Saint Léon IX Pape (150ème) de 1049 à 1054 († 1054)

Saint Léon IX
 Pape (150ème) de 1049 à 1054 († 1054)

 

Léon IX

vitrail de l'église Saint-Étienne de Château-Renard, Loiret

Par Basicdesign — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19168308

 

Saint Léon IX. Pape (150 ème) de 1049 à 1054 († 1054)

Léon IX représenté sur la charte manuscrite d'un monastère italien du XIIIe siècle

 

Saint Léon IX, né Bruno d'Eguisheim-Dagsbourg le 21 juin 1002 dans un lieu inconnu du comté de Dabo ou de celui d'Eguisheim qui fait toujours débat et mort le 19 avril 1054 à Rome, fût pape de l'Église catholique romaine de 1049 à 1054.

Issu de la noblesse alsacienne, il est d'abord évêque de Toul puis élu pape le 12 février 1049 sous l'influence de l'empereur Henri III.

Grand voyageur, il œuvra activement pour la paix.

Son pontificat fut marqué par le début de la réforme grégorienne. Reconnu comme saint par l'Église catholique, il est liturgiquement commémoré le 19 avril.

Généalogie

Né à Eguisheim (terres paternelles où un oratoire lui est consacré) ou à Dabo (Dagsburg) (terres maternelles où une église lui est dédiée).

Son père, Hugues IV de Nordgau, est de la famille des comtes du Nordgau, seigneurs d'Eguisheim.

Bruno est un membre de la très haute aristocratie : sa famille se rattache par sa mère, Heilwige, fille du comte de Dabo, aux Carolingiens de Francie occidentale et par son père aux rois de Germanie.

Dans la parenté de Bruno figurent aussi bien des comtes de Reims que des évêques de Langres et de Metz ; il est le cousin des empereurs Conrad II le Salique et Henri III.

Ses parents construisirent deux abbayes : à Woffenheim (Sainte-Croix-en-Plaine) et à Reiningue et, vers 1029, le château de Wahlenbourg au Haut-Eguisheim.


Biographie

Éducation

À l'âge de cinq ans, il est confié à l’évêque Berthold de Toul pour être éduqué à l'école de la cathédrale où il se montre très doué.

Il entre jeune dans le chapitre de la cathédrale. Il est marqué par la réforme de Gorze.

 

 Conrad II (au centre)

 

Après le décès de son tuteur, il est appelé à la cour de son cousin Conrad II le Salique (1024-1039) qui soutient la réforme monastique. Il est diacre en 1025.

En 1026 il conduit les troupes levées à Toul pour une campagne en Lombardie.

À la mort de l'évêque Hermann de Toul, alors qu’il n'a que 24 ans, il est proposé par le clergé avec le soutien de Conrad comme son successeur et le 9 septembre 1027, il est consacré par l’archevêque Poppon de Trèves.

Évêque de Toul

Pendant la vingtaine d'années que dure cet épiscopat, Bruno lutte contre le nicolaïsme et la simonie.

Il s'inscrit dans le mouvement réformateur promu par Cluny ou Gorze.

Il recrute parmi les représentants de ce courant ses collaborateurs. C'est en 1048 qu'il remarque Hildebrand et attache à sa personne le futur Grégoire VII.

Il impose à son entourage et lui-même un train de vie humble et pieux, se comportant en moine bénédictin et donnant ainsi exemple aux abbés de son évêché.

À force d'énergie, il obtient l'assainissement moral des abbayes de son évêché.

Il reste fidèle à l'empereur et va plaider sa cause devant Robert le Pieux pour la succession du royaume de Bourgogne, où Conrad II, qui a hérité de Rodolphe III mort sans enfants, est contesté par Eudes de Champagne qui a lui le soutien des Italiens.

Il arrive avec succès à ménager la paix entre les deux souverains.

Sa renommée franchit largement les frontières de la Lorraine où en 1047 Adalbert de Metz est devenu duc.

Pape

Élection

 Sceau du pape Léon avec Pierre et Paul en avers

 

L'autorité de l'empereur est faible sur ses vassaux et pendant le règne d'Henri III, les comtes de Tusculum sont issus d'une puissante famille romaine laquelle, habituée à faire élire le pape, tente de reprendre ses prérogatives.

Critiquant la faible moralité des papes désignés par l'empereur, elle fait élire un pape concurrent, obligeant l'empereur à intervenir militairement, à réunir un grand concile le 20 décembre 1046 pour démettre les papes concurrents.

Mais cela ne suffit pas, coup sur coup deux papes désignés par l'empereur sont assassinés (Clément II et Damase II).

Henri III doit impérativement désigner un pape dont la moralité ne puisse être mise en doute et suffisamment habile pour gagner la confiance des Romains.

Bruno, après son brillant ministère à Toul, est le candidat idéal.

Pour se faire accepter, il ne doit cependant pas être le candidat désigné par l'empereur, il se rend en pèlerinage dans la Ville sainte et demande humblement aux Romains de ne l'élire que s'il leur convient.

Il est alors intronisé sous le nom de Léon IX (en mémoire de Léon le Grand, qui avait affirmé la primauté de l'évêque de Rome en tant que successeur de Pierre) le 1er février 1049.

