Saint Gordius († v. 304)

Saint Gordius († v. 304)
Martyr en Cappadoce


Saint Gordius, Martyr en Cappadoce († v. 304)





Gordius, Gordianus ou Gordias de Césarée était un centurion romain.

Il est mort martyr à Césarée de Cappadoce, sous la persécution de Dioclétien.

Fête le 3 janvier.

Il est connu par une mention de saint Basile de Césarée qui a dit de lui qu'il était un émule du centurion présent près de la croix.

Il a été condamné à être décapité pour avoir confessé sa foi chrétienne.

On lui ordonna un jour de participer aux tortures infligées aux chrétiens de Césarée.

Il préféra se dépouiller des insignes de sa charge et s'enfuir dans la montagne pour y vivre en ermite.

"Tel le prophète Élie réfugié au mont Horeb (I Rois 18), il purifia l'œil de son cœur par les jeûnes, les veilles, la prière et la constante méditation de la parole de Dieu, et obtint de voir Dieu autant qu'il est possible à l'homme."

Puis il retourna en ville accomplir son martyre. Après un jugement, il fut conduit en dehors de la ville, accompagné par une grande foule, et décapité


Citation

Pourquoi vouloir gagner quelques jours de vie sur terre en me privant de l'éternité.

Source :





Saint Gordius naquit à Césarée en Capadoce, et servit d'abord en qualité de centurion dans les armées de l'empire ; mais aussitôt que Dioclétien eut allumé le feu de la persécution il « jeta son baudrier — nousraconte saint Basile —, se condamna à un exil volontaire, renonça aux. honneurs du monde, à ses biens, à ses parents, à ses amis, à ses serviteurs, aux jouissances de la vie, à tout ce que les hommes ont de plus précieux, pour aller se cacher dans le désert le plus profond, le plus inaccessible airs humains : il préféra la compagnie des bêtes à celle des idolâtres; en cela fidèle imitateur du grand Élie. »

Quelque temps après…

« Ayant réfléchi — c’est toujours saint Basile qui s’exprime — combien la vie présente est vaine, frivole, aussi peu solide qu'une ombre et un songe, il connut un ardent désir de la félicité éternelle. Il sentit, comme un athlète, qu'il était suffisamment préparé pour le combat, parles jeûnes, les veilles, les prières, par une méditation continuelle des saintes Écritures ; il choisit donc le jour où toute la ville était rassemblée pour voir une course de chevaux faite en l'honneur de Mars, ou plutôt du démon ami de la guerre. Tout le peuple assistait au spectacle ; on y voyait les Juifs et les Gentils; un grand nombre de Chrétiens, peu attentifs sur eux-mêmes, se mê-laient parmi les profanes; et, sans se mettre en peine de se séparer de la société des méchants, ils considéraient avec les autres la vitesse des chevaux et l'adresse de leurs conducteurs. Les esclaves étaient ce jour-là en liberté, les enfants avaient interrompu leurs études, des femmes obscures et sans nom étaient confondues avec les hommes. Tout le cirque était rempli de spectateurs qui regardaient attentivement le combat des chevaux. Alors notre héros magnanime accourt du haut des montagnes vers l’amphithéâtre, sans être effrayé de la foule du peuple, sans faire attention à combien de bras ennemis il se livrait. Avec un cœur intrépide et des sentiments élevés, il traverse tous les rangs des spectateurs, comme si c'eût été une file de rochers ou d'arbres, et paraît au milieu du cirque, justifiant cette sentence des Proverbes : Le juste est courageux comme un lion (Prov. 28. 1).

Son intrépidité fut telle, que, se montrant dans l'endroit de l'amphithéâtre le plus remarquable, il cria de toutes ses forces et prononça d’un ton assuré ces paroles que plusieurs d'entre nous se souviennent encore d'avoir entendues : Ceux qui ne me cherchaient pas m'ont trouvé ; je suis venu me présenter à ceux qui ne m'interrogeaient pas (Is. 65. 1). Il voulait par-là signifier qu'il venait se présenter au combat sans y être contraint, saris être épouvanté du péril; à l'exemple de son divin Maître, qui se manifesta de lui-même aux Juifs, dont il n eût pu être connu durant les ténèbres d'une nuit obscure.

Un spectacle aussi extraordinaire attirait les yeux de toute l'assemblée. Le long séjour que Gordius avait fait sur les montagnes, lui avait donné un air sauvage : les cheveux hérissés, une barbe longue, un habit déchiré, la maigreur de tout sou corps, un bâton qu'il portait, une besace qui couvrait toutes ses épaules, imprimaient sur toute sa personne je ne sais quoi d'horrible, en même temps que la grâce divine qui brillait au-dedans de lui se répandait au-dehors et le rendait vénérable. Dès qu'on sut qui il était, il s'éleva des cris confus de la part des sectateurs de la foi et des ennemis de la vérité : les uns applaudissaient de joie en voyant un de leurs compagnons, les antres animaient le juge contre lui, et le condamnaient d'avance à la mort. Tout était plein de cris et de tumulte. On ne songeait plus ni aux chevaux, ni à leurs conducteurs ; l'appareil des chars n'était plus qu'un vain fracas. Tous les regards étaient arrêtés sur Gordias ; on ne voulait voir que lui, on ne voulait entendre que lui. Un murmure, tel que le vent en excite, se répandait dans tout l'amphithéâtre et étouffait le bruit de la course des chevaux. Lorsque les hérauts eurent imposé silence, les instruments cessèrent de retentir; on n'écoutait que Gordius, on ne regardait que Gordius : on le traîna sur-le-champ devant le tribunal du juge qui présidait au spectacle, D'abord celui-ci interrogea Gordius avec assez de douceur; il lui demanda qui il était, et d'où il était Gordius déclara quelle était sa patrie, sa famille, l'emploi qu'il avoir eu dans l'armée, la cause de sa fuite, le motif de son retour: Je viens, ait-il, pour montrer combien peu je redoute vos édits, et pour signaler ma fui dans le pieu en qui j'ai mis mon espérance. J'ai entendu dire que vous étiez le plus cruel des hommes ; j'ai donc cru. que c'était l'occasion la plus favorable de remplir mes désirs. Ces paroles enflammèrent la colère du juge, et lui firent décharger sur Gordius tout le poids de sa fureur. Qu'on appelle, dit-il, des bourreaux. Où sont les lames de plomb ? Où sont les fouets ? Qu'on l'étende sur la roue, qu'on le tourmente sur le chevalet ; qu'on prépare un cachot, les bêtes féroces, les flammes, un glaive, une croix. Que ce scélérat, ajouta-t-il, est heureux de ne pouvoir mourir qu'une fois! Au contraire, répliqua Gordius, que je suis malheureux de ne pouvoir mourir plusieurs fois pour Jésus-Christ ! Le juge, déjà féroce de son naturel, le devint davantage en voyant la confiance de cet homme. Il regarda comme un mépris la liberté de ses discours, la fierté de sentiments ; et plus il le voyait intrépide, plus il s'aigrissait, plus il était jaloux de triompher de sa constance en imaginant des tourments nouveaux.

Mais Gordius levant les yeux au ciel, et affermissant son âme par les paroles sacrées des psaumes, disait avec David : “Le Seigneur est mon secours ; je ne craindrai point les effets des hommes” (Ps. 117. 6). »

La sentence prononcée, il fit le signe de la croix, et reçut avec joie le coup de la mort. S. Basile qui prononça son panégyrique à Césarée, le jour de sa fête, dit à ses auditeurs : « Quand on loue les princes et les héros du monde, on se fait une loi d'embellir et d'enfler leur éloge: quant aux justes, il suffit de la vérité des faits pour montrer l'excellence de leur vertu. »

Un peu plus loin dans son discours, saint Basile dit encore : « Pour nous, notre règle, en louant les saints, est de rejeter tout ce qui est étranger, et de ne faire mention que de leurs vertus personnelles », car, bien entendu, « lorsque les justes ont méprisé le monde entier, ne serait-ce pas le comble du ridicule de les louer par quelques parties de ce même monde qu'ils ont dédaigné ? Le seul souvenir des saints suffit donc pour édifier continuellement l'Église : ils n'ont nul besoin de nos louanges, nais nous avons besoin de nous rappeler leurs actions pour nous servir de modèles. Comme le feu produit la lumière, et comme les parfums rendent une odeur agréable, ainsi une vie sainte procure nécessairement de grands avantages. »

Et la saint Docteur de l’Église qui nous informe que plusieurs de ses auditeurs avaient été témoins oculaires du triomphe du saint martyr, termine ainsi son brillant discours :

« Plus on regarde le soleil, plus on l'admire: ainsi le souvenir de Godius est pour nous toujours récent. La mémoire du juste sera éternelle (Ps. 111. 7), et parmi les habitants de la terre tant que la terre subsistera, et dans le royaume des cieux, et auprès du juste Juge, à qui soient la gloire et l'empire dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. »








 

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