l'attendait.
Il fut décapité en rendant gloire à Dieu, et son corps fut livré aux flammes.
Sainte Théodora remporta aussi la couronne du martyre en étant brûlée vive.
Dans la ville d'Antioche, Proculus s'étant assis sur son tribunal, dit : «Qu'on amène la vierge Théodora.»
Un huissier répondit : «Voici Théodora.»
Le juge dit : «De quelle condition es-tu ?»
Théodora répondit : «Je suis chrétienne.»
Le juge dit : «Es-tu libre ou esclave ?»
Théodora
répondit : «Je t'ai déjà dit que je suis chrétienne ; le Christ par sa
venue sur la terre m'a affranchie ; d'ailleurs je suis née de parents
nobles.»
Le juge dit : «Appelez le procureur de la cité.»
Quand celui-ci eut compara, le juge lui dit : «Fais-nous connaître ce que tu sais de la vierge Théodora.»
Le
procureur, qui se nommait Lucius, dit : «Par son illustre naissance,
elle est libre et même noble : elle est issue d'une famille très
honorée.»
Le juge dit à Théodora : «Si tu es libre, pourquoi ne veux-tu pas te marier ?»
Théodora
répondit : «Pour l'amour du Christ. Par son Incarnation et sa Venue en
ce monde, il nous a délivrés de la corruption et nous a mérité la vie
éternelle. Ayant embrassé sa foi, je crois qu'il est bon pour moi de
demeurer vierge.»
Le
juge dit : «Les empereurs ont ordonné que les vierges eussent à
choisir, ou de sacrifier aux dieux, ou d'être livrées à la
prostitution.»
Théodora
répondit : «Je pense que tu n'ignores pas que Dieu voit nos cÏurs; ce
que Dieu considère en nous, c'est la ferme volonté conçue dans notre âme
de garder la chasteté. Si tu me forces à subir un outrage, ce n'est pas
une faute volontaire que je commets, c'est une violence à laquelle je
ne puis me soustraire.»
Le
juge dit : «Connaissant la noblesse de ta naissance et touché de
compassion pour ta beauté, j'ai pitié de toi. Je t'avertis de ne pas me
mépriser; car, par tous les dieux, tu n'y gagneras rien. Je te le répète
: les empereurs ont ordonné que les vierges auraient à choisir entre le
sacrifice et la prostitution.»
Théodora
répondit : «Et moi je te répète que Dieu ne considère que notre
volonté. Il voit toutes nos pensées et les pénètre d'avance. Si donc on
me fait subir malgré moi cette indignité, je n'aurai pas à rougir devant
mon Dieu comme celle qui s'est volontairement abandonnée au crime. De
même, si tu coupes ma tête, ma main, mon pied, si tu déchires tout mon
corps, ce sera l'effet de la violence, et non d'une cruauté que j'aurais
exercée librement sur moi-même. Ma volonté est de rester constamment
fidèle à Dieu : car ses promesses sont attachées au vÏu qui j'ai formé :
la virginité et le martyre sont des résolutions inspirées par lui et
qui lui plaisent. Comme il est le souverain Seigneur, il sait bien
prendre les moyens de conserver sa grâce dans ceux qui s'attachent à
lui.»
Le
juge dit : «Prends garde de couvrir de honte ta famille, et d'être à
jamais pour tes parents un sujet d'opprobre, puisque, selon le
témoignage que t'a rendu le procureur de la ville, tu es noble et de
race illustre .»
Théodora répondit : «Avant tout, rien ne m'empêchera de confesser le
Seigneur Jésus Christ, qui m'a donné la vraie liberté et la vraie
noblesse : il sait par quels moyens sauver sa colombe.»
Le
juge dit : «Pourquoi persévérer dans une erreur aussi grossière, et
mettre ta confiance en un homme crucifié ? Crois-tu donc que, lorsqu'on
t'aura conduite aux lieux infâmes, tu en sortiras sans tache ? Tout le
monde voit bien que tu déraisonnes.»