Débuts de la réforme grégorienne

Élevé dans l'esprit de la réforme monastique, il conclut que c'est l'indignité des papes précédents qui leur a valu leur désaveu par les romains et leur déchéance.

Il considère que le souverain temporel ne devrait pas intervenir dans la vie religieuse.

Comme à Toul, il s'entoure de réformateurs. Beaucoup d'ailleurs le suivent comme le moine Humbert de Moyenmoutier, dont l'intelligence est pénétrante mais qu'un caractère abrupt ne prédispose pas à la diplomatie, Hugues Candide, Frédéric de Lorraine (le futur Etienne IX) ou Pierre Damien.

 

 Hildebrand

 

Il nomme un clunisien, Hildebrand (le futur Grégoire VII), sous-diacre et le charge de l'administration des revenus du saint-siège, proche de la faillite.

Les organes de gouvernement sont réorganisés ; les services de la chancellerie, désormais très actifs, suivent le modèle impérial et le rôle des cardinaux, auxquels sont confiés des postes clés de l'administration, s'accroit très sensiblement ; ces fonctions, naguère réservées aux représentants des familles romaines sont ouvertes aux "étrangers", ce qui souligne le caractère universel du Saint Siège et montre que ces nominations ne doivent plus relever du clientélisme.

Hildebrand très énergique à une grande influence sur les actes de son pontificat et de ceux de ses successeurs (Victor II (1055-1057), Étienne IX(1057-1058), Nicolas II (1058-1061), Alexandre II (1061-1073).
 
De fait Hildebrand lance la réforme grégorienne vingt cinq ans avant de devenir pape lui-même.

Une doctrine est élaborée, qui tend à donner au Saint-Siège le pouvoir nécessaire à l'accomplissement de la réforme.

Les Dictatus papae en révèlent les idées maîtresses : Dans la société chrétienne, cimenté par la foi , l'ordre laïque a pour fonction l'exécution des commandements de l'ordre sacerdotal dont le pape est le maître absolu. Vicaire du Christ, il est le seul titulaire légitime de l'Empire, puisqu'il est le vicaire du Christ, « l'empereur suprême ».

Il peut déléguer ce pouvoir et reprendre sa délégation. L'empereur n'est plus le coopérateur du pape, mais son subordonné.

Il devait donc exécuter le programme de réforme défini par le pape.

Or ce programme remettait en cause l'Église impériale.

L'un des théoriciens du mouvement, Humbert de Moyenmoutier, affirme en effet que l'inconduite des clercs provenait de leur soumission aux laïcs car ceux-ci les désignaient en fonction non pas de leur piété mais des avantages matériels que cette nomination pouvait leur procurer.

Dès le début de son pontificat, en avril 1049, Léon IX réunit un concile à Rome condamnant la simonie et une partie du nicolaïsme.

Mais les prélats allemands et français ne viennent pas. Il décide alors de parcourir la chrétienté pour défendre énergiquement sa réforme, d'autant que Rome se fait menaçante.

De juillet 1050 jusqu'au printemps 1051, de juin 1052 à mars 1053, il sillonne l'Europe de Bénévent au sud, à Cologne au nord, à Reims à l'ouest, à Bratislava à l'est.

Ses principales luttes sont :

  • contre l'achat ou la vente de charges ecclésiastiques (la simonie) ;
  • contre le concubinage des prêtres (le nicolaïsme) ;
  • les évêques ne devaient pas être des préfets de l'Empire mais des théologiens ;
  • le retour à des valeurs « plus chrétiennes ».

Il excommunie et dépose les évêques reconnus coupables. Il convoque pendant son pontificat douze conciles.

En 1050, il institue la trêve de Dieu.

En 1049, il tente d'interdire le mariage du duc de Normandie Guillaume le Conquérant et de Mathilde de Flandre.

Cette union est entachée de consanguinité, mais le motif politique de cette décision est la crainte de l'Église de voir unies deux grandes puissances : la Flandre et la Normandie (les Normands installés en Sicile ayant déjà menacé la papauté). Le mariage a bien lieu en 1050.

 

Concile de Reims

Au concile de Reims, du 3 octobre 1049, le pape Léon IX excommunie l'évêque d'Iria-Compostelle pour avoir affirmé que son siège était apostolique ; cela revenait, naturellement, à nier la présence du corps de l'apôtre à Compostelle. La menace d'excommunication n'eut pas de conséquences et les pèlerins continuèrent à se rendre chaque fois plus nombreux auprès du sépulcre.

Lutte contre les hérésies

Les désordres moraux dont souffre l'Église favorisent la propagation des hérésies.

En particulier, en France, Bérenger l'écolatre de Tours affirme qu'il y a seulement une présence spirituelle du Christ dans l'Eucharistie.

Déjà condamné aux conciles de Rome et de Verceuil en 1050, puis au Synode de Paris en 1054, Bérenger est déféré en 1054 au concile de Tours présidé par Hildebrand. Il y reconnait qu'après consécration le pain et le vin sont le corps du Christ.

Ses démêlés avec les Normands de l'Italie du sud

Les musulmans venant de s'installer en Sardaigne, il envoie un légat aux Pisans pour leur proposer la concession perpétuelle de l'ile à condition de lui reverser un tribut.

Ceux-ci s'acquittent pleinement de cette mission s'emparant même de la Corse au passage.

Depuis 1016 des bandes de cadets Normands tentent leur chance en Italie du Sud. En effet, le système de féodalité directe établie par les Ducs de Normandie avec des règles héréditaires favorisant surtout les ainés oblige les puinés à rechercher fortune ailleurs.

Beaucoup vendent leurs talents militaires comme mercenaires.

L'Italie du sud est disputée entre Byzantins, Sarrazins et Lombards qui emploient nombre de mercenaires normands reconnus pour leur efficacité (ils gagnent maintes batailles en infériorité numérique).

Ces derniers malmenés par leurs employeurs ne tardent pas à guerroyer pour leur propre compte et conquièrent les comtés d'Aversa et d'Apulie en Italie du Sud.

Henri III les reconnait comme vassaux de l'Empire.

Or en 1051, le duché de Bénévent se soumet au pape et ce dernier, voyant sa dernière acquisition menacée par les pillards normands, entre en guerre contre eux.

Cependant l'aide d'Henri III et des Byzantins est insuffisante et le pape est vaincu en 1053 à la bataille de Civitate en Apulie.

C'est un échec: il est fait prisonnier par les Normands en 1053 et brouille définitivement la papauté avec Byzance.

Finalement, le pape est libéré au bout de neuf mois de détention en Bénévent après avoir reconnu les possessions normandes en Apulie et en Calabre.

Sa réforme lui a attiré beaucoup d'inimitiés, et revenu mourant à Rome, il voit son palais pillé en 1054.

Le schisme

Depuis la fin du VIIIe siècle, Rome qui avait été sous domination et protection byzantine depuis le pape Vigile, s'éloigne de Constantinople pour se tourner vers les Francs puis vers le Saint Empire Romain Germanique.

Surtout, les menées militaires du pape et des empereurs en Italie du Sud ont tout pour faire de Byzance un adversaire. Lors du schisme de 869-879, provoqué par la querelle attenante au Filioque, poussé dans l'Eglise d'Occident par les pouvoirs francs, et les caractères contradictoires du pape Nicolas Ier ainsi que de Photios de Constantinople, le schisme prend un caractère bien réel ; mais il est évité après que le pape Jean VIII et Photius parviennent à un accord et condamnent le Filioque ainsi que Nicolas Ier.

Sous le patriarcat de Michel Cérulaire, les relations entre Rome et Constantinople sont toujours très tendues : les couvents et églises des Latins à Constantinople sont fermés et les monastères et églises orthodoxes en Italie le sont tout autant.

Si l'affirmation de la papauté comme étant à la tête de l'Église universelle est le fondement du schisme, c'est une controverse sur l'Eucharistie qui le déclenche. Les Latins utilisent un pain azyme et les orthodoxes du pain ordinaire. Léon IX fait réfuter les traités grecs traitant du problème. Humbert de Moyenmoutier dans son Dialogus s'oppose aux assertions des orthodoxes, condamne les prêtres mariés encore en usage en Orient et accuse les Byzantins d'hérésie car ils retireraient le Filioque du Crédo tout en les menaçant d'excommunication. Le pape envoie les légats Humbert de Moyenmoutier et Pierre d'Amalfi à Constantinople pour y explorer la possibilité d'une réconciliation avec l'Église du lieu. Les légats excommunient le patriarche et ses partisans le 16 juillet 1054 alors que le pape, Léon IX, est mort entre-temps, car il les renvoie en Italie chercher une nouvelle légature. Cérulaire contre-attaque et excommunie les légats. C'est le début du schisme de 1054, l'un des épisodes de la séparation des Églises d'Orient et d'Occident.

Epilogue

Le pape Léon IX a été canonisé dès 1087 par Victor III.

Sa fête est célébrée traditionnellement au jour d'anniversaire de sa mort terrestre (dite aussi « Naissance au Ciel ») le 19 avril.

Son corps repose à la basilique Saint-Pierre.

En Lorraine et en Alsace, des églises lui sont consacrées notamment à Dabo, Nancy, Strasbourg et Eguisheim.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_IX

 

 

 Plaque commémorative sur la place du château à Eguisheim

Par Daniel Jünger : User Djuenger on de.wikipedia — Travail personnelOriginally from de.wikipedia; description page is (was) here, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=247102

 

 Plaque biographique de Léon IX sur la place du château à Eguisheim

 Par L’auteur n’a pas pu être identifié automatiquement. Il est supposé qu'il s'agit de : Mschlindwein (étant donné la revendication de droit d’auteur). — La source n’a pas pu être reconnue automatiquement. « Travail personnel » supposé (étant donné la revendication de droit d’auteur)., CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=247051

 Chapelle saint Léon de Dabo

 Par Olivier CHARLES — Photo par Olivier CHARLES, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3649057

 Statue de Léon IX à Dabo (millénaire de sa naissance)

 








Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire