Saint Lunaire (4ème s.)
Évêque régionnaire en Bretagne
Saint Lunaire ou Lenor (509 - vers 560-580) est un saint catholique armoricain. Il a parfois également été appelé Launeuc ou Lormel, voire remplacé dans un certain nombre de lieux par Léonard, saint plus « romain » qui ne fut ni évêque ni abbé.
Son
culte, sous ces diverses appellations s’étend ainsi de la pointe
occidentale de l’Armorique aux marches de Bretagne, voire à l’Avranchin.
Frère
de Tugdual de Tréguier, et parfois considéré comme le fils de Beteloc
ou Eloc, ce qui amène à considérer ce dernier comme étant Hoël Ier (ou Haeloc), époux de Pompaïa.
Né en 509, il aurait lui aussi bénéficié de l’enseignement d’IItud, et aurait été proche de Dubrice.
Quittant
le Glamorgan pour l’Armorique, comme son frère Tugdual, il aurait
navigué avec soixante-douze compagnons, et aurait dû trancher de son
épée le brouillard intense qui avait entraîné l’égarement des trois
hommes – « un à l’avant, un au milieu, un à l’arrière » - chargés de
conduire les embarcations.
Cette présence de l’épée dans le récit souligne le caractère princier de Lenor, chef temporel tout autant que chef spirituel.
Les marins le prient pour échapper aux risques engendrés par la brume. Cela se passait vers 535-540.
Lenor est-il passé comme Tugdual par le Pays d’Ach et le Léon ? À Porspoder une chapelle lui est dédiée.
Les récits le concernant le font débarquer avec sa communauté à la Pointe du Décollé, non loin de l’estuaire de la Rance.
Déçu
par l’aspect inhospitalier des terres broussailleuses qu’il découvre,
Lenor se voit rassuré par le passage d’un oiseau tenant un épi de blé
dans son bec.
En le suivant, le moine parvient jusqu’à un champ de froment.
Entreprenant
le défrichage de la forêt et des taillis environnants, les religieux
sont miraculeusement aidés d’une part par douze grands cerfs qui
viennent tirer les charrues, d’autre part par un grand vent qui éloigne
vers la mer les monceaux de branchages qu’ils avaient arrachés et dont
ils ne savaient plus que faire.
L’ensemencement des terrains fut alors possible avec la récolte du
premier champ, permettant l’installation d’une population plus large que
la seule communauté religieuse.
Dans l’un des premiers sillons tracés était apparu un bélier en or.
Lenor ira le remettre à Childebert, lui demandant en échange de garantir le domaine sur lequel il résidait avec ses compagnons.
« L’or
n’est pas fait pour les moines » affirma-t-il. La « Vita » de Lenor
évoque « le roi Childebert qui régnait en ce temps-là à la fois en
France et en Bretagne ».
Il propose à Lenor de monter sur le point le plus élevé de ce
territoire et d’agiter une cloche : « aussi loin qu’on l’entendra »,
affirme-t-il, « cette terre sera la tienne ».
C’est encore auprès de Childebert que Lenor dut chercher de l’aide contre Conomore qui voulait s’emparer de cette possession.
Il soutint aussi les démarches de Tugdual à la cour franque pour
protéger leur neveu Judual, victime de la jalousie du même Conomore.
Consacré
très jeune évêque par Dubrice de Llandaf, il n’est pas exclu que Lenor
ait occupé le siège épiscopal d’Alet avant Malo, pourtant donné comme
premier titulaire du siège.
Lenor
a fondé le monastère de Pontual, nom qui rappelle celui de son frère
Tugdual, au lieu qui se nomme désormais Saint-Lunaire.
Pontual pourrait désigner un lieu où Tugdual aurait fait construire un pont sur la rivière Crévelin.
Un pont apparaît sur les armes de la commune de Saint-Lunaire. Il existe toujours un Bois de Ponthual près de cette paroisse.
Lors
de l’assassinat de son frère Hoël II, Lenor aurait choisi de demeurer
dans sa communauté plutôt que d’accéder aux pouvoirs temporel et
militaire.
Il mourut vers 560, ou 580, et fut inhumé dans son abbaye.
La vieille église de Saint-Lunaire contient son « tombeau ».
En
fait les reliques qui étaient revenues de la région parisienne ont
disparu lors de la Révolution, et ce tombeau est construit à partir d’un
sarcophage gallo-romain sur lequel a été déposée une dalle portant un
gisant censé représenter Lenor.
Le périple de ses reliques au Xe siècle vers Paris et Beaumont-sur-Oise — où il y a eu un prieuré Saint-Lénor — explique qu’il est encore honoré à Senlis.
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