Saint Cécilius (3ème s.)

Saint Cécilius (3ème s.)
prêtre à Carthage


Cécilius, Octavius et Marcus-minutius Félix , tous trois illustres par leur mérite et leur naissance, formèrent entre eux une espèce de triumvirat de la parfaite amitié.
Diverses circonstances, jointes à la nature du style, ont fait conclure que le dernier était originaire d'Afrique mais il vivait à Rome, et il suivait le barreau avec une grande réputation, qu'il devait à ses talents et à sa probité.
Nous apprenons de lui-même qu'il était déjà avancé en âge lorsqu'il fut éclairé par la lumière de la sagesse divine.
Il eut, dit saint Eucher, assez d'humilité pour renoncer au rang distingué qu'il tenait parmi les savants et les grands du siècle, et il se fit une sainte violence pour aller au ciel, confondu parmi les ignorants et les petits.
Ses deux amis étaient aussi Africains.
L'application aux mêmes études n'avait fait que serrer les liens qui les unissaient ensemble.
Ils vécurent longtemps engagés dans les superstitions du paganisme, et dans les vices qui en étaient la suite.
Octavius et Minutius furent les premiers qui s'élevèrent au-dessus des préjugés de l'éducation et de l'intérêt, et qui méprisèrent les amorces séduisantes du monde, pour embrasser la doctrine de la croix.
Il paraît qu'Octavius eut la gloire de frayer la route, car Minutius dit qu'il le suivait comme son guide.
Au reste, l'amitié ne lui permit pas de renfermer son bonheur en lui-même il voulut le partager avec son cher Minutius.
Il ne se donna point de repos tant qu'il le vit assis dans les ténèbres et dans les ombres de la mort.
Les paroles qui sortent de la bouche d'un tel ami, sont comme le miel qui découle d'un rayon, au lieu que la verité même est insupportable quand elle vient d'un prophète austère que sa dureté nous fait haïr ; aussi Minutius fut-il aisément disposé à recevoir les impressions de la vertu ; et ce bienheureux couple fut uni dans la religion comme il l'était dans l'amitié.
La foi, loin d'affaiblir la tendresse de leurs sentiments, ne servit qu'à l'épurer et à la perfectionner.
Ces deux hommes, régénérés en Jésus-Christ, se félicitèrent sur leur changement avec des transports de joie, dont toute leur éloquence ne pouvait rendre la vivacité.
Pénétrés de douleur et de confusion au souvenir de leur vie passée, ils n'eurent plus d'ardeur que pour les humiliations de la croix et les austérités de la pénitence.
Les chevalets et les tortures devinrent l'objet de leurs plus ardents désirs.
Ils se déclarèrent tous deux les apologistes de la foi, et sans chercher désormais d'autre salaire de leurs travaux que le mérite de la charité et le bonheur qui les attendait au-delà du tombeau, ils plaidèrent généreusement la cause de Jésus crucifié.
Arnobe paraît avoir eu en vue ces deux illustres convertis, lorsque répondant aux invectives des païens, il dit que les orateurs et les avocats du premier rang avaient embrassé le christianisme.
Octavius et Minutius, qui n'avaient plus rien à désirer pour eux-mêmes, souhaitaient ardemment d'associer Cécilius à leur bonheur : mais l'entreprise était difficile, et elle demandait de leur part tous les efforts du zèle et de Vamitié.
Les premiers préjugés de l'éducation laissent dans l'esprit des traces si profondes, qu'avec toute la bonne volonté et toute la candeur d'âme imaginables, elles ne s'effacent encore qu'avec des peines infinies.
Quand il s'agit de religion, les préjugés ont encore plus d'empire ; on est porté naturellement à rester dans celle de ses pères, dont on a sucé les principes avec le lait.
Cécilius se trouvait dans ce cas.
Il était d'ailleurs homme du monde, peu scrupuleux en fait de morale, et conséquemment peu disposé à saisir des raisonnemens suivis.
Il avait de l'esprit et des talents ; mais il était sa propre idole.
Il ne soupirait qu'après le plaisir et les applaudissements.
Jusque-là sa première religion avait été de se servir lui-même.
En effet, nous le voyons dans la dispute tantôt rejeter toute divinité et toute providence, tantôt admettre ces deux points, et bientôt après défendre superstitieusement tous les dieux adorés pour lors dans l'univers.
Nous dirons, pour achever son portrait, que la philosophie n'avait servi qu'à nourrir son orgueil, qu'à lui donner beaucoup de présomption et de suffisance, et qu'à le rendre incapable de sentir la solidité d'un raisonnement.
Malgré cette trempe de caractère, Cécilius devint, avec le secours de la grâce, un illustre converti, un grand Saint, et, selon toutes les apparences, l'auteur de la conversion de saint Cyprien.
Octavius et Minutius furent les instruments que Dieu employa pour l'amener à la connaissance de la vérité.
Ils commencèrent par adresser au Ciel de ferventes prières, afin de l'intéresser en faveur de leur ami.
La victoire qu'ils remportèrent enfin sur lui fut le fruit, et de leur piété, et d'une conférence qu'ils eurent tous trois ensemble.
Minutius nous en a laissé le précis dans un dialogue qu'il intitula Octavius, en l'honneur de son ami qui portait ce nom, et qui était mort quand il le mit par écrit.
L'ordre et le dessein de ce dialogue sont de la dernière beauté tout y annonce une main de maître.
Dès le commencement , l'auteur s'insinue imperceptiblement dans l'âme par des traits charmants qu'il fait remarquer dans le caractère de son cher Octavius de là il conduit à l'occasion de la conférence avec des images si intéressantes, et peint les moindres objets avec des couleurs si belles, qu'il a en quelque sorte gagné le cœur avant que d'être entré en matière.
Après avoir exprimé sa douleur et ses regrets sur la mort d'Octavius, il continue ainsi :  II brûla toujours pour moi du même feu. Il m'aimait si passionnément, que, tant dans nos affaires que dans nos amusements, une aimable sympathie nous unissait sans cesse, et que nos deux âmes n'en faisaient pour ainsi dire qu'une seule. »
Il se rappelle avec reconnaissance les avantages qu'il a retirés de l'exemple de son ami, et s'excite à la ferveur par le souvenir de ses vertus.
En conservant, dit-il, sa mémoire dans mon cœur, je tâche d'aller après lui par mes pensées, et de détacher de plus en plus mon cœur de toute affection terrestre.
Ensuite il fait la récapitulation de ce fameux entretien par lequel Cécilius fut conduit à la foi.
L'occasion qui y donna lieu est décrite de la manière suivante.
Octavius vint à Rome pour rendre une visite à son ami Minutius.
Sa femme, ses enfants et le reste de sa famille voulurent inutilement l'empêcher de faire ce voyage.
On était alors en automne. A la faveur des vacances du barreau, Minutius se trouvait délivré de ses occupations ordinaires.
Il profita de ce temps pour aller à Ostie prendre les bains d'eau de mer, dans la vue de dessécher les humeurs dont il était incommodé. Octavius et Cécilius voulurent être de la partie.
Marchant un jour tous trois de grand matin dans la ville, pour aller gagner le bord de la mer, Cécilius aperçut une statue de Sérapis ; sur quoi il se porta la main à la bouche, et se la baisa, ce qui était un acte d'adoration parmi les Grecs et les Romains.
Octavius prit de là occasion de dire à Minutius que c'était un crime et une honte pour eux que leur ami restât toujours plongé dans les ténèbres de l'erreur, et qu'il rendît un culte divin à des pierres, qui, pour avoir reçu une figure, et une sorte de consécration, ne cessaient pas pour cela d'être sourdes et muettes.
Cécilius fut piqué en s'entendant accuser d'ignorance.
Il s'adressa à Octavius pour lui proposer une dispute en règle sur la matière dont il était question.
Je vous prouverai, ajouta-t-il avec un air triomphant, que jusqu'ici vous n'avez jamais eu affaire à un philosophe.
La proposition ayant été aussitôt acceptée, ils s'assirent tous trois sur une éminence qui servait d'abri au bain.
Minutius fut placé au milieu avec la qualité d'arbitre.
Cécilius, prenant un ton décisif et tranchant, débuta par nier la réalité d'une Providence.
Il comptait sur la subtilité de son esprit, et sur le pouvoir de son éloquence.
Il objecta d'abord la pauvreté des chrétiens, partout soumis aux idolâtres, dont l'empire florissant attirait tous les regards.
