Rites de l'Église catholique

Rites de l'Église catholique



L'Église catholique a connu au gré de son histoire, et connaît encore, une variété de rites, que l'on peut historiquement classer entre rites occidentaux, d'inspiration latine, et rites orientaux, d'inspiration grecque.

Fastueuses et éblouissantes en Orient, sobrement majestueuses en Occident, toutes unies dans la foi, ces différences de liturgie se sont manifestées (et ont été maintenues) pour des raisons principalement culturelles. En effet, l'objet d'un rite est d'accompagner les fidèles dans la célébration « en prenant pour fin la piété du célébrant et des fidèles ». 

Il s'inscrit donc dans un référentiel culturel donné et vient servir la célébration en s'exprimant selon ses codes culturels.

 

Rites latins

Le rite habituel dans l'Église catholique latine est le rite romain, qui est à l'origine le rite de l'Église de Rome et a été étendu à toute l'Église en 1570. Il existe dans une forme ordinaire, qui suit le missel de 2002, et une forme extraordinaire, qui suit le missel de 1962 et a été modifié par Benoît XVI.

Outre le rite romain existent toutefois quelques rites particuliers, utilisés par des diocèses ou des communautés particuliers pour des raisons historiques (rites dominicain, ambrosien, mozarabe, cartusien, de Braga) ou pastorales (rites zaïrois et anglo-catholique), voire seulement par quelques paroisses, comme dérogation à l'usage ordinaire (rite lyonnais).

 

Historique

Avant le XVIe siècle, l'Europe occidentale connaissait de nombreux rites fort différents, qui variaient selon les diocèses. Certains de ces rites étaient fort anciens, quand d'autres apparaissaient au gré de la fantaisie des diocèses.

En 1570, le pape Pie V, par la bulle Quo Primum, décida de mettre un terme à la prolifération de nouveaux rites et d'unifier la liturgie latine en imposant le rite romain, à l'exception des lieux où le rite avait plus de deux cents ans d'âge. Demeurèrent donc, en sus du rite romain, les rites ambrosien (diocèse de Milan), gallican (diocèses français), prémontré (communauté), anglo-normand (îles britanniques), mozarabe (diocèse de Tolède), de Braga (diocèse de Braga), cartusien (communauté des Chartreux) et dominicain (ordre des Dominicains).

Au milieu du XIXe siècle, dans le sillon du mouvement liturgique et sous l'influence de Dom Prosper Guéranger, les diocèses de France, qui utilisaient jusque là le rite gallican et ses nombreuses variantes (notamment parisienne et lyonnaise), adoptèrent progressivement l'usage romain tout en conservant quelques rites de leurs anciens livres et certaines coutumes. Ainsi, seule la forme lyonnaise du rite gallican a subsisté au-delà du XIXe siècle.

En 1969, dans la suite du concile Vatican II, le pape Paul VI décida de réformer le rite romain. Certains diocèses et communautés bénéficiant d'un rite particulier choisirent alors d'abandonner leur rite propre pour adopter le nouveau rite romain ; ce fut le cas notamment des Dominicains et des Prémontrés. D'autres décidèrent de conserver leur rite propre tout en reprenant certains principes du nouveau rite romain (notamment l'usage de la langue vernaculaire) ; ce fut le cas des rites ambrosien et cartusien. D'autres encore choisirent de conserver inchangé leur rite propre dans certaines églises tout en célébrant la majorité des messes selon le nouveau rite romain ; ce fut le cas du diocèse de Braga et du diocèse de Lyon.

En 1979, la fraternité Saint-Vincent-Ferrier, d'inspiration dominicaine, reprit le rite traditionnel dominicain (abandonné par les Dominicains en 1970), et s'en vit accorder l'usage légitime en 1987.

En 1988, dans un effort d'inculturation cherchant à impliquer les fidèles dans la liturgie par la reconnaissance et la prise en compte de la culture locale, Rome approuva l'instauration en Afrique d'un rite zaïrois.

En 2007, dans un effort de conciliation avec les fidèles attachés à l'ancienne forme du rite romain, Benoît XVI en autorisa l'usage, sous le nom de forme extraordinaire du rite romain. Cette forme est parfois appelée rite tridentin, cependant pour l'Église catholique il ne s'agit pas d'un autre rite, mais bien d'une forme exceptionnelle du même rite romain.

En 2011, le pape Benoît XVI créa un ordinariat personnel destiné à accueillir les groupes d'anglicans d'Angleterre ou du Pays de Galles qui souhaitaient entrer en pleine communion avec Rome. Les membres de cet ordinariat furent autorisés à conserver l'usage du rite anglican.

 

Les principaux rites en vigueur

Rite romain

Articles détaillés : Rite latin et Rite romain.
Le rite romain est le rite majoritaire de l'Église catholique. Pour environ un milliard de fidèles, il représente la manière dont sont célébrés la messe (Missel romain), les autres sacrements (rituel romain), la liturgie des heures ou l'office divin (Bréviaire) et les autres cérémonies liturgiques (Rituel et Cérémonial des Évêques).
Il est célébré dans l'Église catholique selon deux formes légitimes :
  • la forme ordinaire instaurée à la suite du concile Vatican II, promulguée par le pape Paul VI en 1969 et révisée sous le pontificat de Jean-Paul II en 2002 ;
  • la forme extraordinaire qui est l'ancienne forme ordinaire, instaurée à la suite du concile de Trente et révisée en 1962, dont l'usage actuel est réglé par le motu proprio Summorum Pontificum promulgué en juillet 2007.

 

Rite ambrosien

Article détaillé : Rite ambrosien.
Le rite ambrosien est en vigueur dans le diocèse de Milan et dans trois vallées tessinoises, Leventina, Blenio et Riviera. Il est attesté dès le IXe siècle. Sa liturgie est assez proche du rite romain, mais a un certain nombre de caractéristiques propres.

Le rite a été réformé après le Concile de Vatican II selon les mêmes principes que le rite romain, avec, en particulier l'emploi du vernaculaire, et une profonde réforme des rites d'ouverture et d'offertoire.

 

Rite dominicain

Article détaillé : Rite dominicain.
Le rite dominicain est à l'origine la manière de célébrer la messe et les sacrements dans l'ordre dominicain. Ayant été abandonné au profit du rite romain révisé en 1970 par l'Ordre des Prêcheurs, il est aujourd'hui maintenu par les fraternités Saint-Vincent-Ferrier et Saint-Dominique ainsi que par quelques pères dominicains.

 

Rite cartusien

Article détaillé : Rite cartusien.
Le rite cartusien est la manière de célébrer la messe et les sacrements dans l'ordre des Chartreux. Il est indissociable de la manière de vivre des Chartreux, et ne peut être compris indépendamment. En comparaison avec le rite romain, le rite cartusien se caractérise par sa grande sobriété quant aux formes extérieures, son hiératisme et son recueillement, son sens du sacré et de l'adoration.

En accord avec le Saint-Siège, lors des réformes du rite romain de 1970, les chartreux choisirent de garder leur rite propre, plus propice à la contemplation et adapté à la vie en solitude sans finalité pastorale. Ils entreprirent néanmoins une révision générale de tous leurs livres liturgiques et adoptèrent plusieurs éléments du rite romain rénové ; ces réformes furent introduites lentement et en douceur, en laissant toujours aux religieux et aux communautés le choix entre une formule ancienne et une formule rénovée.

 

Rite mozarabe

Article détaillé : Rite mozarabe.
Le rite mozarabe fut le rite des diocèses catholiques de l'Espagne à partir du VIIe siècle. Il est aujourd'hui célébré dans le diocèse de Tolède, à égalité avec le rite romain. Héritière directe de la liturgie wisigothe, cette liturgie est influencée à la fois par le christianisme oriental, par la liturgie romaine et quelques traditions musulmanes.

Le rite présente de notables différences avec le rite romain. Ainsi lors de la messe, neuf oraisons sont récitées, trois passages des Évangiles sont lus et la communion se fait systématiquement sous les deux espèces. Les images et le cérémonial prennent une place importante, donnant au rite une beauté qui peut expliquer le soutien que le rite a conservé même après l'introduction dans la péninsule ibérique du rite romain.

 

Rite lyonnais

Article détaillé : Rite lyonnais.
Le rite lyonnais (ritus lugdunensis) est attesté comme rite propre de l'archidiocèse de Lyon, dès le IXe siècle, mais à la différence des rites ambrosien ou mozarabe, il a quasiment disparu suite aux réformes liturgiques de 1969. Toutefois, certaines de ses caractéristiques (surtout des points de détail) persistent dans la liturgie célébrée dans certaines églises de Lyon, par exemple à la primatiale Saint-Jean-Baptiste. Ainsi, par exemple, le rite de l'encensement est différent : il se fait à chaîne longue, à l'orientale, et non à chaîne courte comme dans le rite romain.

 

Rite de Braga

Article détaillé : Rite de Braga.
Le rite de Braga est le rite en vigueur dans l'archidiocèse de Braga, au nord du Portugal. Il est apparenté aux rites mozarabe et romain et remonte au VIe siècle.

 

Rite zaïrois

Article détaillé : Rite zaïrois.
Le rite zaïrois est une variante du rite latin approuvée par Rome en 1988, ad experimentum. Il correspond à la mise en pratique de l'idée d'inculturation, cherchant à impliquer les fidèles dans la liturgie par la reconnaissance et la prise en compte de la culture locale. Le rite zaïrois insiste sur la participation active de l'assemblée qui se manifeste notamment par la danse comme expression de la foi (hors Avent et Carême), l'invocation des saints et des ancêtres comme expression de la communion universelle, et le kyrie renvoyé après le credo et suivi immédiatement de l'échange de la paix.

 

Usage anglican

Article détaillé : Usage anglican.
L'usage anglican est en vigueur dans les ordinariats personnels de Notre-Dame de Walsingham, de la chaire de Saint-Pierre et de Notre-Dame de la Croix du Sud.

Dans le cadre des discussions avec les membres de l'Église d'Angleterre qui souhaitaient rejoindre la pleine communion avec Rome, le Saint-Siège offrit d'établir une structure particulière pour les accueillir, et qui aurait pour objectif d'assurer « que soient maintenues au sein de l’Église catholique les traditions liturgiques, spirituelles et pastorales de la Communion anglicane, comme un don précieux qui nourrit la foi des membres de l’ordinariat et comme un trésor à partager ». Ainsi, ils ont conservé un rite issu de la tradition anglo-catholique, avec ses règles propres et son calendrier liturgique propre.

 

Rites orientaux

Les rites orientaux sont le propre des Églises catholiques orientales. Ils se caractérisent par une grande ressemblance avec les rites orthodoxes des mêmes régions.

Il existe six grands rites orientaux :
  • le rite copte, qui est à l'origine le rite de l'Église d'Alexandrie (église catholique copte) ;
  • le rite byzantin, qui est à l'origine le rite de l'Église de Constantinople (églises grecques-catholiques) ;
  • le rite maronite ou rite syriaque occidental, qui est à l'origine le rite de l'Église d'Antioche (églises maronite, catholique syriaque et syro-malankare) ;
  • le rite chaldéen ou rite syriaque oriental, qui est à l'origine le rite de l'Église de Perse (églises catholique chaldéenne et syro-malabare) ;
  • le rite arménien, apparenté aux rites syriaque occidental et byzantin (église catholique arménienne) ;
  • le rite guèze, qui est une variante du rite copte ayant conservé de nombreuses pratiques juives (église catholique éthiopienne).
Source













Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire