Saint Benoît-Joseph Labre († 1783)

Saint Benoît-Joseph Labre († 1783)
Pèlerin, mendiant
 

Saint Benoît-Joseph Labre. Pèlerin, mendiant († 1783)

Par Painting: ?; Photo: Musaraigne — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3669432

 

Benoît-Joseph Labre, né le 26 mars 1748 à Amettes (Pas-de-Calais), qui appartenait au diocèse de Boulogne-sur-Mer (France) et décédé le 16 avril 1783 à Rome, est un pèlerin mendiant français qui parcourut les routes d'Europe.

Surnommé le « Vagabond de Dieu », il est considéré comme un fol-en-Christ.

Canonisé en 1881, il est liturgiquement commémoré le 16 avril.


Enfance et jeunesse

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 Amettes

Par Musaraigne — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3669439

 

Aîné d'une famille de quinze enfants, Benoît-Joseph Labre est le fils de Jean-Baptiste Labre et d'Anne-Barbe Gransire, le père cultivateur possédant quelques hectares de terre et la mère tenant une mercerie.

Il est baptisé le lendemain de sa naissance par son oncle et parrain, François-Joseph Labre, vicaire d'Ames et ensuite curé d'Érin.

Il apprend à lire, écrire et compter à l'école d'Amettes, puis à celle de Nédon.

L'enfant est discret, modeste et très tôt habité d'une vie de foi profonde.

Aussi sa famille le destine au sacerdoce alors que, en tant qu'aîné de fratrie, il était destiné à reprendre la ferme de son père.

Il est accueilli à l'âge de douze ans par son oncle, curé d'Érin, chez qui il reste six ans et demi. Celui-ci « veut continuer son éducation et lui inculquer les principes de la langue latine ».

Benoît-Joseph fait alors sa première communion et reçoit la confirmation.

Vers l'âge de seize ans, un changement s'opère : il délaisse l'étude du latin pour se plonger dans les nombreux livres de piété de la bibliothèque de son oncle et, plus particulièrement, les sermons du père Le Jeune, dit l'Aveugle, prêtre oratorien.

Il est marqué par sa spiritualité rigoriste et, pris de scrupules, n'ose plus recevoir la communion.

C'est le moment où il annonce son intention d'entrer dans la vie monastique, à dix-huit ans, âge auquel il est profondément affecté par la mort de son oncle, qui avait contribué à soigner des paroissiens atteints du typhus et qui, après avoir lui-même contracté la maladie, y avait succombé.


L'impossible entrée en Religion

 

Saint Benoît-Joseph Labre. Pèlerin, mendiant († 1783)

 

Après un court séjour chez ses parents, il se rend chez son oncle maternel, vicaire à Conteville-en-Ternois pour y être initié à la philosophie.

Il se présente alors à la chartreuse de Longuenesse mais n'y est pas accepté.

Nouvelle tentative à la chartreuse de Neuville-sous-Montreuil : on lui conseille d'apprendre d'abord le chant et la philosophie.

Il y retourne le 6 octobre 1767, mais en sort au bout de six semaines : le prieur souligne sa santé fragile, ses angoisses et sa trop grande austérité.

De retour chez ses parents il y reste jusqu'en 1768, il a alors vingt ans.

Il est ensuite refusé par la Trappe de Soligny car trop jeune.

Le 12 août 1769 il quitte définitivement le domicile de ses parents et retourne, sur recommandation de l'évêque de Boulogne à la Chartreuse de Neuville, mais en sort dès le mois d'octobre : pour le prieur, il n'a pas vocation à être chartreux.

Il l'annonce le 20 octobre à ses parents dans une lettre.

C'est une des deux lettres de Benoît qui ont été conservées.

Elle témoigne de sa confiance, "Le bon Dieu m'assistera et me conduira dans l'entreprise qu'Il m'a Lui-même inspiré", tout en soulignant "J'aurai toujours la crainte de Dieu devant les yeux et son amour dans le cœur".

Comme il l'a indiqué à ses parents, il prend l'habit religieux à l'abbaye de Sept-Fons le 11 novembre 1769 et ptrend le nom de "Frère Urbain".

Il est alors rattrapé par ses scrupules, n'ose plus communier ni recevoir l'absolution par défaut de contrition.

Le registre du noviciat indique : "renvoyé à cause de ses peines d'esprit qui donnaient à craindre pour sa tête".

