Notre-Dame de la Bonne Nouvelle (Rennes)

Notre-Dame de la Bonne Nouvelle
(Rennes)

 

Puisque nous venons de dire quelques mots de cette grande guerre de la succession de Bretagne, terminée dans les champs d'Auray, nous ne pouvons nous dispenser de parler du sanctuaire élevé à la gloire de Marie par l'heureux vainqueur, Jean de Montfort.

Jean était jeune, vaillant, généreux. Profondément touché des maux qu'une longue et cruelle guerre avait attirés sur la Bretagne, il eût volontiers consenti à partager le duché avec Charles de Blois, son compétiteur ; celui-ci, de son côté, avait accepté ce partage proposé par les prélats bretons mais Jeanne de Penthièvre, épouse de Charles et héritière du bon duc Jean III, refusa de ratifier le traité, et la guerre recommença. Toutefois, comme si les deux partis eussent eu la même hâte d'en finir, ils vinrent avec toutes leurs forces à la rencontre l'un de l'autre.

Avant d'engager ce dernier combat, Jean de Montfort fit encore entendre à son adversaire des paroles de paix. Charles ne put les écouter ; car il n'était que le représentant de Jeanne de Penthièvre ; et Jean, après avoir invoqué l'aide de Dieu, donna le signal de l'attaque. Pour tromper l'ennemi, il avait fait prendre à un seigneur de son parti des armes pareilles aux siennes ; Charles s'élança vers celui qu'il prenait pour son adversaire, et lui fendit la tête d'un coup de hache, en criant aux siens : Victoire ! victoire ! La terreur se mit dans l'armée de Montfort. Jean, la voyant prête à fuir, implora le secours de la Vierge et fit vœu, dit la tradition, de bâtir une église en son honneur dans la capitale de son duché, si la reine du ciel lui accordait le succès.

Comme il achevait sa prière, un héraut vint à lui, et s'écria : « Bonnes nouvelles, monseigneur ! bonnes nouvelles ! Vous êtes aujourdhui duc de Bretagne. »

Charles de Blois était mort, un grand nombre de ses plus braves guerriers gisaient sur le champ de bataille, et du Guesclin était prisonnier. Jean remercia chaudement les seigneurs qui l'avaient aidé à vaincre, entre autres Chandos, Clisson et Caverley ; mais il n'oublia pas la vierge Marie, qu'il avait invoquée dans sa détresse, et il voulut que l'église qu'il allait lui consacrer portât le nom de Bonne-Nouvelle.

Il en posa la première pierre le 2 février 1369, en présence de toute sa cour, des évêques de Rennes, de Nantes, de Saint-Malo, d'une foule de seigneurs et de tout le peuple de sa capitale. Il chargea le sire de Matignon de verser pour lui cent florins au bassin de l'offrande, et sa libéralité, stimulant celle des seigneurs, valut de grands dons à la nouvelle église.

Jean s'occupait beaucoup des travaux qu'on y faisait ; il les pressait de toutes ses forces, et, quoique ses finances fussent en triste état, il y sacrifiait toutes les sommes dont il pouvait disposer. Les barons et le peuple donnaient aussi ; cependant le monastère de Bonne-Nouvelle n'était pas encore achevé, quand le bon duc mourut, en 1399.

Jean V, son successeur, héritier de sa dévotion à la mère de Dieu, fit de riches présents au sanctuaire de Bonne-Nouvelle, et dans les guerres qu'il eut à soutenir, il réclama la protection de celle qui avait fait triompher Jean de Montfort. Le sort des armes l'ayant trahi, il fut fait prisonnier par Olivier de Clisson ; quand il recouvra sa liberté, son premier soin fut de se rendre à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle avec la duchesse son épouse, qui l'avait recommandé à cette auguste protectrice.

Ses descendants ne se montrèrent pas moins pieux ; et Anne de Bretagne, dernière souveraine de ce pays, fit don à l'église fondée par Jean de Montfort, de trois ornements de drap d'or, de sa couronne ducale et de son manteau de reine de France.

Les évêques, les légats du saint-siège et les souverains pontifes accordèrent à l‘envi des privilèges à ce sanctuaire ; mais ce qui surtout y attira un grand concours de pèlerins, ce furent les miracles par lesquels il plut à la Vierge de répondre aux hommages dont elle était entourée.

En 1602, l'église étant trop étroite pour contenir la foule qui s'y pressait, on fit élargir le côté du cloître où se trouvait la chapelle de Notre-Dame. 

Quelques années plus tard, la chapelle même fut entièrement reconstruite et magnifiquement décorée, grâce aux libéralités de la duchesse de Vendôme.

De nombreux ex-voto, remarquables, les uns par leur richesse, les autres par leur simplicité, accrurent de jour en jour la réputation de Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.

Le plus remarquable de ces ex-voto était une table d'argent, sur laquelle était représentée la ville de Rennes, dominée par l'image protectrice de la Vierge, tenant entre ses bras l'enfant divin. Il était placé sur une espèce d'autel de marbre noir, soutenu par deux colonnes de marbre jaspé, à chapiteaux dorés, et surmonté de l'arcade qui séparait la chapelle de Notre-Dame de celle de Saint-Joseph.

La ville de Rennes, décimée depuis plusieurs années par une affreuse contagion, eut enfin l'idée de recourir à la mère de Dieu, et ses habitants promirent d'offrir au sanctuaire de Bonne-Nouvelle un travail d'orfèvrerie représentant leur cité, si le fléau cessait de les frapper. A peine ce vœu eut-il été prononcé, que les malades recouvrèrent la santé, que l'air redevint pur et sain, et que l'hospice où les pestiférés étaient entassés put être fermé ; ce qui n'avait pas eu lieu depuis l'an 1624.

On était alors en 1632. Des quêtes furent organisées pour l'accomplissement de la promesse faite à Marie, et les magistrats de la ville commandèrent aux orfèvres de Paris cet ouvrage, dont ils désiraient proportionner la richesse et la beauté à la grandeur du bienfait obtenu.

On y travailla pendant deux ans, et le 8 septembre 1634, ce magnifique témoignage de la reconnaissance publique fut consacré à Notre-Dame de Bonne-Nouvelle.

Les chroniques du temps rendent compte de la pompe avec laquelle se fit cette cérémonie.

La table d'argent, portée par huit échevins sur un brancard recouvert de satin blanc semé d'hermines de velours noir, était entourée et suivie de cent enfants richement vêtus, portant îles étendards et des écussons en l'honneur de la Vierge.

Un autre étendard, d'une prodigieuse dimension, répétant le dessin du travail d'orfèvrerie, précédait vingt-quatre autres enfants, qui ressemblaient à des anges, moins par leurs tuniques lamées d'or et d'argent, leurs longues ailes et leurs couronnes étincelantes, que par leur modestie et leur piété.

Ils tenaient d'une main un cierge allumé, de l'autre un écusson entouré de laurier, et destiné à rappeler quelque miracle opéré par Notre-Dame de Bonne Nouvelle.

Les magistrats de la ville, les corps constitués, la bourgeoisie et le populaire complétaient cette innombrable procession.

Elle s'arrêta d'abord à la cathédrale, où l'évêque de Rennes bénit le don, puis, augmentée de tout le clergé, elle continua son chemin vers l'église bâtie par Jean de Montfort.

Le prélat reçut l'ex-voto, et le fit placer sur la table de marbre préparée à l'avance ; puis il rappela aux citoyens rassemblés dans ce temple par la reconnaissance, la gloire et les bienfaits de l'illustre patronne qu'ils avaient invoquée dans leur détresse.

