Légendes, coutumes
et croyances populaires
Légende de Cuno, sire de Richécourt
Selon la légende, Cunon de Linange, sire de Réchicourt, un chevalier lorrain emprisonné en 1230 lors de la sixième croisade aurait été miraculeusement libéré de sa geôle dix ans plus tard par saint Nicolas.
Transporté
pendant son sommeil par le saint, il se réveilla devant le porche de
l'église. Pendant la célébration de l'office qui suivit, les chaînes qui
enserraient la taille et les membres du captif tombèrent d'elles-mêmes
(ces chaînes sont censées avoir été sauvegardées et sont conservées dans
un reliquaire en cuivre doré de la fin du XIXe siècle).
La procession annuelle de la Saint Nicolas
Rentré dans son fief, le sire de Réchicourt ordonna qu'une procession ait lieu tous les ans, et on vit jusqu'à la Révolution une délégation des gens de Réchicourt lors de ces célébrations.
(Cette
« procession aux flambeaux » a encore lieu actuellement chaque année
dans la basilique, le samedi le plus proche du 6 décembre, jour de la
Saint Nicolas.)
Source :
(La vie du grand et incomparable saint Nicolas, évêque de Myre et
patron de la lorraine, petit in-12, de 71 pages. Toul. Estienne Rolin,
sans date (1612).
«
Environ l'an 1240, raconte Nicolas Durmon, de Nancy, auquel Jean de
Pourcellet, évêque, comte de Toul, permit de faire imprimer le recueil
de la vie du bienheureux saint Nicolas, ramassé à la diligence de ce
naïf agiographe, comme s'exprime l'approbation donnée par ce prélat, au
château de Richardmenil, le 14 mai 1612, lorsque la guerre s’était émue
en la Terre-Sainte, contre les chrétiens qui la possédaient.
Plusieurs princes, seigneurs et gentilshommes de la chrétienté (nomément de la France, Lorraine et Bourgogne), se dèlibérèrent de les aller secourir avec de grandes forces qu'ils assemblerent, tant ils avaient de zèle et de charité pour les choses de la foi ; en laquelle guerre se trouvait entre autre un gentilhomme de Lorraine dit le chevalier de Richécourt, qu'aucuns nomment Cuno, seigneur de Richécourt ; et disent être de la maison des comtes de Linanges, en une bataille que les chrétiens donnèrent contre les infidèles, et fut pris prisonnier de ceux, qui le voyant haut et puissant chevalier, ils le logèrent en une étroite prison et voulurent encore qu'il y fut enchaîné de gros fers, savoir : d’un carcan de plus de cinq doigts largeur et d’un pouce d'épaisseur, d‘une ceinture et de sept chaînes à l'équipent.
Plusieurs princes, seigneurs et gentilshommes de la chrétienté (nomément de la France, Lorraine et Bourgogne), se dèlibérèrent de les aller secourir avec de grandes forces qu'ils assemblerent, tant ils avaient de zèle et de charité pour les choses de la foi ; en laquelle guerre se trouvait entre autre un gentilhomme de Lorraine dit le chevalier de Richécourt, qu'aucuns nomment Cuno, seigneur de Richécourt ; et disent être de la maison des comtes de Linanges, en une bataille que les chrétiens donnèrent contre les infidèles, et fut pris prisonnier de ceux, qui le voyant haut et puissant chevalier, ils le logèrent en une étroite prison et voulurent encore qu'il y fut enchaîné de gros fers, savoir : d’un carcan de plus de cinq doigts largeur et d’un pouce d'épaisseur, d‘une ceinture et de sept chaînes à l'équipent.
Auquel
déplorable état ayant trempé longue espace de temps sans espérance
d’aucune délivrance, et comme c’était son exercice de faire continuelles
prières à Dieu de le délivrer du tourment où il était, de se
recommander à. toute heure à saint Nicolas d'intercéder pour lui, et
qu’il se fut mis, la veille de la fête du saint, en plus ardentes
prières qu'au précédent vers le saint, à cause que le geolier de la
prison (qui était chrétien rénégat) en avait parlé fort irrévérément,
disant par mépris au prisonnier que son beau Colas (t) de Lorraine qu’il
révérait si fort et les miracles duquel il ramenait (rappelait) si
souvent, en ferait un bien grand s'il le pouvait délivrer de sa misère,
et que là-dessus le prisonnier se fut, en priant, profondément endormi
après avoir remontré au saint l'audace de ce révolté géolier, en le
suppliant d’y apporter quelque remède, afin que sa gloire ne fut plus
ainsi vilipendée, et avait aussi, le prisonnier, voué un pèlerinage en
cette église de Port, en Lorraine, si jamais il se voyait en liberté ;
il fut donc, en dormant, miraculeusement tiré hors de prison et
transporté devant la porte de l'église, où se réveillant en pensant être
encore dans les prisons des infidèles, il apperçut (étant retourné à
soi) la grande grâce que le saint lui avait obtenu du ciel, de quoi
consolé extrêmement et plein de désir de rendre grâce à Dieu et d'en
remercier le saint, il se leva et s’en alla frapper à la porte de
l'église qui ne lui fut ouverte du premier coup, et un clerc qui était
survenu la lui refusait à cause qu'il était heure indue d'en faire
ouverture, "le remettant au lendemain matin, quand matines se diraient,
mais sur ce que le sieur de Richécourt pria le clerc d'aller requérir le
prieur de le laisser entrer aux enseignes qu'il venait de songer, que
les souris avaient rongé les courroies de ses souliers et qu'il eût trop
de longueur en telle ouverture. La toute puissance qui avait bien su
ouvrir sans clefs les prisons, voulut encore là témoigner en effet de
ses merveilles, car elle fit que la porte de l'église s'ouvrit elle-même
à son bon chevalier, lequel sur le champ (tout enchaîné qu'il était)
entra dans l'église, se jeta à deux genoux devant l'autel et y rendit
fort dévôtement grâces à Dieu de son admirable délivrance et en remercia
aussi saint Nicolas.
