Bienheureux Sanctès d’Urbino († 1390)
frère franciscain italien
Né en 1343, Giansante Brancorsini d'Urbino, (Montefabbri -Urbino, 1343 - 1394) dit Beato Sante âgé de 20 ans, tua un de ses parents en état de légitime défense et dut renoncer à une brillante carrière militaire pour devenir simple frère convers franciscain.
Biographie
Bienheureux Sanctès d ' Urbino
Ce bienheureux frère, vraiment saint de nom et de fait (le nom de Sanctès est
tout à la fois un dérivé et un synonyme du mot sanctus, saint),
appartenait à la famille Brancacini qui, depuis, a pris le nom de
Giuliani.
Il naquit au bourg de Monte-Fabri, dans le territoire d'Urbino.
Ses
premières années s'écoulèrent dans l'innocence, et, soit à la maison
paternelle, soit au collége d'Urbino, où il termina ses études, il parut
toujours un modèle de vertu.
L'accident
Il
était déjà parvenu aux années florissantes de la jeunesse, et rien
encore ne faisait présager qu'il embrasserait la vie religieuse ; Dieu
se servit d'un accident pour l'y appeller.
Un
jour, comme Sanctès rentrait chez lui, il fut attaqué à l'improviste
par un parent, d'autres disent par son parrain, lequel, muni d'une arme
tranchante, menaça de le tuer.
Ne
pouvant fuir, Sanctès essaye d'abord, par quelques observations pleines
de douceur et d'énergie, d'apaiser son agresseur ; mais voyant ce
dernier persévérer dans son coupable projet, il met l'épée à la main, et
lui porte à la cuisse un coup si violent, que ce malheureux en mourut
quelques jours après.
Inconsolable
d'avoir occasionné, bien qu'innocemment, la mort de son semblable, le
saint jeune homme renonça à la carrière militaire, à laquelle ses
parents le destinaient, et il entra dans l'Ordre de Saint-François.
Pénitence
Par humilité et en esprit de pénitence, il obtint d'être reçu comme frère lai.
Dans cette humble condition, il s'adonna avec ferveur à toutes les
pratiques de la vie religieuse, choisissant toujours les occupations les
plus basses et les plus latigantes.
Les
supérieurs lui confièrent la direction des novices laïques ; mais il
n'eut point de repos qu'on ne lui eût ôté cet emploi de confiance.
Son unique ambition était de se faire le serviteur de tous et de vivre dans l'abjection.
Ayant
sans cesse devant les yeux l'accident qui lui était arrivé, il en
versait des larmes jour et nuit, et se livrait à d'effrayantes
austérités ; ainsi, sa nourriture se composait de quelques herbes mal
apprêtées, ou de fruits qu'il mangeait sans pain.
Non
content de cette pénitence, il demanda à Dieu de lui envoyer, au même
endroit du corps où il avait frappé son agresseur, une douleur semblable
à celle qu'il lui avait fait éprouver.
Sa
prière fut exaucée : il lui survint à la cuisse un ulcère excessivement
douloureux, qu'aucun remède ne put soulager, ni guérir.
Il le garda jusqu'à sa mort, c'est-à-dire au moins vingt ans.
Ses miracles
Ce Bienheureux avait pour le Saint Sacrifice de la messe une dévotion particulière; une faveur qu'il reçut à ce sujet ne put que l'augmenter.
Etant
un jour, par ses occupations, empêché d'assister à la messe, malgré son
désir, lorsqu'il entendit le son de la cloche qui annonçait l'élévation
de l'hostie, il se mit à genoux pour adorer de loin Notre-Seigneur.
Au
même instant, quatre murailles qui le séparaient du sanctuaire
s'entr'ouvrirent, et il put voir le prêtre à l'autel et l'hostie toute
rayonnante de lumière.
L'auguste cérémonie achevée, les murs se rejoignirent sans laisser de traces de leur miraculeuse disjonction.
Ce miracle ne fut pas le seul qui embellit la vie de notre saint.
Il se servait ordinairement d'un âne pour aller chercher du bois dans la forêt.
Un jour qu'il avait mis cet animal au pacage, il oublia de le faire rentrer le soir.
Comme il allait dès le matin le chercher, il trouva la pauvre bête morte, et un loup, son meurtrier, en train de la dévorer.
Le
saint adressa de sanglants reproches à l'animal carnassier, puis il lui
commanda de réparer par son travail le dommage qu'il avait causé au
couvent et aux bienfaiteurs.
Le
loup obéit, et pendant plusieurs années ce serviteur d'un nouveau
genre, soumis aux ordres de Sanctès, transporta au couvent le bois dont
on avait besoin.
Le serviteur de Dieu, étant tombé gravement malade, fut pris d'un insurmontable dégoût pour toute espèce de nourriture.
Il eut pourtant le désir de manger des cerises, et il fit part de ce désir à l'infirmier.
On
était alors au mois de janvier, et l'infirmier ne manqua pas de
répondre au malade que son désir était par trop extravagant, et qu'on
trouverait plutôt de la glace que des fruits sur les arbres.
Frère
Sanctès ne se rebuta point de cette raison ; il pria doucement
l'infirmier d'aller au jardin, l'assurant qu'il y trouverait ce qu'il
demandait.
Le
bon infirmier ne put s'empêcher de sourire ; il alla néanmoins, par
complaisance pour le malade, et trouva un cerisier chargé de cerises de
belle couleur et d'un goût exquis, tandis que tous les autres arbres
étaient couverts de neige et de glace.
Pour
perpétuer le souvenir de cette merveille, on garde encore aujourd'hui
dans une fiole de verre quelques-uns de ces fruits miraculeux.
Le Bienheureux avait un jour semé des raves dans le jardin du couvent.
Le
lendemain, comme il voulut préparer le dîner de la communauté, il ne
trouva aucune espèce de provision ; il dit alors à son compagnon d'aller
voir si les raves qu'ils avaient semées la veille étaient poussées.
Celui-ci
obéit, tout en se moquant de ce qu'il appelait la simplicité du frère
Sanctès ; mais il fut bien détrompé quand il vit que non seulement la
graine avait germé, mais que les raves étaient assez grosses pour être
mangées, il en cueillit une pleine corbeille, dont les religieux
mangèrent en admirant la sainteté du frère Sanctès.
Une
autre fois, il tenait en réserve un pot de bouillon pour le servir à la
communauté ; ce pot fut renversé par mégarde et brisé et il ne resta de
son contenu que la valeur d'une demi-écuelle.
Dieu
multiplia tellement ce reste entre les mains de son serviteur, qu'il y
en eut assez pour en servir abondamment à dix-huit religieux et à
quelques étrangers.
La
cloche du couvent s'étant cassée, frère Sanctès en souda les morceaux
avec un métal différent, et cela sans qu'elle perdît rien de son premier
son.
« Ce
prodige, » dit le chroniqueur, « ne donna pas un petit étonnement aux
fondeurs, qui » savaient bien que ce métal, une fois rompu, ne se peut
réunir naturellement que par la fonle. ».
Ce prodige subsiste encore dans le couvent qui porte le nom du Bienheureux, au territoire de Pistoie.
Sa mort
L'ulcère
dont nous avons parlé conduisit enfin notre bienheureux Sanctès à la
mort. Il s'endormit paisiblement dans le Seigneur, au Couvent de Scotoneto, près de Monte-Baraccio, au diocèse de Pesaro, la veille de l'Assomption de la glorieuse Vierge Marie, l'an 1390 ; il était âgé d'environ quarante ans, et en avait passé vingt en religion.
Il
fut d'abord enterré dans le cimetière commun des religieux; mais les
miracles opérés par son intercession, et surtout la vue d'un beau lys
qui sortit miraculeusement de son tombeau, obligèrent les Frères de le
transporter en un lieu plus honorable.
Son
corps est maintenant exposé à la vénération des fidèles, sous un beau
mausolée, au côté gauche de l'autel de la Nativité de la très sainte
Vierge.
On conserve encore une partie de son cilice, une natte sur laquelle il dormait, et une croix de bois travaillée de ses mains et garnie de reliques.
Plusieurs lampes qui brûlent sans cesse devant ses reliques, et de
nombreux ex-voto suspendus tout autour attestent la foi des peuples et
l'efficacité des prières du saint.
Dans son portrait conservé au même couvent, il est représenté portant une croix à la main gauche et un soleil sur la poitrine.
Aucun auteur ne donne la cause de cette particularité. Il faut penser,
dit Wadding, qu'elle a rapport à quelque extase du serviteur de Dieu,
pendant laquelle il aura apparu ainsi aux religieux qui vivaient avec
lui.
Fête
Clément X inscrivit le nom de Sanctès au catalogue des Bienheureux; sa fête se célèbre avec une grande solennité à Monte-Baraccio, le second dimanche d'août.
Le nom du Bienheureux Sanctès est inscrit au calendrier de l'Observance au 14 août du même mois, sous le rite double.
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