Saint Dismas (1er s.)

Saint Dismas (1er s.)
le Bon Larron qui, en Croix, reconnut Jésus comme le Messie


Saint Dismas, le Bon Larron qui, en Croix, reconnut Jésus comme le Messie (1er s.)



Le bon Larron (du latin latro, « brigand ») est, selon les Évangiles synoptiques, un bandit crucifié avec son comparse, le Mauvais Larron, de part et d'autre de Jésus-Christ sur la croix.

Pour la chrétienté, il représente le premier saint pénitent.

Une tradition qui apparaît au moins dès le IVe siècle (Actes de Pilate ou Évangile de Nicodème) lui attribue le nom de Dismas, Dimas, Desmas (du grec dysme, « crépuscule ») ou Titus. Des textes plus antiques l'appellent Joathas ou Zoatham.

Les évangiles apocryphes tout comme La Légende dorée en font un saint patron des condamnés, des voleurs, des charretiers, des brocanteurs et des restaurateurs de tableaux.

Dans le catholicisme, il est célébré le 12 octobre en Orient et le 25 mars en Occident, sous le nom de saint Dismas ; l'Église catholique le commémore comme « le saint brigand (sanctus latro), qui confessa le Christ sur la croix ».

L'Église orthodoxe le célèbre le 12 octobre du calendrier julien (25 octobre grégorien) la « Mémoire du bon Larron » ou du « Voleur Pénitent ».


Museo del Duomo - Milan - Vitrage - Penitent Thief.jpg

Par Vassia Atanassova - Spiritia — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=56489097


Le premier saint de l'Église

Récits des évangiles canoniques et des apocryphes

 Le Christ en croix et les deux larrons,

Hugo von Hohenlandenberg (en) (1524)



L'évangile apocryphe de Nicodème complète les récits des Évangiles canoniques en racontant que Dismas, après avoir tué son père, serait devenu chef d'une troupe de malfaiteurs. Lors de la fuite de la Sainte Famille en Égypte, il s'apprête à la rançonner mais touché par la beauté de Marie, lui offre sa protection.

Selon l'Évangile de Luc (le seul évangile à relater un dialogue entre le Christ et les larrons), peu avant la mort du Christ et alors que les trois personnages étaient déjà mis en croix, le Mauvais Larron se mit à l'insulter. Mais le bon Larron prit la défense de Jésus et se repentit de ses péchés. Bien qu'il ne soit pas officiellement canonisé, Dismas est considéré par l'Église catholique comme le premier saint de l'Église :

« L'un des malfaiteurs suspendus à la croix l'injuriait : « N'es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi. »
Mais l'autre, le reprenant, déclara : « Tu n'as même pas crainte de Dieu, alors que tu subis la même peine ! Pour nous, c'est justice, nous payons nos actes : mais lui n'a rien fait de mal »
Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi lorsque tu viendras dans ton Royaume. »
Et il lui dit : « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis. »

— Saint Luc, 23, 39-43

 

Thème du bon Larron et la mort-pénitence du criminel

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La « balance de justice » sur la croix orthodoxe

Par Madboy74 — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=14970029


Du haut Moyen Âge au concile de Trente, l'Église fait du bon Larron un modèle puis un intercesseur qui accompagne les nouvelles tendances morales et religieuses vis-à-vis du repentir, des supplices et de la souffrance physique, notamment en ce qui concerne la mort-pénitence du criminel. Ainsi en Italie, les confréries des Confortatore spirituale (it) (consolateurs spirituels) qui accompagnent les condamnés à leur exécution, font de Dismas leur saint patron.

Les théologiens ont donné deux raisons pour justifier le culte de saint Dismas. La première est, qu'étant crucifié à la droite du Christ, il aurait été converti par son ombre ; la seconde, c'est qu'à défaut d'un baptême en règle, il aurait été aspergé par l'eau jaillissant de la blessure faite au flanc droit du Christ.

Exégèse moderne

Pour Étienne Trocmé, l'évangéliste Marc (Mc, 15, 28) vise probablement par un procédé relevant de l'intertextualité à rappeler une prophétie du Livre d'Isaïe et associer Jésus à deux malfaiteurs.


Postérité

Iconographie

L'iconographie byzantine différencie rapidement l'attitude sur sa croix des deux larrons, Desmas regardant le Christ, alors que son compagnon d’infortune fait tout pour s’éloigner de la croix du Christ et éviter son regard.

Lorsqu'ils sont représentés, les deux larrons sont fixés le plus souvent sur des crux commissa (croix en forme de T) par des cordes et non des clous (parfois les bras passés derrière le patibulum), le visage souffrant, ce qui permet de les différencier théologiquement de Jésus encloué et au visage impassible. Le plus souvent, l'intention allégorique est manifeste, avec le bon larron placé à droite du Christ (à gauche quand on le regarde), représenté jeune et imberbe et la tête tournée vers le Christ, le mauvais à gauche, laid et barbu, la tête se détournant du Christ.

Dans une croix orthodoxe, la barre transversale inférieure inclinée représente non seulement le suppedaneum mais aussi la balance de justice qui, selon les textes liturgiques orthodoxes, entraîne vers le bas le mauvais larron envoyé aux enfers et vers le haut le bon larron allégé de ses fautes.

Peinture

 

Titien, Le Christ et le bon larron, vers 1566, huile sur toile, 137 × 149 cm, Pinacothèque nationale (Bologne)

 

Curieuse composition que cette œuvre attribuée à l'un des plus grands noms de la peinture de la Renaissance vénitienne, Tiziano Vecellio, plus connu sous le surnom francisé de Titien. En réalité, il s'agit vraisemblablement du fragment d'un retable commandé par Giovanni et Daniele D'Anna pour la chapelle de leur famille dans l'Église San Salvador à Venise.

