Charité

Charité



Dans le langage ordinaire, la charité est une vertu qui porte à désirer et à faire le bien du prochain. C'est un acte inspiré par l'amour du prochain, bienfait, aumône.

Dans le langage des théologiens, amour surnaturel de Dieu pour lui-même et du prochain comme créature de Dieu.

La charité est l'une des trois vertus théologales dans le christianisme, (aux côtés de la foi et de l'espérance). C'est la vertu reine des vertus : l'amour de Dieu et du prochain. Thomas d'Aquin ira jusqu'à dire qu'elle est la forme de toutes les vertus théologales.

La première encyclique du pape Benoît XVI s'intitule Deus Caritas Est, c'est-à-dire « Dieu est amour », citation de la Première épître de Jean.
La mise en pratique de la vertu de charité à l'égard du prochain est une œuvre de bienfaisance, un don, une aumône.

Il s'agit alors d'une initiative privée désintéressée, dictée par la foi (chrétienne ou autre).

Elle consiste à décider d'offrir du temps, un service, de l'amour, de l'argent... à une personne dans le besoin.

Le terme désigne d'une façon générale la vertu qui porte à faire le bien d'autrui.

Sens dérivé du second, « la Charité » est le nom donné à certains hôpitaux ou hospices religieux, dans lesquels ces œuvres de bienfaisance sont réalisées.

Étymologie

Le mot « charité » est la francisation du latin caritas, -atis, signifiant d'abord cherté, puis amour (et dont le mot anglais care, qui signifie le soin au sens le plus large, est l'un des dérivés).

Cicéron, par exemple, prônait la « caritas generis humani », ce qu'on peut traduire par « amour du genre humain».

C'est par «caritas» que saint Jérôme, dans sa traduction latine (dite Vulgate) de la Bible, rend le mot grec agapè du Nouveau Testament. Le terme hébreu correspondant est hesed (חסד), que le dictionnaire Brown-Driver-Briggs traduit par « amour ».

Le concept de hesed (charité, bonté, amour de Dieu et du prochain) apparaît à de nombreuses reprises dans l'Ancien Testament.

Vertu théologale

Deux des trois vertus théologales représentées sous la chaire de la cathédrale Notre-Dame d'Amiens. La charité est à gauche de l'illustration.


Dans une perspective chrétienne, la charité est la vertu théologale par laquelle on aime Dieu par-dessus toute chose pour lui-même, et son prochain comme soi-même pour l’amour de Dieu.

La charité assure et purifie la puissance humaine d’aimer et l’élève à la perfection surnaturelle de l’amour divin.

Saint Paul a donné une définition : « Sans la charité, je ne suis rien… ».

Et tout ce qui est privilège, service, vertu même, « sans la charité, cela ne me sert de rien.

La charité prend patience, la charité rend service, elle ne jalouse pas, elle ne plastronne pas, elle ne s’enfle pas d’orgueil, elle ne fait rien de laid, elle ne cherche pas son intérêt, elle ne s’irrite pas, elle n’entretient pas de rancune, elle ne se réjouit pas de l’injustice, mais elle trouve sa joie dans la vérité.

Elle excuse tout, elle croit tout, elle espère tout, elle endure tout. […] Les trois demeurent : la foi, l’espérance et la charité. Mais la charité est la plus grande. » (I Co 13, 1-7. 13). Supérieure à ces deux vertus, elle constitue le « lien de la perfection. »

Un exemple dans les Évangiles pour illustrer la charité est la parabole du Bon Samaritain, qui prend soin d'un inconnu blessé.

Représentations

  • Dans les rituels maçonniques en particulier dans celui du 18ème degré Chevalier Rose Croix au Rite Ecossais Ancien et Accepté (R.E.A.A.)il est fait mention des trois vertus théologales et le chevalier Rose Croix porte un bijou en sautoir représentant un pélican nourrissant ses petits symbole de charité et d'amour.
  • Dans la tradition iconographique chrétienne, l'allégorie de la Charité est souvent celle d'une jeune femme allaitant des nourrissons. Les peintres italiens de la Renaissance représentent également la Charité sous les traits d'une jeune femme donnant le sein à un vieillard décharné. Ils reprennent ainsi le thème de la Charité romaine.








Sculpture de la charité, église de Commana (Bretagne)

  • Le mot Caritas est inscrit dans l'image du Sacré-Cœur révélée à sainte Marguerite-Marie Alacoque par conséquent le Sacré-Cœur est, dans la religion catholique, devenue le symbole de la charité chrétienne issue de Dieu. C'était, par exemple, la devise du Père de Foucauld, avec l'image du Sacré-Cœur‎ brodé sur sa poitrine.

  Image sur Sacré-Cœur‎ révélée à sainte Marguerite-Marie Alacoque

 

Maison de Charité

Depuis le Moyen Âge jusqu'au XIXe siècle ce sont les hospices qui accueillent les pauvres et les orphelins dans de nombreuses villes de France, gérées par des confréries ou les fabriques des paroisses ou par les filles de la charité (Sœurs de Saint Vincent de Paul) et ursulines)

Elles s'organisent au niveau des paroisses en bureau de charité qui sont à l'origine des CCAS modernes (centre communal d'action social), et gèrent les Hôtels Dieu des communes et des villes Hôtels Dieu qui sont eux à l'origine de nos hôpitaux publics.

La saisie des biens nationaux et la loi du 7 Frimaire an 5 (27 novembre 1796), provoquent la dissolution de toutes les fabriques, confréries, congrégations, et la gestion par les communes de la charité au travers du bureau de bienfaisance et des hospices civils (voir : Hospices civils de Lyon, conseil général des hospices de Paris APHP)

Le Concordat de 1801 va rétablir partiellement l'intervention des œuvres religieuses.

En permettant aux sœurs de revenir dans les hôpitaux mais sous le contrôle des municipalités, puis de l'État.

Les bureaux de charité même quand ils gardent cette appellations vont rester sous le contrôle direct des municipalités.

Les bureaux de charité et les bureaux de bienfaisance vont distribuer des aides en natures (nourriture, vêtement...)

Cette activité étant au centre des préoccupations politiques au début du XIXe.

Une des causes directes de la révolution de 1789 étant la crise frumentaire de 1788 ( le boulanger, la boulangère et le petit mitron ramenés de Versailles à Paris en 1792, chute de la royauté ).

À la fin du XIXe, les aides en nature sont supprimées au profit des aides financières.

Elles reprennent sous la forme moderne des restos du cœur de la banque alimentaire, des épiceries sociales, des soupes populaires.

Ambiguïté du concept

Dans le langage courant contemporain, le mot charité est à utiliser avec précaution car, selon certaines sensibilités, il peut être chargé de significations dérivées, éloignées du concept initial :
  • La charité est parfois considérée comme obligatoirement liée à une pratique religieuse, ce qui a pour effet de rendre l'utilisation du mot délicate dans le contexte des sociétés francophones contemporaines laïques;
  • La charité est également perçue, dans certains contextes, comme une relation inégale impliquant une situation humiliante pour la personne aidée, et non comme un comportement social réellement bienveillant et utile.
Ces dérives de sens ont entraîné d'importantes restrictions d'usage du mot charité, qui a notamment disparu du vocabulaire administratif où il est remplacé par des notions alternatives jugées plus neutres (comme solidarité, action sociale, etc), et qui est même souvent utilisé avec une connotation péjorative dans le discours public.







 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire