Saint Malachie d'Armagh († 1148)

Saint Malachie d'Armagh († 1148)

Archevêque en Irlande

 

Saint Malachie d'Armagh, Archevêque en Irlande († 1148)

 

 

Malachie O'Mongoir ou Máel Máedóc Ua Morgair en gaëlique, né à Armagh (Irlande du Nord) vers 1094, et mort à l'Abbaye de Clairvaux le 2 novembre 1148, est un saint chrétien fêté le 2 novembre.

 

Image illustrative de l’article Malachie d'Armagh

Statue de l'église Saint-Patrick d'Armagh

Par Andreas F. Borchert, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=80060422

Biographie

Image illustrative de l’article Malachie d'Armagh

 

Máel Máedóc Ua Morgair, dit « Malachie », est ordonné prêtre en 1119, élu en 1123 abbé de Bangor qu’il restaure, il dirige le diocèse de Down et Connor où il est élu en 1124 et qu'il gère conjointement depuis son abbaye, mettant en œuvre le programme de la réforme grégorienne.

Après la mort de l'archevêque d'Armagh Cellach mac Áeda meic Máel Ísu dit Celsus le 1er avril 1129, Malachie est désigné en 1132 comme son successeur.

Un conflit interne dans l'Église au sujet de la succession et l'action du frère du défunt Niall mac Áeda († 1139), prétendant au siège (1131-1137), ainsi que le rejet par certains laïcs des propositions de Malachie pour la mise en œuvre de la réforme grégorienne l'oblige en 1136 à se démettre en faveur de Gilla Meic Liac mac Diarmata meic Ruaidri dit Gelasius qui est élu en 1137.

En 1139 il va à Rome où il est nommé légat apostolique pour l'Irlande par le pape Innocent II.

Malachie revient en Irlande accompagné de cinq moines cisterciens fournis par saint Bernard qui fondent la grande abbaye de Mellifont en 1142.

Malachie retrouve son diocèse de Down.


Saint Malachie d'Armagh, Archevêque en Irlande († 1148)

Fragment d'os de Saint Malachie - église de Ville-sous-la-Ferté près Clairvaux

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 Châsse avec le crâne de saint Malachie et des reliques de Bernard de Clairvaux, cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes
Par Fab5669 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=51458185

Ami de saint Bernard de Clairvaux il meurt à l'abbaye de Clairvaux le 2 novembre 1148.

En 1148, alors qu'il se rend à Rome une seconde fois, il meurt en chemin à l'abbaye de Clairvaux en présence de saint Bernard le 2 novembre 1148.

Malachie est le premier saint irlandais à être officiellement canonisé, le 6 juillet 1199 par le pape Innocent III.

Prophétie de saint Malachie

Malachie est réputé être l'auteur de la Prophétie des papes, manuscrit qui donne par une phrase latine une indication sur chaque pape depuis Célestin II, mais ce document est souvent décrit par beaucoup comme étant un apocryphe du XVIe siècle.

Il a été attribué à Arnold Wion, et selon d’autres, à Nostradamus.

Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Malachie_d'Armagh

En savoir plus : http://www.dinosoria.com/malachie.htm

 

Biographie de Saint Malachie

Il est né à Armagh, en Irlande en 1094 dans la famille O'Morgair, selon Saint Bernard de Clairvaux. Il a été baptisé du nom de Maelmhaedhoc (latinisé comme Malachie). Il a été instruit par Imhar O'Hagan et ensuite par l'Abbé Armagh. Il a été ordonné prêtre par St. Cellach (Celsus) en 1119.

Après son ordination il a continué ses études de liturgie et de théologie auprès de Saint Malchus de Lismore. En 1123 il a été nommé abbé de Bangor et un an plus tard il a été consacré évêque de Connor. En 1132, il a été élevé au rang de primat d'Armagh. Saint Bernard nous dit que Saint Malachiepossédait un grand zèle pour la religion.

En mourant, Saint Celsus, a nommé Saint Malachie Archevêque d'Armagh en 1132, bien qu'en raison de sa grande humilité, il lui en ait coûté d'accepter. Les intrigues ne lui ont pas permis d'assumer sa charge pendant deux ans. En trois ans il a restauré la discipline ecclésiastique à Armagh.

En 1139 il alla à Rome et en chemin il rendit visite à Saint Bernard à Clairvaux. À Rome il a été nommé légat d'Irlande. En revenant de Clairvaux, il obtint cinq moines pour s'établir en Irlande et c'est ainsi qu'apparut la grande abbaye de Mellifont en 1142.

Dans un second voyage à Rome, Saint Malachie, malade en arrivant à Clairvaux, est mort dans les bras de Saint Bernard le 2 novembre.

On lui attribue de nombreux miracles mais on se souvient essentiellement de lui pour son don de prophétie. Parmi celles-ci, la plus célèbre est celle se référant aux papes. Il a été canonisé par le Pape Clément III, le 6 juillet 1190. 

Prophéties de Saint Malachie

Sur sa propre mort

Comme nous le rapporte Saint-Bernard, étant avec lui à l'abbaye de Clairvaux, Saint Malachie a annoncé le jour exact de sa mort (2 novembre).

Sur l'Irlande

Il a annoncé que l'Irlande, sa patrie, serait opprimée et persécutée par l'Angleterre, en lui apportant des calamités pour 7 siècles, mais qu'elle préserverait sa fidélité à Dieu et à Son Église au milieu de toutes ses épreuves. À la fin de cette période elle serait libérée et ses oppresseurs seraient alors punis. L'Irlande catholique serait l’instrument du retour de l'Angleterre à la foi. On dit que cette prophétie a été copiée par Dom Mabillon d'un ancien manuscrit de Clairvaux et transmise par lui au successeur martyr d'Oliver Plunkett.

Sur les Papes

La plus célèbre des prophéties attribuées à Saint Malachie est sur les Papes. Elle est composée de "devises" pour chacun des 112 Papes, depuis Célestin II, élu en 1143, jusqu'à la fin du monde.

Ces "devises" descriptives des Papes peuvent se référer à un symbole de leur pays d'origine, à leur nom, leur écusson d'armes, à leur talent ou à tout autre chose relative au Pape. Par exemple, la devise d'Urbain VIII est le Lys et la Rose ; Il était de Florence, Italie, et dans l'écusson de cette ville apparaît la fleur de lys.

Elles ont été perdues jusqu'au XVIème siècle où elles seront publiées avec le livre "Lignum Vitae" de l'historien bénédictin Arnold Wion. Selon l'Abbé Cucherat (1871), Saint Malachie a écrit la prophétie à Rome, entre les années 1139 et 1140 quand il a visité le Pape Innocent II pour lui rapporter les affaires de son diocèse. Il a alors remis son manuscrit au Pape pour le consoler dans ses tribulations. Le Pape a gardé le manuscrit dans les archives romaines où il a été oublié jusqu'à sa découverte en 1590 (Cucherat, "Proph. de la succession des papes", Ch. xv).

Source : http://www.vopus.org/fr/gnose/propheties-2012/saint-malachie-et-ses-propheties.html

La décadence des mœurs, et la confusion occasionnée par des guerres continuelles, avaient presque entièrement éteint enIrlande l'esprit de religion et de piété. On y était retombé dans la barbarie et dans les vices grossiers qui ont coutume d'en être la suite. Ce fut alors que Dieu fit naître Malachie, qu'il destinait à rétablir, en quelque sorte, cette église dans son ancienne splendeur. Quelques auteurs irlandais lui donnent le surnom d'O'Morgair. Il eut Armagh pour patrie. Ses parents étaient d'une naissance illustre, et en même temps fort vertueux. Sa mère surtout prit un soin extrême de l'élever dans la crainte du Seigneur. Lorsqu'il fut capable d'instruction, on le mit sous la conduite de maîtres recommandables par leur piété. Il étudia la grammaire à Armagh. Sa mère, qui ne le perdait point de vue, ne cessait de lui inspirer les plus vifs sentiments de religion et ces sentiments se gravèrent dès-lors si profondément dans l'âme du jeune Malachie, qu'ils ne s'effacèrent plus dans la suite. Il était doux, humble, docile, modeste, fidèle à ses devoirs, porté à servir tous ceux avec lesquels il avait à vivre. On admirait sa tempérance, son amour pour la mortification, son éloignement pour tout ce qui faisait l'amusement de l'enfance ; en sorte que, comme il surpassait ses condisciples par ses progrès, il l'emportait en vertu sur ses maîtres mêmes.

Pendant le cours de ses études, il évitait tout ce qui aurait pu se ressentir de l'affectation ; ses pratiques extraordinaires de pénitence n'étaient connues que de Dieu ; par là il évitait encore le danger de la vaine gloire. Il ne restait point à l'église aussi longtemps qu'il l'aurait désiré ; il se retirait dans des lieux écartés pour prier ; et s'il lui arrivait de se livrer en priant à l'impétuosité de son zèle, il prenait garde qu'on ne l'aperçût. Dans les promenades qu'il faisait avec les jeunes gens de son âge, il se laissait un peu devancer par eux, afin d'avoir la liberté de s'unir à Dieu par des aspirations vives et enflammées.

Mais résolu d'apprendre le grand art de mourir à lui-même, et de se consacrer entièrement au service de Dieu, il se mit sous la conduite d'Imar, ou Imarius, qui menait la vie d'un reclus dans une cellule voisine de l'église d'Armagh, et qui avait une grande réputation de sainteté. Cette démarche de la part d'un jeune homme de qualité, étonna toute la ville ; plusieurs en firent le sujet de leurs railleries ; d'autres l'attribuèrent à la mélancolie, ou du moins à la légèreté. Les amis du Saint en ressentirent une vive douleur, et lui en firent des reproches amers. Ils ne pouvaient s'imaginer qu'avec une constitution si délicate, et des espérances si bien fondées de réussir dans le monde, il prit le parti d'embrasser un genre de vie, dont la pensée seule les effrayait, et qui d'ailleurs leur paraissait vil et méprisable. Malachie ne fut point ému de tout ce que dirent les censeurs de sa conduite. Il dut à sa douceur et à son humilité la victoire qu'il remporta sur le monde et sur lui-même. Pour se rendre digne d'aimer Dieu parfaitement, il se condamna, selon la remarque de saint Bernard, à vivre, pour ainsi dire, dans un tombeau ; il se soumit à la règle d'un homme, bien différent de ceux qui veulent enseigner ce qu'ils n'ont jamais appris, et qui cherchent à se faire des disciples avant d'avoir eu des maîtres.

La docilité de Malachie, son amour pour le silence, sa ferveur dans la prière, son zèle pour les pratiques de la mortification, annoncèrent ses progrès dans la perfection. Il devint infiniment cher à son maître, et il édifia tous ceux qui avaient d'abord condamné sa conduite ; les railleries se changèrent bientôt en admiration. Plusieurs même, touchés de ses exemples, embrassèrent le genre de vie qu'il avait choisi. Imar consentit à recevoir les plus fervents d'entre eux, et peu à peu il se forma une communauté. Malachie était le modèle de tous, quoiqu'il s'en regardât comme le dernier, et qu'il se jugeât indigne d'habiter parmi ces serviteurs de Dieu. Avec de pareilles dispositions, il ne pouvait manquer de parvenir à un degré sublime de perfection.

Imar, son supérieur, et Celse ou Ceillach, archevêque d'Armagh, crurent que la gloire de Dieu exigeait qu'il reçût les saints ordres. Ainsi, sans avoir égard à sa résistance, Celse l'ordonna diacre, et prêtre peu de temps après. Il n'avait que vingt-cinq ans, lorsqu'on lui conféra la prêtrise, quoiqu'il fallût alors en avoir trente, suivant les canons : mais on trouva dans son mérite extraordinaire une juste cause de le dispenser de la règle générale. L'archevêque l'établit en même temps son vicaire pour prêcher la parole de Dieu au peuple, et il le chargea de travailler à déraciner les abus invétérés qui avaient horriblement défiguré la face de l'église d'Irlande. Malachie remplit la commission dont il était chargé, avec autant de zèle que de succès; les vices furent corrigés, les coutumes barbares détruites, les superstitions bannies, et l'on vit revivre partout la_ pratique des vraies maximes de l'Evangile. C'était comme une flamme au milieu des forêts, qui cause un incendie auquel rien ne résiste. Il fit plusieurs règlements pour l'observation de la discipline ecclésiastique ; il rétablit dans toutes les églises du diocèse l'office canonial, qui avait été interrompu, même dans les villes, depuis les invasions des Danois ; et il y réussit d'autant plus facilement, qu'il avait bien appris dès sa jeunesse le chant ecclésiastique. Mais ce qui était encore d'une plus grande importance, il rétablit l'usage des sacrements, et surtout celui de la pénitence et de la confirmation, qui depuis longtemps étaient fort négligés. Il prit aussi des mesures pour qu'à l'avenir les mariages fussent célébrés selon les règles de l'Eglise.

Le serviteur de Dieu craignit cependant de n'être point assez versé dans la connaissance des saints canons, pour exécuter le projet de réforme qu'il avait formé relativement à la discipline ; et cette crainte lui donnait souvent des inquiétudes. Il obtint donc de son évêque la permission d'aller passer quelque temps auprès de Malachie, évêque de Lismore. Ce prélat, Anglais de naissance, avait été moine de Winchester ; il était également renommé pour son savoir et sa sainteté, et on le regardait comme l'oracle de toute l'Irlande. Il reçut Malachie avec bonté, et l'instruisit de tout ce qui concernait le service divin et la conduite des âmes. Il le pria en même temps de ne pas priver l'église de Lismore des avantages qu'elle recevait de son ministère.

L'Irlande était alors divisée en plusieurs petits royaumes. Cormac, Roi de Munster, fut détrôné par son frère pendant le séjour de notre Saint à Lismore. Dans son malheur, il eut recours à Malachie, non dans l'intention de recouvrer la couronne, mais pour apprendre de lui les moyens de sauver son âme. La nouvelle de son arrivée à Lismore s'étant répandue, l'évêque se prépara à le recevoir avec les honneurs dus à la Majesté royale ; mais le prince ne voulut point y consentir il déclara qu'il renonçait pour toujours aux pompes mondaines ; qu'il demandait à vivre parmi les chanoines, et à s'assurer par la pénitence, la possession d'un royaume éternel. Malachie, après l'avoir instruit des conditions qu'exigeait le sacrifice qu'il avait projeté, lui assigna une demeure, et lui donna Malachie pour maître ; du pain et de l'eau devaient faire sa nourriture. Cormac, animé par les exhortations de notre "Saint, goûta les douceurs qu'on trouve dans le service de Dieu ; la corn ponction dont son cœur était brisé, lui fournissait une source de larmes par lesquelles il purifiait continuellement son âme ; il répétait sans cesse comme David, et avec de vifs sentiments de douleur et de confiance :Voyez, Seigneur, ma bassesse et ma misère, et pardonnez-moi toutes mes offenses. Ses prières furent exaucées au-delà de ce qu'il demandait. Il reçut les avantages temporels avec les dons de la grâce. En effet, un Roi voisin, indigné qu'on eût outragé dans sa personne la Majesté royale, entreprit de le remettre sur le trône. Il vint le chercher dans sa cellule; mais il ne put l'engager à entrer dans ses vues. Voyant qu'il ne pouvait le toucher par son propre intérêt, il fit valoir les motifs tirés de la religion et de la justice qu'un Roi doit à ses sujets. Ses efforts furent encore inutiles. Malchi et Malachie se joignirent à lui, et représentèrent fortement à Cormac, que la volonté de Dieu était qu'il ne résistât pas plus longtemps. Il se rendit donc, et remonta sur le trône dont il avait été dépouillé. Il conserva pour Malachie une affection qui ne se démentit jamais, et il l'honora toujours comme son père.

Peu de temps après, Celse et Imar rappelèrent Malachie à Armagh. L'abbaye de Bangor[1], située dans le comté de Down, était alors dans un état déplorable ; les revenus en étaient possédés par un oncle du Saint, jusqu'à ce qu'il fût possible de la rétablir. L’oncle, après l'avoir résignée à son neveu, afin qu'il pût y faire revivre l'observation de la règle, s'y retira lui-même, et voulut se mettre sous la conduite de Malachie. Bangor prit bientôt une nouvelle forme. Cette maison, quoique moins nombreuse qu'elle ne l'avait été autrefois, devint une école célèbre de savoir et de piété. Le serviteur de Dieu la gouverna quelque temps, et pour nous servir des termes de saint Bernard, il y fut, par sa conduite, une règle vivante, un miroir qui réfléchissait toutes les vertus, un livre ouvert où tous pouvaient apprendre les vraies maximes de la perfection monastique. Les austérités de la communauté ne suffisaient point à sa ferveur; il en pratiquait de particulières, dont il dérobait la connaissance, autant qu'il lui était possible. Plusieurs guérisons miraculeuses ajoutèrent un nouvel éclat à la réputation de sainteté dont il jouissait. Mais sa vie, dit saint Bernard, fut le plus grand de ses miracles. Nous rapporterons le fait suivant, d'après le même Père.

Malachie avait une sœur qui mourut après avoir mené une vie mondaine. Pendant longtemps il recommanda son âme à Dieu dans la célébration du saint Sacrifice. Ayant cessé de le faire l'espace de trente jours, il fut averti en songe que sa sœur attendait dans le cimetière avec douleur, et qu'elle avait été trente jours sans nourriture spirituelle. Il reprit l'usage de prier pour sa sœur, et dit, ou fit dire tous les jours la messe à son intention. Quelque temps après, il lui sembla la voir à la porte de l'église, puis dans l'église même. Enfin, au bout de quelques jours, lorsqu'il était à l'autel, elle lui apparut dans la joie, au milieu d'une troupe d'esprits bienheureux; ce qui lui donna une grande consolation.

A peine eut-il atteint sa trentième année, qu'on l'élut évêque de Connor, aujourd'hui dans le comté d'Antrim. Il refusa d'acquiescer à son élection ; mais Celse et Imar lui ordonnèrent de ne point écouter ses répugnances, et de se soumettre; ce qu'il fit par obéissance. Les peuples confiés à son zèle étaient de vrais barbares, souillés de vices grossiers, et qui n'étaient chrétiens que de nom. Il les instruisit, et leur parla avec une douceur mêlée de sévérité. Quand ils ne venaient point à l'église, il allait les chercher, et les exhortait avec une bonté paternelle, et souvent avec larmes, à rentrer en eux-mêmes. Il offrait à Dieu pour eux le sacrifice d'un cœur contrit et humilié; quelquefois il passait les nuits en prières pour obtenir leur conversion. Il visitait les lieux les plus écartés de son diocèse, voyageant toujours à pied, et il supportait avec une patience admirable les affronts et les maux qu'il avait à endurer. Insensiblement les cœurs les plus endurcis se laissèrent toucher. Le saint et le fréquent usage des sacrements fut rétabli ; des pasteurs zélés que le Saint s'associa, bannirent l'ignorance et la superstition. On vit refleurir la piété de toute part. On regarda comme miraculeuse la conversion d'une femme tellement sujette à la colère, qu'elle était insupportable à tous ceux qui l'approchaient. Malachie, au rapport de saint Bernard, en fit la plus douce et la plus patiente de toutes les personnes de son sexe, en lui ordonnant, au nom de Jésus-Christ, de ne plus s'abandonner au même vice, et en lui imposant une pénitence proportionnée aux fautes qu'elle lui avait déclarées en confession. Depuis ce temps-là, rien ne fut capable de troubler la tranquillité de son âme.

Quelques années après, la ville de Connor fut prise et saccagée par le Roi d'Ulster. Malachie, accompagné de cent vingt de ses disciples, se retira dans celle de Munster. Il y bâtit le monastère d’Ibrac, que les uns mettent auprès de Corck, et les autres dans l'île de Begerin, où Imar fit d'abord sa résidence. Tandis qu'il gouvernait sa communauté en paix, et qu'il en était l'édification par sa ferveur et son humilité, Celse, archevêque d’Armagh, fut attaqué de la maladie dont il mourut. Il désigna Malachie pour son successeur, et conjura tous ceux qui étaient auprès de lui, au nom de saint Patrice, fondateur du siège d’Armagh, de concourir efficacement à cette promotion, et d'écarter tout intrus. Il ne se contenta point d'une simple déclaration verbale, il écrivit encore à ce sujet aux personnes les plus puissantes du pays, notamment aux Rois du haut et du bas Munster. Par-là il voulait abolir un abus scandaleux qui avait été une source de désordres dans les églises d'Irlande. Eu effet, la famille de Ceise, une des plus distinguées du diocèse, était en possession, depuis deux cents ans, de s'emparer de l'archevêché d'Armagh, qu'elle regardait comme son héritage. Cet abus était allé si loin, qu'au défaut d’ecclésiastiques, on en confiait l'administration à des laïques, quelquefois à des personnes mariées de la même famille. Ces intrus jouissaient des revenus du siège, et traitaient en vrais tyrans les autres évêques de l'île.

Après la mort de Celse, on suivit ses intentions, qu'il avait si visiblement manifestées ; Malachie fut élu canoniquement pour lui succéder. Maurice, qui était de la famille de Celse, n'eut aucun égard à cette élection, et prit possession de l'archevêché. Notre Saint ne voulut point faire valoir la légitimité de son droit, alléguant pour raison qu'il craignait les suites d'une démarche qui ne manquerait pas d'exciter des troubles , et de faire peut-être répandre du sang. Trois ans se passèrent de la sorte. Enfin Malachie, évêque de Lismore, et Gilbert, évêque de Limerick, lequel était légat du Pape en Irlande, assemblèrent les prélats et les grands de l’île, pour remédier au scandale. On pressa Malachie de venir au secours du siège dont le gouvernement lui avait été confié, et on le menaça de l'excommunier s'il refusait plus longtemps de se rendre. Il se soumit donc, en disant toutefois à ceux qui composaient l'assemblée : « Vous voulez ma mort, j'obéis dans l'espérance du martyre ; mais c'est à condition que si les choses tournent comme vous le désirez, j'aurai la permission, lorsque l'ordre sera rétabli, de retourner à ma première épouse, et à ma pauvreté bien-aimée. » La condition ayant été acceptée, il commença d'exercer les fonctions d'archevêque dans toute la province. Il ne les exerça cependant pas dans la ville d’Armagh, où il ne voulut point entrer tant que vécut Maurice, de peur d'exciter une sédition. Celui-ci mourut deux ans après, sans se reconnaître, puis qu'il nomma Nigel son parent pour lui succéder. Mais le Roi Cormac et les évêques de la province installèrent Malachie, qui fut reconnu pour le seul métropolitain légitime d’Irlande, en 1133, à la trente-huitième année de son âge. Nigel fut obligé de sortir d'Armagh. Sa fuite cependant ne rétablit pas la paix ; il emporta deux reliques pour lesquelles les Irlandais avaient une grande vénération, et le petit peuple s'imaginait que celui qui les avait en possession était le véritable archevêque. Ces reliques étaient un livre des évangiles qui avait appartenu à saint Patrice, et une crosse appelée le bâton de Jésus, qui était couverte d'or et ornée de pierreries. Nigel eut encore par ce moyen plusieurs partisans, et sa famille suscita diverses persécutions à Malachie. Un de ses principaux pareils invita le Saint è venir dans sa maison, sous prétexte d'avoir une conférence avec lui; mais son dessein était de lui «Mer la vie. L'archevêque, malgré tout ce que ses amis purent lui dire, se trouva au rendez-vous, dans la résolution d'affronter la mort pour le bien de la paix. Il n'avait avec lui que trois de ses disciples, qui étaient dans les mêmes dispositions. Mais il ne fut pas plus tôt au milieu de ses ennemis, qu'ils se sentirent désarmés par son courage et sa douceur toute céleste. Celui qui avait résolu de le massacrer lui rendit l'honneur qui lui était dû, et la paix fut conclue de part et d'autre. Quelque temps après, Nigel remit à Malachie le livre des évangiles et la crosse qu'il avait enlevés. Quant aux différents ennemis du Saint, plusieurs périrent misérablement par un juste jugement de Dieu.

La peste ravageant le diocèse d’Armagh, Malachie arrêta ce fléau par ses prières. Lorsqu'il eut retiré son église de l'oppression, il y rétablit le bon ordre et la discipline. Il ne pensa plus alors qu'à se démettre, comme on en était convenu ; et il sacra pour le remplacer un vertueux ecclésiastique, nommé Gélase. Il retourna ensuite à son premier siège, qui était uni depuis longtemps à celui de Down. Il crut qu'il était de la gloire de Dieu de les diviser. 11 sacra un évêque pour gouverner l'église de Connor, et réserva pour lui le diocèse de Down, qui était le plus petit et le plus pauvre. Il établit une communauté de chanoines réguliers, auxquels il se réunissait pour vaquer à la prière et à la méditation, autant que ses autres devoirs pouvaient le lui permettre. Il fit encore d'autres règlements très-utiles.

Le désir de les faire confirmer par le Souverain-Pontife, l'engagea à entreprendre le voyage de Rome. Il se proposait encore d'obtenir le pallium pour le siège d’Armagh, et pour un autre siège métropolitain dont Celse avait formé le projet, mais dont l'exécution n'avait point eu l'approbation du Pape. Le premier était depuis longtemps privé de cet honneur, par la négligence et les abus qu'y avaient introduits ceux qui s'en étaient emparés contre les règles. Ce fut en 1139 que Malachie quitta l'Irlande. Il passa quelque temps à York, avec un saint prêtre nommé Sycar. Etant en France, il visita l'abbaye de Clairvaux, où il fit connaissance avec saint Bernard, qui conçut pour lui autant de respect que d'affection. Il fut si édifié des grands exemples de vertu qu'il y vit, que s'il en avait eu la liberté, il y aurait passé le reste de ses jours. Il continua malgré lui sa route pour aller en Italie. Lorsqu'il fut à Yvrée, en Piémont, il rendit la santé à un enfant qui était près de mourir. Arrivé à Rome, il se présenta au Pape Innocent II, qui le reçut d'une manière honorable, mais qui lui refusa constamment la permission qu'il demandait de se consacrer aux exercices de la pénitence dans l'abbaye de Clairvaux. Le Souverain - Pontife confirma tout ce qu'il avait fait en Irlande, le fit son légat dans cette île, et lui promit le pallium. En revenant d’Italie, le Saint passa par Clairvaux, et donna, dit saint Bernard, une seconde fois sa 'bénédiction aux religieux de cette abbaye. El comme il ne pouvait rester avec eux, il leur laissa son cœur, et quatre de ses compagnons, qui, après avoir fait profession, retournèrent en Irlande, et fondèrent le monastère de Mellifont, qui donna depuis naissance à plusieurs autres du même ordre. Il se rendit à la prière que lui faisait le Roi David, de prendre sa route par l’Ecosse, afin de rendre la santé à son fils Henri, qui était dangereusement malade. Il dit au jeune prince d'avoir bon courage, et l'assura qu'il ne mourrait point cette fois ; il jeta ensuite sur lui de l'eau bénite, et le lendemain Henri se trouva parfaitement guéri.

Malachie, en arrivant en Irlande, y fut reçu avec de grandes démonstrations de joie. Il s'acquitta avec autant de zèle que de fruit, de la commission dont le Pape l'avait chargé. Il tint divers synodes, et fit d'excellents règlements pour corriger les abus. Dieu continua de le favoriser du don des miracles. Saint Charles Borromée avait coutume d'en rappeler un à ses prêtres, lorsqu'il les exhortait à veiller pour que le sacrement de l'Extrême-onction fût administré à temps aux malades. Voici de quelle manière saint Bernard le raconte. Une femme, qui demeurait auprès de Bangor, étant à l'article de la mort, on envoya chercher Malachie. II vint, fit les exhortations convenables en pareil cas, et se mit en devoir de donner l'Extrême-onction à la malade. Mais ses amis représentèrent qu'il valait mieux lui différer l'administration de ce sacrement jusqu'au lendemain matin, et qu'elle serait plus en état de le recevoir avec fruit. Le saint évêque se rendit à leurs représentations, quoique avec beaucoup de répugnance. Il fil le signe de la croix sur la malade, et se retira dans sa chambre. Mais au commencement de la nuit toute la maison est dans le trouble, ce ne sont que pleurs et gémissements. Les domestiques annoncent par leurs cris qu'ils ont perdu leur maîtresse. L'évêque court à la chambre de la malade, qu'il trouve morte effectivement. Il lève les mains au ciel, en disant avec douleur que lui seul est coupable d'un délai si funeste. Il se met en prières, et exhorte les assistants à se joindre à lui. Toute la nuit se passade la sorte. Enfin, au point du jour, la malade donne des signes de vie, ouvre les yeux et reconnaît Malachie. Ceux qui étaient présents furent saisis d'étonnement, et leur douleur se changea en joie. Le Saint lui administra l'Extrême-onction sans délai, croyant avec l’Eglise, que ce sacrement avait été institué pour la rémission des péchés, et même pour le soulagement du corps du malade, selon qu'il lui est plus avantageux pour le salut. Cette femme recouvra la santé, passa le reste de ses jours dans la pénitence, et mourut depuis de la mort des justes.

Le saint évêque, pour exciter la piété, donna ses soins à augmenter la magnificence du culte extérieur. Il fit bâtir à Bangor une église de pierre, semblable ù. celles qu'il avait vues dans ses différents voyages. Il répara aussi la cathédrale de Down, célèbre par le tombeau de S. Patrice, et dans laquelle on transporta depuis les corps de S. Colomb et de sainte Brigitte.

Toujours animé du désir de rétablir l'Eglise d'Irlande dans sa première splendeur, il résolut de repasser en France, pour voir le Pape Eugène III, qui était venu dans ce royaume. Innocent II était mort sans avoir envoyé les deux pallium qu'il avait promis. Célestin II et Luce II étaient morts aussi en moins de dix-huit mois. Malachie, qui voulait terminer une affaire différée depuis sj longtemps, assembla les évêques d'Irlande pour conférer avec eux. Ils le choisirent pour leur député auprès du Saint-Siège. Malachie prit sa route par l'Angleterre. Etant chez les chanoines de Gisburn, il guérit avec de l'eau bénite une femme affligée d'un horrible cancer. Avant son arrivée en France, le Pape retourna à Rome : Malachie ne voulut point partir pour l’Italie, sans avoir visité l'abbaye de Clairvaux. Ce fut au mois d'Octobre 1148 qu'il y arriva. Saint Bernard et ses religieux le revirent avec la plus grande joie ; mais cette joie ne fut pas de longue durée.

Malachie ayant célébré la messe le jour de saint Luc, fut saisi d'une fièvre violente qui l'obligea de se mettre au lit. Les religieux s'empressèrent de lui procurer tous les secours dont il avait besoin : mais il les assura, en les remerciant de leur charité, que leurs soins n'auraient pas l'effet qu'ils en espéraient, et qu'il ne guérirait point. Il connaissait, selon saint Bernard, le jour où Dieu devait l'appeler à lui. Malgré son extrême faiblesse, il voulut aller à l’église, où il reçut les derniers sacrements, couché sur la cendre. Il conjura les assistants de lui continuer le secours de leurs prières après sa mort, leur promettant à son tour de se souvenir d'eux quand il serait avec le Seigneur. Il leur recommanda aussi toutes les âmes qui avaient été confiées à ses soins. Il expira tranquillement le 2 de Novembre 1148, à la cinquante-quatrième année de son âge. On l'enterra dans la chapelle de la Vierge, et ce furent des abbés qui le portèrent au tombeau. Parmi ceux qui assistèrent à ses funérailles, était un jeune homme qui avait un bras paralysé, en sorte qu'il n'en pouvait faire aucun usage. Saint Bernard le fit approcher, et appliqua son bras malade sur la main du saint évêque. Le jeune homme fut guéri sur-le-champ. Le même saint docteur, dans son discours sur saint Malachie, dit à ses moines. « Prions-le de nous protéger par ses mérites, lui qui nous » a instruits par ses exemples et confirmés par ses miracles. » Ayant chanté à ses funérailles une messe de Requiem pour le repos de son âme, saint Bernard ajouta une collecte pour implorer le Seigneur par son intercession ; il avait appris par révélation, à l'autel, qu'il était dans la gloire, comme Geoffroi son disciple le rapporte dans le quatrième livre de la vie qu'il a donnée de son bienheureux maître. Saint Malachie fut canonisé par une bulle de Clément III ou Clément IV, la troisième année de son pontificat. Cette bulle est adressée au chapitre général des Cisterciens.

Deux choses, dit saint Bernard, firent un saint de Malachie : une douceur parfaite, et une foi vive. Par la première de ces vertus, il était mort à lui-même ; par la seconde, son âme était intimement unie à Dieu. Il est donc vrai de dire qu'il se sanctifia par la foi et par la douceur, Nous ne pouvons nous sanctifier nous-mêmes, qu'en faisant usage des mêmes moyens. Que saint Malachie fût parfaitement mort à lui-même, c'est ce que prouve la conduite qu'il tint par rapport au siège métropolitain d'Armagh : il ne le garda qu'autant qu'il y eut des dangers et des contradictions à essuyer ; et il n'y eut pas plus tôt rétabli la paix qu'il le quitta. Il était également mort au monde. N'en avons-nous pas la preuve dans son amour pour les souffrances et la pauvreté, dans ce dévouement volontaire où il vivait au milieu de la prospérité : toujours pauvre pour lui-même, il n'était riche que pour les pauvres, dit saint Bernard. Ce père trace en lui le caractère d'un véritable pasteur, en nous apprenant que l'amour — propre et le monde étaient crucifiés dans son cœur, et qu'il savait allier la solitude intérieure avec l'application aux fonctions du ministère. « Il paraissait vivre uniquement pour lui» même, et il était si dévoué au service du prochain, qu'on eût dit qu'il ne vivait que pour les autres. » L'accomplissement des différents devoirs était en lui si admirable, que la charité ne prenait rien sur ce qu'il devait au salut de sa propre âme, et que le soin de sa propre sanctification ne l'empêchait point de se livrer au service de ses frères. En le voyant occupé des fonctions pastorales, vous auriez cru qu'il était né pour les autres, et non pour lui-même. D'un autre côté, en considérant son amour pour la retraite et la continuité de son recueillement, vous l'eussiez pris pour un homme qui ne vivait que pour Dieu et pour lui-même. »

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.


[1] L'abbaye de Banchor, appelée depuis Bangor, fut fondée par saint Comgall, vers l'an 555. Ou dit qu'il s'y trouva jusqu'à trois milles moines à la fois. Il eu sortit au moins de nombreuses colonies qui fondèrent plusieurs monastères en Ecosse et en Irlande. Saint Colomban, religieux de cette maison, en porta la règle en France et en Italie. Les pirates danois en détruisirent les bâtiments, et massacrèrent 900 moines en un jour. Depuis ce temps-là, elle fut ruinée jusqu'au rétablissement qu'en fit saint Malachie. On voit encore une petite partie des bâtiments construits par ce Saint, et les traces des anciennes fondations prouvent qu'ils avaient beaucoup d'étendue.

Source : http://nouvl.evangelisation.free.fr/malachie_darmagh.htm

 








 

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