Kyrie eleison

Kyrie eleison


Le Kyrie, dont le nom vient du grec ancien Κύριε ἐλέησον (Kýrie eléêson) [en grec moderne : Κύριε ελέησον (Kírie eléison)], est un chant liturgique des Églises catholique et orthodoxe.

La phrase Kyrie eléison signifie « Seigneur, prends pitié » (traduction catholique arrêtée après Vatican II) ou « Seigneur, aie pitié » (traduction orthodoxe arrêtée en français par les liturgistes russes et grecs au début du XXe siècle).

L'origine de ce chant est la prière chrétienne sur laquelle il repose, prière dite en grec en raison de sa non-traduction en latin lors de son introduction dans la liturgie catholique.

Les paroles, le plus souvent par trois strophes, sont les suivantes dans l'Église catholique [texte grec ; translittération ; (traduction)] :

Κύριε ελέησον Kyrie eléison (Seigneur, prends pitié)
Χριστε ελέησον Christe eléison (Christ, prends pitié)
Κύριε ελέησον Kyrie eléison (Seigneur, prends pitié)
Les paroles, par trois ou neuf strophes ou multiples de neuf, sont les suivantes dans l'Église orthodoxe :
Κύριε ελέησον Kyrie eléison (Seigneur, aie pitié)
Κύριε ελέησον Kyrie eléison (Seigneur, aie pitié)
Κύριε ελέησον Kyrie eléison (Seigneur, aie pitié)

 

Historique





Kyrie 16 : féries du temps ordinaire.
  • L’Église commença à adopter cette invocation en faveur des catéchumènes et des pénitents, qui sont les aveugles et les lépreux spirituels. Le diacre énonçait à haute voix une série de demandes en leur faveur, et après chacune de ces demandes, un chœur d'enfants disait « Kyrie, eleison », et le peuple tout d'une voix répétait les mêmes paroles.
  • Le Kyrie catholique marquait primitivement la fin des litanies de la procession et le début de la messe. L'invocation était répétée jusqu'à ce que le célébrant fît signe de cesser. Le kyrie a été introduit dans la Messe romaine à la fin du Ve siècle soit par le pape Gélase Ier, soit par le Pape Sylvestre vers l'an 520. Au VIe siècle, le nombre de répétitions fut fixé à neuf par Léon Ier le Grand, et au XVIe siècle, Pie V fixa à trois les répétitions des Kyrie eleison, Christe eleison et Kyrie eleison. La messe de Paul VI a réduit les invocations à deux de chaque, sauf si la mélodie en exige un nombre différent.

Le Kyrie orthodoxe intervient, dans le rite byzantin, dans le cadre des litanies diaconales ou presbytérales à de nombreuses reprises le dimanche pendant la liturgie de la parole mais aussi en d'autres temps liturgiques ou non, pendant les vêpres, pendant la liturgie des présanctifiés, pendant les pannikhides, pendant les prières patronales (slava chez les Serbes ou les Monténégrins), etc.

 

Sens du Kyrie

La Guérison des Dix Lépreux - James Tissot

 
Le Kyrie eleison fait partie de la Préparation pénitentielle de l'Eucharistie (mot signifiant « action de grâce ») et de la Messe.

C'est une prière de supplication par excellence des anawims, les pauvres de Dieu et de tous les malheureux, aveugles, lépreux, mendiants, misérables, de l'homme atteint de quelque infirmité : on la trouve dans Isaïe et dans Baruch. « C'est une formule de prière qui, dans sa brièveté, renferme l'aveu implicite de toutes nos misères, et la confiance que le Dieu tourmenté par la soif dans le désert » (Martigny).

Il rappelle la repentance de David dans le psaume 51 (50), la prière du publicain dans le Temple de Dieu ou des dix lépreux (Luc 17:13) de l’Évangile, les aveugles de Jéricho (Matthieu 20:30) ou encore de la femme cananéenne (Matthieu 15:22) , etc… : Seigneur, prends pitié, Ô Christ, prends pitié. C'est la prière du Peuple de Dieu, pour le Saint Sacrifice de la Messe dit « propitiatoire » par le Concile de Trente. Musicalement, les anciens Kyrie est une prière de supplication, avec accent sur le E final de Kyrie et de Christe. Aussi c'est ce cette supplique du mendiant face à Dieu (la racine Eleison est la même que le mot grec « aumône » ἐλεημοσύνη du verbe ελεώ, prendre pitié, porter secours) qui fut choisie pour débuter la messe.

On la retrouve aussi dans la Prière de Jésus des orthodoxes, dite continuellement. Après s'être reconnu pécheur, le chrétien purifié par le repentir et la conscience de son état de pécheur peut alors suivre l'ensemble de la Messe, de la Célébration, écouter la Parole de Dieu, et s'avancer vers Dieu et communier, car après le Kyrie les péchés véniels des fidèles sont remis (purification du lépreux, guérison du publicain). En effet le Christ affirme que le péché n'est pas lavé par une ablution, pratiquée dans d'autres religions, mais par la prière du cœur : Le sacrifice à Dieu, c'est un esprit brisé (Psaume 51).

 

Chant grégorien (propre à l'Église catholique)

Kyrie 3 (Kyrie Deus sempiterne)

Le kyrie fait partie des chants ordinaires de la messe. Il en existe un très grand nombre (une trentaine dans le Graduel Romain), d'époques et de styles très divers.

Les deux exemples extrêmes donnés ici donnent une idée de cette variété : le Kyrie 16 (féries du temps ordinaire) en style syllabique appartient au fond grégorien primitif ; le Kyrie 3 (Kyrie Deus sempiterne), de style mélismatique, date du XIe siècle.

Le kyriale est traditionnellement réparti par type de messe, mais cette répartition n'est pas contraignante.

On peut chanter les pièces ornées de l'ordinaire à une autre messe que celle à laquelle elles sont affectées, selon l'importance de la messe et le degré de solennité. Les pièces ornées ne sont cependant pas employées aux messes de féries.

Chaque invocation peut être répétée deux ou trois fois, suivant ce que la mélodie exige. Quand seules les deux premières invocations sont indiquées, sauf indication contraire, la troisième est une reprise de la première.

Les kyrie grégoriens sont souvent composés (comme le Kyrie 3 ci-contre) sur une structure répétitive de type K1-K2-K1/C1-C2-C1/K1-K2-K3 : la dernière invocation est plus longue et reprend souvent les thèmes des invocations alternatives précédentes.

Dans les invocations du kyrie, le e final du premier mot fusionne avec l'initiale du second. La limite exacte entre les deux mots n'est donc généralement pas déterminée, d'autant moins que cette syllabe e fait généralement l'objet d'un mélisme à plusieurs incises (la syllabe est chantée sur plusieurs notes successives). On trouvait souvent écrit Kyrieleison et Christeleison dans les recueils grégoriens, ce qui montre bien que la limite est assez arbitraire. D'autre part, les kyrie ont souvent une formule commune pour le eleison final qui a pu fonctionner comme un refrain simple susceptible d'être repris par l'assemblée.

Les différents types de Kyrie étaient recensés avec les neumes correspondantes dans les grands livres de prières, avec l'Antiphonaire, dans le Graduel, le Tropaire ou le Cantatorium, dès avant l'an 1000.

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