Saint Eustrate
et plusieurs martyrs en Arménie (4ème s.)
A l'époque de l'ultime et implacable persécution lancée par l'empereur Dioclétien (vers 305), la terreur régnait et le sang coulait à flots, jusque dans les régions les plus extrêmes de l'empire.
Où
qu'ils se trouvent et dans quelque condition qu'ils soient, les
Chrétiens devaient alors choisir entre l'apostasie ou le Martyre.
Dans
la ville de Satala, en Arménie, vivait alors un brillant aristocrate,
Eustrate (Icône ci-contre), conseiller de rang ducal et chef des
notaires impériaux de la cité, qui jusque-là avait pu garder secrète son appartenance à l'Eglise.
Devant
les glorieux combats des confesseurs de la foi il fut saisi lui aussi
du désir d'être jugé digne de la couronne inflétrissable des Martyrs ;
mais il craignait encore la perspective des supplices : peut-être
n'aurait-il pas le courage de les endurer, et reculerait-il ?
Pour
savoir si la volonté de Dieu était bien qu'il s'avançât au combat, il
confia sa ceinture, signe de sa dignité, à l'un de ses serviteurs, en
lui recommandant d'aller la poser sur l'Autel de l'église et de lui dire
si la première personne qui allait entrer dans la Sanctuaire pour la
prendre serait bien le vénérable Prêtre Auxence.
Comme
il en fut ainsi, encouragé par ce signe et ne craignant plus ceux qui
ne peuvent tuer que le corps, il invita ses amis et ses proches à venir
partager sa joie dans un grand banquet, au cours duquel il leur annonça
qu'il allait bientôt recevoir un trésor inaltérable.
Le
lendemain, comme le duc Lysias faisait comparaître les prisonniers
Chrétiens à son tribunal, au centre de la ville, Eustrate s'avança
soudain, se déclara Chrétien et demanda à être associé à leur sort.
D'abord
stupéfait, le magistrat le fit dépouiller des signes de sa charge et le
fit fustiger à nu, avant de le soumettre à l'interrogatoire.
Puis, suspendu en l'air par des cordes au-dessus d'un brasier, il fut à nouveau sauvagement frappé.
Tout
en restant aussi indifférent à la douleur que si c'était le corps d'un
autre qui était supplicié, il s'adressa à Lysias, en le remerciant de
lui procurer une telle joie et en disant : «Maintenant je sais que je
suis le temple de Dieu et que le Saint-Esprit habite en moi ! »
Et malgré le sel et le vinaigre répandus sur ses plaies, il fut miraculeusement guéri le soir même.
Devant
la constance du Martyr et l'assistance qui lui était accordée par la
Grâce, un de ses concitoyens et subordonnés, l'officier Eugène, s'élança
à son tour vers le juge, et demanda à combattre avec Eustrate et les
autres confesseurs.
Au
petit matin, on fit sortir les prisonniers de leur cachot pour les
emmener à pied vers Nicopolis et, avec une cruelle ironie, Lysias tint à
honorer le rang d'Eustrate en le chaussant de sandales couvertes de
gros clous pointus.
Après
deux jours de marche épuisante, comme le cortège passait dans la ville
natale de Saint Eustrate, Arauraka, un certain Mardaire le reconnut en
se penchant à la fenêtre.
Admiratif
devant son renoncement à toute gloire et plaisir de ce monde, et
encouragé au combat par sa propre femme, il se décida lui aussi à se
livrer aux soldats et rejoignit avec empressement les glorieux disciples
du Christ, après avoir dit adieu à ses deux enfants et avoir confié le
soin de sa famille à un généreux ami.
Le Prêtre Auxence comparut le premier devant Lysias. A la suite d'une audience expéditive, on l'emmena dans une forêt profonde et retirée, et on lui trancha la tête, en abandonnant son corps en pâture aux bêtes sauvages.
Le Prêtre Auxence comparut le premier devant Lysias. A la suite d'une audience expéditive, on l'emmena dans une forêt profonde et retirée, et on lui trancha la tête, en abandonnant son corps en pâture aux bêtes sauvages.
Mais, grâce à Dieu, de pieux Chrétiens vinrent un peu plus tard
récupérer ses saints restes et découvrirent sa tête dissimulée dans un
fourré, grâce à l'intervention d'une corneille.
Après Auxence, le juge convoqua Mardaire ; mais, à toutes ses questions, il ne put obtenir que la réponse laconique : «Je suis Chrétien !»
Après Auxence, le juge convoqua Mardaire ; mais, à toutes ses questions, il ne put obtenir que la réponse laconique : «Je suis Chrétien !»
Il
lui fit alors percer les chevilles et le fit pendre la tête en-bas, en
donnant l'ordre à ses hommes de le frapper jusqu'à la mort au moyen de
broches en métal brûlant.
Un peu avant de rendre l'âme, Mardaire prononça cette prière que
l'Eglise Orthodoxe répète quotidiennement : «Maître Dieu, Père
Tout-Puissant, Seigneur Jésus-Christ, Fils unique et Saint Esprit, Une
seule Divinité, Une seule Puissance, aie pitié de moi pécheur, et par
les jugements que Tu connais, sauve-moi, ton indigne serviteur, car Tu
es béni pour les siècles des siècles. Amen ».
Amené à son tour devant le tyran plein de haine furieuse, à cause de son assurance et de son ton résolu, Eugène eut la langue et les mains coupées, le reste de ses membres fut brisé à coups de bâton, et il remit son âme à Dieu au milieu des tourments.
Ces exécutions achevées, Lysias se rendit auprès de ses troupes pour assister à leurs exercices d'entraînement.
Amené à son tour devant le tyran plein de haine furieuse, à cause de son assurance et de son ton résolu, Eugène eut la langue et les mains coupées, le reste de ses membres fut brisé à coups de bâton, et il remit son âme à Dieu au milieu des tourments.
Ces exécutions achevées, Lysias se rendit auprès de ses troupes pour assister à leurs exercices d'entraînement.
Or, une jeune recrue solide et de belle allure, Oreste, qu'il avait
remarqué pour sa prestance, laissa apparaître, en lançant le javelot, la
petite croix en or, qu'il portait à son cou.
Interrogé par le duc, le jeune homme confessa sans hésiter qu'il était
lui aussi disciple du Christ. Il fut arrêté sur le champ et envoyé avec
Eustrate auprès du gouverneur de Sébaste, Agricolaos, car Lysias
craignait la réaction possible des trop nombreux Chrétiens de Nicopolis.
Parvenus à Sébaste après cinq jours de marche, Eustrate fut présenté devant le gouverneur qui désirait entamer avec lui la discussion.
Parvenus à Sébaste après cinq jours de marche, Eustrate fut présenté devant le gouverneur qui désirait entamer avec lui la discussion.
Grâce
à sa vaste érudition, le noble serviteur de Dieu n'eut pas de mal à lui
démontrer l'ineptie des cultes païens et la vanité de la philosophie.
Puis,
dans un langage concis et plein d'autorité, il lui retraça comment Dieu
s'est penché avec bienveillance sur les hommes depuis l'origine des
temps, afin de les combler de Sa grâce en la Personne de Jésus-Christ.
Réfractaire
à tous ces arguments, Agricolaos lui rappela qu'il devait soumission
absolue aux de l'empereur et que, refusant d'adorer les dieux de l'état,
il méritait mort.
Il ne fit pourtant pas mettre immédiatement la sentence à exécution;
mais, pour rendre sa fin plus pénible, il fit alors amener Oreste et
ordonna qu'on l'étende sur un lit de fer incandescent.
D'abord hésitant devant l'horreur du supplice, mais bientôt encouragé
au combat par Eustrate, le jeune homme s'élança avec fougue, en
s'écriant : «Seigneur, je remets mon âme entre tes mains ! ».
De retour dans son cachot pour sa dernière nuit en ce monde, Eustrate reçut la visite clandestine de l'Evêque de Sébaste, Saint Blaise (mémoire le 11 février), qui lui promit d'exécuter ses dernières volontés et de rassembler les Reliques des cinq compagnons à Arauraka.
De retour dans son cachot pour sa dernière nuit en ce monde, Eustrate reçut la visite clandestine de l'Evêque de Sébaste, Saint Blaise (mémoire le 11 février), qui lui promit d'exécuter ses dernières volontés et de rassembler les Reliques des cinq compagnons à Arauraka.
Après une nuit passée en prière et en de célestes entretiens, l'Evêque célébra la Sainte Liturgie.
Au
moment de la communion, une lumière aveuglante envahit soudain la
cellule, et une voix s'adressa à Eustrate, en disant : «Tu as bien
combattu, viens maintenant recevoir la couronne !»
Prosterné à terre, le Saint adressa à son tour à Dieu une ardente
prière pour recevoir le courage nécessaire dans la dernière épreuve.
Puis
il se releva, marcha résolument vers la fournaise déjà brûlante, la
bénit de la main et y pénétra, en élevant vers le Seigneur un cantique
d'action de grâces, comme les trois enfants à Babylone (cf. Daniel 3).
Pendant de nombreux siècles, et jusqu'à nos jours, les Cinq glorieux Martyrs n'ont pas cessé d'accomplir des Miracles pour la consolation des Chrétiens, par l'intermédiaire de leurs Reliques, de leurs Icônes, ou même directement.
Pendant de nombreux siècles, et jusqu'à nos jours, les Cinq glorieux Martyrs n'ont pas cessé d'accomplir des Miracles pour la consolation des Chrétiens, par l'intermédiaire de leurs Reliques, de leurs Icônes, ou même directement.
On
rapporte, par exemple, que dans l'île de Chios, lors d'un hiver très
rigoureux, personne d'autre qu'un pieux Prêtre n'avait pu se rendre pour
leur fête dans la petite église isolée dédiée aux Cinq Martyrs.
Décidé
néanmoins à célébrer seul l'Office, ce Prêtre vit brusquement
apparaître cinq personnages en tout identiques à l'icône des Saints.
Ils prirent place dans les chœurs, et chantèrent d'une voix claire tous les hymnes de la fête.
Parvenus
au moment de la lecture des Actes de leur Martyre, le jeune Oreste
installa le livre sur un lutrin au centre de l'église et lut.
Mais
quand il arriva à la description de ses propres hésitations devant la
fournaise ardente, il modifia légèrement le texte et dit : «... et il
sourit», au lieu de «... et il eut peur».
Eustrate l'interrompit alors sur un ton sévère, en disant: «Lis donc exactement comme cela est arrivé !»
Rouge de confusion, Oreste reprit et lut : «... et il eut peur».
Une
fois achevée la Vigile, les Saints refermèrent les Livres, éteignirent
les cierges et disparurent aussi mystérieusement qu'ils étaient venus.
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