Saint Euplus le Diacre († 304)
Sous
le neuvième consulat de Dioclétien et le huitième de Maximien, le 3 des
calendes de mai (29 avril 304), le Diacre Euplus se rendit à l'entrée
du tribunal de Catane en Sicile et cria à haute voix : « Je suis
Chrétien, je désire mourir pour le Nom du Christ.»
Sans retard, le magistrat Calvisianus ordonna d'introduire l'audacieux qui avait osé parler ainsi.
Euplus fit son entrée, tenant en main le livre des Saints Evangiles.
L'illustrissime Maxime déclara qu'il possédait des livres interdits par décrets des empereurs.
— « D'où tiens-tu ces livres? De chez toi? » interrogea Calvisianus.
Euplus répondit : « Je n'ai pas de maison, mon Seigneur le sait bien. »
Calvisianus l'invita à faire lecture de ces livres.
Euplus
lut : « Bienheureux ceux qui souffrent pour la justice, car le Royaume
des Cieux est à eux (Mat. 5:10). Et ailleurs : Si quelqu'un veut être
mon disciple, qu'il prenne sa croix et me suive (Luc 14:27). »
— « Qu'est-ce que cela veut dire?» demanda le juge.
— « C'est la Loi du Seigneur mon Dieu, telle qu'elle m'a été donnée. » — « Par qui? »
— « Par Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant. »
Considérant que ces aveux étaient suffisants, Calvisianus livra Euplus aux bourreaux pour être soumis à la question.
Quelque temps après, la veille des ides d'août (l2 août 304), Saint Euplus fut de nouveau traduit devant le tribunal.
Calvisianus lui demanda : « Maintiens-tu tes aveux ? »
Euplus
se signa le front de sa main restée libre et déclara : « Ce que j'ai
confessé, je le confesse encore: je suis Chrétien et je lis les divines
Ecritures. »
— « Gardes-tu encore ces écrits qui ont été interdits par l'empereur et que tu aurais dû livrer à la justice ? »
—
« Parce que je suis Chrétien, il ne m'est pas permis de les livrer.
Plutôt mourir que de les livrer. Ils contiennent la vie éternelle. Celui
qui les livre perd la vie éternelle. C'est pour ne pas la perdre que je
donne ma vie. »
— « Où sont-ils ? » reprit le magistrat.
— En moi, répondit le Saint, en indiquant d'un geste qu'il ne possédait plus les livres, mais qu'il les savait par cœur.
Le magistrat donna ordre de l'étendre et de le soumettre à la torture, jusqu'à ce qu'il consente à sacrifier aux dieux.
Au
milieu des supplices, Saint Euplus rendait grâces au Christ d'avoir été
jugé digne de souffrir pour Lui et disait : « Il y a longtemps que je
désire ces tourments. Fais tout ce que tu voudras, augmente tes
tortures. Je suis Chrétien ! »
Au bout d'un long moment, on fit cesser les bourreaux, et le gouverneur somma le saint d'adorer les dieux.
Euplus
lui répliqua : « J'adore le Père, le Fils et le Saint-Esprit, la Sainte
Trinité. En dehors d'elle il n'est point de Dieu. Que périssent les
idoles qui n'ont créé ni le ciel ni la terre. Je suis Chrétien ! »
Comme
le magistrat lui demandait pour la dernière fois de sacrifier s'il
voulait avoir la vie sauve, il répondit : « Oui, je vais sacrifier. Mais
c'est moi-même que j'offre en sacrifice au Christ Dieu. Je n'ai rien de
plus à lui sacrifier. Tes efforts sont vains. Je suis Chrétien !»
Le gouverneur fit redoubler les supplices.
Et tandis que les forces du Martyr s'épuisaient et qu'il était presque
sans voix, ses lèvres continuaient d'articuler des actions de grâces.
Calvisianus
dicta alors sa sentence qu'un scribe inscrivit sur une tablette : «
Attendu que le Chrétien Euplus a méprisé les édits des empereurs,
blasphémé les dieux et refusé de se rétracter, j'ordonne qu'il ait la
tête tranchée par le glaive. »
On
lui suspendit au cou l'Evangile qu'il tenait lors de son arrestation,
et devant lui un héraut criait : « Euplus, Chrétien, ennemi des dieux et
des empereurs. »
Le
Saint, plein de joie, pressait le pas, comme s'il marchait vers son
couronnement, en répétant sans cesse : « Gloire au Christ Dieu ! »
Arrivé sur les lieux de l'exécution, il se mit à genoux et pria longuement en rendant grâces à Dieu.
Puis il présenta de lui-même sa tête au bourreau et fut décapité.
Plus tard des Chrétiens vinrent enlever son corps et l'embaumèrent avant de l'ensevelir.
1.
Cette notice est rédigée d'après les Actes de son Martyre, qui ont été
consignés par un témoin oculaire. Cf. La Geste du sang, Paris, 1953, p.
225.
Fête le 11 août.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire