Saint Hospice (6ème s.)

Saint Hospice (6ème s.)
Ermite près de Nice

Saint Hospice. Ermite près de Nice (6ème s.)



Saint Hospice est un Ermite du sixième siècle, dont le nom demeure célèbre aujourd'hui encore dans la région de Nice où il vécut.

Sa vie nous a été racontée par Saint Grégoire de Tours, au livre 6 de son "Histoire des Francs".

C'est ce récit que nous allons résumer ici.

Hospice s'était enfermé dans une vieille tour située près de Villefranche, à une lieue de la ville de Nice, sur une petite presqu'île qui, en souvenir de lui, est appelée aujourd'hui encore San Sospis.

Là se livrait aux exercices de la pénitence la plus rigoureuse.

Il avait enserré son corps dans des chaînes de fer qu'il portait à même la chair, avec un cilice par-dessus.

Il ne mangeait que du pain sec et quelques dattes.

Les jours de Carême, il faisait son repas avec des herbes utilisées par les solitaires d'Égypte, et qu'il achetait à des marchands. (Une tradition locale veut qu'il ait été originaire d'Égypte, et qu'il ait fait là l'apprentissage de la vie monastique.)

Il prenait d'abord le jus dans lequel elles avaient cuit, et plus tard, les herbes elles-mêmes.

Mais Dieu récompensait son zèle par le don des miracles et l'esprit de prophétie.

C'est ainsi qu'il prédit aux habitants du pays la prochaine invasion des Lombards : "Les Lombards, dit-il, viendront dans les Gaules et dévasteront sept provinces, parce que la malice de ce pays s'est accrue devant les yeux du Seigneur car il n'y a plus personne qui comprenne, personne qui recherche Dieu; personne qui fasse le bien, pour que la colère de Dieu s'apaise. Tout le monde est sans Foi, adonné aux parjures, accoutumé à voler, prompt à tuer; aucun fruit de justice ne mûrit en eux. On ne paye pas les dîmes, on ne nourrit pas les pauvres, on ne couvre pas ceux qui sont nus, on ne recueille pas les pèlerins, on ne leur donne pas une nourriture suffisante. C'est pour cela que ce fléau va venir. Je vous dis donc maintenant : ramassez tout votre avoir derrière des murailles, pour que les Lombards ne vous l'enlèvent pas ; et retranchez-vous vous-mêmes derrière les enceintes les mieux fortifiées."

Il prévint également les Moines de se hâter de se mettre en sûreté, avec ce qu'ils pourraient prendre, car les Barbares approchaient.

La même tradition prétend que Saint Hospice était Abbé d'un monastère établi sur la même presqu'île, et qu'il le gouvernait de sa tour.

Ces traditions sont rapportées dans un ouvrage publié à Turin en 1658, "Nice illustrée", par Gioffredi.

Et comme les Moines protestaient à l'envi qu'ils ne voulaient pas l'abandonner, il répartit : "Ne craignez rien pour moi. Peut-être me feront-ils subir quelques outrages, mais ils n'iront pas jusqu'à me tuer."

Les Moines s'étaient à peine éloignés que les Lombards arrivèrent.

Dévastant tout sur leur passage, ils atteignirent la tour où le Saint vivait, enfermé, et d'où il se montrait à eux par la fenêtre.

Ayant vainement cherché une entrée pour pénétrer dans la tour et monter jusqu'à lui, ils grimpèrent sur la toiture et, enlevant les tuiles, réussirent à l'approcher.

Voyant alors cet homme chargé de chaînes, dans cette sévère prison, ils pensèrent qu'ils avaient affaire à quelque grand criminel et, faisant venir un interprète, ils lui demandèrent de quoi il était coupable pour avoir mérité un tel châtiment.

Hospice déclara qu'il était un homicide et qu'il avait commis les pires méfaits.

Un des Barbares alors tira son épée et la brandit au-dessus de sa tête mais, au moment où il allait frapper, son bras droit se raidit sans qu'il pût le ramener à lui, et il lâcha son arme qui tomba à terre.

Les autres, voyant cela, poussèrent un grand cri vers le ciel, en suppliant le Saint de leur dire ce qu'il fallait faire.

Lui fit le signe de la croix sur le bras raidi et lui rendit aussitôt sa souplesse.

