Ordre de Notre-Dame de Charité

Ordre de Notre-Dame de Charité


Ordre de Notre-Dame de Charité


Le couvent de la Charité ou Notre-Dame de Charité est un ancien couvent fondé à Caen par Jean Eudes dans les années 1640.
Établi dans le quartier Saint-Jean, l’établissement a été détruit en 1944 et reconstruit dans le quartier de la Guérinière. C’est depuis les années 1970 un centre pour personnes âgées.

La fondation de l’ordre de Notre-Dame de Charité 

En 1641, Jean Eudes, encore membre de la congrégation de l'Oratoire, loue une maison afin de recevoir des prostituées repenties. L’évêque de Bayeux, Mgr d’Angennes, autorise l’aménagement d’une petite chapelle décorée grâce à des dons, notamment de la part des Carmélites de Caen.
Le but de Jean Eudes n’est toutefois pas de créer un nouvel ordre religieux, mais simplement d’ouvrir une maison de refuge sur le modèle de celle qui existe, à Rouen par exemple ; l’institut prend donc le nom de Notre-Dame du Refuge.
Les femmes qui encadrent les prostituées ne sont pas des religieuses et ne vivent pas cloîtrées.
Les jeunes femmes repenties quant à elles sont amenées à travailler afin de subvenir à leur besoin et pour éviter qu’elles cèdent à l’oisiveté.
Dans une lettre adressée aux Dames de la Miséricorde de Rouen, Jean Eudes explique que dans la maison de Caen, Dieu est « grandement glorifié par le grand ordre qui y est gardé et le grand soin que l’on a de bien établir ces pauvres réfugiées dans la crainte de Dieu et dans la piété, et de leur bien faire employer le temps au travail ».
Mais une partie de la population de Caen, dont certains membres influent, se montrent hostiles à l’institution en arguant du fait qu’elle n’avait été reconnue ni par le roi, ni par le Parlement.
Afin de remédier à cet état de fait, Jean Eudes obtient du cardinal de Richelieu la reconnaissance de la communauté grâce à des lettres patentes scellées de cire verte datées de novembre 1642.
Après le départ des femmes encadrant les anciennes prostituées suite à un désaccord sur les règles de discipline à l’intérieur de l’établissement, Jean Eudes décident de les remplacer par de véritables religieuses.
Il fait alors une requête pour obtenir que quelques sœurs de l’ordre de la Visitation viennent tenir le refuge.
Le 30 juillet 1644, l’évêque de Bayeux autorise l’opération et trois sœurs de la Visitation de Caen viennent gouverner le Refuge.
Bien que réticente, la supérieure de la Visitation de Caen, Maris-Françoise Marguerite Patin, s'installe le 16 août 1644 avec deux autres nonnes pour gouverner l'établissement.
Jean Eudes dote la communauté d’un règlement conforme aux règles de saint François de Sales et décide de changer sa dénomination : le 24 août 1646, l’évêque de Bayeux autorise que la maison soit désormais baptisée Notre-Dame de Charité.
Lassées du manque de moyens et de l'opposition à laquelle elles doivent faire face, les sœurs de la Visitation quittent l'institut en 1649. L'établissement est alors tenu par Mademoiselle de Taillefer, novice qui avait pris l'habit le 12 février 1645.
Le 8 février 1651, le nouvel évêque de Bayeux, Mgr Molé, reconnait après cinq ans de tergiversations l’ordre de Notre-Dame de Charité.
Monsieur de Langlie, président du Parlement de Rouen, et son épouse offrent les fonds nécessaires et se déclarent fondateurs de l’Institut. Enfin une bulle pontificale du 2 décembre 1666 reconnait définitivement l’Institut.

Règles et habits

Les lettres patentes de 1642 comme la bulle pontificale de 1651 placent la communauté sous la règle de saint Augustin.
Comme dans toutes les autres congrégations, les sœurs devaient faire vœux de pauvreté, de chasteté et d’obéissance.
Un quatrième vœu, spécifique à cet ordre, enjoignait les sœurs de Notre-Dame de Charité à s’appliquer à la conversion des filles et femmes tombées dans l’impureté.
Jean Eudes a également réglé la question de l'habillement des sœurs. Leur habit était constitué d'une robe ceinte par une ceinture, d'un scapulaire et d'un manteau.
Le tout était taillé dans une étoffe de couleur blanche, symbole de pureté contre le vice que les sœurs doivent extirper de l'âme des pénitentes.
Leur tête était couvert d'un voile de couleur noire. À l'intérieur de la robe, on trouvait au niveau du cœur une petite croix de couleur bleue destinée à rappeler aux sœurs l'exemple d'abnégation offert par le Christ lors de la Passion.
Enfin les religieuses portaient au cou un pendentif en argent en forme de cœur sur lequel était gravé les armoiries de la congrégation.
Ces armes représentent la Vierge portant entre ses bras l'enfant Jésus encadrée par une branche de lys à gauche et par une branche de rose à droite.
Le lys symbolisait, d'une part, la chasteté que les sœurs devaient professer autour d'elles et, d'autre part, la nécessité de répandre la bonne odeur du Christ.
Les roses avec leurs piquants faisaient référence à la défense qui leur est faite de s'attacher à une personne autre que le Christ.

Le développement du couvent entre le XVIIe siècle et le XIXe siècle 

La maison louée en 1640 se trouvait dans la rue Saint-Jean, face à la chapelle de l’hôpital Saint-Gratien. En 1645, la communauté déménage dans la rue des Jacobins. De 1549 à 1657, elle emménage dans une maison de la rue neuve Saint-Jean appartenant à M. de Langrie.
La croissance de la communauté les oblige à acquérir en 1656 une nouvelle demeure située rue des Quais (actuel quai Vendeuvre) et disposant d’un terrain spacieux qui servait jusqu’alors de lieux de déchargement des marchandises du port de Caen.
Cet établissement, dans lequel les sœurs s’installent le 25 mars 1657, se développe entre le XVIIe siècle et le XIXe siècle.
Les sœurs se font construire une église dédiée au sacrés cœurs de Jésus et Marie.
Elle fut bénite par Mgr de Nesmond, évêque de Bayeux, le 2 février 1685 et consacrée par Mgr Blouet de Camilly, évêque de Toul, le 1er janvier 1709.
Le plan de l’église des Sacrés-Cœurs-de-Jésus-et-Marie formait une croix latine de 26m50 de long pour 15,5 m de largeur au niveau du transept.
Le chœur des religieuses faisait 5m sur 7.
Les cœurs des fondateurs du couvent, Monsieur de Langrie et Madame de Camilly, ont été inhumés dans une chapelle de l'église.
Lors de la translation du corps de Jean Eudes à Notre-Dame-de-la-Gloriette en 1810, son crâne et un reliquaire trouvé dans le tombeau ont été mis en terre dans la même chapelle.
En 1792, la communauté est dispersée et le couvent transformé en caserne. En 1801, les religieuses reprennent possession des bâtiments et l’agrandissent peu à peu. En 1858, elle rachète à la municipalité l’ancien palais des évêques de Bayeux, contigu à leur établissement, pour le transformer en pensionnat.
Cette résidence épiscopale est mentionnée dès le XIe  siècle dans le cartulaire de l’abbaye Saint-Martin de Troarn.
Elle fut agrandie en 1304 par la construction par Philippe le Bel d’une chapelle dédiée à saint Louis à l’emplacement de l’ancien couvent des Frères du sac, supprimé en 1275.
Le palais fut reconstruit à la fin du XVIIIe  siècle, mais il restait quelques vestiges des bâtiments du XIVe  siècle.
Il était composé d’une cour encadrée par quelques bâtiments aboutissant à un bâtiment central et de jardins.

Le couvent au XXe siècle 

En 1909, le couvent reçoit l'autorisation d'accueillir des pupilles de l'État qui ne peuvent être placées en famille du fait de leur indiscipline.
Le couvent et ses extensions sont détruits pendant les bombardements lors de la bataille de Caen.
Comme les Bénédictines qui se font construire un nouveau couvent à la Folie Couvrechef, la communauté des sœurs de Notre-Dame de Charité décide de faire reconstruire un nouvel établissement en dehors de la ville.
Elles choisissent le lieu-dit de la Guérinière à la limite entre Caen et Cormelles-le-Royal.
La première pierre est posée en 1951 et l'ensemble de bâtiments est érigé par l'architecte Beaufils.
Entre 1955 et 1961, un grand ensemble est construit à côté du couvent qui se trouve donc rapidement rattrapé par la ville.
Entre 1972 à 1984, l'hospice Saint-Louis, qui occupait depuis le début du XXe siècle les locaux de l'abbaye aux Dames, est transféré dans le couvent.
Il prend alors officiellement le nom de Centre pour Personnes Âgées, dépendant du centre hospitalier régional universitaire de Caen.
Entre 1984 et 2005, le CPA a fait l'objet d'une restructuration incluant la rénovation des anciens locaux et la construction de nouveaux bâtiments.
Le site aujourd'hui est composé d'un ensemble de quatre pavillons répartis sur 30 000 m² de terrain.
Lorsque la congrégation Notre-Dame de charité a fermé sa maison de La Rochelle en 1988, elle a dispersé ses objets classés dans différents établissements.
Le couvent de Caen a reçu une peinture à l'huile sur toile exécutée en 1715 et intitulée « Dieu le Père apparaissant aux fondatrices ».
Cette toile est classée au titre d'objet depuis le 23 avril 1981.








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