Ordre de Saint-Guillaume
Guillaume de Malavalle
L’ordre de Saint-Guillaume était un ordre religieux catholique fondé au XIIe siècle sous l’influence de saint Guillaume de Malavalle. Les moines mendiants qui le composaient étaient appelés les Ermites de saint Guillaume ou, plus communément, les Guillemites et, plus rarement, Guillemins ou Guillelmites . Ils relevèrent tour à tour de la règle de saint Benoît et de celle de saint Augustin. Après un essor rapide dans de nombreux pays d’Europe occidentale, l'ordre déclina à partir du XVIIe siècle, pour disparaître au XIXe siècle.
Histoire
Origines
L'ordre des Guillemites trouve ses origines après la mort de l'ermite et ascète
Guillaume en 1157 dans sa retraite de Malavalle, à Castiglione della
Pescaia, dans la province de Grosseto, en Toscane. Quoique Guillaume
n'en eût pas émis l'intention, l'ordre fut fondé par ses disciples,
particulièrement son biographe Alberto. Peu à peu, le petit groupe
d'ermites se transforma en une communauté cénobitique. Probablement
stimulé par l'affluence des pèlerins sur le site du tombeau du saint,
attirés par sa réputation miraculeuse, l'ordre s'étendit à la Toscane
puis aux Marches, à l'Ombrie et enfin au Latium avant de franchir les
Alpes. La règle de l'ordre fut approuvée par le pape Innocent III en
1211.
Cependant,
dès les années 1250, les monastères guillemites se départagèrent entre
l'observance simple et la stricte observance de la vie apostolique, ce
qui amena les deux courants à un conflit insoluble. En 1254 le prieur
général se démit de ses fonctions et deux congrégations se formèrent
alors : celle de Malavalle et celle de Montefavale (Pesaro).
À
ces dissensions s'ajouta bientôt la question de la réforme des ordres
de Toscane. En 1243 le pape Innocent IV avait promulgué la bulle Incumbit nobis,
dans laquelle il invitait les communautés érémitiques de Toscane à se
rassembler en un ordre unique sous la règle de saint Augustin, les Ermites de saint Augustin.
En 1256, le pape Alexandre IV procéda à cette unification. Certains
couvents guillemites acceptèrent cette modification de la règle, dont
Ardenghesca, Selvamaggio, Murceto et peut-être Castiglione della
Pescaia, tandis que d'autres, comme Torre di Palma (marche d'Ancône),
passèrent à la règle bénédictine.
Diffusion
En
Italie, l'ordre de saint Guillaume posséda plusieurs églises et
abbayes, parmi lesquelles S. Guglielmo d'Acerona près d'Acquapendente,
S. Maria dell'Assunta à Buriano, San Giovanni d'Argentella, Sant'Antonio
di Val di Carsia, San Michele à Monticchio, San Salvatore di Giugnano
(Roccastrada), Santa Croce (Monterotondo Marittimo), San Pancrazio al
Fango (Padule di Castiglione), S. Maria Maddalena (Montepescali), San
Quirico près de Populonia et Sant'Antimo à Piombino.
En Allemagne, les principaux établissements des Guillemites furent Himmelpforten, Bedernau, Schönthal, Oberried (Breisgau), Gräfinthal (Saarland), Windsbach (Bacharach), Witzenhausen (aujourd'hui partie intégrante de l'université de Kassel) et Heiligenstein à Thal (Ruhl).
Rapidement
présent en Autriche, en Hongrie, en Bohême et en Flandre, l'ordre
s'installa en France, d'abord à partir de 1249 au prieuré de Louvergny,
où il demeura jusqu'en 1643, en 1255 à Walincourt-Selvigny (Abbaye des
Guillemins), puis en 1256 à Montrouge jusqu'en 1618, date à laquelle ce
prieuré s'unit à la congrégation de Saint-Vanne et Saint-Hydulphe.
Enfin, les Guillemites s'établirent à Paris en 1274, au monastère des
Blancs-Manteaux, à la suite de la suspense de l'ordre des Servites de
Marie lors du IIe concile de Lyon. Les Servites de Marie étaient
surnommés Blancs-Manteaux en raison de la couleur de leur habit. Les
Guillemites, eux, étaient vêtus de manteaux noirs, mais malgré cela le
monastère conserva ce surnom. À proximité de l'ancien couvent, une rue
donnant sur la rue des Blancs-Manteaux, la rue des Guillemites, porte
toujours leur nom. Plus tardivement, ils fondèrent à Strasbourg un
monastère dont il demeure aujourd'hui l'église Saint-Guillaume, édifiée
entre 1298 et 1307.
En Belgique, les Guillemites s'établirent en 1269 à Nivelles, à Noordpeene en 1261, à Flobecq en 1283, à Biervliet, Alost, Beveren, Bernaphay (ou Bernardfagne), et Liège, où le quartier des Guillemins leur doit encore son nom.
Extinction
L'ordre disparut dès le XVIIe siècle
d'Italie, avant de disparaître progressivement du Saint-Empire
germanique à la suite de la Réforme. L'ordre y disparaîtra complètement
en 1785 à la suite de la réforme des ordres religieux par Joseph II en 1781.
En
France, le cardinal de Retz Henri de Gondi (1572-1622) ferma le
monastère des Blancs-Manteaux à Paris en 1618, pour cause de « grand
désordre ». Ensuite les Guillemites, qui ne comptaient plus que très peu
de membres, une vingtaine, firent partie des neuf ordres dissous par la
Commission des Réguliers tandis que Loménie de Brienne écrivait à leur
sujet que « la réputation et la conduite au moins oisives et inutiles de
l'ordre ne peuvent guère laisser de regrets ». Si la suppression ne fut
pas immédiatement suivie d'effet, la petite communauté de Guillemites
de Walincourt-Selvigny, dans le Nord, trop pauvre et trop peu nombreuse,
se dispersa dans l'indifférence des autorités ecclésiastiques vers la
fin des années 1770. Le décret de l'Assemblée constituante contre les
ordres religieux du 13 février 1790 entérina leur disparition.
Aux Pays-Bas, un monastère subsista jusqu'en 1847 à Huijbergen, qui conserve un musée dédié à l'ordre et à l'ancien monastère.
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