Le prieur entendant par le clerc l'instance que faisait le sieur de Richécourt, et considérant que ce qu'il lui mandait de son songe était véritable, par admiration il s'écria : ô grand saint Nicolas, et se disposa de lui venir faire l'ouverture ; mais s'étant acheminé à l'église pour cet effet et le trouvant à genoux devant l'autel enchaîné de divers ferrements, la barbe et les cheveux fort longs avec de simples habits tout déchirés ; fort étonné de ce cas si inopiné et étrange, il demeura coi et en repos à le considérer jusqu'à ce qu'il déclara, comme il fit, ses prières étant achevées. Le prieur imbu de tout par le sieur de Richécourt et voyant un si beau trait de la vertu divine, arrivé à l'intercession de saint Nicolas en la personne d'un tel seigneur Lorrain et (de) non guère loin de ce bourg, il eut une très grande consolation, dont désirant, faire participant aux habitants, afin que Dieu en fut loué, et le saint magnifié, chacun fut assemblé tant au son de cloche qu'autrement, et fut alors, en grande dévotion, rendu grâces à la divine majesté et au saint ou survint un nouveau miracle, en ce qu'après que les séculiers eurent fait leur possible d'entrouvrir les ferrements (qui n'étaient décloués) sans en pouvoir venir à bout, Dieu permit qu'ils séclatèrent et souvrirent d'eux-mêmes devant toute l'assemblée, mais d'une rupture telle qu'il serait impossible à homme du monde de les rompre de la sorte, de quoi tout le monde encore davantage étonné, voyant que telle sainte percurance ne contenait un seul miracle, mais cinq fort beaux, savoir la délivrance des prisons, le transport en un instant de la Terre-Sainte en Lorraine, où il y a très grande distance, la révélation du songe du prieur, l'ouverture des portes de l'église et la rupture extraordinaire des fers.
Le prieur entendant par le clerc l'instance que faisait le sieur de Richécourt, et considérant que ce qu'il lui mandait de son songe était véritable, par admiration il s'écria : ô grand saint Nicolas, et se disposa de lui venir faire l'ouverture ; mais s'étant acheminé à l'église pour cet effet et le trouvant à genoux devant l'autel enchaîné de divers ferrements, la barbe et les cheveux fort longs avec de simples habits tout déchirés ; fort étonné de ce cas si inopiné et étrange, il demeura coi et en repos à le considérer jusqu'à ce qu'il déclara, comme il fit, ses prières étant achevées. Le prieur imbu de tout par le sieur de Richécourt et voyant un si beau trait de la vertu divine, arrivé à l'intercession de saint Nicolas en la personne d'un tel seigneur Lorrain et (de) non guère loin de ce bourg, il eut une très grande consolation, dont désirant, faire participant aux habitants, afin que Dieu en fut loué, et le saint magnifié, chacun fut assemblé tant au son de cloche qu'autrement, et fut alors, en grande dévotion, rendu grâces à la divine majesté et au saint ou survint un nouveau miracle, en ce qu'après que les séculiers eurent fait leur possible d'entrouvrir les ferrements (qui n'étaient décloués) sans en pouvoir venir à bout, Dieu permit qu'ils séclatèrent et souvrirent d'eux-mêmes devant toute l'assemblée, mais d'une rupture telle qu'il serait impossible à homme du monde de les rompre de la sorte, de quoi tout le monde encore davantage étonné, voyant que telle sainte percurance ne contenait un seul miracle, mais cinq fort beaux, savoir la délivrance des prisons, le transport en un instant de la Terre-Sainte en Lorraine, où il y a très grande distance, la révélation du songe du prieur, l'ouverture des portes de l'église et la rupture extraordinaire des fers.
Chaînes du seigneur de Réchicourt
Il
fut résolu en l'assemblée, que pour conserver à perpétuité la mémoire
de si hauts et surnaturels effets de la divinité à l'intercession du
saint, qu'il se ferait annuellement une procession générale à même heure
que le tout était advenu.
Source : Livre "Traditions populaires, croyances superstitieuses, usages et coutumes de l'ancienne Lorraine" par Nicolas Louis Antoine Richard
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