En 1566, l'œuvre est décrite par Giorgio Vasari, qui la voit dans l'atelier du maître, comme « une grande toile avec le Christ en croix, les deux larrons et, en bas, les bourreaux ». Le fragment conservé à la Pinacothèque nationale de Bologne étonne par cette perspective oblique, alors inédite dans la Venise du XVIe siècle. Cette audace, qui donne une force suggestive au sujet, n'est pas sans poser problème : si l'on admet que le tableau était complété, ce qu’affirme Vasari, par la figure du mauvais larron, ce dernier devait se situer à la gauche du Christ, ce que rend difficilement possible la perspective choisie par le peintre.
 

Il est possible que Titien ait, intentionnellement, imaginé le mauvais larron hors du champ visuel. Il est impossible de confirmer l’hypothèse d'Augusto Gentili, mais elle est séduisante : l'exclusion de l'espace pictural du mauvais larron, tout au moins partielle, constituerait, symboliquement, l'un des éléments de la narration.

Réduite à un fragment, l'œuvre présente donc aujourd'hui deux figures, deux croix dressées, celles du Christ et celle du larron. Les deux protagonistes ne se regardent pas, mais pourtant dialoguent. Le mouvement des têtes, celle de Jésus penchée vers l'avant, celle du larron tendue vers le ciel, l'attitude des corps, celui du Christ immobile, les bras cloués, celui du larron en torsion, les bras détachés : tout les opposes. Et pourtant, ils partagent le même sort, l'atroce supplice de la crucifixion.

L'audace de la composition, subtilité des détails, mais aussi étonnante sobriété de moyens, d'autant plus surprenante qu'elle est inhabituelle chez un artiste qui manie avec talent les jeux chromatiques, à tel point qu'il est surnommé le « maître de la couleur ». L'unité tonale, ce choix d'un camaïeu de bruns, où les corps, le bois des croix, le cadre se fondent et se confondent expliquent en partie que l'œuvre ait parfois été attribuée à l'élève de Titien, Tintoret.
 

À la fin de sa vie, le maître fait évoluer sa manière vers ce que l'on a parfois qualifié d'une « irrésistible vigueur expressionniste ». Une gamme chromatique différente, un dessin moins ferme, jouant sur les effets de non finito, pour cacher le tremblement de sa main peut-être ; mais toujours ce sens très sûr de la narration et ce luminisme dont les effets poudrés font vibrer ses œuvres et permettent de passer du drame à la poésie, et de la violence à la douceur.

Reliques

 

La chapelle des reliques dans la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem : la traverse de la croix de Dismas est une poutre exposée à gauche du reliquaire

Par Jean-Pierre Dalbéra from Paris, France — La basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem (Rome), CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=24668781

 

Deux reliques sont associées au bon larron : une grande partie de sa croix serait conservée dans le monastère de Stavrovouni (en) sur la montagne de la Sainte-Croix, le patibulum de la croix à la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem.

Dans la littérature

Le récit a été raconté par la mystique Catherine Emmerich.

Ce passage biblique fait l'objet d'une allusion parodique dans En attendant Godot de Samuel Beckett : il donne lieu à un débat pour le moins décousu entre Vladimir et Estragon (En attendant Godot, éd. de minuit, 1997, pages 13-16).

 

Au cinéma

Le Larron (1980), film picaresque et anti-impérialiste de l'Italien Pasquale Festa Campanile, a pour personnage principal un voleur galiléen du Ier siècle ; au dénouement, les dernières paroles du voleur crucifié concernant Jésus, "celui-ci n'a pas fait de mal", permettent de l'identifier au "bon larron" de l'évangile selon Luc.

 

Fraternité du Bon Larron

Fondée en 1981 par le Père Yves Aubry, premier aumônier de la prison de Bois-d’Arcy (Yvelines), la Fraternité du Bon Larron est une association catholique.

Ses membres, portés par la « Bonne Nouvelle du Christ », s’efforcent d’apporter aux détenus, sans prosélytisme, un accompagnement fraternel et spirituel.
 
Lorsque, le Vendredi Saint, le Christ fut crucifié sur le Golgotha, on prit deux brigands pour les exécuter avec Lui, afin d'accomplir la Prophétie annonçant que le Messie devait «être compté parmi les malfaiteurs» (Isaïe 53:11).

On les crucifia avec Lui : l'un à Sa droite, l'autre à Sa gauche.

Or, pendant leur agonie, l'un des malfaiteurs, le cœur endurci par le péché, insultait le Seigneur en disant : «N'est-ce pas Toi qui es le Messie ? Sauve-Toi Toi-même et nous aussi !».

Mais l'autre, prit de repentir et de compassion à la vue du Juste condamné, le reprit sévèrement : - « Tu n'as même pas la crainte de Dieu toi qui subis la même peine ! Pour nous c'est justice, car nous recevons ce que nous ont valu nos actes, mais Lui Il n'a rien fait de répréhensible».

Et il ajouta : «Jésus, Souviens-Toi de moi, lorsque Tu viendras dans Ton Royaume !»

Le Seigneur Se tourna alors vers lui et lui dit : - «En vérité, Je te le dis.- aujourd'hui tu seras avec Moi dans le Paradis». (Luc. 23:39-43).

Le Larron fut ainsi le premier homme à obtenir le salut et la rédemption par la Passion du Christ.

Il n'eut pas besoin de longues années d'ascèse, de larmes et de prière, mais son seul mouvement de repentir sincère ainsi que sa confession de la divinité du Christ au moment de son extrême abaissement, suffirent à lui obtenir la jouissance des biens de la vie éternelle.
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