Sainte Ode d'Amay ou Chrodoara († 634)

Sainte Ode d'Amay ou Chrodoara († 634)

 

 Image illustrative de l’article Chrodoara d'Amay

Sainte Ode représentée sur sa châsse à la Collégiale d'Amay

Par Freddy de Hosdent — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=73970430


Sainte Chrodoara est le nom inscrit sur un sarcophage retrouvé en 1977 dans les fondations de l'église Saint-Georges et Sainte-Ode d'Amay. Chrodoara est identifiée avec sainte Ode d'Amay, ainsi nommée à partir du XIe siècle.

C’est l’une des œuvres archéologiques les plus spectaculaires du haut Moyen Âge conservées en Europe. Il s’agit en effet d’un des rares sarcophages à figure humaine de l’époque mérovingienne. Ce sarcophage a acquis une grande notoriété dans le domaine scientifique de l’histoire de l’art et de l’archéologie du haut Moyen Âge.

Ce sarcophage suscite cependant encore aujourd’hui de nombreuses interrogations et hypothèses des historiens, historiens de l’art et autres spécialistes internationaux.

 

Découverte

Fouilles

Le 22 janvier 1977, des fouilles réalisées dans la collégiale Saint-Georges-et-Sainte-Ode de la ville d'Amay, à quelques kilomètres en amont de Liège, mettent au jour un sarcophage exceptionnel en pierre calcaire. Il est découvert sous le chœur par Jacques Willems, Eugène Thirion, Thomas Delarue et Freddy Ligot, archéologues du Cercle archéologique d'Hesbaye-Condroz.

Il est aujourd'hui exposé à l'endroit de sa découverte, devant le maître-autel de l'église, à environ trois mètres sous terre, conservé sous une plaque de verre et sur un plancher en plastique entretoisé afin de l'isoler de l'humidité et des champignons. Deux moulages intégraux ont été réalisés par le musée de Mayence en Allemagne. L’un est revenu au musée communal d’Amay et est conservé dans le cloître. L’autre est exposé à Mayence parmi les sculptures les plus importantes du Moyen Âge.

Épigraphie

On peut lire sur le couvercle :

  • « SCA Chrodoara » (« Ste Chrodoara »)

Une inscription rimée se lit sur sur le couvercle de tête :

  • « CHRODOARA NUBELIS » (« Chrodoara noble »)
  • « MAGNA ET INCLITIS EX SU/A » (« grande et illustre »)
  • « SUBSTACIA DICTAVIT S(AN)C(T)O/ARIA » (« A doté de nombreux sanctuaires avec ses propres biens »).

Figuration et décor

Sur le sarcophage, elle est représentée voilée : ce voile peut laisser supposer qu'elle était l'abbesse d'une petite communauté de type aristocratique, ou bien qu'elle était une veuve non remariée, statut qui impliquait à l'époque mérovingienne une forme de consécration par l'évêque et une vie religieuse domestique.

Le bâton est également le symbole du pouvoir abbatial. Un texte fait mention d'une certaine Rodoara, venue au VIIe siècle implorer saint Maximin à Trèves en raison d'une paralysie de la jambe. Si l'identité des deux femmes est avérée, alors le bâton serait en réalité une canne ou une béquille.

L'écriture ainsi que le décor du couvercle et des panneaux latéraux, constitué de motifs végétaux et d'entrelacs, sont comparables aux motifs décoratifs retrouvés à Metz ou Echternach.

Identification

Chrodoara et Ode

Les philologues ont démontré que les noms de familles germaniques du haut Moyen Âge étaient constitués d’une forme longue à valeur d’identification familiale. En pays mosan, plusieurs personnages illustres sont d’ailleurs connus avec le préfixe « Chrod » dans leur nom comme Chrodor, Chrodober. À la forme longue, un second nom de famille plus bref, parfois familier pouvait s’adjoindre. Il était utilisé dans la vie quotidienne : en l’occurrence Ode. Les historiens ont démontré aujourd’hui la filiation de Ode et Chrodoara : Ode est le diminutif de Chrodoara, appelée ainsi depuis le Xe siècle.

D'après la Vie de sainte Ode composée au XIIIe siècle, elle aurait épousé le duc d'Aquitaine Bodogisel. Devenue veuve en 589, elle aurait quitté la région pour s'installer à Amay où elle aurait consacré son temps et sa fortune à l'Église et à la charité. Elle est enterrée sous l'église d'Amay. Vingt ans plus tard, Hubert de Liège, évêque de Liège, aurait procédé à l'ouverture de sa sépulture auprès duquel de nombreux miracles se seraient accomplis. Une « odeur suave » se serait alors échappée de la tombe.


Sarcophage de Chrodoara

Par Okapi07 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=59649430


Testament de son neveu Adalgisel

Chrodoara aurait été inhumée dans l’église d’Amay d'après le testament de 634 de son neveu, Adalgisel-Grimmo, diacre de Verdun et probable oncle du duc Adalgisel. Adalgisel-Grimmo y déclare effectuer un legs à l’église Saint-Georges d’Amay dans laquelle repose sa tante paternelle, ce qui situe la mort de Chrodoara avant 634.

