Saint Josephat Kunciewicz

Saint Josephat Kunciewicz

Josephat Kunciewicz



 
 

Josaphat Kountsevitch (en ukrainien : Йосафат Кунцевич Josafat Kuntsevych, vers 1580-1623), est le premier saint martyr de l'Église gréco-catholique ukrainienne canonisé par Rome.

Sa vie

Josaphat Kountsevitch est né à Volodymyr-Volynsky en Volhynie historique (Ukraine) dans le Grand-duché de Lituanie vers 1580. Il était encore très jeune au moment de l'Union de Brest en 1596 où une partie de l'Église de Ruthénie se rattache à Rome et constitue l'Église gréco-catholique ou Église ruthène.

À vingt ans, il entre au monastère de la Sainte-Trinité (ordre basilien) à Vilnius, qui se trouvait dans le royaume polono-lituanien.

À trente ans, il en devient l'un des supérieurs. Dès lors, profondément déchiré par la séparation des catholiques romains et orthodoxes, il lutte pour la restauration de l'unité des Églises. Il est cependant perçu par les orthodoxes comme hostile à leur Église et à ses fidèles, comme le suggère la fameuse lettre du chancelier de Lituanie.

En 1617, il est nommé coadjuteur de l'archevêque de Polotsk qui décède l'année suivante et il lui succède. Il est à l'origine de la fondation de l'Ordre basilien de saint Josaphat basé sur la Règle de saint Basile avec Joseph Routsky, le Métropolite de Kiev.

La région était en proie aux antagonismes, aussi bien politiques que religieux. Alors qu'il effectue une visite pastorale à Vitebsk, il affronte une émeute menée par des paysans orthodoxes. Il se rend au-devant de ses agresseurs en leur disant : « Si vous en voulez à ma personne, me voici. »

Il est alors frappé au visage puis atteint par une balle de fusil, et jeté dans le fleuve. C'est au matin du 12 novembre 1623.




undefined
Par Calin Brezeanu — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=116121859


Saint Josaphat Kountsevitch (en ukrainien : Йосафат Кунцевич, Josafat Kountsevytch), né vers 1580 à Volodymyr-Volynsky (Ukraine) et mort (assassiné) le 12 novembre 1623 à Vitebsk (Biélorussie), est un moine basilien catholique.

Archevêque de Polotsk et grand promoteur de la réunion à Rome de l'Église orthodoxe, il est assassiné lors d'une visite pastorale à Vitebsk. Considéré comme martyr il est béatifié peu après sa mort et canonisé en 1867.

Il est liturgiquement commémoré le 12 novembre (Église latine) ou 25 novembre (Église grec-catholique). C'est la première personne de l'Église gréco-catholique ukrainienne à avoir été officiellement canonisée.

Biographie

Josaphat Kountsevitch naît à Volodymyr-Volynsky en Volhynie historique (Ukraine) dans le grand-duché de Lituanie vers 1580. Il est encore très jeune lorsque, au concile provincial de Brest-Litovsk, plusieurs évêques proclament le rétablissement de l'union avec Rome (union de Brest) en 1595 : une partie de l'Église de Ruthénie se réconcilie avec l'Église de Rome et constitue l'Église gréco-catholique ou Église ruthène.

À vingt ans, il entre au monastère basilien de la Sainte-Trinité (ordre basilien) à Vilnius, qui se trouve dans le royaume polono-lituanien. Ordonné prêtre, il devient l'archimandrite de son monastère à trente ans.

En 1618, il devient archevêque gréco-catholique de Polotsk. Homme de caractère et de grande vertu il est également reconnu pour sa compétence théologique. Il est à l'origine de la fondation de l'ordre basilien de saint Josaphat avec Joseph Routsky.

Comme archevêque de Polotsk, Mgr Kountsevitch réunit des synodes annuels, visite ses prêtres et veille à ce que la liturgie orientale soit célébrée avec toute la splendeur requise. L'évêque mène une politique active de « retour à Rome » des populations orthodoxes locales, sans latinisation. C'est la naissance du gréco-catholicisme. La région de Polotsk ne compte qu'une minorité de personnes ayant rejoint le gréco-catholicisme, la très grande majorité étant restée dans la tradition chrétienne orthodoxe.

Avec l'appui des nobles catholiques et des autorités politiques, Kountsevitch prend le contrôle de beaucoup d'églises orthodoxes qu'il transforme en églises gréco-catholiques. En 1622, il fait fermer l'ensemble des églises orthodoxes de la ville de Vitebsk. En outre, désireux d'asseoir son autorité sur l'ensemble du clergé orthodoxe présent dans son diocèse, il force ceux-ci à reconnaître son autorité. Il fait emprisonner les récalcitrants. Ses actions suscitent une telle indignation dans le clergé local qu'en 1622 une première révolte dirigée contre Kountsevitch a lieu à Vitebsk, mais sans conséquences.

Le 12 novembre 1623, Mgr Josaphat se trouve en visite pastorale à Vitebsk. Une campagne de calomnies et d'incitations à la violence aboutit à une nouvelle révolte contre lui, après qu'il a fait arrêter le prêtre orthodoxe Ilia Dawidowicz pour l'empêcher de célébrer un office religieux orthodoxe. La foule prend d'assaut le palais épiscopal, après quoi Kountsevitch est assassiné par les assaillants et son corps jeté dans la rivière Dvina.

À la suite de ce meurtre, le pape Urbain VIII demande au Roi Sigismond III que les responsables soient sévèrement punis5. Au terme d'une enquête, une commission spécialement créée reconnaît comme collectivement coupables du meurtre tous les habitants de la ville, à quelques exceptions près, et 19 d'entre eux sont condamnés à mort et exécutés. Quant à la ville de Vitebsk, elle est déchue de ses droits magdebourgiens.

Béatification et canonisation

undefined

Le Martyr de Josaphat Kountsevitch de Józef Simmler (v. 1861), musée national de Varsovie


Après plusieurs témoignages de miracles, le pape Urbain VIII forme une commission d'enquête sur son cas en 1628. A l'exhumation de son corps, on s'aperçoit qu'il n'est pas atteint par la corruption, bien que cinq années se soient écoulées depuis sa mort. En 1637, une autre commission mène une enquête sur sa vie et Josaphat est béatifié le 16 mai 1643 par Urbain VIII. Il a été canonisé en 1867 par le pape Pie IX.

Saint Josaphat est le premier saint gréco-catholique canonisé par le Saint-Siège. Ses reliques se trouvent sous l'autel de saint Basile le Grand à la basilique Saint-Pierre de Rome.

Controverses

L'action de l'homme d'Église a soulevé en son temps des protestations au sein même des catholiques du royaume de Pologne-Lituanie, comme en témoigne la lettre adressée à l'archevêque par le grand chancelier du grand-duché de Lituanie, le prince Sapieha, en réponse à la missive dans laquelle Josaphat de Polotsk justifie les crimes contre les croyants orthodoxes. Dans un des passages le chancelier du grand-duché répond à l'archevêque : « Vous écrivez qu'il vous est loisible de noyer les orthodoxes et de leur fendre la tête. Non. Il ne faut pas agir ainsi avec eux, car le commandement de Dieu interdit toute vengeance et ce commandement s'adresse aussi à vous… »

Souvenir et vénération

undefined

Saint Josaphat le Hiéromartyr


  • Saint Josaphat est liturgiquement commémoré Le 12 novembre par l'Église catholique et le 25 novembre par les Églises gréco-catholique ukrainienne et biélorusse.
  • Saint Josaphat est le saint patron des catholiques ukrainiens, le saint patron des moines gréco-catholiques basiliens et le saint patron de la Fraternité sacerdotale.

Source :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Josaphat_Kountsevitch

 

 
Jean Kuntsevych, né en Volhynie, en 1580.
 
Il est encore adolescent à l'époque de l'Union de Brest (1596) où une partie de l'Eglise d'Ukraine se rattache à Rome et constitue l'Eglise gréco-catholique ou Eglise ruthène.
 
