Conclave

Conclave

Conclave
Vue aérienne de la chapelle Sixtine


Le conclave (mot dérivé du latin cum clave c'est-à-dire : « à clef »), désigne pour l'Église catholique romaine le lieu où sont enfermés les cardinaux rassemblés pour élire le pape pendant la période dite Sede vacante.

Par extension, il désigne aussi l'assemblée elle-même et son travail. Dans la doctrine catholique, le conclave se déroule sous la direction du Saint-Esprit.

Contexte historique

 

Habemus Papam au concile de Constance le 11 novembre 1417


Le processus du choix du pape avant 1059 (en) est peu connu, la documentation étant fragmentaire et peu fiable.

Au début du christianisme, selon la tradition, les premiers évêques de Rome choisissent leurs successeurs.

L’élection se fait par la suite par le clergé, le peuple ou l'empereur romain, puis par les empereurs byzantins ou les rois barbares au gré de l'emprise du pouvoir temporel sur le spirituel.

Le concile de Latran en 769 retire l'élection du pape aux laïcs et impose à l’élu d'être prêtre ou diacre, ce qui n'empêche pas les ingérences des empereurs.

Le 13 avril 1059, le pape Nicolas II, dans le but d'éviter ces ingérences, promulgue une bulle pontificale, In nomine Domini (en), décrétant que le pape soit désormais élu par les seuls cardinaux-évêques, et que son élection marque le début de son pontificat.

En 1179, le troisième concile du Latran étend cette prérogative à l'ensemble des cardinaux qui élisent le pape à la majorité des deux tiers des voix.

La bulle Ubi periculum, promulguée par le pape Grégoire X lors du deuxième concile de Lyon le 7 juillet 1274, établit le conclave comme méthode d'élection d'un pape.

Cette mesure est prise à la suite de l'élection mouvementée de Grégoire X, en 1271, qui avait duré près de 3 ans, et s'était tenue à Viterbe.

Au bout de 2 ans et 9 mois, les autorités romaines avaient emmuré les cardinaux, ôté le toit de la salle où ils se réunissaient et menacé de les affamer pour les pousser à la résolution.

Les cardinaux déléguèrent alors cette décision à une commission de six membres.

Pour éviter de nouvelles élections à rallonge, Grégoire X décide ainsi de garder le principe de l'enfermement.

Il y ajoute de nouvelles restrictions : au bout de 5 jours de conclave, les cardinaux sont réduits au pain, au vin et à l'eau, ils doivent vivre en commun sans séparation dans la pièce — ce qui provoque un tollé parmi les cardinaux.

Le conclave de janvier 1276, qui met sur le trône de Saint-Pierre le pape Innocent V, est la première élection à employer le terme de « conclave », en raison des circonstances dans lesquelles elle se déroule.

En juillet 1276, Jean XXI suspend les mesures de Grégoire X et les vacances longues du siège pontifical reprennent, jusqu'à ce que Boniface VIII réinstaure le Ubi periculum.

Depuis lors, toutes les élections pontificales ont eu lieu en conclave.

Depuis le Moyen Âge, les modalités du conclave ont évolué sous les différents Papes. À partir du XVIe siècle et jusqu'à la constitution apostolique Commissum nobis du 20 janvier 1904 de Pie X, le droit d'exclusive est régulièrement employé par la France, l'Espagne et l'Autriche, ces États catholiques utilisant leur droit de veto pour exclure leurs candidats respectifs, si bien que le papable est rarement le favori pronostiqué.

La jus exclusicæ est supprimée en 1904 mais les ambassades continuent d'intervenir activement pour soutenir l'élection de leur favori. Au début du XXe siècle, les dirigeants de l'Église catholique sont divisés entre les réformateurs et les conservateurs, chacun de ces camps ayant son papable mais pour éviter une division profonde, les électeurs choisissent le plus souvent un troisième candidat, à l'exception de Pacelli en 1939, Montini en 1963 et Ratzinger en 2005.

Le 22 février 1996, Jean-Paul II promulgue la constitution apostolique Universi Dominici Gregis sur la vacance du siège apostolique et l'élection du Pontife romain. Celle-ci fixe les modalités du conclave qui élit Benoît XVI à la suite de Jean-Paul II le 19 avril 2005 et reste en vigueur ce jour.

Cependant par une lettre apostolique, en forme de motu proprio, intitulée De aliquibus mutationibus in normis de electione Romani Pontificus, du 11 juin 2007, le pape Benoît XVI a modifié l'article 75 de la Constitution ci-dessus. Jean-Paul II avait prévu que si, au bout de 30 tours de scrutin, l'élection n'était pas encore acquise, on pourrait procéder à l'élection valide du Souverain Pontife seulement à la majorité absolue (la moitié des voix plus une) et non plus à la majorité des deux tiers exigée précédemment.

Benoît XVI a supprimé cette clause.

La majorité des deux tiers doit être dans tous les cas obtenue pour élire validement un Souverain Pontife. Benoît XVI est ainsi revenu pleinement aux normes édictées par le Concile de Latran III en 1179.

Organisation

 

Bulletin de vote (1878 ?)


Selon la législation actuelle conformément au motu proprio Ingravescentem aetatem (it) du 21 novembre 1970, seuls les cardinaux de moins de 80 ans sont admis au conclave, et leur nombre ne peut excéder 120.

L'entrée en conclave débute 15 jours au moins, 20 jours au plus, après la mort ou le renoncement d'un pape ; néanmoins, depuis le motu proprio Normas Nonnullas du 22 février 2013, le conclave peut être convoqué avant ce délai de 15 jours si les cardinaux le décident lors des congrégations générales. Les cardinaux prêtent le serment de respecter le secret du vote et d'en accepter le résultat.

La discipline grégorienne est assouplie au cours des siècles et Universi Dominici Gregis prévoit que les cardinaux électeurs séjournent pour la durée du conclave à la résidence Sainte-Marthe, construite à cet effet dans l'enceinte de l'État de la Cité du Vatican.

Les électeurs ne sont reclus que dans la Chapelle Sixtine, où ils procèdent aux votes d'élection.

Officiellement, tout homme baptisé vivant en règle avec l'Église peut prétendre au pontificat, mais c'est généralement l'un des cardinaux membres du Collège cardinalice qui est élu, Urbain VI étant le dernier non-cardinal élu en 1378.

Avant l'ouverture du conclave, les cardinaux, qui n'ont pas le droit de voter pour eux, sont appelés à évoquer le futur de l'Église lors de Congrégations générales, pour préparer l'élection du nouveau Pape qui sera élu lorsqu'il aura recueilli les deux tiers des votes.

Le matin du premier jour du conclave est réservé à la célébration de la messe.

L'après-midi est consacré à l'entrée en conclave, puis au premier scrutin qui peut être remis au lendemain.

Les jours suivants, on organise une session de vote le matin et une l'après-midi.

Lors de chaque session, si les résultats d'un premier scrutin ne sont pas concluants, on procède immédiatement à un second scrutin, ce qui peut porter le nombre de scrutins quotidiens à 4.

Les bulletins électoraux dépouillés sont à chaque session brûlés dans un poêle en fonte traditionnellement utilisé depuis l'élection de Pie XII en 1939.

Fumée noire 

Fumée blanche 
Fumée noire et fumée blanche s’échappant de la cheminée de la Chapelle Sixtine


Après chaque scrutin, les cardinaux communiquent les résultats au reste du monde par l'intermédiaire d'une cheminée, un conduit en cuivre étant spécialement installé lors du conclave.

Le tirage de la cheminée a été amélioré lors du conclave de 2005 par la pose de résistances électriques et d'un ventilateur pour ne pas enfumer les cardinaux.

Le résultat du vote est annoncé par une fumée noire (vote non concluant) ou blanche (vote concluant).

En cas de fumée blanche, le conclave prend fin lorsque le pape a répondu favorablement à la question du cardinal doyen « Acceptez-vous votre élection canonique comme souverain pontife ? » (en latin Acceptasne electionem de te canonice factam in Summum Pontificem ?) puis à « De quel nom voulez-vous être appelé ? » (en latin Quo nomine vis vocari ?, le premier pape à changer de nom étant Jean II au VIe siècle), le Pape étant finalement proclamé. Le feu est traditionnellement un feu de paille, mouillée s'il faut produire une fumée blanche, ajoutée aux bulletins de vote dans le poêle pour en produire une noire.

Depuis le conclave de 2005, des fumigènes colorants fabriqués par un poêle auxiliaire à injection électronique sont utilisés pour éviter les confusions.

De plus, on a décidé cette année-là de faire sonner les cloches de Saint-Pierre en accompagnement de la fumée blanche afin d'éviter les hésitations des spectateurs sur la couleur des volutes s’échappant de la cheminée.

Le pape, accompagné du camerlingue et du maître des célébrations liturgiques, se retire dans une cellule de trois mètres sur trois attenante à la chapelle, appelée la « chambre des larmes » car, selon la tradition, le nouveau pontife y éclate en larmes face à la responsabilité de sa tâche. Il y choisit sa soutane blanche parmi les trois modèles de tailles ("small", "medium" ou "large") confectionnées par les tailleurs de la maison romaine Gammarelli.

De retour dans la chapelle Sixtine, le secrétaire du Sacré Collège lui remet sa calotte blanche, le protodiacre proclame l'évangile de la confession de foi de Pierre et, au chant du Te Deum, les cardinaux s'avancent pour lui rendre hommage et faire acte d'obéissance en s'agenouillant.

Le conclave est présidé par le doyen du Collège des cardinaux, qui traditionnellement est aussi l'évêque d'Ostie.

Le conclave prend fin lorsque le cardinal protodiacre monte en compagnie du pape à la loggia des bénédictions où il prononce l’Habemus papam depuis ce balcon central de la basilique Saint-Pierre

Les derniers conclaves

 

Graphique représentant le nombre de cardinaux présents et absents lors des conclaves depuis 1700


Fin du conclavePapePays
d'origine
Nombre
de jours
Nombre
de scrutins
6 février 1922Pie XIDrapeau d'Italie Italie514
2 mars 1939Pie XIIDrapeau d'Italie Italie23
28 octobre 1958Jean XXIIIDrapeau d'Italie Italie411
21 juin 1963Paul VIDrapeau d'Italie Italie36
26 août 1978Jean-Paul IerDrapeau d'Italie Italie24
16 octobre 1978Jean-Paul IIDrapeau de Pologne Pologne38
19 avril 2005Benoît XVIDrapeau d'Allemagne Allemagne24








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