L'homme se convertit sur l'heure ; plus tard, il embrassa l'état monastique et donna l'exemple d'une grande ferveur.

Il vivait encore lorsque Grégoire de Tours écrivait sa chronique.

Beaucoup d'autres Barbares écoutèrent les conseils du Saint, et ceux-là rentrèrent sains et saufs dans leur pays ; ceux au contraire qui les méprisèrent périrent misérablement en terre étrangère.

Parmi les nombreux miracles imputés à Saint Hospice, on rapporte la guérison d'un homme originaire d'Angers, qui était sourd et muet, et qu'un Diacre conduisait à Rome pour que les Saints Apôtres lui rendissent l'usage de ses sens.

Comme il passait près du lieu où vivait le solitaire, celui-ci le fit appeler.

Il lui versa de l'huile bénite dans la bouche et sur la tête, en disant : "Au Nom de mon Seigneur Jésus-Christ, que tes oreilles s'ouvrent et que ta bouche se desserre, par cette vertu qui autrefois chassa d'un homme sourd et muet un démon malfaisant."

En même temps, il lui demanda son nom. L'infirme répondit à haute voix et se nomma.

A ce spectacle, le Diacre qui le conduisait éclata en cris d'admiration : "Je te rends des grâces infinies, disait-il, Ô Jésus-Christ, qui daignes opérer de tels prodiges par ton serviteur ; j'allais chercher Pierre, j'allais chercher Paul, ou d'autres qui de leur sang illustrèrent Rome, mais ici je les vois tous, ici je les ai tous trouvés !"

- Tais-toi, tais-toi, très cher frère, reprit le Saint qui redoutait les blessures de la vaine gloire. Ce n'est pas moi qui fais cela, mais Celui qui de rien a créé le monde ; qui, se faisant homme pour nous, fit voir les aveugles, entendre les sourds, parler les muets ; qui rendit aux lépreux leur première peau, aux morts la vie, et qui accorde à tous les malades une foule de soulagements."

Notre Saint guérit de même un aveugle de naissance et délivra un grand nombre de possédés.

Lorsqu'il sentit approcher le jour de sa mort, il fit venir l'économe du monastère et lui dit : "Faites faire une ouverture avec la pioche, dans le mur de cette tour, et envoyez des messages à l'Évêque de Nice, afin qu'il vienne m'ensevelir : car, dans trois jours, je quitterai ce monde pour aller jouir du repos que le Seigneur m'a promis."

Tandis qu'on s'acquittait en diligence de la commission, un nommé Crescent vint à la fenêtre, et voyant le solitaire ainsi chargé de chaînes et plein de vermine, il lui dit :

"Ô mon maître, comment peux-tu supporter de si durs tourments avec tant de courage ? - Celui pour le nom duquel je supporte cela, répondit le Saint, m'en donne la force. Mais je te le dis je suis déjà délivré de ces chaînes, et je vais à mon repos".

Le troisième jour qu'il avait annoncé comme devant être celui de son trépas étant arrivé, il ôta les chaînes qu'il portait et se prosterna en oraison.

Après avoir prié fort longtemps, en répandant d'abondantes larmes, il s'étendit sur un banc, leva ses mains vers le ciel en rendant grâces à Dieu et rendit l'esprit. Aussitôt tous les vers qui rongeaient ses Saints membres disparurent.

Cependant l'Évêque de Nice, Austadius, étant arrivé sur ces entrefaites, fit ensevelir le corps du bienheureux avec le plus grand soin.

Son tombeau devint aussitôt un lieu de pèlerinage extrêmement fréquenté.
On disait que la poussière même que l'on en emportait avait le pouvoir de faire des miracles.

Le même Saint Grégoire de Tours rapporte, dans un autre ouvrage ("De gloria confes.", c. 97), qu'un Chrétien, qui portait sur lui un peu de cette poussière, était monté un jour sur un vaisseau appartenant à des Juifs qui faisaient voile vers Marseille.

Mais son désir à lui était de descendre au Monastère des îles de Lérins.

Lorsqu'on arriva à hauteur de celles-ci, le navire s'arrêta de lui-même et il fut impossible de le faire avancer.

L'homme alors avoua aux Juifs son dessein, et leur fit connaître la puissante protection qu'il avait sur lui : les Juifs, comprenant qu'il était inutile de lutter, le déposèrent à terre et continuèrent leur route sans encombre.