Théodora
répondit : «Je crois au Christ, qui a souffert sous Ponce-Pilate : il
me délivrera des mains de mes ennemis ; si je persévère dans la foi, il
me conservera sans tache; et, à cause de cela, je ne le renie pas.»
Le
juge dit : «Jusqu'ici j'ai supporté tes discours, et je ne t'ai pas
fait encore sentir les tourments; si tu continues à désobéir, je vais te
faire traiter comme une esclave. Il est à propos que je fasse exécuter
les ordres des empereurs nos maîtres, afin que ton exemple serve à
instruire les autres, femmes.»
Théodora
répondit : «Je suis prête à livrer mon corps, sur lequel la puissance
t'a été donnée : pour mon âme, Dieu seul a pouvoir sur elle.»
Le juge dit : «Donnez-lui deux soufflets, et dites-lui : Ne sois pas insensée, mais approche et sacrifie aux dieux.»
Théodora répondit : «Par le saint nom de Dieu, je ne sacrifie pas : le
Seigneur est mon appui.» Le juge dit «Insensée, tu m'as réduit à te
maltraiter malgré la noblesse de ton rang, et cela devant toute cette
foule qui n'attend plus que ta condamnation.»
Théodora
répondit : «Ce D'est pas un acte de folie que de confesser le Seigneur.
Cette injure que tu m'as faite sera devant lui ma gloire et mon bonheur
à jamais.»
Le
juge dit : «Je ne te souffrirai pas plus longtemps ; je vais accomplir
les ordres des empereurs nos maîtres. J'ai pris patience, croyant que je
parviendrais enfin à te désabuser ; mais si je continuais à te traiter
d'une manière aussi indulgente, je n'exécuterais pas comme je le dois
les ordres des empereurs.»
Théodora
répondit : «C'est bien, mais cette crainte que tu exprimes, et ton
empressement à exécuter les ordres que tu as reçus, doivent te faire
comprendre pourquoi je m'empresse, de mon côté, de rendre à Dieu ce que
je lui dois en refusant de le renier, car je crains, aussi moi de
déplaire au roi véritable.»
Le juge dit : «Tu résistes avec mépris aux ordres de nos immortels
empereurs, et tu me regardes comme un insensé ? Prends garde que tu ne
commences à sentir le poids de ma colère. Je te donne trois jours pour
réfléchir; après cela, par les dieux, si tu ne consens à ce que je te
demande, je te ferai conduire aux lieux infâmes, afin que toutes les
femmes voient cet exemple, et que ton châtiment serve à les corriger.»
Théodora
répondit : «Penses-tu qu'après trois jours Dieu, qui est éternel, ne
sera plus là pour me protéger ? Il ne permettra pas que je sois séparée
de lui ; aussi je suis prête à t'abandonner mon corps ; car pour moi ces
trois jours sont déjà comme écoulés. Fais ce qu'il te plaira; je te
demande seulement de me préserver de toute insulte jusqu'à ce que tu
aies rendu ta sentence.»
Le
juge dit : «JÕordonne que Théodora soit tenue sous bonne garde d'ici
trois jours, afin que nous voyions si elle ne se repentira pas et ne
sortira pas d'une obstination si grande. Mais qu'on ne lui fasse aucune
violence, parce qu'elle est de condition libre.»
Trois jours après, le juge, s'étant assis de nouveau sur son tribunal, donna l'ordre que l'on fit venir Théodora.
Le
juge dit : «Si tu es corrigée, sacrifie et retire-toi ; car, je te
l'assure, si tu persistes dans ta désobéissance, tu ne conserveras pas
ton honneur.»
Théodora
répondit : «Je te l'ai déjà dit, et je ne refuse pas de te le dire
encore le Christ a promis de récompenser et de préserver la chasteté ;
la gloire de la virginité et celle de confesser son nom m'ont été
accordées par lui ; il trouvera bien le moyen de sauver sa brebis
fidèle.»
Le
juge dit : «Par tous les dieux, la crainte des empereurs m'oblige à
prononcer la sentence de peur que, si j'épargne davantage ton
entêtement, je ne sois trouvé moi-même coupable de désobéissance.