 

Vers Rome

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Benoît Joseph Labre parmi les pauvres au Colisée, anonyme (XIXe siècle), église Sainte-Marie-des-Monts, Rome)

Par Pareloup — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=40189401


Il se rend alors à Paray-le-Monial, puis à l'approche de Lyon, à Dardilly, Pierre Vianney, le grand-père de Jean-Marie Vianney, offre son hospitalité à ce vagabond.

Partout refusé, Benoît-Joseph choisit alors une vie de mendiant et de pèlerin, allant de sanctuaire en sanctuaire.

Le produit de sa mendicité va le plus souvent à d'autres pauvres, ce qui lui vaut une réputation de sainteté.

Ainsi le voit-on chanter à tue-tête les Litanies de la Sainte Vierge près du soupirail d'une prison et donner aux prisonniers les pièces qu'on lui avait jetées par charité.

 

 Église Santa Maria ai Monti
Par LPLT — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=8799855

 

Il devient membre du tiers-ordre franciscain. Il fait également vœu de ne pas se laver, par esprit de mortification.

Son absence d’hygiène et sa vermine sont devenus proverbiaux.

Son errance perpétuelle, genre de vie admiré au Moyen Âge, âge d'or des grands pèlerinages, ne l'est plus au XVIIIe siècle, époque des Lumières.

Animé également d'une profonde vie de prière et de contemplation, on lui doit la Prière des Trois Cœurs(1771).

Il souhaite "savoir aimer ceux qui se sont perdus et les aimer dans leur perdition même" (1776) ce qui ajoute à sa sainteté.

Fréquentant chacun dans un esprit fraternel, il est parfois maltraité ou brocardé par ses compagnes et ses compagnons de route, les enfants ou les gens de rencontre.

Il fait un pèlerinage à Rome, où il arrive en décembre 1770, à Saint-Jacques-de-Compostelle (1773), de nouveau Rome en 1774 puis Lorette en 1777.

Il se fixe à Rome l'année suivante. Il a 29 ans.

Deux artistes l'ont représenté de son vivant, la mode étant de prendre un modèle parmi les mendiants : le sculpteur André Bley, pour une tête du Christ, qui servit de modèle pour les gravures puis le peintre Cavalucci, qui l'aurait peint à son insu et dont le tableau est conservé à Rome. Cependant Benoit-Joseph refusa d'être payé pour poser.

Selon certains dires, il vécut six ans dans les ruines du Colisée.

Il semble également qu'il ait passé certaines de ses nuits à l'Hospice évangélique de Saint-Martin-aux-Monts avant de mourir à 35 ans, le 16 avril 1783 (un mercredi saint), au domicile du boucher Zaccarelli qui l'avait trouvé évanoui sur les marches de l'église Santa Maria dei Monti.

La nouvelle de son décès aurait été répandue dans Rome par les enfants aux cris de « E morto il santo (Il est mort le saint !) ».

Son enterrement à l'église Santa Maria dei Monti en pleine période de Carême donna lieu à de telles manifestations de foi populaire que la garde corse du pape Pie VI dut intervenir.

 

 Gisant de saint Benoît Labre

Par Pareloup — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=40188482

 

Le corps de Benoît-Joseph Labre repose sous la pierre de l'autel de marbre dans le transept gauche de l'église.

Le gisant recouvrant son tombeau a été réalisé en 1892 par le sculpteur Achille Albacini (en).

L'épitaphe en latin « Hic Jacet Corpus S. B. J. Labre » signifie « ici repose le corps du saint B. J. Labre ».

Portraits

Benoît Joseph Labre, par Antonio Cavallucci, vers 1795, Museum of Fine Arts, Boston


 

Deux artistes l'ont représenté de son vivant, la mode étant de prendre un modèle parmi les mendiants : le sculpteur et peintre lyonnais André Bley, pour une tête du Christ en 1777, qui servit de modèle pour les gravures, puis le peintre Antonio Cavallucci, qui l'aurait peint à son insu et dont le tableau est conservé à Rome. Cependant, Benoît-Joseph refusa d'être payé pour avoir posé.


Postérité et vénération

 


 Masque mortuaire du saint, dans l'église d'Amettes
Par Musaraigne — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=3669435

 

Les miracles se multiplient sur son tombeau et, dès le mois de mai suivant, s'ouvre son procès en béatification.

Son confesseur, l'abbé Marconi, publie sa biographie la même année, et les souvenirs de son passage en pays de langue germanique sont publiés par Stutter en 1789.

Les jansénistes mènent une campagne en faveur de sa canonisation immédiate, car il correspond à leur type de rigorisme spirituel et de sainteté, si bien qu'au moment de l'ouverture de son procès informatif, Benoît-Joseph Labre est soupçonné de jansénisme.