A vingt ans, il entre au monastère de la Sainte Trinité à Vilnius, alors dans le royaume polono-lituanien, dans un monastère de l'ordre basilien et prend le nom de Josaphat.
 
A trente ans, il en devient l'un des supérieurs.
 
Déchiré en lui-même par cette séparation entre catholiques romains et orthodoxes, il se dévoue à la cause de l'unité, polémique avec les orthodoxes tout en gardant une grande douceur.
 
Nommé évêque de Polock en 1617, il se trouve dans une région où les antagonismes sont exacerbés plus encore par des considérations politiques et culturelles que par des points de vue religieux.
 
Au cours d'une émeute provoquée par des intégristes orthodoxes, alors qu'il accomplissait une visite pastorale à Vitebsk, il est lynché et jeté dans le fleuve, martyr pour son attachement à l'Eglise romaine. 
 
Béatifié par le pape Urbain VIII le 16 mai 1643 et canonisé par le bienheureux Pie IX le 29 juin 1867, il est le premier saint des Eglises uniates à être canonisé à Rome.


Saint Josaphat Kuntsevych, évêque basilien et martyr à Vitebak († 1623)

Ses reliques se trouvent sous l'autel saint Basile dans la basilique Saint Pierre du Vatican.

Voir aussi
lettre apostolique du pape Jean-Paul II à l'occasion du quatrième centenaire de l'union de Brest, le 12 novembre 1995, mémoire de saint Josaphat.
 
Né dans l’orthodoxie, Jean Kuncewicz adhéra, dès sa jeunesse, à l’union catholique et, devenu évêque de Polotz sous le nom de Josaphat, il déploya un zèle constant à garder son troupeau dans l’unité, attentif à donner toute sa splendeur à la liturgie byzantine slave. Au cours d’une visite pastorale à Vitebsk, en 1623, il fut massacré par une foule déchaînée contre lui et mourut pour l’unité de l’Église et la défense de la vérité catholique.
 


 
Josaphat est né à Wladimir en Pologne, d'une famille modeste.
Il reçut le  nom de Jean au baptême. 
 
Il entre à 20 ans dans l'Ordre des Basiliens-Unis de Pologne où il prit le nom de Josaphat. 
 
Secrètement passé au schisme, le supérieur de la communauté tenta vainement de porter Josaphat à la révolte contre le Saint-Père. Au grand mécontentement des schismatiques qui accablèrent le Saint d'injures et de sarcasmes, Josaphat dénonça l'archimandrite au métropolitain qui fut déposé de sa charge.

Quoique simple diacre, Josaphat fit preuve d'un zèle ardent pour la conversion des non-unis et en ramena un bon nombre dans le giron de l'Église. 
 
Ordonné prêtre, le saint basilien se fit l'apôtre de la contrée, s'appliqua au ministère de la prédication et de la confession tout en pratiquant une exacte observance de ses Règles. 
 
Dieu avait doté saint Josaphat d'un talent particulier pour assister les condamnés à mort. 
 
Il visitait aussi les malades pauvres, lavait leurs pieds et tâchait de procurer des remèdes et de la nourriture aux miséreux.

Nommé archimandrite du couvent de la Trinité qui se composait surtout de jeunes religieux, il les forma à la vie monastique avec une vigilance toute paternelle. 
 
À l'âge de 38 ans, saint Josaphat Koncévitch fut sacré archevêque de Polotsk à Vilna. 
 
Pendant que l'archevêque se trouvait à la diète de Varsovie où plusieurs évêques avaient été convoqués, un évêque schismatique s'empara de son siège à l'improviste. Saint Josaphat s'empressa de revenir vers son troupeau pour rappeler les brebis rebelles à l'obéissance. Au moment où il voulut prendre la parole, la foule excitée par les schismatiques se rua impétueusement sur lui. Il aurait été impitoyablement massacré si la force armée n'était intervenue pour le dégager.

Le matin du 12 novembre 1623, alors qu'il priait dans la chapelle du palais épiscopal de Vitebsk, la foule en furie envahit la sainte demeure. 
 
Saint Josaphat accourut promptement au bruit de l'émeute : « Si vous en voulez à ma personne, dit-il aux assassins, me voici. » Deux hommes s'avancèrent alors vers lui ; l'un d'eux le frappa au front avec une perche et l'autre lui asséna un coup de hallebarde qui lui fendit la tête. Enfin, deux coups de fusil lui percèrent le crâne. 
 
Saint Josaphat avait 44 ans lorsqu'il fut victime de ce crime sacrilège.
 


Josaphat Kuncewicz naquit de parents catholiques et nobles d'origine à Wladimir en Volhinie. 
 
Un jour de son enfance que sa mère lui parlait de la passion du Seigneur, il fut blessé au cœur d'un trait parti du côté de l'image de Jésus crucifié. 
 
Embrasé de l'amour divin, il se livra dès lors de telle sorte à la prière et autres œuvres pieuses, qu'il était l'exemple et l'admiration de ses compagnons plus âgés.

A vingt ans il embrassa la règle monastique dans le cloître basilien, et fit dans la perfection évangélique des progrès merveilleux. 
 
Il marchait nu-pieds dans les plus grands froids des rigoureux hivers de ces régions. 
 
L'usage de la viande lui était inconnu ; et pareillement celui du vin, sauf quand l'y contraignait l'obéissance.
 
Il garda jusqu'à la mort sur sa chair un rude cilice. 
 
Inviolable demeura la fleur de pureté que dès l'adolescence il avait vouée à la Vierge Mère de Dieu.

Ordonné prêtre, le saint basilien se fit l'apôtre de la contrée, s'appliqua au ministère de la prédication et de la confession tout en pratiquant une exacte observance de ses Règles.
 
Dieu avait doté saint Josaphat d'un talent particulier pour assister les condamnés à mort.
 Il visitait aussi les malades pauvres, lavait leurs pieds couverts d'ulcères et tâchait de procurer des remèdes et de la nourriture à ces miséreux.

La renommée de sa vertu et de sa science devint telle en peu de temps, qu'on le mit malgré sa jeunesse à la tête du monastère de Byten, et que bientôt archimandrite du couvent de la Trinité de Vilna, qui se composait surtout de jeunes religieux, et qu'il forma à la vie monastique avec une vigilance toute paternelle.

Il fut enfin, à l'âge de 38 ans et contre son gré, mais à la grande joie des catholiques, sacré archevêque de Polotsk à Vilna.
 
Cette dignité nouvelle ne changea rien à son genre de vie ; le culte divin, le salut des brebis à lui confiées eurent tout son cœur. 
 
Champion infatigable de l'unité catholique et de la vérité, il consacra ses forces à ramener schismatiques et hérétiques à la communion du Siège de saint Pierre.

Des erreurs impies, d'impudentes calomnies étaient répandues contre le Souverain Pontife et la plénitude de sa puissance ; il ne faillit jamais à la tâche de les défendre, soit par ses discours, soit en des écrits pleins de piété et de doctrine.
 
Il revendiqua les droits épiscopaux et les biens d'Eglise que des laïques avaient usurpés.

Incroyable fut le nombre des hérétiques ramenés par lui au sein de la Mère commune. Que surtout Josaphat ait été le promoteur incomparable de l'union de l'Eglise grecque avec l'Eglise latine, c'est ce qu'attestent expressément les déclarations du pontificat suprême. En outre, c'était à restaurer la splendeur du temple de Dieu, à construire des asiles pour les vierges sacrées, à mille œuvres pies, qu'allaient comme d'eux-mêmes tous les revenus de son évêché.

Sa charité envers les malheureux était si grande qu'un jour, ne trouvant rien pour soulager la misère d'une pauvre veuve, il fit mettre en gage son omophorion ou pallium épiscopal.

Tels furent les progrès de la foi catholique, que des hommes pervers en vinrent dans leur haine contre l'athlète du Christ à conspirer sa mort ; lui-même, dans un discours à son peuple, l'avait annoncée.
 