Puisque tu as voulu toi-même te livrer à la prostitution, quand tu as
refusé de sacrifier aux dieux, tu vas avoir à l'instant ce que tu as
cherché. Nous allons voir si le Christ te gardera, Lui pour qui tu as
fait paraître une si folle obstination.»
Théodora
répondit : «Dieu, qui connaît les secrets des cÏurs et qui pénètre
d'avance les choses futures, qui m'a conservée sans tache jusqu'à ce
jour, saura bien me défendre contre les hommes méchants et pervers qui
voudraient m'outrager.»
On conduisit donc la servante de Dieu aux lieux infâmes.
En
y entrant, elle leva les yeux au ciel, et dit : «Père de notre Seigneur
Jésus Christ, aidez-moi et délivrez-moi du péril où je me trouve
maintenant. Vous qui avez secouru Pierre dans sa prison, et l'en avez
fait sortir sans qu'il eût souffert aucun mal, tirez-moi d'ici sans que
je perde mon honneur, afin que tous voient que je suis votre servante.»
Une
foule nombreuse entourait la porte ; ils étaient là comme des loups
affamés, se disputant à qui outragerait le premier la brebis de Dieu,
comme des vautours qui vont se jeter sur une colombe timide.
Mais notre Seigneur Jésus Christ ne l'abandonna pas ; il pourvut à lui envoyer sans retard un libérateur.
Un
des frères craignant Dieu, instruit de la voie qui conduit au ciel, se
revêtit d'un habit de soldat et se disposa ainsi à mériter une double
palme.
Il
entra le premier, feignant d'être le plus empressé aux yeux de ces vils
scélérats qui se proposaient d'insulter la vierge du Christ.
Celle-ci,
le voyant entrer avec cet habit étranger, se mit à courir avec effroi,
et se réfugia toute tremblante dans un recoin de la prison.
Mais le prétendu soldat étant parvenu à la joindre et à se faire
entendre dÕelle, lui dit tout aussitôt : «Je ne suis pas ce que cet
habit semble indiquer : extérieurement je parais un loup, mais en
réalité je suis un agneau. Ne prends pas garde à ce vêtement qui
t'effraie : je suis ton frère dans la foi et dans la volonté de servir
Dieu. Si je suis entré ici sous le costume des serviteurs du démon,
c'est afin de pouvoir te délivrer. Je suis venu pour chercher et sauver
le trésor de mon Dieu ; car tu es la servante fidèle et la colombe
chérie de mon Seigneur. Ton sexe t'expose au danger; mais je n'ai pu
voir sans indignation le sort qu'on te réservait : Viens: échangeons nos
habits, et sors d'ici sous la garde de Dieu, couverte de ce même
vêtement qui t'a d'abord effrayée ; je n'ai point oublié la parole de
l'Apôtre : «Soyez comme moi.»
Théodora,
avant entendu ces paroles, consentit à ce qu'il lui proposait ; elle
reconnut que Celui qui envoya son ange pour fermer la gueule des lions
de Daniel venait d'envoyer pareillement, sous cet habit de soldat, un
libérateur à sa brebis fidèle.
S'étant
donc revêtue de ce costume militaire, elle enfonça sur sa tête un large
chapeau que ce généreux chrétien avait apporté, comme pour cacher sa
honte en sortant du lieu infâme où il n'avait pas craint d'entrer le
premier.
Il conseilla à la vierge de baisser les yeux quand elle sortirait et de
ne parler à personne, mais de marcher en silence vers Celui qui est la
véritable porte par laquelle ceux qui entrent sont sauvés.
Étant
donc sortie, elle éleva vers le ciel les ailes de sa prière, se voyant
délivrée des serres du vautour et de la gueule du lion.
Celui qui l'avait délivrée demeurait assis dans la prison, la tête
couverte du voile de la vierge, ceint de sa ceinture, ayant déjà sa
couronne assurée par la charité qu'il avait montrée envers une sÏur.
Au
bout d'un certain temps, un de ces débauchés pénétra à son tour dans ce
réduit, et y trouvant un homme au lieu d'une jeune fille, il fut saisi
d'étonnement et dit en lui-même : «Est-ce que Jésus change aussi les
femmes en hommes ? Celui qui était entré est bien sorti.»
Puis
élevant la voix, il dit : «Qui est assis là ? Où est la vierge que l'on
avait enfermée ici ? J'avais bien entendu dire que Jésus avait changé
l'eau en vin, et je croyais que c'était une fable ; maintenant je vois
quelque chose de bien plus surprenant; et puisqu'il a changé cette femme
en homme, j'ai peur qu'à mon tour il ne me change en femme»
Le
libérateur de la vierge prit alors la parole et dit : «Non, le
changement que tu supposes n'a pas eu lieu, mais Dieu a voulu favoriser à
la fois et la vierge et le soldat. Celle que vous teniez vous a échappé
: prenez à sa place celui qui demeure entre vos mains. Vous me ferez
mériter ainsi une double palme : lÕune, pour avoir sauvé une vierge
innocente ; l'autre, pour être devenu moi-même l'athlète du Christ.»
Cet
homme qui était entré et avait découvert l'évasion de Théodora, alla
faire son rapport au juge, qui, connaissant ainsi ce qui s'était passé,
se fit amener aussitôt le courageux chrétien, et commençant sans délai
l'interrogatoire, lui dit : «Quel est ton nom ?»
Le chrétien répondit : «Je m'appelle Didyme.»
Le proconsul dit : «Qui t'a envoyé pour faire ce que tu as fait ?»
«C'est Dieu, répondit Didyme, qui m'a inspiré ce dessein.»
Le juge dit : «Confesse tout, avant que jÕaie recours aux tortures. Où est Théodora?»
Didyme
répondit : «Par Jésus Christ Fils de Dieu, je ne sais où elle est. Tout
ce que je sais, c'est qu'elle est fidèle à Dieu, et qu'après avoir
confessé le Christ, elle est demeurée pure ; car le Seigneur l'a
préservée de toute souillure. Ce n'est pas à moi que j'attribue ce qui
s'est fait, mais à Dieu qui a récompensé sa foi, comme tu le sais
toi-même, quoique tu ne veuilles pas l'avouer.»
Le juge dit : «Quelle est ta condition ?»
Didyme répondit «Je suis chrétien : le Christ m'a rendu libre.»
Le Juge dit : «On te fera subit, un double supplice : lÕun à cause de ta foi, l'autre à cause de ton audacieuse action.»
Didyme répondit : «Je te supplie de faire sans retard ce qui t'est commandé par les empereurs.»
Le
juge dit : «Par les dieux, sache que si tu ne sacrifies, tu vas subit, à
l'instant un double supplice, et pour ton refus d'obéissance, et pour
le coup que tu as osé faire.»
Didyme répondit : «Je veux te montrer que je suis vraiment le soldat de
Dieu, et que je suis prêt à souffrir pour la foi qu'il nous a donnée.
C'est pour cela que jÕai résolu, et de sauver l'honneur de cette vierge,
et de confesser publiquement la foi; tant que je conserverai cette foi,
les tourments ne pourront me nuire. Fais donc promptement ce qu'il te
plaira; car je ne sacrifierais pas aux démons, quand même tu me ferais
livrer aux flammes.»
Le
juge dit : «À cause de l'audace si grande que tu as fait paraître, on
te coupera la tête, et parce que, tu n'as pas obéi aux ordres de nos
maîtres les empereurs, le reste de ton corps sera brûlé.»
Didyme
répondit : «Soyez béni, ô Dieu, Père de mon Seigneur Jésus Christ, qui
avez daigné bénir et faire réussir ma résolution. Vous avez sauvé votre
servante Théodora, et par cette double sentence rendue contre moi, vous
m'avez assuré une double couronne.»
Le jugement avant donc été ainsi rendu, on l'exécuta en lui tranchant la tête et en brûlant le reste de son corps.
Et
ainsi il consomma soit martyre, par la grâce de notre Seigneur Jésus
Christ, à qui est honneur, gloire et puissance dans tous les siècles des
siècles. Amen.
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