La cathédrale (aujourd’hui papiste) de Nice ne possède comme Reliques de Saint Hospice qu'un os de sa main.

Il en existe d'autres dans plusieurs églises du diocèse papiste, notamment à Villefranche, à la Turbie, et dans le sanctuaire de la presqu'Île San Sospis.

Celui-ci continue à être un lieu de pèlerinage très fréquenté des populations de la région.
Source


Hospice de Nice, en latin Hospitius, en langue niçoise Ouspici est mort le 21 mai 581.

Il est également connu sous le nom d’Hospice le reclus.

C'est une figure hagiographique du christianisme de la région niçoise dont l'hagiographie figure dans l’« Histoire des Francs » de Grégoire de Tours (VIe siècle) dont il aurait été contemporain.

Répertorié comme saint dans les listes et ouvrages hagiographiques catholiques, il est fêté le 21 mai.


Hagiographie

Selon une tradition unique rapportée par Grégoire de Tour, Hospitius aurait vécu en reclus dans une tour près de Nice.

Cet auteur le décrit comme un ascète et précise : « (Il) ne mangeait rien autre chose que du pain et quelques dattes. Dans les jours du carême il se nourrissait de la racine d’une herbe d’Égypte à l’usage des ermites de ce pays et que lui apportaient les négociants ».

Toujours selon la tradition, il se couvrait volontairement de lourdes chaînes et passait sa vie dans la prière.

L’auteur lui attribue un don de prophétie : le même texte indique qu'il aurait prédit que la Gaule serait envahie par les Lombards, ce qui serait une punition divine pour la dépravation de ses habitants.

Selon l’hagiographie, il conseille aux moines d’aller se réfugier ailleurs à cause de l’invasion ; mais ceux-ci ne voulurent pas partir sans Hospitius, qui les rassure en prédisant qu’il souffrirait des Lombards mais qu’ils ne le tueront pas.

La tradition raconte ensuite que soldats lombards, arrivés devant la tour de l’ascète couvert de chaînes, pensent que c'est un criminel emprisonné.

Un des soldats voulant le tuer voit sa main figée et son épée tomber au sol. Hospitius le guérit et, en remerciement, le soldat lui demande à devenir moine, Hospitius le tonsurant sur place.

Ce moine aurait relaté ce miracle à Grégoire.

Le reste de la troupe laisse Hospitius en paix et rentre sain et sauf en Lombardie.

René François Rohrbacher (1789-1856), a cru pouvoir dater cet épisode en 573.
 
Article connexe : Royaume lombard.

Hospitius aurait poursuivi sa vie de prière par la suite. La tradition grégorienne lui attribue les guérisons d'un infirme, d'un aveugle et plusieurs femmes possédées. Il aurait prédit la date de sa mort et demandé qu'on appelle l’évêque de Nice, Austadius - inconnu hors du récit de Grégoire - , pour présider à ses funérailles. Selon Grégoire de Tours, plusieurs récits de la vie d'Hospitius auraient été écrits mais il n'en existe nulle trace.
 
Article connexe : Reclus (moine).

 

Littérature

En une mention incidente, Victor Hugo (1802-1885), parlant de concordances entre les « menues fables populaires », compare aussi dans Les proses philosophiques (1860-1865, publication posthume) cette légende locale à celle mettant en scène « le cheik Amrou [qui] paralyse l’émir Nassar-Eddin prêt à le frapper ».

Et Victor Hugo de conclure : « Ces légendes, quelques-unes poétiques, d’autres puériles, n’ont d’autre valeur philosophique que leur ressemblance. C’est par là seulement qu’elles méritent d’être visées et homologuées en passant ».

Par ailleurs, un personnage du roman Han d’Islande (1823) du même auteur, invoque « Saint Hospice» par deux fois.
 

Frédéric Mistral (1830-1914) mentionne ce saint dans son Tresor (1879) : « Sant Ouspice, saint Hospice ou Sospis, cénobite célébré à Nice, mort en 581 ».

Dans l’Oblat, de Joris-Karl Huysmans (1848-1907), le personnage de Dublat mentionne anecdotiquement « Hospitius qui s’écroua près de Nice » parmi d'autres reclus locaux.
 