En ce siècle d'hygiénisme et d'anticléricalisme, certains hommes politiques comme le sénateur Claude Anthime Corbon crient au scandale, considérant que l'Église se fourvoie en béatifiant ce « mort en état de... crasse », ce « saint clochard ». Le catholique ultramontain Louis Veuillot leur répond de manière virulente, opposant « vermine du corps » et « corruption de l'esprit ».

Son procès en canonisation se poursuit sous l'impulsion de l'évêque du diocèse d'Arras, Mgr Pierre-Louis Parisis.

Béatifié le 20 mai 1860 par le pape Pie IX devant 40 000 personnes, Benoît-Joseph Labre sera canonisé le 8 décembre 1881 en la fête de l'Immaculée Conception par le pape Léon XIII.

Il est liturgiquement commémoré le 16 avril, jour de sa « naissance au Ciel ».

Son procès en canonisation se traduit par l'écriture de nombreuses biographies hagiographiques, basées plus sur des sources de tradition orale que sur la positio super dubio (positio sur les vertus héroïques (en)), et aussi par la promotion de nouvelles reliques, dans le contexte ultramontain du XIXe siècle.

Le jour même de sa canonisation, Paul Verlaine dont la mère habite près d'Amettes et qui disait que le saint était la seule gloire française du XVIIIe siècle (Labre a joué un grand rôle dans la propre conversion de Verlaine), aurait composé un sonnet en son hommage et publié dans La Revue critique le 13 janvier 1884 mais il s'agit vraisemblablement du poème de Germain Nouveau intitulé Humilité qui figure dans son recueil La Doctrine de l'Amour.

À l'époque de sa canonisation, Labre a inspiré au chansonnier Maurice Mac-Nab une chanson satirique montmartroise qui se moque du vœu fait par le saint de ne pas se laver : Complainte du bon saint Labre. En outre, la canonisation déclenche un immense éclat de rire de la Libre-pensée qui, par sa presse, évoque le "pou canonisé", l'"illustre crasseux", le "vénérable salaud", l'"honorable saligaud", "la boule de crasse, table d'hôte à poux, garde-manger des punaises, miasme volontaire, fumier odorant"...

Nonobstant les critiques et les moqueries (qui ont continué après sa mort), Benoît-Joseph Labre n'en a pas moins donné naissance à titre posthume à une famille spirituelle.


Saint Benoît Labre

(Berck, église Notre-dame des sables)

 

Il est le saint patron protecteur des modèles, des célibataires, des mendiants, des sans domicile fixe, des pèlerins, des itinérants et des personnes inadaptées.

Il est le saint patron de la paroisse d’Amqui et de la municipalité Saint-Benoît-Labre au Québec (Canada), de la commune de Marçay en France, Ses reliques reposent en partie dans sa commune de naissance, Amettes, dans le Nord de la France, en partie dans la basilique de Marçay qui lui est dédiée, et où il fait l’objet d’un pèlerinage.

Le reliquaire se trouve, aujourd’hui, dans l’église Saint-Médard de Marçay.

Un autel lui est dédié dans la cathédrale de Boulogne-sur-Mer ; des reliques sont exposées dans la chapelle du Saint Sacrement de cette même cathédrale.

Statue et reliques

Buste-reliquaire de saint Benoît Labre dans la basilique Saint-Sernin à Toulouse.

 Buste de saint Benoît Labre

dans la Basilique Saint-Sernin à Toulouse

Par Didier Descouens — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=95173776

 

 Statue de saint Benoît Labre (copie de celle de Lourdes)

dans l'église de Chaignes

Par Theoliane — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19631075

 

 Reliques de saint Benoît Labre

dans la chapelle du prieuré Stella Maris à Chaignes

Par Theoliane — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=19631088

En faïence de Niderviller.

En faïence de Niderviller

Par G.Garitan — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=78746701


À Lalbenque, dans le département du Lot, un pèlerinage à Saint-Benoit-Labre existe depuis le XIXe siècle en la paroisse Saint-Hilaire. Des reliques du saint y sont exposées.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Beno%C3%AEt-Joseph_Labre

 
En savoir plus :


Amettes, maison natale de Saint Benoît Labre


- Saint Benoît Labre

Amettes
- Maison natale de Saint Benoît Labre
- Abri du Pèlerin
- Chapelle Saint Benoît Labre
- Église Saint Sulpice

Chaignes
- Prieuré Stella Maris (chapelle)
(Reliques de St Benoît Labre)

Marçay
- Église Saint Médard (Reliquaire)

Rome
- Église Santa Maria dei Monti








 

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