Notre-Dame des Clefs
Poitiers : Le miracle des clés
Notre-Dame des Clefs est, de temps immémorial, en grande vénération dans le Poitou.
Elle était déjà très célèbre quand elle donna à la capitale de cette pieuse province une preuve évidente de sa protection.
En 1202, sous le règne de Philippe-Auguste, vers le milieu
du carême, un clerc, alors secrétaire du maire de Poitiers, se trouvant
à Périgueux, sa ville natale, offrit aux chefs de l'armée anglaise, qui
occupait le Périgord, de leur livrer Poitiers, le soir du jour de
Pâques, pendant que la population assisterait à l'office.
Sa
proposition fut acceptée, et il reçut aussitôt la moitié du prix
convenu. De retour à son poste, il s'attacha de plus en plus à gagner la
confiance de son maître, et il y réussit de telle sorte, qu'il se crut
assuré du succès de sa trahison.
Chaque soir, le premier magistrat de la cité se faisait apporter les clefs de la ville et les plaçait lui-même sous son chevet.
Le jour de Pâques les clefs lui furent remises en présence du clerc, dont il était loin de soupçonner la fidélité.
Celui ci attendit l'heure la plus convenable, et, pénétrant dans la chambre du maire, il chercha les clefs, pour aller les jeter par dessus les murailles aux ennemis qui l'attendaient vers minuit.
Mais il regarda vainement sous le chevet où elles étaient ordinairement, puis de tous côtés, il lui tut impossible de les trouver.
Le temps s'écoulait dans cette recherche inutile, et le clerc, voyant arriver minuit, courut aux remparts, afin de rassurer les Anglais, qui pouvaient le soupçonner de manquer à sa parole.
Il leur dit de prendre patience jusqu'à quatre heures du matin, et promit de leur apporter alors les clefs de la Tranchée.
On nommait ainsi la porte qu'il s'était engagé à leur livrer.
Un peu avant quatre heures, il entre précipitamment chez le maire, qui dormait ; encore, et lui dit qu'un seigneur qui se rendait à la campagne pour affaires pressées, demandait qu'on lui ouvrît cette porte.
Le maire, qui n'a pas la moindre défiance, cherche les clefs et ne les trouve pas. Il s'agite, il s'inquiète, et sa frayeur, qui grandit à chaque instant, arrive à son comble, lors qu'il entend le beffroi de la ville, et qu'on lui annonce que l'ennemi est aux portes.
Le jour de Pâques les clefs lui furent remises en présence du clerc, dont il était loin de soupçonner la fidélité.
Celui ci attendit l'heure la plus convenable, et, pénétrant dans la chambre du maire, il chercha les clefs, pour aller les jeter par dessus les murailles aux ennemis qui l'attendaient vers minuit.
Mais il regarda vainement sous le chevet où elles étaient ordinairement, puis de tous côtés, il lui tut impossible de les trouver.
Le temps s'écoulait dans cette recherche inutile, et le clerc, voyant arriver minuit, courut aux remparts, afin de rassurer les Anglais, qui pouvaient le soupçonner de manquer à sa parole.
Il leur dit de prendre patience jusqu'à quatre heures du matin, et promit de leur apporter alors les clefs de la Tranchée.
On nommait ainsi la porte qu'il s'était engagé à leur livrer.
Un peu avant quatre heures, il entre précipitamment chez le maire, qui dormait ; encore, et lui dit qu'un seigneur qui se rendait à la campagne pour affaires pressées, demandait qu'on lui ouvrît cette porte.
Le maire, qui n'a pas la moindre défiance, cherche les clefs et ne les trouve pas. Il s'agite, il s'inquiète, et sa frayeur, qui grandit à chaque instant, arrive à son comble, lors qu'il entend le beffroi de la ville, et qu'on lui annonce que l'ennemi est aux portes.
En
effet, les Anglais étaient à la porte de la Tranchée, attendant que la
trahison du clerc leur permit de pénétrer dans la ville.
Mais
tout à coup ils prennent la fuite, et, saisis d'une terreur extrême,
ils s'entretuent et laissent la place couverte de cadavres.
Les
habitants armés, à la hâte, courent à leur poursuite, en font un grand
carnage, et ramènent bon nombre de prisonniers, desquels on apprend que
l'effroi des Anglais est dû à l'apparition d'une grande reine, qui s'est
fait voir à eux, accompagnée d'un évêque et d'une religieuse.
Les
Poitevins ne doutent pas que celte grande reine ne soit la vierge
Marie, patronne vénérée de leur cité ; ils vont se prosterner devant son
autel, et ils aperçoivent, avec une surprise et une reconnaissance
profondes, les clefs de la ville suspendues au bras droit de la statue
de Notre-Dame.
En
mémoire d'une si merveilleuse délivrance, une procession solennelle fut
faite, le lundi de Pâques de chaque année, à partir de cette époque
jusqu'en 1794.
Le
maire et les échevins y assistaient, et ils offraient au nom de la
ville ainsi qu'il en est fait mention dans les archives de Poitiers, une
certaine quantité de cire qui devait brûler devant la sainte image.
Plus
tard, ces flambeaux furent remplacés par l'offrande d'un très riche
manteau, dont, le jour de Pâques après les vêpres, la femme du maire
venait elle-même revêtir la statue de Notre-Dame.
La procession avait lieu le lendemain, au milieu d'une foule immense.
Jamais cérémonie ne fut plus chère aux Poitevins.
Elle eut lieu même en 1793, et dès que les églises furent rendues au culte, on la célébra avec la pompe accoutumée.
Mais,
à partir de 1830, on se contenta de la faire dans l'intérieur de la
paroisse, fort timidement d'abord, puis on s'enhardit peu à peu, et en
1855, M. le curé de Notre-Dame la Grande, à l'obligeance duquel nous
devons ces renseignements, essaya de faire revivre l'antique usage
d'offrir un manteau à la Vierge.
La population répondit à son appel, une somme de 1,8O0 fr. fut
promptement réunie, et, le jour de Pâques, après des vêpres, eut lieu ce
qu'autrefois on appelait la toilette de la bonne Dame, c'est-à-dire
qu'on remplaça publiquement le manteau que le sacristain avait mis le
matin même à la Vierge, par celui que la cité tout entière lui offrait.
L'année
suivante, monseigneur l'évêque de Poitiers consentit, à la prière des
habitants, à reprendre, du moins en partie, l'ancien parcours de la
procession. Il se dirigea donc vers la porte de la Tranchée, où, prenant
des mains de Notre-Dame, les clefs argentées de la ville, il ouvrit et
ferma ces portes, au nom de la sainte Vierge.
La
même procession se renouvelle tous les ans ; mais en 1863, Poitiers a
été témoin d'une cérémonie religieuse qu'il n'oubliera jamais ; nous
voulons parler du couronnement de Notre-Dame des Clefs.
Une
supplique ayant été présentée au saint-père, lors de la canonisation
des martyrs du Japon, à l'effet d'obtenir ce couronnement, Pie IX voulut
bien charger l'évêque de Poitiers de décerner, de sa part, cet honneur
insigne à la statue vénérée de toute la province.
Le 29 novembre,jour de l'ouverture de la neuvaine de l'lmmaculée Conception, eut lieu cette magnifique cérémonie.
Dès
le matin les rues étaient encombrées d'une foule accourue de tous les
points du diocèse, et de toutes parts s'élevaient, sur le parcours de la
procession, des arcs de triomphe décorés avec autant de richesse que
d'élégance. Les maisons étaient ornées de draperies, de guirlandes, de
devises en l'honneur de Marie, et le joyeux empressement avec lequel chacun rivalisait de goût et d'adresse avait quelque chose de touchant.
La
ravissante église de Notre-Dame la Grande, chef d'œuvre du XIIIe
siècle, n'étant pas assez vaste pour contenir le cortège de la Vierge,
la statue miraculeuse fut transportée à la cathédrale, et saluée sur son
passage par bien des vœux et des larmes d'attendrissement.
Les
évêques de Moulins, de Blois, d'Angoulême, Mgr de Ségur, l'abbé de
Solesmes et celui de Fontgombaud accompagnaient le prélat délégué par le
souverain pontife. Une éloquente homélie, écoutée dans le plus
religieux silence, précéda le couronnement, et la cérémonie terminée,
l'antique et sainte image fut reconduite en triomphe à Notre-Dame la
Grande, où elle est chaque jour entourée des hommages les plus sincères
et les plus tendres.
Source : Livre "Les pèlerinages de France" par Eugène Rosary
En savoir plus :
En 1202, les Anglais cherchent à s'emparer par traîtrise de Poitiers.
Aux
alentours de Pâques, un proche du maire ayant eu occasion de rencontrer
des autorités anglaises, accepte – en échange d’une copieuse somme
d’argent – de leur livrer les clés de la ville lorsqu’ils se
présenteront devant ses portes.
Au moment venu, le traitre veut s’emparer des clés mais ne les trouve pas à leur place habituelle. Alerté, le maire se met lui aussi à leur recherche, en vain.
Comme
cette disparition inexpliquée est fort inquiétante, le maire se rend à
l’église Notre-Dame-la-Grande dans l’intention de faire sonner les
cloches et d’appeler les habitants à la rescousse.
Quelle n’est pas la surprise et le soulagement du maire en découvrant que les clés perdues sont aux mains d’une statue de la Vierge, dans le sanctuaire de l’église !
Grâce à ce miracle, un sort bien funeste vient d’être épargné à la cité.
Mais
la troupe anglaise, massée pendant ce temps-là à la porte sud de la
ville, n’est pas au bout de ses peines : au lieu des clés tant espérées,
ils voient soudain apparaître, au-dessus du rempart, dans des nuées
surnaturelles, la Vierge et l’Enfant, accompagnés de sainte Radegonde et
de saint Hilaire – deux figures poitevines emblématiques des premiers
siècles chrétiens. On raconte que les Anglais, saisis de terreur,
s’entretuent par mégarde dans un mouvement de fuite général.
En commémoration de l’évènement, une statue de la Vierge portant des clés fut installée dans le chœur de l’église Notre-Dame, où les visiteurs peuvent la contempler aujourd’hui encore. Elle était autrefois associée à des processions annuelles durant les trois jours des Rogations.
- Notre-dame des Clefs - Poitiers, église Notre-Dame la grande |
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