Notre-Dame de Myans (Myans)

Notre-Dame de Myans
(Myans)

 

Ce pèlerinage, un des plus célèbres de la Savoie, n'était autrefois qu'une pauvre chapelle dans laquelle était honorée, de temps immémorial, une petite Vierge noire, comme la plupart des anciennes statues de Marie.

Cette chapelle était déjà un lieu de grande dévotion, quand, en 1249, au milieu d'un épouvantable ouragan, le sommet du rocher qui couronne la montagne de Grenier, se détacha et écrasa, dit un ancien auteur, seize villages sous ses débris.

Sanctuaire Notre-Dame de Myans

La chapelle fut préservée de ce désastre par une protection toute spéciale ; car s'épancha ledit abîme environ une grande lieue de large et de long , jusques aux talons des pauvres religieux qui étaient en prières devant l'image de la Vierge, où ledit abîme s'arrêta tout court.  
Pendant les deux siècles qui suivirent cet événement, le renom de Notre-Dame de Myans s'étendit de plus en plus.
On y venait de toute la Savoie et du Dauphiné ; ce que voyant, un noble seigneur, que la vierge Marie avait sauvé de la mer et des combats, le comte de Montmajeur, résolut d'établir près de la chapelle un couvent de Franciscains.
Cela fait, trouvant que cet oratoire était trop petit, il promit de construire une nouvelle église à Notre-Dame ; mais une grande difficulté se présenta.
Les quartiers de rocher entassés devant la chapelle ne permettaient pas de l'agrandir comme on l'eût voulu, et ni le comte ni les religieux ne voulaient bâtir ailleurs.
Après y avoir longtemps réfléchi, on fit seulement, dit Jacques Fodéré, escarper et aplanir une petite place d'environ quinze pas de longueur au devant de la chapelle ; on y jeta une voûte de pierre, en forme de tonne ou de berceau, et au-dessus d'icelle on fit le chœur, pour dire l'office, à plain-pied du dortoir, de sorte que ce sont deux petites églises l'une sur l'autre. Celle de dessous fait la nef de la chapelle où se disent les messes pour les pèlerins, lesquels descendant en cette basse église se sentent émus d'une nouvelle ferveur ; et qui n'aurait point de dévotion en y venant, la sent se former en son âme aussitôt qu'il y entre. 

 Le chœur n'avait pas été d'abord voûté comme il devait l'être ; mais en 1498, René de Savoie le fit achever ; car il avait pris le couvent de Notre-Dame en grande affection.
On ajouta depuis à l'église basse quatre belles chapelles, et celle de la Vierge s'enrichit des dons des pèlerins.
En 1632, le sénat et le collège de Chambéry offrirent à Notre-Dame un cœur d'argent ailé couronné d'étoiles et de croissants, d'où sortait un livret d'argent, couvert de pierres précieuses, dans lequel étaient écrits en lettres d'or les noms de ceux qui en faisaient hommage à la reine du ciel, pour la remercier de les avoir préservés de mort pendant que le pays était désolé par la guerre, la peste et la famine. 
Après avoir été fermée pendant quelques années, puis vendue à la suite de la révolution française et de l'envahissement de la Savoie, l'église de Myans a été rachetée par l'archevêque de Chambéry, et, comme autrefois, ceux qui ont à implorer du ciel quelque grande faveur accourent aux pieds de Notre-Dame, dans cette sainte chapelle, à laquelle il y a eu de tout temps un grand apport de dévotions et pèlerinages, et où se sont faits de grands et signalés miracles par l'intercession de la Vierge glorieuse. 

Source : Livre "Les pèlerinages de France" par Eugène Rosary

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