Saint Sisoès († v. 429)
ermite en Égypte
Sisoès devant la tombe d'Alexandre, monastère de Varlaam, XVIe siècle
Sisoès le Grand, Sisoès de Scété ou Abba Sisoès, surnommé « le vase d'élection du désert », vécut en Égypte, anachorète dans le désert, et il serait mort vers 429.
L'Église orthodoxe et l'Église catholique en ont fait un saint.
Biographie
Porte nord d'une iconostase, Novgorod, détail, XVIe siècle
Il partit dans le désert de Scété peu après la mort d'Antoine le Grand et passa soixante ans sur cette montagne, le mont Qolzoum (près de Clysma).
Il tressait des paniers.
On venait le voir de loin pour recevoir ses conseils.
Il combattit les ariens.
Il se serait rendu ensuite à Clysma au bord de la mer Rouge.
Canonisé, il est fêté par les Églises orthodoxe et catholique le 6 juillet (autrefois le 4 et le 5).
Iconographie
On le représente souvent en vieillard, chauve avec une large barbe, regardant un cadavre dans un tombeau, celui d'Alexandre le Grand suppose-t-on : il est représenté ainsi dans l'église Saint Georges-des-Grecs de Venise, à la Grande Laure du mont Athos, aux Météores (monastère de Varlaam), etc.
Source :
Ayant pris sur lui la Croix de Notre Seigneur depuis sa jeunesse, notre bienheureux Père Sisoès se retira au désert de Scété.
Il progressa si rapidement dans la vertu et dans les combats
ascétiques, qu'il fut bientôt considéré par tous comme le modèle du
moine.
Peu
après la mort de Saint Antoine, alors que les déserts de Scété et de
Nitrie commençaient à être trop peuplés, il décida de se rendre dans la
montagne intérieure, où avait vécu le grand patriarche du désert, et qui
se trouvait alors abandonnée à cause des incursions des barbares (vers
357).
Il y demeura soixante-douze ans, suivant en tout les traces de Saint Antoine.
Un frère lui demanda un jour s'il était parvenu à la mesure d'abba Antoine.
Il répondit : « Si j'avais l'une des pensées d'abba Antoine, je
deviendrais tout entier comme du feu ; pourtant je connais un homme qui,
avec peine, peut porter la pensée d'abba Antoine. »
Il recevait de temps en temps des provisions d'un moine venu de Pispir ;
mais il advint que ce dernier tarda pendant près de dix mois.
Comme
il marchait dans la montagne, Sisoès rencontra un chasseur, venu de
Pharan (Sinaï), qui n'avait vu personne depuis onze mois.
Le vieillard rentra alors dans sa cellule et se frappa la poitrine en
disant : « Voilà, tu as pensé que tu avais fait quelque chose, mais tu
n'es même pas arrivé au niveau de ce séculier ! »
Parmi
les vertus qui ornaient son âme, il excellait avant tout dans
l'humilité, et il enseignait à ses visiteurs qu'elle s'acquiert
premièrement par l'abstinence, deuxièmement par la prière, et
troisièmement en s'efforçant de se considérer en toute circonstance
comme inférieur à tous les hommes.
Il
aimait tellement le jeûne, et était si absorbé par la prière, qu'il
restait des jours entiers sans aucun souci pour la nourriture, et quand
son disciple, Abraham, lui en faisait la remarque, il lui répondait avec
une grande simplicité : « N'avons-nous pas mangé, mon enfant? »
— L'autre lui ayant répondu que non, il disait : « Si nous n'avons pas mangé, apporte et mangeons. »
Le
fils d'un homme qui était venu rendre visite à l'ancien sur la
montagne, étant mort en chemin, le père, sans se troubler, l'apporta
avec confiance au vieillard, et s'inclina devant lui avec son fils.
Puis,
il sortit. Le Saint, pensant que l'enfant restait prosterné par
respect, dit : « Lève-toi, va dehors ! » Sur-le-champ le défunt se leva
et sortit.
S'arrêtant
un jour auprès du tombeau d'Alexandre le Grand, l'ancien contempla avec
stupeur la vanité de la gloire terrestre et versa des larmes sur le
sort commun de tout homme(1).
Puis
il retourna dans sa cellule, pour y persévérer dans l'attente du
Seigneur. A un frère qui était tombé à plusieurs reprises dans le péché,
il dit : « Relève-toi encore et encore. »
— « Jusques à quand ? » demanda le frère.
—
L'ancien répondit : « Jusqu'à ce que tu sois saisi soit dans le bien,
soit dans le péché. Car l'homme se présente au jugement dans l'état dans
lequel il est trouvé.»
Lorsque,
ayant accompli sa course, Saint Sisoès fut sur le point de mourir,
alors que des Pères étaient assis autour de lui, son visage brilla
soudain comme le soleil.
Et il leur dit : « Voici que vient abba Antoine. »
Peu après, il dit : « Voici le choeur des Prophètes. »
Son visage brilla avec plus d'éclat et il dit : « Voici que vient le choeur des Apôtres. »
Puis sa face s'illumina, et il semblait parler avec un personnage invisible.
Les
Pères lui ayant demandé quel était son interlocuteur, il répondît : «
Voici que les Anges viennent me prendre, et je les supplie de me laisser
faire un peu pénitence. »
Les anciens répliquèrent : « Mais tu n'as plus besoin de faire pénitence, Père. »
Il répondit alors en pleurant : « En vérité je n'ai pas même conscience d'en être au commencement. »
Les Pères s'émerveillèrent d'une telle humilité et comprirent qu'il avait atteint la perfection.
Son visage devint alors subitement plus brillant que le soleil, et tous les assistants furent remplis de crainte.
L'ancien murmura : « Regardez, le Seigneur vient et Il dit : "Apportez-moi le vase du désert". »
À ces mots, Saint Sisoès remit son âme entre les mains de Dieu.
Il y eut comme un éclair fulgurant et tout l'endroit fut rempli de bonne odeur.
1).
Cet épisode n'est pas rapporté dans les Apophtegmes, mais fait l'objet
de la représentation du Saint, qui est devenue le thème classique du
"souvenir de la mort" dans le programme iconographique des Monastères.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire