Saints Aquila et Priscille
Judéo-chrétiens convertis par Saint Paul à Corinthe (1er s.)
Aquila
forme avec Priscille (ou Prisca), un couple de riches romains Juifs
adeptes de « la Voie » prônée par Jésus et ses apôtres dans le judaïsme
des années 40-60, moment où le judaïsme et le christianisme ne sont pas
encore séparés.
Les
Actes des Apôtres donnent quelques éléments à leur sujet. Ils sont
aussi mentionnés dans certaines lettres de Paul de Tarse.
La
jeunesse et l'ascendance d'Aquila semble aussi être mentionnée dans
l'Itinéraire de Pierre un des textes qui a servi de source à « l'Écrit
de base » du cycle pseudo-clémentin.
Les
Constitutions apostoliques indiquent qu'il était évêque « des districts
d’Asie », désigné directement par les apôtres conjointement avec son
frère Nicétas.
Pour
ces deux sources, Aquila était un frère — ou un demi-frère — de
l'évêque Clément de Rome, toutefois, cette identification avec celui du
Nouveau Testament est vivement contestée par certains critiques.
Aquila
et Priscille figurent dans le martyrologe romain et sont fêtés
conjointement par l'Église catholique romaine le 8 juillet.
L'Église orthodoxe les fêtent le 13 février.
Dans le Nouveau Testament
Les Actes des Apôtres et certaines lettres de Paul de Tarse (saint Paul) nous donnent quelques renseignements au sujet d'Aquila.
C'est
un citoyen romain de religion juive qui parmi les multiples « sectes »
existant dans le judaïsme de l'époque a choisi « la Voie du Seigneur »,
c'est-à-dire la Voie de Jésus et de ses apôtres.
Il possède plusieurs maisons situées dans différentes villes de l'empire romain.
C'est
ainsi le cas à Rome, à Éphèse et à Corinthe où ses demeures sont
suffisamment vastes pour accueillir les réunions d'une église locale
(assemblée des croyants), qu'il semble avoir fondé avec sa femme
Priscilla qui, elle aussi, est juive, ralliée à « la Voie du Seigneur ».
Comme Aquila est originaire du Pont, il est fort probable que sa famille y possédait aussi une maison.
À
Corinthe, il possédait aussi une fabrique de tentes suffisamment
importante pour qu'il puisse y employer saint-Paul pour lui rendre
service et disposant d'un encadrement qui lui permet de quitter
régulièrement la ville pendant de longs mois sans mettre en péril
l'activité de son entreprise.
C'est
un personnage influent qui selon saint Paul est intervenu à plusieurs
reprises en faveur de chrétiens probablement accusés devant les
autorités romaines.
Aquila et Priscilla ont même « sauvé sa tête » en risquant la leur.
Selon une tradition occidentale, Aquila était lié à la Tribu de Benjamin, tout comme l'apôtre Paul.
Expulsion de Rome
Lorsque
Aquila apparaît pour la première fois dans le récit des Actes des
Apôtres, il se trouve à Corinthe où il vient d'arriver.
Il
a quitté Rome peu de temps auparavant en compagnie de sa femme
Priscilla « à la suite d'un édit de Claude qui ordonnait à tous les
Juifs de s'éloigner de Rome. »
Il y a un quasi consensus chez les historiens pour estimer que cet édit
de Claude est celui mentionné par Suétone qui intervient dit-il car les
juifs fomentaient des troubles sous l'impulsion de Chrestus (49-503,4).
« Pour
la plupart des critiques ce Chrestus est Jésus de Nazareth : Suetone
ferait référence à un personnage connu à l'époque où il écrit », sinon
il aurait écrit « sous l'impulsion d'un certain Chrestus. »
« Suétone
parle de Chrestus comme d'un agitateur présent à Rome au moment des
événements, mais [les critiques] considèrent cependant que l'historien
romain a commis une erreur chronologique, compréhensible par le fait
qu'il écrit vers 120 sur des faits remontant aux années 49-50 :
autrement dit, il connaît le motif de l'agitation, mais n'évite pas les
approximations. »
À Corinthe
Nous
apprenons ici qu'Aquila est « originaire du Pont » et donc de la
province romaine de Bithynie et Pont. Comme Aquila et Priscille sont
déjà ralliés à « la Voie du seigneur » et qu'ils arrivent de Rome, cela
signifie probablement qu'une prédication des apôtres a déjà eu lieu dans
la capitale impériale.
Les
indices d'une telle prédication dans les années 40 sont rares et en
particulier les Actes des Apôtres n'en disent pas un mot, ce qui a été
relevé comme une curiosité pour un texte censé faire état de la
prédication de Pierre, qui selon la tradition a fondé l'église de Rome.
Arrivant
d'Athènes, Paul réside dans la demeure que le couple possède à Corinthe
et comme il a quelque expérience dans la fabrication de tentes il
travaille avec eux tout en se rendant à la synagogue chaque shabbat pour
tenter de persuader aussi bien les Juifs que les polythéistes parlant
grec.
Toutefois,
lorsque « Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine », Paul
abandonne ce travail de fabrication de tentes, pour se consacrer « tout
entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus est le Christ ».
Après
un léger conflit, il se retire de là pour se rendre « chez un certain
Justus, homme adorant Dieu, dont la maison était contiguë à la
synagogue. »
Après
un an et demi de prédication et après avoir été conduit devant le
tribunal de Gallion, alors proconsul d'Achaïe (printemps 51 - printemps
525), Paul s'embarque pour la province romaine de Syrie.
Priscilla et Aquila s'embarquent avec lui pour se rendre à Éphèse, tandis que Paul continue son voyage vers Césarée maritime.
À Éphèse
Avant
qu'Aquilla et Priscilla ne viennent à Éphèse, un certain Apolos (ou
Appolonios), juif d'Alexandrie était arrivé dans la ville.
Il
est fait mention de ce même Apollos dans la Première lettre aux
Corinthiens de Paul de Tarse et il est probablement aussi mentionné dans
l'Épître à Tite (Tt 3, 13).
« Ce
sont les seules attestations d'Apollos dans la littérature chrétienne,
personnage au sujet duquel aucune tradition ne semble s'être
développée. »
Ce sont aussi les tout premiers témoignages de l'existence du mouvement à Alexandrie, même s'ils sont difficiles à interpréter.
Ces
attestations fournissent peu d'informations sur ce juif d'Alexandrie
venu à Éphèse qui « enseignait avec exactitude ce qui concerne Jésus,
bien qu'il connût seulement le baptême de Jean (le Baptiste) ».
Le
fait que cet Apollos, Juif alexandrin, apparaisse comme un disciple de
Jésus vers 50 est considéré par les critiques comme un indice de
l'existence à l'époque d'une communauté de juifs ayant reconnu Jésus
comme Messie dans la capitale égyptienne.
Appollos
est un juif pieux, en constante recherche spirituelle, ayant peut-être
fréquenté les Thérapeutes, « mais ayant aussi été en contact avec des
disciples de Jean le Baptiste et des disciples de Jésus. »
Priscilla
et Aquila l'entendent « parler avec assurance dans la synagogue »
d'Éphèse et constatent que c'est « un homme éloquent, versé dans les
Écritures », qui avait été instruit de « la Voie du Seigneur ».
Ils le prennent alors « avec eux et lui exposent plus exactement « la Voie ». »
Au
terme de cet enseignement, Apollos « voulait partir pour la province
romaine d'Achaïe », dont la capitale est justement Corinthe, où une
église se réunit dans la maison d'Aquila et Priscilla.
Les
frères l'encouragent donc à faire ce voyage et lui facilite la tâche en
écrivant « aux disciples de lui faire bon accueil ».
Une
fois arrivé, Apollos « fut, par l'effet de la grâce, d'un grand secours
aux croyants : car il réfutait vigoureusement les Juifs en public,
démontrant par les Écritures que Jésus est le Christ. »
De nouveau à Rome
On
ne reparle plus ensuite de Prisca et Aquila dans les Actes des Apôtres.
Une mention dans la lettre que Paul de Tarse adresse à quelques églises
(assemblées) et à plusieurs croyants de la ville de Rome laisse penser
qu'ils sont dans la capitale de l'empire romain au moment où est écrite
l'Épître aux Romains.
Dans
ses salutations, Paul écrit : « Saluez Prisca et Aquila, mes
coopérateurs dans le Christ Jésus ; pour me sauver la vie ils ont risqué
leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude : c'est
le cas de toutes les Églises de la gentilité; saluez aussi l'Église qui
se réunit chez eux. »
La
lettre a probablement été écrite alors que Paul était à Corinthe. La
plupart des critiques proposent de la dater de l'hiver 55-56 ou 56-57.
Environ
cinq ans après avoir été soit expulsé, soit contraint à l'éloignement
en raison d'un décret d'expulsion qui ne visait probablement que les
juifs pérégrins, Aquila et Priscilla ont donc pu revenir dans leur
résidence de Rome.
Toutefois
entre-temps, l'empereur n'est plus Claude, mais Néron. Comme à Éphèse,
Priscilla et Aquila accueillent dans leur maison les réunions
hebdomadaires d'une église.
Dans
cette lettre adressées aux Romains, Saint Paul semble s'adresser à des
judéo-chrétiens fort attachés au respect de la Torah et à des chrétiens
d'origine grecque qui veulent s'en détacher totalement.
Éventuel frère de Clément de Rome
Dans les Constitutions Apostoliques
Dans le livre VII
des Constitutions apostoliques sont cités en 46.1-15, les évêques que
les apôtres ont institué pour différentes villes et régions (Ier siècle).
Au
verset 14 de cette liste, il est indiqué que les apôtres ont nommé
comme évêques : « Dans les districts d’Asie, Aquila et Nicétas, et dans
l'église d’Égine, Crispus. »
L'association
des noms Aquila et Nicétas fait penser aux noms des deux frères de
l'évêque Clément de Rome, qui sont appelés ainsi dans l'Itinéraire de
Pierre, un des textes qui a servi de source à « l'Écrit de base » du
cycle pseudo-clémentin.
De
plus, « les districts d’Asie » font probablement références à la
province romaine d'Asie, or dans les Actes des Apôtres, Aquila est
décrit comme ayant une importante activité à Éphèse qui est la capitale
de la province d'Asie.
Il y a constitué plusieurs églises dont l'une se réunit dans la demeure qu'il possède dans cette ville.
Il
serait donc tout à fait logique qu'Aquila soit l'évêque « des districts
d'Asie », alors que selon l'Apocalypse il y avait des églises dans sept
villes d'Asie au moment de sa composition (vers 95).
Les sept Églises d'Asie sont alors situées « à Éphèse, Smyrne, Pergame, Thyatire, Sardes, Philadelphie et Laodicée. »
Compte
tenu du profil de son frère jumeau Nicétas, il n'est pas impossible que
cette tâche qui concerne toute une région ait été confiée conjointement
aux frères jumeaux, alors que tous les autres évêques de la liste ne
sont responsables que d'une ville.
Le livre VI des mêmes Constitutions apostoliques lèvent toute ambiguïté au sujet de la parenté d'Aquila et Nicétas avec Clément de Rome.
L'apôtre
Pierre y déclare en effet qu'à « Césarée de Stratôn » (Césarée
maritime), lorsque Simon le Magicien « tenta de perturber l'annonce de
la Parole de Dieu », l'apôtre était « accompagné des saints fils Zachée,
jadis publicain, et Barnabé, Nicétas et Aquila, les frères de Clément,
l'évêque et le compatriote des Romains, qui fut lui-même disciple de
Paul, notre collègue apôtre et autre collaborateur dans
l'évangélisation. »
Dans l'itinéraire de Pierre
Les écrits pseudo-clémentin
Selon
Frédéric Manns, l'Itinéraire de Pierre a probablement été une des
sources de « l'écrit de base » du Roman pseudo-clémentin.
Bien
que rejetés pour « ébionisme » par la « Grande Église » en raison de
leur caractère Judéo-chrétien, ce sont ces textes qui fournissent le
plus d'informations sur Clément de Rome, qui semble avoir été un
judéo-chrétien tout comme les apôtres, les soixante-dix disciples de
Jésus, constituant l'essentiel de l'Église jusqu'à environ 140.
Selon
Simon Claude Mimouni, Clément est un judéo-chrétien, probablement de
stricte observance juive « tout autant fortement messianiste que
stoïcien ».
Les parties les plus anciennes du cycle pseudo-clémentin datent de la seconde moitié du IIe siècle et sont localisées en Syrie-Palestine.
Aquila et Clément
Dans
ces écrits, le futur évêque Clément de Rome a deux frères jumeaux, plus
âgés que lui : Aquila et Nicétas. Toutefois, à la suite de péripéties,
qui ont peut-être été romancées, leur mère Mattidia part de Rome en les
emmenant avec elle alors qu'ils sont en bas âge, puis perd le contact
avec eux.
Ils sont donc élevés dans la province romaine de Syrie par une princesse syro-phénicienne, prosélyte juive appelée Justa.
Celle-ci
leur donne une éducation juive dans le milieu culturel de la Syrie où
« la langue ne constituait pas une barrière culturelle » parce que les
deux langues, syriaque (dialecte local de l'araméen) et grec,
« constituaient l'expression et le véhicule d'une même et unique
civilisation hellénistique, une tradition remontant aux origines de
l'empire séleucide. »
Aquila
et Nicètas sont dans un premier temps séduits par la forme de judaïsme
proposée par Simon le Magicien, avec lequel la princesse qui les élève
semble avoir des contacts fréquents.
Toutefois,
la fille de la princesse syrienne, appelée Bérénice qui est une adepte
de la « Voie de Jésus », les met en contact avec Zachée, qui par son
enseignement, les conduit à reconnaître Jésus comme Messie.
Resté
à Rome, Clément qui s'est d'abord converti au monothéisme juif est
ensuite « éveillé à la doctrine de vérité » par Barnabé qui mène alors
une brève prédication dans la capitale impériale. Sur ses conseils, il
décide peu après de se rendre en Judée pour parfaire son enseignement
auprès de Pierre.
Clément parvient à se joindre à Pierre à Césarée, capitale romaine de la Judée et fief de Simon le Magicien.
Il
accompagne alors l'apôtre dans un périple évangélisateur qui va les
conduire à Antioche, après s'être arrêtés dans neuf autres villes de
Syrie.
Vingt
ans après le départ de sa mère et de ses frères, grâce à Pierre,
Clément retrouve sa mère Matthidia dans l'île d'Aros et ses frères lors
de la septième étape à Antarados.
Ils constatent qu'ils ont tous adopté « la doctrine de vérité » et qu'ils reconnaissent tous Jésus comme Messie.
À Antarados, Pierre baptise tout de suite les jumeaux Aquila et Nicétas car ils ont longuement reçu l'enseignement de Zachée.
Chacune
des étapes de la mission évangélisatrice de Pierre sont l'occasion d'un
grand exposé de sa part aux adeptes du lieu, ce qui complète la
formation de Clément ainsi que celles d'Aquila et de Nicétas.
Dans
ces écrits, Clément est le fils d'un personnage de rang sénatorial dont
nous ne connaissons qu'un des trois noms du tria nomina : Faustinianus.
Un
nom abrégé en Faustus dans les Homélies. Ce dernier était parti sur les
traces de sa femme. Il finit par la retrouver et par se convertir lui
aussi.
Possible identification
Les traits communs aux Aquila des trois sources
Les
deux Aquila partagent donc d'importants traits en commun. Tous deux ont
adopté « la doctrine de vérité » ou la « Voie du Seigneur » alors
qu'auparavant, ils étaient juifs.
Aquila
dont il est question dans le Nouveau Testament dispose d'un patrimoine
tout à fait compatible à celui que l'on peut attendre du fils d'un
important sénateur, tel que le père de Clément et d'Aquila est décrit
dans l'Itinéraire de Pierre, puisqu'il possède plusieurs résidences
situées dans différentes villes de l'empire romain.
Il en est de même de l'influence dont semble disposer Aquila qui a sauvé la tête de Paul de Tarse grâce à son intervention.
L'éventuel
frère d'Aquila, l'évêque Clément de Rome, est d'ailleurs lié par
mariage à la famille flavienne, selon plusieurs sources chrétiennes.
Des
indications qui figurent dans les Actes des martyres de la vierge
sainte Flavia Domitilla et des saints Nérée et Achillée, on peut déduire
que le père de Clément — et donc éventuellement le père d'Aquila —
était un demi-frère du consul Titus Flavius Clemens, ce qui correpond là
aussi à une famille influente de la société romaine.
De plus, tous deux ont fondé et dirigé dans la même période des églises à Éphèse et dans la province romaine d'Asie.
Pour
cet ensemble de raisons, il a été émis l'hypothèse qu'Aquila mentionné
dans les Actes des Apôtres et dans certaines lettres de Paul était le
frère de Clément qui est désigné par le même nom dans les Constitutions
apostoliques et l'Itinéraire de Pierre.
Plusieurs Aquila et Clémens
De
plus, outre les deux frères (ou demi-frères) mentionnés dans les
Constitutions apostoliques et dans les écrits pseudo-clémentins,
d'autres Clément et Aquila mentionnés dans diverses sources, présentent
des traits comparables, qui pourraient laisser penser qu'ils
appartiennent tous à la même branche familiale.
Ainsi
selon Philostrate d'Athènes et le Talmud de Babylone, un consul Clément
(Kelomenos dans le Talmud) qui avait été marié avec une sœur de Titus
et de Domitien est exécuté en 96 par ordre de Domitien, pendant ce qui
est convenu d'appeler la Persécution de Domitien, même si le nom n'est
pas approprié car pour les historiens il ne s'agit pas d'une persécution
religieuse.
Le
Talmud nous apprend que ce Clémens — dont le nom est déformé en
Kelonimus — a eu avec cette sœur (ou demi-sœur) de Titus, un fils appelé
Aquila, nom déformé en Onqelos dans plusieurs passage du Talmud, alors
qu'on trouve la forme Aquila dans d'autres passages parallèles.
Cet
Onkelos/Aquila, connu comme prosélyte, fils d'un Clément avec une sœur
de Titus est l'auteur du Targoum Onkelos, une traduction de la Torah en
Araméen à partir du texte hébreu.
Ce Targoum, conservé dans des centaines de manuscrits médiévaux, fait
encore autorité dans le judaïsme d'aujourd'hui, au point qu'il est le
seul à être désigné par l'expression « Notre Targoum ».
Le
fait qu'un romain fils d'une sœur de deux futurs empereurs ait pu avoir
une grande maîtrise des langues araméenne et hébreu, mais aussi des
arcanes du judaïsme, au point de produire une telle traduction qui fasse
autorité est a priori surprenant.
En
revanche si ce Onqelos/Aquila est un descendant des Aquila, Nicétas et
Clément dont il est question dans l'Itinéraire de Pierre, cela peut
beaucoup plus facilement s'expliquer.
Aquila
et Nicétas ont en effet reçu une éducation juive dans le contexte de la
Syrie où l'on parlait aussi bien le grec que l'araméen, dès leur
enfance.
L'intérêt
évident des trois frères pour le judaïsme rendant tout à fait possible
qu'ils aient fourni le même type d'éducation à leurs enfants.
Or tous ces Aquila et Clémens appartiennent à une branche familiale liée aux flaviens par mariage. Pour les partisans de l'identification, ces éléments renforcent leur position.
Toutefois,
cette identification qui ne correspond pas à la tradition chrétienne
telle qu'elle est parvenue jusqu'à nous est rejetée par de nombreux
exégètes.
La
critique se concentre sur les écrits pseudo-clémentins, dont certains
estiment qu'il n'y a rien d'historique à tirer et qui pour d'autres de
ces critiques serait un texte tardif.
Toutefois,
Frédéric Manns et d'autres critiques estiment que l'Itinéraire de
Pierre a probablement été une des sources de son Écrit de base et il y a
désormais un quasi consensus pour dire que les parties les plus
anciennes du cycle pseudo-clémentin datent de la seconde moitié du IIe siècle et sont localisées en Syrie-Palestine.
Néanmoins,
une bonne partie de la critique estime que les personnages de ces
écrits ne sont pas des personnages réels et pensent par exemple que le
Clément de ces écrits est un personnage fictif composé à partir du
personnage de Titus Flavius Clemens, voir un personnage composé de plusieurs personnages.
D'autres
estiment que des personnages ont pu être ajoutés pour enrichir
l'intrigue et que malgré tous les travaux entrepris, il n'est pas
possible de savoir si tel ou tel personnage existait dans l'Écrit de
base.
Citations dans les sources antiques
Aquila est cité conjointement avec Priscilla dans les Actes des Apôtres ainsi que dans les épîtres de Paul de Tarse.
Il est cité conjointement avec son frère Nicètas dans les Constitutions apostoliques et dans les écrits pseudo-clémentin.
Dans les Actes des Apôtres
- Actes 18:1-5 : « Après cela, Paul s'éloigna d'Athènes et gagna Corinthe. Il y trouva un Juif nommé Aquilas, originaire du Pont, qui venait d'arriver d'Italie avec Priscille, sa femme, à la suite d'un édit de Claude qui ordonnait à tous les Juifs de s'éloigner de Rome. Il se lia avec eux, et, comme ils étaient du même métier, il demeura chez eux et y travailla. Ils étaient de leur état fabricants de tentes. Chaque sabbat, il discourait à la synagogue et s'efforçait de persuader Juifs et Grecs. Quand Silas et Timothée furent arrivés de Macédoine, Paul se consacra tout entier à la parole, attestant aux Juifs que Jésus est le Christ ».
- Actes 18:18-19 : « Paul resta encore un certain temps à Corinthe, puis il prit congé des frères et s'embarqua pour la Syrie. Priscille et Aquilas l'accompagnaient. Il s'était fait tondre la tête à Cenchrées, à cause d'un vœu qu'il avait fait. Ils abordèrent à Éphèse, où il se sépara de ses compagnons. Il se rendit à la synagogue et s'y entretint avec les Juifs ».
- Actes 18:26 : « Il (Apollos de Césarée) se mit donc à parler avec assurance dans la synagogue. Priscille et Aquilas, qui l'avaient entendu, le prirent avec eux et lui exposèrent plus exactement la Voie ».
Dans les lettres de Paul de Tarse
- Romains 16:3-5 : « Saluez Prisca et Aquilas, mes coopérateurs dans le Christ Jésus ; pour me sauver la vie ils ont risqué leur tête, et je ne suis pas seul à leur devoir de la gratitude : c'est le cas de toutes les Églises de la gentilité; saluez aussi l'Église qui se réunit chez eux ».
- 1 Corinthiens 16:19 : « Les Églises d'Asie vous saluent. Aquilas et Prisca vous saluent bien dans le Seigneur, ainsi que l'assemblée qui se réunit chez eux ».
- 2 Timothée 4:19 : « Salue Prisca et Aquilas, ainsi que la famille d'Onésiphore ».
Dans le Martyrologe romain
Aquila figure dans le Martyrologe romain en compagnie de Priscilla à la date du 8 juillet.
Pourtant,
s'il y a un doute concernant Priscilla qui pourrait être la sainte
Prisca effectivement morte « martyr », aucune tradition ne semble s'être
formée au sujet de l'exécution d'Aquila.
Toutefois,
dans les premiers temps du mouvement, on était Martyr (témoin) si on
avait revendiqué sa qualité de chrétien devant un tribunal et refusé de
sacrifier aux Dieux romains, même si on avait été relâché ensuite par le
tribunal.
Ce qui explique que certains soient « plusieurs fois martyrs » après avoir été relâchés.
C'est probablement ce qui s'est produit pour Aquila.
Culte
Martyre d'Aquila et de Priscilla en 70 (Grachanica, Kosovo, c. 1318)
Il existe une tradition de l'Église orthodoxe russe selon laquelle Aquila et Priscilla ont tous deux été martyrisés en 70.
Comme la plupart des autres Églises orientales, le titre d'apôtre y est donné à Aquila.
Priscilla
et Aquila sont considérés comme des saints dans la plupart des églises
chrétiennes chez qui existe la notion de saints.
L'Église orthodoxe les commémore le 13 février.
Les autres Églises orthodoxes commémorent le 14 juillet, le seul Aquila comme l'un des apôtres.
L'Église luthérienne les commémore aussi le 13 février avec Apollos.
Dans l'Église catholique, le Martyrologe romain fixe leur fête au 8 juillet.
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