Le lendemain et les jours suivants, de nouvelles fêtes furent célébrées avec beaucoup d'éclat ; mais elles n'eurent rien de plus touchant que le dépôt, fait aux pieds de l'image sacrée, des clefs de l'hôpital et des cadenas qui avaient servi à fermer les maisons visitées par le fléau.

La protection que la vierge Marie avait accordée en cette circonstance à la ville de Rennes, et dont chacun pouvait voir l'irrécusable témoignage, étendit au loin la vénération dont Notre-Dame de Bonne-Nouvelle était depuis longtemps l'objet.

On y venait encore en pèlerinage de toutes les parties de la Bretagne, quand la révolution éclata.

Comme la plupart des monuments religieux de la France, l'église qui se rattachait par tant de grands souvenirs à l'histoire de la province fut profanée et ravagée ; mais moins favorisée que beaucoup d'autres sanctuaires, elle ne fut point rendue au culte, et cette noble chapelle où tant de souverains se sont agenouillés, où tant d'humbles chrétiens ont ressenti les merveilleux effets de la protection de Marie, est devenue un magasin à foin.

Cela est triste à dire et plus triste encore à voir. Ne viendra-t-il pas un jour où ce temple béni sortira de ses ruines, et où les cœurs chrétiens auront la consolation d'y voir régner encore la douce et sainte image de la mère du Sauveur ?
Source : Livre "Les pèlerinages de France" par Eugène Rosary

La basilique Notre-Dame de Bonne Nouvelle
La construction de la basilique Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle s'inscrit dans l'ample mouvement de rénovation et remplacement du parc immobilier paroissial en France au cours de la période concordataire, particulièrement sensible dans l'archidiocèse de Rennes.

L'édifice, érigé en pleine troisième république est venu se substituer à l'ancienne église paroissiale Saint-Aubin.

La tradition rapporte que le duc de Bretagne Jean IV attribua la victoire du parti des Montfort sur les Blois, lors de la guerre de succession du duché, au cours de la bataille d'Auray, à l'intercession de la Vierge Marie.

Il fonda en 1368 le couvent dominicain de Rennes qui prit rapidement le nom de couvent de Bonne-Nouvelle, un tableau peint sur bois de la Vierge à l'Enfant devenant au cours du XVe siècle l'objet de la vénération des fidèles rennais.

Divers miracles auraient accompagné cette dévotion, notamment la fin d'une épidémie de peste en 1634, consécutive à un vœu conditionnant la réalisation d'une maquette en argent massif de la ville de Rennes à l'arrêt du fléau.

Pareillement, lors du grand incendie de Rennes du 23 décembre 1720, la Vierge de Bonne-Nouvelle serait apparue dans le ciel, l'évènement étant représenté sur un tableau de la basilique Saint-Sauveur.

Toujours est-il que le vœu fut fondu à la révolution et remplacé après une épidémie de choléra en 1849 par un nouvel ex-voto datant de 1861.

Lors de l'invasion prussienne de 1871, Mgr Brossay-Saint-Marc décida d'offrir un cierge à Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle chaque 8 septembre, si la ville était épargnée. Cette tradition s'est perpétuée et l'église Saint-Aubin a été érigée en basilique le 6 août 1916.

Actes de dévotion représentés par les vitraux

Procession du vœu de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle


Mgr de Guérapin-de-Vauréal implorant la Vierge lors du grand incendie de 1732

Plaques commémoratives au dos du maître-autel
 
Vœu du pape Pie Ⅸ aux pèlerins de Rennes en 1875


Couronnement du tableau de Notre-Dame de Bonne Nouvelle en 1908

Partie droite de la plaque commémorative du couronnement du tableau de Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle de l'église Saint-Aubin en Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, Rennes, France.jpg

Source :
En savoir plus :

Notice historique sur le vœu de Notre-Dame de Bonne- Nouvelle 

 


Rennes
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- Basilique Notre-Dame de Bonne Nouvelle






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