Chrodoara est issue des Chrodoïnides aux VIIe et VIIIe siècles, une des grandes familles de l’époque, localisée autour des fleuves du Rhin, de la Meuse et de la Moselle, et particulièrement à Trèves. La lignée des Chrodoïnides est fondée par un certain Chrodouin. Cette famille concurrence les Pippinides, dont sont issus les Carolingiens.

Sanctification de Chrodoara

Une première inhumation au VIIe siècle

Le décor datant du début du VIIIe siècle, le corps de Chrodoara n'a pas pu être déposé dans le sarcophage lors de ses funérailles. De plus, le terme de « saint » ou « sainte » n'est jamais donné immédiatement après la mort.

Un sarcophage datant du VIIIe siècle

D'après la Vie de sainte Ode, l'élévation du corps (la reconnaissance formelle de la sainteté de la défunte) a lieu au début des années 730, durant l'épiscopat de Floribert de Liège. Cette célébration liturgique était destinée à mettre en valeur les vertus de ce saint personnage et à susciter une dévotion.

D’autres raisons corroborent aussi cette datation, à savoir :

  1. La grande qualité d’exécution du couvercle conduit à penser que c’est une œuvre à situer fin VIIe - début VIIIe siècle, de par la complexité du décor, la maîtrise de la composition et la sûreté de la taille et de la gravure ;
  2. La pratique funéraire de l’inhumation qui n’apparaît qu’à partir de la 2e moitié du VIIe siècle (650), voire début VIIIe siècle (avant incinération) ;
  3. La graphie et la langue tendent à démontrer que le sarcophage est mérovingien :
    • La graphie typiquement mérovingienne (comparaison),
    • Le texte est écrit dans un latin évolué de type mérovingien, qui est une altération du latin classique : nubelis pour nobilis, substancia pour substantia, sanctoaria pour sanctuaria, inclitis pour inclita.


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Sarcophage de Chrodoara, chœur de la Collégiale d'Amay (VIIIe siècle)

Par Okapi07 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=20071889

Un sarcophage-reliquaire

Le sarcophage-reliquaire a donc sûrement été réalisé pour abriter les reliques de la nouvelle sainte, et destiné à être exposé à la vue des fidèles à l'intérieur de l'église d'Amay, d'où son décor sculpté. En effet, un sarcophage enfoui n’est pas décoré habituellement. L’inscription sur le sarcophage atteste cette thèse. On y lit le terme « sancta » désignant la défunte comme sainte et les caractéristiques essentielles de la vie du personnage, décrite comme noble, riche, puissante, et généreuse envers l’Église.

Au XIIe siècle (vers 1050-1100), peut-être avant d’après les dernières recherches, la mode des sarcophages en pierre ornée tend à disparaître. On préfère alors les « châsses » en orfèvrerie. Les restes de la fondatrice sont alors exhumés pour être placés dans plusieurs châsses successives. Le « vieux sarcophage-reliquaire » en pierre, devenu inutile est ainsi enfoui sous le chœur. C'est la raison pour laquelle le sarcophage est pratiquement vide au moment de sa découverte en 1977, hormis quelques objets et ossements. Parmi ces éléments, on retrouve surtout des fragments de verres, datés entre le VIIIe et IXe siècles au plus tôt et entre le XIIe et XIVe siècles au plus tard. La fourchette chronologique comprend donc la date du transfert de sarcophage-reliquaire en pierre à sa dernière châsse en orfèvrerie.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Chrodoara_d%27Amay


Sainte Ode d'Amay ou Chrodoara († 634)

Le sarcophage

En 1979, un sarcophage mérovingien a été dégagé de dessous l'autel de l'église. Il s'est avéré être celui de Chrodoara, vénérée sous le nom de sainte Ode à partir du XIe siècle.

Le sarcophage est présenté plus longuement dans l'article consacré à Chrodoara, en tant que source essentielle pour établir sa biographie.

La châsse

 

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Chef d’œuvre d'orfèvrerie mosane, cette châsse en or, cuivre doré, argent, émail et cabochons fut réalisée entre 1240 et 1250 par un orfèvre inconnu.

Sur les pignons figurent, d'un côté, une statue de sainte Ode et de l'autre, une statue de Saint Georges toutes deux en argent repoussé.

Sur les flans, entre les colonnes se trouvent douze statues (en argent repoussé), vraisemblablement douze apôtres.

Les bâtières sont divisées de chaque côté en 3 cadres dans chacun desquels ont trouve des représentations d'un évènement marquant de la vie des deux saints.

La châsse contient les ossements d'une femme, supposée être sainte Ode, et une boite contenant les restes d'une canne en bois - peut-être celle représentée sur le sarcophage.

Deux tissus espagnols du XIIe siècle que contenait la châsse sont aujourd'hui exposés dans le trésor de la cathédrale de Liège.

La châsse n'est visible que lors des journées du patrimoine.

Source

En savoir plus :

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1979_num_123_1_13555

http://www.amay.be/index.php?option=com_content&task=view&id=63&Itemid=9

http://orthodoxievco.net/ecrits/vies/synaxair/octobre/ode.pdf

http://www.tresordeliege.be/newsite/pdf/biblio-phg/Chrodoara.pdf

http://archives.lesoir.be/l-ode-d-amay-a-sainte-ode_t-19890823-Z01XFV.html

http://www.ftlb.be/fr/attractions/fiche.php?avi_id=980

http://www.peintre-icones.fr/PAGES/CALENDRIER/Octobre/23.html

 

 







 

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