A l'entendre, la religion dominante devait passer pour la meilleure ; les chrétiens n'étaient que des misérables qui s'obstinaient à mourir de faim, qui se faisaient un plaisir insensé de souffrir diverses tortures, qui portaient leur extravagance jusqu'à mépriser la vie, la fortune et tous les biens du monde, qui n'avaient pas même d'église pour adorer leur seul et unique Dieu.
Leur secte, continue-t-il, n'est qu'un ramas de gens vils et méprisables, qui se cachent dans des trous, sans savoir dire un seul mot pour leur défense, et qui, dans l'obscurité, s'occupent à chanter une prétendue résurrection, et les joies chimériques d'un autre monde.
Il dressa sur tout ses batteries contre la résurrection des corps, qui a toujours été en effet une pierre d'achoppement pour les anciens philosophes, comme on le voit par les écrits d'Athénagore, de Tertullien, d'Origène, et des autres apologistes de notre sainte religion : mais les calomnies furent la principale ressource de ce champion de l'erreur.
Cette sorte d'armes n'était pas nouvelle ; le démon l'avait fait inventer par les instruments de sa jalousie.
A s'en tenir au système de morale que l'Evangile propose, à examiner de bonne foi les motifs et les moyens de perfection qu'il fournit, les plus furieux ennemis du christianisme n'eussent pu lui refuser leur estime et leur respect.
Qu'arriva-t-il ? On défigura notre religion pour la rendre haïssable , et l'on couvrit du voile de la calomnie cette éclatante beauté qui atteste que son origine est céleste.
Cécilius se croyait en sûreté dans ce dernier retranchementet se flattait d'y être assez fort pour terrasser son adversaire.
Il se mit donc à objecter à Octavius, les assemblées nocturnes des chrétiens, leurs repas inhumains, et d'autres prétendus crimes auxquels leur religion servait de prétexte.
« J'entends dire, conlinua-t-il, qu'ils adorent la tête d'un âne, les genoux de leur prêtre ou évêque,  ainsi qu'un homme puni pour ses crimes, et le bois maudit de la croix. »
Il ridiculisait les chrétiens de ce qu'ils méprisaient des tourments présents pour en éviter d'invisibles ; de ce qu'ils s'interdisaient des plaisirs légitimes, comme les jeux, les spectacles, les festins et les parfums qu'ils réservaient pour leurs morts, etc.
Octavius suit son adversaire pas à pas, pour le réfuter avec plus d'ordre et de solidité.
Il commence par établir une Providence qui préside à toutes les choses humaines, et il en tire la preuve du dessein et de l'harmonie qui se font sentir d'une manière frappante dans les ouvrages de la nature.
Cette preuve, pour être à la portée des esprits les plus ordinaires, n'en a pas moins une force et une évidence que toute la subtilité imaginable ne peut ni éluder, ni affaiblir.
En effet, on découvre dans chaque partie de l'univers un arrangement si régulier et une si sage combinaison, qu'il n'est pas possible de méconnaître que tout cela est l'ouvrage d'une intelligence souveraine.
« Je suppose , dit Octavius, que vous entriez dans une maison dont les appartements soient magnifiquement meublés, et où tout soit dans l'ordre le plus parfait : pourriez-vous, a ce spectacle, douter qu'il n'y eût dans la maison un maître qui veille à tout, et dont la nature est bien supérieure à celle des ameublements que vous admirez ?
De même quand vous envisagez le ciel et la terre, et que vous considérez l'harmonie et l'enchaînement qui des différents êtres forment un ensemble admirable, vous ne pouvez révoquer en doute l'existence d'un Seigneur suprême, qui , par ses perfections, efface l'éclat des astres, et qui est infiniment  plus digne d'admiration que tous les ouvrages de ses mains. »
La Providence établie, Octavius prouve qu'il n'y a qu'un Dieu ; que ce Dieu est esprit, le père et le créateur de tout : qu'il est éternel, et qu'avant la création du monde, il était un monde à lui-même ; qu'il est infini, immense, et incompréhensible à tout être créé.
Notre intelligence, dit-il, est trop bornée pour atteindre jusqu'à lui, et nous ne le concevons jamais mieux que quand nous l'envisageons comme incompréhensible.
Il prend de là occasion de montrer l'absurdité du polythéisme, et toutes les extravagances où tombaient les païens par rapport à leurs dieux ; venant ensuite à leurs idoles, il fait voir qu'elles ne sont que des démons.
Plusieurs d'entre Vous, continue-t-il, savent que les démons sont forcés  de déposer contre eux-mêmes, toutes les fois que par des paroles dont ils ne peuvent soutenir la vertu, nous les chassons des corps qu'ils possèdent.
Vous jugez bien que, s'ils en étaient les maîtres, ils ne se trahiraient pas ainsi à leur confusion, surtout en présence de vous autres qui les adorez.
Vous devez donc vous en rapporter à eux, et croire qu'ils sont des démons, puisque vous l'entendez de leur propre bouche.
Quand nous les conjurons au nom d'un seul Dieu, du Dieu vivant, ces malheureux tremblent ils abandonnent tout-à-coup les corps qu'ils possédaient, ou du moins ils se retirent peu à peu, selon la foi du patient, ou la grâce du médecin. »
Cécilius, embarrassé par ces raisonnements, renonce à ses premiers principes, et ne s'en croit pas pour cela moins fort contre le christianisme.
C'était là sans doute abandonner la cause de l'idolâtrie, et une si faible ressource découvrait la défaite de son apologiste.
Cécilius ne fut pas plus heureux en attaquant l'évidence de la révélation évangélique.
Toutes ses raisons portaient sur des calomnies grossières, tirées de quelques-uns de nos dogmes altérés ou pris par moitié, et de notre discipline falsifiée ou mal entendue.
La seule chose qu'Octavius eut à faire pour répondre à ces calomnies, fut de les nier absolument, et de donner une exposition nette de la sainteté de notre doctrine.
Quant à cette vieille fable d'une tête adorée par les chrétiens, fable qui d'abord avait été débitée contre les juifs, Octavius dit simplement que le fait était faux, et il défia son adversaire d'en montrer la vérité.
Il nia pareillement que nous adorassions les genoux de l'évêque.
Cette accusation, aussi frivole que l'autre, était fondée sur ce que les pénitents se prosternaient lorsque l'évêque leur donnait l'absolution de leurs péchés, ou sa bénédiction.
Vous n'êtes pas plus autorisé, continua Octavius, à nous accuser d'inceste dans la célébration de nos mystères.
Peut-on imputer un pareil crime à des gens si connus pour la pureté de leurs mœurs, et dont un grand nombre fait vœu de chasteté ?
C'est à vous que l'on doit reprocher les horreurs dont vous nous chargez.
Qui ne sait que vous mettez un Priape au rang des dieux, que vous sacrifiez à Vénus la prostituée, que vous célébrez les fêtes de la bonne déesse, et que vous pratiquez mille autres abominations qu'il n'est pas possible de nommer sans rougir ?
Il remarque que les chrétiens, loin de manger des enfants, ou de se souiller par des infamies, n'allaient pas même voir exécuter les criminels, et qu'ils s'abstenaient du sang ; que ceux qui se mariaient ne prenaient qu'une femme ; que plusieurs vivaient dans une continence perpétuelle, sans cependant se glorifier de leur état ; qu'enfin la moindre pensée du crime était condamnée parmi eux.
Il observe que Pythagore, Platon et les autres philosophes païens avaient appris le dogme de l'immortalité de l'âme, ainsi que les vérités qu'ils enseignaient (quoique mêlées de beaucoup de faussetés) par une tradition imparfaite de la révélation divine faite aux anciens patriarches.
Il dit que les chrétiens enterrent les morts, au lieu de les brûler, parce que c'est l'ancienne et la meilleure coutume, mais que Dieu peut également les ressusciter, soit de la cendre, soit de la poussière.
Il établit l'éternité du feu de l'enfer, que les infidèles méritent aussi justement que les impies, parce que ce n'est pas un moindre crime d'ignorer le commun Seigneur, le père de tous les hommes et de tous les êtres, que d'oser enfreindre ses commandements. »
Octavius termine son discours par une description courte, mais charmante , de la morale chrétienne.
Il s'exprime ainsi, en répondant au reproche de pauvreté dont Cécilius avait chargé les disciples de Jésus-Christ.
«Eh! quoi donc ! peut-on appeler pauvre celui qui n'éprouve aucun besoin ?
Ce titre ne convient qu'à celui dont le cœur n'est point satisfait au milieu de l'abondance.
Personne ne saurait être plus pauvre qu'il ne l'était en venant au monde.
L'art du chrétien, pour posséder tout, est de ne désirer rien.
Plus un voyageur est leste, plus il se trouve à son aise ; de même, dans le voyage de cette vie, celui que la pauvreté rend léger est incomparablement plus heureux que celui qui est accablé sous le poids des richesses.
Si les richesses nous semblaient nécessaires, nous les demanderions à Dieu.
L'innocence est le seul objet de nos désirs, et la patience la seule chose que nous demandons.
Le malheur est l'école de la vertu.
Quel beau spectacle pour la Divinité, que de contempler le chrétien dans la lice aux prises avec la douleur, combattant avec une noble constance les menaces, les roues, les chevalets, dans ce moment surtout où, semblable à un conquérant, il triomphe du juge qui le condamne !
Car celui-là est certainement le vainqueur, qui remporte le prix qu'il a disputé. 
Il dit que notre religion consiste dans la pratique, et non dans les beaux discours. Nous ne disons point de grandes choses, mais nous en faisons. 
A peine Octavius eut-il cessé de parler, que Cécilius s'écria : « Je vous félicite, et je me félicite moi-même. »
Nous sommes victorieux l'un et l'autre. Octavius triomphe de moi, et je triomphe de l'erreur ; mais la victoire et le gain sont principalement de mon côté, puisque, par ma défaite, je trouve la couronne de vérité. »
Tel est l'abrégé de cette célèbre conférence mais la beauté des idées et du langage ne peut être bien aperçue que dans l'original. Si ce dialogue semble avoir quelque défaut, c'est celui d'être trop court.
Le lecteur est fâché de se trouver sitôt à la fin, et il ne le quitte qu'à regret, ce qui est la marque des productions excellentes.
La compagnie convint que l'on aurait un autre entretien pour initier plus amplement Cécilius dans la religion chrétienne, et pour lui en faire connaître la discipline.
La beauté du premier entretien donne lieu.de bien regretter le second , qui devait rouler sur une matière si intéressante.
Baronius et plusieurs autres historiens ne doutent point que notre Saint ne soit ce Cécilius, prêtre, qui convertit depuis saint Cyprien.
Ils étaient l'un et l'autre Africains, de même âge et de même profession.
D'ailleurs saint Cyprien a mis dans ses écrits diverses choses empruntées du dialogue que nous avons analysé, et qui, sans doute, lui avait été communiqué par Cécilius.
Par respect pour la mémoire de ce dernier, il prit son nom, qu'il ajouta avant le sien, et voulut être appelé Cécilius-Cyprianus.
On lit dans Pontius que le prêtre Cécilius était un homme juste, vénérable par son âge, digne de vivre éternellement dans la mémoire des hommes.
Cet auteur ajoute que saint Cyprien l'honora toujours comme son père, et qu'il conserva pour lui les plus vifs sentimens de vénération et de reconnaissance. 
Saint Cécilius est nommé dans le martyrologe romain.
Autant il est rare, autant il est beau pour un savant de céder dans la dispute aux forces de la vérité ; c'est la plus grande peuve d'une vertu solide.
L'amour-propre s'irrite contre la résistance, et la conviction de l'esprit ne sert souvent qu'à rendre la volonté plus rebelle et plus opiniâtre dans l'erreur ; aussi quiconque se propose d'amener quelqu'un à la connaissance de la vérité, doit-il prendre toutes sortes de précautions pour ne point effaroucher un ennemi si dangereux.
Il faut qu'il use de voies détournées et indirectes, afin que la personne qu'il veut éclairer croie s'instruire elle-même.
Octavius, Minutius Félix et Cécilius remportèrent tous trois l'avantage dans la dispute, parce qu'ils étaient tous trois humbles, dociles, pleins de charité.
Ils ne ressemblaient point à ces vains raisonneurs qui soutiennent opiniâtrement certaines opinions, non par amour de la vérité, mais parce qu'ils en sont les pères.
Celui des trois qui estima le plus sa victoire, fut Cécilius, qui triompha tout à la fois de l'orgueil et de l'erreur.
Il suivait cette maxime d'un grand homme, qui dit qu'on est vainqueur quand on est instruit.










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