Sainte Marie de l'Incarnation ou Marie Guyart († 1672)

Sainte Marie de l'Incarnation
ou Marie Guyart († 1672)
Ursuline au Canada

Bienheureuse Marie de l'Incarnation. Ursuline au Canada († 1672)


Marie Guyart, en religion Marie de l'Incarnation, née le 28 octobre 1599 à Tours et décédée le 30 avril 1672 à Québec, est une mystique ursuline et missionnaire catholique fondatrice des ursulines de la Nouvelle-France.

Elle fonda également le premier couvent d’enseignement féminin en Amérique.

Elle est béatifiée par le pape saint Jean-Paul II le 22 juin 1980, puis canonisée par le pape François le 3 avril 2014 ; celui-ci a utilisé le rare processus de canonisation équipollente.

Elle est fêtée le 30 avril.

Elle est désignée personnage historique en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel du Québec.

Biographie

Marie Guyart est née en France, à Tours, probablement rue des Tanneurs.

Ses parents, Florent Guyart et Jeanne Michelet, sont maîtres-boulangers et ils ont eu sept enfants.

C'est un foyer catholique où les enfants sont encouragés à s'instruire.

Au cours des trois premières décennies de sa vie, elle vivra au sein du monde des artisans et de la moyenne bourgeoisie commerçante de Tours.

Jeunesse, grâces mystiques

On sait peu de choses précises de son éducation. Elle fréquenta l'école.

Elle avoue avoir reçu une « bonne éducation » qui lui « avait fait un bon fonds dans [s]on âme pour toutes les choses du christianisme et pour les bonnes mœurs ».

À l'âge de sept ans, elle a une première grâce mystique qui la conduit à se donner au Christ.

Elle fait alors un rêve marquant qu'elle racontera elle-même bien plus tard (1653) : « En mon sommeil, il me sembla que j’étais dans la cour d’une école champêtre, avec quelqu’une de mes compagnes... Ayant les yeux levés vers le ciel, je le vis ouvert et Notre-Seigneur... en sortir et qui par l’air venait à moi qui, le voyant, m’écriai à ma compagne : “Ah! Voilà Notre-Seigneur ! C’est à moi qu’il vient !” […] Mon cœur se sentit tout embrasé de son amour. Je commençai à étendre mes bras pour l’embrasser. Lors, lui, le plus beau de tous les enfants des hommes, avec un visage plein d’une douceur et d’un attrait indicible, m’embrassant et me baisant amoureusement me dit : “Voulez-vous être à moi?” Je lui répondis : “Oui” — Lors, ayant ouï mon consentement, nous le vîmes remonter au ciel ».

Vers l’âge de 14 ans, elle est attirée par la vie cloîtrée.

Elle manifeste son désir d'entrer chez les bénédictines de Beaumont, un ordre religieux établi dans la région.

Ses parents, qui ne comprennent pas son aspiration à la vie religieuse, la marient à 17 ans avec le maître ouvrier en soie Claude Martin.

De leur union naîtra Claude le 1er avril 1619.

Six mois plus tard, elle devient veuve à 19 ans alors que la petite fabrique est en faillite.

Elle se retrouve avec des biens à liquider et des dettes sur les bras, en plus d'un enfant à élever.

Elle décide de retourner chez son père.

On lui fait sentir qu'un nouveau mariage réglerait ses problèmes matériels. Mais l'appel de Dieu et de la solitude est bien trop fort.

Le 16 mars 1620, elle vit une expérience mystique qu'elle appelle sa « conversion » : l'irruption du Christ dans sa vie.

Elle se confesse au premier religieux qu'elle rencontre et se sent transformée.

Elle aspire à une vie de recluse, mais sa sœur Claude, mariée à Paul Buisson, marchand, l'invite en 1621 à vivre chez elle.

Elle accepte cette offre pour assurer sa subsistance et celle de son fils. Marie désire y mener une vie d’abnégation et de servitude.

Pourtant, ses talents d’administratrice sont reconnus et le couple espère qu'elle les aidera à consolider leur entreprise de transport fluvial en difficulté.

Elle prend parfois le rôle de gérante lorsque les deux patrons en titre sont hors de la ville.

On ira jusqu'à lui confier la direction de l'entreprise en 1625.

Cette même année, les grâces mystiques la conduisent à l'union au Christ.

Elle ne peut entrer en religion parce qu'elle doit élever son fils Claude, mais elle fait déjà à cette époque vœu de chasteté, de pauvreté et d'obéissance.

Religieuse missionnaire à Québec

 Tableau panoramique de Tours de Charles-Pierre-Antoine DEMACHY (Musée des Beaux-Arts de Tours) vers 1786

 Par Alain.Darles — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=26352636

 La ville de Québec en 1700, gravure anonyme

 Par Original téléversé par Salut bonjours sur Wikipédia français. — Transféré de fr.wikipedia à Commons par Bloody-libu utilisant CommonsHelper., CC BY-SA 2.5 ca, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=16479469


Le 25 janvier 1631, elle entre au couvent des Ursulines de Tours.

Si elle rêve de devenir missionnaire, il n'est pas normal à l'époque qu'une femme, une religieuse de surcroît, fasse le voyage outre-mer pour devenir enseignante.

Finalement, sa rencontre avec une autre femme, riche et pieuse, Madeleine de la Peltrie, sera déterminante car elle obtiendra les fonds nécessaires à la fondation de son monastère à Québec.

En 1639, elle part avec deux autres Ursulines, Marie Madeleine de la Peltrie et une servante, Charlotte Barré, pour fonder un monastère à Québec.

L'objectif est de veiller à l'instruction des petites Indiennes.

Elle cherche à convertir au catholicisme les filles qui lui sont confiées : d'abord les montagnaises et les abénakis, puis les Huronnes et les Iroquoises.

Pourtant, elles auront de la difficulté à franciser les indiennes qui résistent parfois à l'assimilation.

Avec le déclin démographique qui bouleverse la population amérindienne et une réticence de plus en plus grande des parents amérindiens à confier leurs filles aux Ursulines, Marie de l'Incarnation devra s'éloigner de son rôle de missionnaire pour se consacrer davantage à l'instruction des jeunes filles françaises de la colonie.

Même si elle est cloîtrée, Marie de l'Incarnation joue un rôle actif dans la vie de la colonie.

En 1663, elle est témoin d'un tremblement de terre en plein Québec.

Elle narre l'évènement dans l'abondante correspondance qu'elle a avec son fils.

L'ursuline voit dans la catastrophe un signe de Dieu punissant le commerce de boisson très fort entre les colons et les Indiens.

Elle se voit aussi mêlée à une épidémie de vérole qui atteint durement les peuples autochtones : son monastère se voit transformé en hôpital à quelques reprises.

Elle commente aussi abondamment les guerres franco-iroquoises et la destruction de la Huronnie.

Elle meurt de vieillesse le 30 avril 1672 à Québec.

Elle est associée à la vie de la petite colonie française fondée à Québec, en 1608, qui, sans elle et ses compagnes, aurait difficilement survécu.

 

Hommages

 

Tombe de Marie de l'Incarnation

 Par ChristianT — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=27124014

 

La Place Royale dans la Basse-Ville du Vieux-Québec,

plaque commémorative

 Par Jeangagnon — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=23445133


Bossuet la proclamait la « Thérèse » de la Nouvelle-France.

Henri Bremond a contribué à sa popularité croissante depuis un quart de siècle.

Aujourd'hui, elle suscite l'intérêt de nombreuses personnes et de groupes.

Des équipes de recherche se consacrent à l'étude de ses écrits principalement contenus dans sa correspondance.

Sa figure spirituelle, sa densité humaine et sa solidité psychologique fascinent des contemporains.

En 2008, Jean-Daniel Lafond a réalisé le docufiction Folle de Dieu, avec Marie Tifo dans le rôle de Marie Guyart.

L'édifice Marie-Guyart du gouvernement du Québec a été nommé en son honneur en 1989.

« Le grand homme de la Nouvelle-France est une femme »

 

— Louis-Guy Lemieux

 

« Aussi Marie Guyart doit-elle être considérée sur le même pied d’égalité que les Descartes, Pascal et autres génies de son époque. Sa vie, son œuvre répondent avec éclat à la question qu’on posait avec condescendance, il y a quelque quarante ans à l’apprentie historienne que j’étais : à l’évidence les femmes n’ont rien accompli dans l’histoire : "où sont les Michel Ange ou les Newton féminins?". »

— Dominique Deslandres

La ville de Québec a donné son nom à une rue, à un pont. et à un îlot. La ville de Trois-Rivières possède quant à elle une rue Marie-de-l'Incarnation.

 

Héritage

« Marie de l’Incarnation aura mis à profit sa maîtrise de la technique et son talent personnel très grand dans l’art de la broderie, de la dorure, peinture, architecture, sculpture, et dentelle pour travailler et faire travailler au profit de la subsistance de sa communauté et au bénéfice du linge d’autel et de l’ornementation des lieux de culte. Elle aura laissé 13 000 lettres qu’elle a écrites, dont plusieurs décrivent avec perspicacité les commencements de la société naissante, de même que huit ouvrages majeurs d’écrits spirituels. »

— Louise Harel, 2015

 

Citation

 Sainte Marie de l'Incarnation, peintre anonyme du XIXe siècle

 

« Dieu ne quitte jamais ceux qui le traitent d'ami et le préfèrent à toutes choses et à eux-mêmes  »

Marie Guyart

 

Elle est béatifiée par le pape Jean-Paul II le 22 juin 1980.

Sa fête a été fixée au 30 avril.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_de_l%27Incarnation

 

En savoir plus :

http://www.magnificat.ca/cal/fran/06-02.htm

 









 

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