Saint Sospis

Sospis fait figure de forme populaire. Auguste Longnon (1844-1911) dans Les noms de lieu de la France (1922) explique cette forme par une mécoupure. « Le passage du groupe latin ct au son chuintant, qu’on observe dans la langue espagnole (noche = noctem ; — ocho = octo ; — techo = tectum) s’est aussi produit dans les parlers de la France méridionale […]. Sanctus et sancta sont ainsi devenus, au Moyen Âge, sanch et sancha […]. »
C’est ainsi que Saint-Chinian (Hérault) répond à Sanctus Anianus, par mécoupure.

Dans d’autres zones on a le son sifflant au lieu du son chuintant, d’où Saint-Sospis répondant à Sanctus Hospitius.

On rencontre aussi la variante Sospir.

 

Culte, toponymie et représentations

  • Il ne figure plus au Martyrologe romain dans lequel il a figuré jusqu'au XIXe siècle.


La chapelle Saint-Hospice


  • Une chapelle Saint-Hospice se trouve sur la pointe Saint-Hospice de Saint-Jean-Cap-Ferrat. Elle fut construite au XIe siècle sur les ruines de la tour où avait vécu cet ermite. Laissée à l’abandon, elle subit les outrages du temps jusqu’en 1980, puis elle a bénéficié d’une restauration complète grâce à l’action du conseil général des Alpes-Maritimes et de l'Association pour la restauration de Saint-Hospice. Elle est classée monument historique. Les environs de la chapelle constituent le lieu-dit « Saint-Hospice ».


La pointe Saint-Hospice et la chapelle Saint-Hospice

  • La pointe sur le côté est de la presqu’île du cap Ferrat porte le nom de pointe Saint-Hospice. Située au niveau cette pointe, et à proximité de la chapelle Saint-Hospice, une statue de douze mètres de haut, classée monument historique, porte le nom de « Vierge de Saint-Hospice ». Elle se trouve près de la tour Saint-Hospice, dite tour génoise, également classée monument historique et édifiée par le roi de Sardaigne Charles-Emmanuel III au XVIIe siècle pour servir de prison d'État mais qui n'a jamais accueilli de prisonnier.
  • Le fort construit en 1560-1561 sur décision du duc de Savoie Emmanuel-Philibert afin de défendre le territoire niçois, prit le nom de fort Saint-Hospice.
  • Il existe une villa Santo-Sospir datant de 1931 et situé à Saint-Jean-Cap-Ferrat, sur le cap Ferrat.



Plaque de rue de la rue Saint-Hospice, dans le Vieux-Nice

  • La rue Saint-Hospice (carriera San Souspir en niçois), dans le Vieux-Nice, porte son nom.
  • Il existe dans la chapelle de la Très-Sainte-Trinité et du Saint-Suaire de Nice (chapelle des pénitents rouges) un groupe sculpté polychrome représentant le Martyre de saint Hospice.
  • Il existe dans basilique Saint-Michel-Archange de Menton un tableau du XVIIe siècle représentant le martyre de saint Hospice.
  • Il existe dans la chapelle qui porte son nom, à Saint-Jean-Cap-Ferrat un retable (XVIIe siècle/XVIIIe siècle) et un tableau (premier quart du XVIIIe siècle) représentant le martyre de saint Hospice.
  • Archéologie sous-marine : un fragment d’écuelle représentant saint Hospice a été découvert au fond de la rade de Villefranche.
  • Reliques : la cathédrale Sainte-Réparate de Nice ne possède comme relique qu’un os de la main de saint Hospice. Il existe d’autres relique dans le diocèse de Nice : à Villefranche-sur-Mer, à La Turbie, dans la chapelle Saint-Hospice à Saint-Jean-Cap-Ferrat…
  • Il existe une chapelle Saint-Hospice à Bonson (Alpes-Maritimes). La Saint-Hospice (fêtée en 2011 le dimanche 16 octobre) est l’occasion d’une procession où l’on porte une statue de saint Hospice, sculptée par Marius Giacobi.


Invocations locales

Saint Hospice était invoqué dans la région pour obtenir la pluie. Il était considéré comme étant le patron des témoins et un adage local en niçois fustige les faux témoins en évoquant Ouspici (Hospice).

Un autre proverbe local dit « Que sant'Ouspici ti garde judici » (Que saint Hospice te garde le bon jugement).

Source :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Hospice_de_Nice
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