Vitebsk en fut le lieu.
 
Pendant que le saint archevêque se trouvait à la diète de Varsovie où plusieurs évêques avaient été convoqués, un évêque schismatique s'empara de son siège à l'improviste. Saint Josaphat s'empressa de revenir vers son troupeau pour rappeler les brebis rebelles à l'obéissance. Au moment où il voulut prendre la parole, la foule excitée par les schismatiques se rua impétueusement sur lui. Il aurait été impitoyablement massacré si la force armée n'était intervenue pour le dégager des mains des insoumis.

Au matin du 12 novembre 1623, alors qu'il priait dans la chapelle du palais épiscopal de Vitebsk, la foule en furie envahit la sainte demeure.
 
Lui très doux cependant vint de lui-même au-devant de ceux qui le cherchaient, et leur parlant avec amour :

" Mes petits enfants, dit-il, pourquoi frappez-vous mes gens ; si vous avez quelque chose contre moi, me voici."

Deux hommes s'avancèrent alors vers lui. L'un d'eux le frappa au front avec une perche et l'autre lui asséna un coup de hallebarde qui lui fendit la tête. Enfin, deux coups de fusil lui percèrent le crâne ; il finirent par emporter son corps pour le jeter dans le fleuve. Saint Josaphat avait quarante-quatre ans lorsqu'il fut victime de ce crime sacrilège.

C'était donc le douzième jour de novembre, et l'an 1623 ; Josaphat était dans sa 44e année. Son corps, enveloppé d'une lumière miraculeuse, fut retiré du fond des eaux. Ce fut aux parricides mêmes que profita tout d'abord le sang du Martyr ; condamnés à mort, presque tous abjurèrent le schisme, en détestant leur crime.

La mort du grand évêque fut suivie d'éclatants et nombreux miracles, qui portèrent le Souverain Pontife Urbain VIII à lui décerner les honneurs des Bienheureux.

Le trois des calendes de juillet de l'an mil huit cent soixante-sept, en la solennité centenaire des Princes des Apôtres, étant présent le collège des Cardinaux avec près de cinq cents Patriarches, Métropolitains ou Evêques de tous rites assemblés de toutes les parties du monde en la basilique vaticane, Pie IX inscrivit solennellement parmi les Saints ce défenseur de l'unité de l'Eglise.

Il fut le premier des Orientaux glorifiés en cette sorte. Léon XIII, Souverain Pontife, étendit son Office et sa Messe à l'Eglise entière.
 
Contemporain de saint François de Sales et de saint Vincent de Paul, saint Josaphat Kuncewiez a l'allure d'un moine grec du XIe siècle, pénitent à la façon d'un ascète de la Thébaîde. Etranger à la culture intellectuelle de l'Occident, il ne connaît que les livres liturgiques et les textes sacrés à l'usage de son église; prêtre, archimandrite, réformateur de son Ordre basilien, et enfin archevêque, il combat toute sa vie contre les conséquences du schisme de Photius; et martyr, il cueille enfin dans cette lutte la palme de la victoire. Cependant la scène se passe en pleine Europe, dans des contrées soumises alors à la Pologne catholique, sous le règne du plus pieux de ses rois. Comment expliquer ce mystère ?

" Au lendemain des invasions mongoles, la Pologne reçut dans ses bras bien plus qu'elle ne conquit la nation ruthène, c'est-à-dire les Slaves du rit grec du Dnieper et delà Dwina, qui avaient formé autour de Kiew, leur métropole religieuse et leur capitale, le noyau primitif de cette puissance, appelée aujourd'hui la Russie. En faisant participer à sa vie nationale ces frères séparés, mais non pas ennemis de l'unité romaine, qui venaient à elle pleins de confiance dans sa force et dans son équité, la Pologne aurait assuré le triomphe de la cause catholique et sa propre hégémonie dans le monde slave tout entier. L'union au Pontife romain des nouveaux arrivants, qui avec plus d'esprit politique et de zèle religieux, aurait dû être conclue dès le XIVe siècle, ne fut proclamée qu'en 1595.
Ce fut l'Union de Brzesc. Par le pacte signé dans cette petite ville de Lithuanie, le métropolite de Kiew et les autres évêques grecs, sujets de la Pologne, déclaraient rentrer dans la communion du Saint-Siège apostolique. Chefs spirituels de la moitié de la nation, ils achevaient ainsi la fusion des trois peuples ruthène, lithuanien et polonais, réunis alors sous le sceptre de Sigismond III. Or une réforme religieuse, fût-elle décrétée dans un concile, ne devient une réalité que si des hommes de Dieu, de vrais apôtres et , au besoin, des martyrs apparaissent pour la consommer. Tel fut le rôle de saint Josaphat, l'apôtre et le martyr de l'Union de Brzesc. Ce qu'il ne fit pas lui-même, ses disciples l'achevèrent. Un siècle de gloire était assuré à la nation, et sa ruine politique en fut de deux cents ans retardée.


Mais la Pologne laissa dans un état d'infériorité humiliante ce clergé et ce peuple du rit gréco slave, qui s'abritaient dans son sein ; ses politiques n'admirent jamais dans la pratique que des chrétiens du rit grec pussent être de véritables catholiques, égaux à leurs frères latins. Bientôt cependant un duel à mort allait s'engager entre la Moscovie, personnifiant l'influence gréco-slave, et la Pologne latine. On sait comment cette dernière fut vaincue. Les historiens signalent les causes de sa défaite ; mais ils oublient d'ordinaire la principale, celle qui l'a rendue irrémédiable : la destruction presque totale de l'Union de Brzesc, le retour forcé au schisme de l'immense majorité des Ruthènes ramenés autrefois à l'Eglise catholique par saint Josaphat. La consommation de cette œuvre néfaste, bien plus que les circonstances politiques et les triomphes militaires, a rendu définitive la victoire de la Russie. La Pologne, réduite à ses neuf ou dix millions de Latins, ne peut plus lutter contre sa rivale d'autrefois, devenue sa rude dominatrice d'aujourd'hui.

La puissance des Slaves séparés de l'unité catholique grandit chaque jour. De jeunes nations, émancipées du joug musulman, se sont formées dans la presqu'île des Balkans ; la fidélité au rite gréco-slave, dans lequel s'identifiaient pour eux leur nationalité et le christianisme, a été la force unique qui a. empêché ces peuples d'être broyés sous les pieds des escadrons turcs ; victorieux de l'ennemi séculaire, ils ne peuvent oublier d'où leur est venu le salut : la direction morale et religieuse de ces nations ressuscitées appartient à la Russie. Profitant de ces avantages avec une habileté constante et une énergie souveraine, elle développe sans cesse son influence en Orient. Du côté de l'Asie, ses progrès sont plus prodigieux encore. Le tzar qui, à la fin du XVIIIe siècle, commandait seulement à trente millions d'hommes, en gouverne aujourd'hui cent vingt-cinq ; et par la seule progression normale d'une population exceptionnellement féconde, avant un demi-siècle, l'Empire comptera plus de deux cents millions de sujets.

Pour le malheur de la Russie et de l'Eglise, cette force est dirigée présentement par d'aveugles préjugés. Non seulement la Russie est séparée de l'unité catholique, mais l'intérêt politique et le souvenir des luttes anciennes lui font croire que sa grandeur est identifiée avec le triomphe de ce qu'elle appelle l'orthodoxie et qui est simplement le schisme photien. Pourtant, toujours dévouée et généreuse, l'Eglise romaine ouvre les bras pour recevoir sa fille égarée ; et, oubliant les affronts qu'elle en a reçus, elle réclame seulement qu'on la salue du nom de mère. Que ce mot soit prononcé, et tout un douloureux passé sera effacé.

La Russie catholique, c'est la fin de l'Islam et le triomphe définitif de la Croix sur le Bosphore, sans péril aucun pour l'Europe ; c'est l'empire chrétien d'Orient relevé avec un éclat et une puissance qu'il n'eut jamais ; c'est l'Asie évangélisée, non plus seulement par quelques prêtres pauvres et isolés, mais avec le concours d'une autorité plus forte que celle de Charlemagne. C'est enfin la grande famille slave réconciliée dans l'unité de foi et d'aspirations pour sa propre grandeur. Cette transformation sera le plus grand événement du siècle qui la verra s'accomplir et changera la face du monde.

De pareilles espérances ont-elles quelque fondement ? Quoi qu'il arrive , saint Josaphat sera toujours le patron et le modèle des futurs apôtres de l'Union en Russie et dans tout le monde gréco-slave. Par sa naissance, son éducation, ses études, toutes les allures de sa piété et toutes les habitudes de sa vie, il ressemblait plus aux moines russes d'aujourd'hui qu'aux prélats latins de son temps.

Il voulut toujours la conservation intégrale de l'antique liturgie de son Eglise, et, jusqu'à son dernier soupir, il la pratiqua avec amour sans altération, sans diminution aucune, telle que les premiers apôtres de la foi chrétienne l'avaient apportée à Kiew de Constantinople.

Puissent s'effacer les préjugés, fils de l'ignorance ; et si décrié que soit aujourd'hui son nom en Russie, saint Josaphat sera, aussitôt que connu, aimé et invoqué par les Russes eux-mêmes.

Nos frères gréco-slaves ne peuvent fermer plus longtemps l'oreille aux appels du Pontife suprême. Espérons donc qu'un jour viendra et qu'il n'est pas éloigné, dans lequel la muraille de division s'écroulera pour jamais, et le même chant d'action de grâces retentira à la fois sous le dôme de Saint-Pierre et les coupoles de Kiew et de Saint-Pétersbourg."
(Rme D. A. Guépin, Un apôtre de l'union des Egl. au XVIIe siècle, saint Josaphat ; en l'Avant-propos, passim.).


" Daignez, Seigneur, nous écouter et susciter en votre Eglise l'Esprit dont fut rempli le bienheureux Josaphat, votre Martyr et Pontife (Collecte de la fête)."

Ainsi prie aujourd'hui la Mère commune ; et l'Evangile achève de montrer son désir d'obtenir des chefs qui vous ressemblent (Johan. X, 11-16.).

Le texte sacré nous parle du faux pasteur qui fuit dès qu'il voit le loup venir ; mais l'Homélie qui l'explique dans l'Office de la nuit flétrit non moins du titre de mercenaire le gardien qui, sans fuir, laisse en silence l'ennemi faire son oeuvre à son gré dans la bergerie (Chrys. in Johan. Homil. LIX.).

PRIERE

" Ô Josaphat, préservez-nous de ces hommes, fléau du troupeau, qui ne songent qu'à se paître eux-mêmes (Ibid.). Puisse le Pasteur divin, votre modèle jusqu'à la fin (Johan. XIII, I.), jusqu'à la mort pour les brebis (Ibid. X, II.), revivre dans tous ceux qu'il daigne appeler comme Pierre en part d'un plus grand amour (Ibid. XXI, 15-17.).Apôtre de l'unité, secondez les vues du Pontife suprême rappelant au bercail unique ses brebis dispersées (Ibid. X, 16.). Les Anges qui veillent sur la famille Slave ont applaudi à vos combats : de votre sang devaient germer d'autres héros ; les grâces méritées par son effusion soutiennent toujours l'admirable population des humbles et des pauvres de la Ruthénie, faisant échec au schisme tout-puissant ; tandis que, sur les confins de cette terre des martyrs, renaît l'espérance avec le renouvellement de l'antique Ordre basilien dont vous fûtes la gloire. Puissent-elles ces grâces déborder sur les fils des persécuteurs ; puisse l'apaisement présent préluder au plein épanouissement de la lumière, et les ramener à leur tour vers cette Rome qui a pour eux les promesses du temps comme de l'éternité !"









 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire