Lyon Notre-Dame de Fourvière

Lyon 
Notre-Dame de Fourvière

Lyon : Notre-Dame de Fourvière


Lyon : Notre-Dame de Fourvières

 

Les trois vœux à Notre-Dame de Fourvière  

Le vœu d'Anne d'Autriche 
En 1630, Anne d’Autriche, reine de France, épouse de Louis XIII, monta à Fourvière pour prier Notre Dame, lui demandant de donner enfin un héritier au trône.
Huit ans plus tard, en février 1638, le roi Louis XIII consacra le royaume de France à la Vierge. Louis XIV naquit le 5 septembre 1638.

Le vœu des Échevins 
Des épidémies de peste se déclaraient périodiquement dans la ville (8 en 70 ans) et décimaient la population. 
Le 8 septembre 1643, le Prévost des marchands ainsi que ses échevins décidèrent de mettre la population sous la protection de Notre Dame de Fourvière. 
Ils offrirent durant l’office un cierge de sept livres et un écu d’or et promirent de renouveler cette cérémonie si la peste cessait.
Vingt jours après, l’épidémie était terminée et Lyon ne connut plus jamais d’épisode de peste. 
Ce pèlerinage a toujours lieu le 8 septembre à Fourvière.

Le vœu des échevins a permis de doter l'ancienne chapelle d'un magnifique vitrail de Lucien Bégule en 1882.

Le vœu de 1870
 
Le 19 juillet 1870, la guerre éclate entre la France et la Prusse.
Les Lyonnais, inquiets, demandent à Monseigneur Ginoulhiac d’exprimer un vœu à Notre Dame de Fourvière pour éviter l’occupation de la ville. 
Si ce vœu est exaucé, ils s’engagent à construire à Fourvière une église dédiée à la Vierge. 
L’archevêque formula solennellement ce vœu le 8 octobre 1870. Lyon fut épargnée.
La première pierre fut donc déposée le 7 décembre 1872 et la dernière, le 2 juin 1884. Il fallut donc 12 ans pour réaliser le gros œuvre de la basilique. Cependant, il faudra attendre 1964 pour que l'intérieur de la basilique soit achevé, avec ses mosaïques, ses sculptures et ses vitraux. En 1897, la nouvelle église fut érigée en basilique par un bref du Pape Léon XIII.
Le site accueille depuis 1982 les antennes de Radio Fourvière devenue depuis RCF Lyon.
La basilique appartient au périmètre du Vieux Lyon inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1998.
Depuis 2008 et jusqu'en 2012, des travaux de restauration sont en cours pour conserver ce patrimoine, premier site touristique de Rhône-Alpes.
Source :
Le site de la Basilique : http://www.fourviere.org/fr_FR/index.php


Lyon : Notre-Dame de Fourvière



Nous voici arrivés au plus célèbre de tous les pèlerinages de France.

Le sanctuaire de Notre-Dame de Fourvières tient le premier rang après celui de Notre-Dame de Lorette en Italie.

Lyon, l'antique Lugdunum des Romains, la première cité des Gaules, a eu des temples, des palais, des amphithéâtres. Auguste y fit sa résidence ; Caligula y fonda une académie ; Claude y construisit des aqueducs magnifiques ; Néron la fit sortir des ruines où l'avait plongée un terrible incendie ; Trajan y bâtit un forum, qui prit, avec le temps, le nom de For viel, dont plus tard encore on fit Fourvières.

Cette magnifique colline de Fourvières d'où l'œil étonné contemple la seconde capitale de la France, avec ses splendides monuments, ses rues, ses places, ses deux fleuves, et les vingt quais qui les bordent, faisait partie de la première enceinte de la ville. Elle en a été le berceau ; et ce berceau, arrosé du sang des martyrs, vit s'élever le premier sanctuaire consacré à la mère de Dieu dans les Gaules.

Elle prit dès lors le nom de Sainte-Colline, et bientôt elle se couvrit d'édifices religieux, dont le plus célèbre fut Notre-Dame de Fourvières, bâtie sur les ruines du forum, au lieu même où avait été le fameux temple de Minerve. 

Plus de portiques, plus d'amphithéâtres, dit le savant auteur d'une notice sur Notre-Dame de Fourvières, Léopold Béconlet ; plus d'arènes sanglantes, plus de divinités de pierres ; tout cela a disparu devant le souffle puissant et divin du christianisme ; débris et souvenirs sont restés enfouis dans les entrailles de la terre. En refaisant les sociétés et les hommes, la religion d'amour a refait aussi les vallées et les montagnes. Fourvières, le forum des empereurs, portait une toge de tyran, toute rouge du sang chrétien ; Fourvières, colline bénie du ciel, est couronnée de lis et parée comme une fiancée, d'une blanche robe de vierge, et cette robe si belle possède une vertu mystérieuse : son attouchement guérit et console. A la place des fausses divinités du paganisme, y règne une reine dont le sceptre est doux et suave. Elle est l'étoile de la mer, le refuge de ceux qui souffrent, l'espérance de ceux qui pleurent, le garant du bonheur présent et l'immortelle promesse d'une éternelle félicité. Voilà pourquoi cette colline n'a plus que les gracieux souvenirs de la charité, plus que les douces voix de la résignation et de la prière. 
La première image de Marie placée dans l'oratoire de Fourvières portait le nom de Notre-Dame du Bon Conseil, et l'on voit encore cette inscription gravée près du clocher d'où la vue s'étend jusque sur les plaines de la Bourgogne d'un côté, et n'est arrêtée de l'autre que par les neiges éternelles de la chaîne des Alpes.

La chapelle élevée sur les ruines du forum, vers l'an 840, remplaçait, selon toute probabilité, un autre oratoire plus modeste élevé par les premiers chrétiens. 

Cette chapelle ‘s'agrandit, à la fin du XIIe siècle, d'une belle nef qui après le meurtre de l'archevêque de Cantorhéry par Henri ll, roi d'Angleterre, fut dédiée à ce saint martyr de la foi et de la charité.

Le pape Innocent IV, persécuté par l'empereur Frédéric Il, vint chercher un asile à Lyon, en 1244. 

Ce pontife, animé d'une tendre dévotion à Marie, visitait souvent l'église de Notre-Dame de Fourvières, et son exemple y amena un grand nombre de pèlerins. 

Il séjourna pendant six ans dans cette ville, et, avant de la quitter, il la bénit solennellement, du haut de la colline de Fourvières. 

C'est en mémoire de cette cérémonie si touchante que, chaque année, le jour de la Nativité a lieu, sur la terrasse de Fourvières, la bénédiction de la cité lyonnaise.

En 1476, Louis XI se rendit à Notre-Dame de Fourvières, et, ne pouvant souffrir que si belle dame logeât en si humble maison, il fit don au chapitre de cette église d'un revenu annuel de 65 livres tournois, l'exempta de toute redevance envers la couronne, et laissa, en souvenir de sa victoire sur Charles le Téméraire, de riches ornements à Notre-Dame. 
Toutefois, ce sanctuaire n'était pas encore aussi célèbre qu'il le devint par la suite ; car, la peste‘étant venue ravager Lyon en 1563, après l'invasion des calvinistes, la ville fit un vœu à Notre-Dame du Puy, pour être délivrée de ce fléau.
Les huguenots avaient laissé partout des traces de leur passage ; les statues des saints avaient été mutilées, les tableaux brûlés, les autels profanes, les vases sacrés enlevés, les tombeaux fouillés, les archives détruites et les cloches fondues. 
Notre-Dame de Fourvières n'avait pas été épargnée ; il n'en restait plus que les murs. 
On répara d'abord la cathédrale, puis on s'occupa de Fourvières, et la chapelle, dédiée d'abord à Notre-Dame de Bon-Conseil, fut reconstruite sous le vocable de l'Assomption. 
Le nouvel autel fut consacré en 1586. 
Un grand nombre de pèlerins commencèrent alors à se rendre dans cette église, qui avait été jusque-là vouée à saint Thomas plutôt qu'à la mère de Dieu.
La source des prodiges y semblait tarie, dit un ancien historien ; mais ils recommencèrent à la fin du XVIe siècle, et le peuple de Lyon en ressentit une grande joie. 
La reine Anne d'Autriche y alla prier souvent, pendant que Louis XIII combattait en Savoie, et elle y fut accompagnée plus d'une fois par Marie de Médicis et par d'illustres personnages de sa cour.
Les ravages causés par les huguenots n'étaient pas encore réparés ; l'église était si pauvre, qu'il fallait emprunter des tableaux et des ornements, pour la décorer aux jours de grandes fêtes. 
Cependant le clocher se relevait ; mais à peine fut-il achevé, que la foudre y tomba. 
Elle pénétra même dans la chapelle de la Vierge et laissa au-dessus de l'autel une ouverture circulaire, par laquelle entrait la lumière des cieux. 
Le chapitre vit dans cet événement un indice de la volonté divine, et promit de ne rien négliger pour donner plus d'éclat au culte de la vierge Marie. 
La peste qui survint peu d'années après amena tant de pèlerins à Fourvières, qu'il fallut y ouvrir une nouvelle porte, et qu'on y construisit un second autel, dédié à Notre-Dame de Grâce. 
L'affluence des pèlerins fut encore plus grande pendant la maladie que Louis XIII fit à Lyon, à son retour de la Savoie, et ce prince reconnut ne devoir son salut qu'à la protection de la sainte Vierge.
Une épidémie qui fit une multitude de victimes à l'Aumône générale inspira aux administrateurs de cet hospice la pensée de faire une procession à Notre-Dame de Fourvières, à la tête de tous les pauvres de l'établissement. Cette procession se fait encore aujourd'hui le troisième mercredi qui suit la fête de Pâques. 
La peste, qui avait déjà plusieurs fois sévi sur Lyon, s'y étant déclarée de nouveau en 1642, les magistrats de la cité, n'espérant plus rien des secours humains, reconnurent la nécessité de recourir à Dieu par l'intercession de sa sainte mère. 
Ils s'engagèrent à élever une statue à la Vierge devant la loge des Changes, et une autre sur le bout de la pile du pont de Saône, puis à se rendre à pied à Notre-Dame de Fourvières, tous les ans, le jour de la Nativité de la Vierge, et à y offrir sept livres de cire blanche et un écu d'or au soleil.
L'acte qui fait mention de ce vœu est conservé dans les archives de l'hôtel de ville, et l'histoire n'ayant pas consigné depuis l'apparition du fléau, les Lyonnais redoublèrent de dévotion envers leur auguste protectrice.
Les deux monuments élevés alors ont disparu. Les débris de celui du pont de Saône ont servi à la construction d'une fontaine ; celui de la terrasse de Fourvières a été remplacé par une magnifique statue de la Vierge immaculée.
« Elle apparaît sur le sommet de la Sainte-Colline, dit M. Bécoulet, comme un emblème de paix, d'amour et d'espérance ; ses mains étendues vers la cité semblent l'appeler à former avec elle une alliance de plus en plus étroite, et chaque fois qu'un Lyonnais a le cœur ulcéré par la douleur, ses regards se tournent avec confiance vers cette douce image, et l'on dirait qu'un rayon de soulagement et d'espoir descend aussitôt dans son âme. » 
Le 25 juin 1740, fut posée la première pierre des constructions qui allaient être ajoutées à l'église de Notre-Dame de Fourvières, devenue beaucoup trop petite, et la dédicace de cette nouvelle enceinte fut célébrée le 2 octobre 1751.

La Révolution n'était pas éloignée. Elle trouva le sanctuaire de Fourvières en grande vénération, et ce ne tut pas sans une profonde douleur que les Lyonnais virent faire main basse sur les ornements, les vases sacrés, les colliers et les couronnes de Notre-Dame. 

Des troubles éclatèrent bientôt après dans la cité ; Lyon s'insurgea ; il fallut en faire le siège ; et quand la Convention eut triomphé de cette révolte, elle voulut faire de la ville un monceau de ruines. 

Bien du sang fut versé, et les citoyens, plongés dans le deuil, n'avaient pas même la consolation d'aller se jeter aux pieds de Notre-Dame, dans son sanctuaire béni. 

Mais du moins les yeux et les cœurs se tournaient vers la montagne sainte, et plus d'une fois la nuit couvrit de son ombre tutélaire les pèlerins prosternés devant la chapelle dévastée.

Ce n'était pas assez de l'avoir ruinée ; on la vendit, comme bien national, et il vint un moment où le courageux ecclésiastique qui continuait à la desservir dut renoncer à ses fonctions. 

Enfin, Napoléon Ier eut la gloire de rendre au culte les temples du Seigneur, et le cardinal Fesch, alors archevêque de Lyon, ne prit aucun repos qu'il n'eût racheté l'église de Fourvières.
Le 19 avril 1805, ce sanctuaire béni fut inauguré par le pape Pie Vll, qui voulut bien s'arrêter à Lyon, en revenant de Paris, après le sacre de l'empereur. Le saint-père y célébra le saint sacrifice, avec toute la pompe qu'il fut possible d'y déployer ; puis, du haut d'une des terrasses de la Sainte-Colline, il bénit la ville, au bruit des cloches de toutes les paroisses, de toute l'artillerie, et aux cris de joie de toute la population.

En répandant ainsi ses bénédictions sur ce peuple agenouillé sur des ruines pour ainsi dire encore fumantes, dit Léopold Bécoulet, Pie VII ouvrait un nouvel horizon de joie et d'espérance à sa piété ; c'était un pacte nouveau qu'il contractait avec le ciel, un baume versé sur ses blessures encore ouvertes, le baptême solennel d'une nouvelle vie. 

Une inscription commémorative de cet événement avait d'abord été placée au-dessus de la principale porte de la chapelle ; elle a, depuis, été transférée à l'intérieur. En voici la traduction :

« Cette chapelle a été rendue au culte de la bienheureuse vierge Marie, mère de Dieu, par notre saint père le pape Pie VII, qui lui-même y a célébré le saint sacrifice de la messe, et l'a enrichie d'indulgences plénières et quotidiennes, le dix-neuvième jour d'avril, an du Seigneur 1805. 

Cette nouvelle consécration donna au sanctuaire de Fourvières une célébrité plus grande encore. 

Non-seulement les Lyonnais y accoururent, mais on y vit venir de tous les points du monde chrétien des pèlerins illustres. 

Notre-Dame répondit à la confiance de ses serviteurs, et les grâces qu'elle leur accorda portèrent au loin la gloire de son nom. 

Malgré les changements de dynastie et les révolutions, Marie demeura la reine de la florissante cité lyonnaise ; et quand le choléra envahit la France, chacun, se rappelant la protection accordée à la ville en temps de peste, invoqua la Vierge sainte. 

Les sentiers de Fourvières étaient sans cesse foulés par les pèlerins, et des milliers de voix imploraient à toute heure la clémence céleste, par l'entremise de la mère de miséricorde. 
Le fléau s'arrêta aux portes de la ville, et les actions de grâces remplacèrent les cris d'angoisse de tout un peuple.

A la seconde apparition de la terrible épidémie, les Lyonnais prièrent comme ils l'avaient fait, trois ans auparavant, et l'on voit au-dessus d'une des portes de l'église de Fourvières l'inscription suivante : 

« Lyon reconnaissant d'avoir été sauvé du choléra en 1832 et 1835. Un magnifique tableau, œuvre d'un peintre lyonnais, Victor Orsel, est aussi placé dans cette église, comme un monument de la reconnaissance publique. Ce tableau, voté en 1832, ne fut achevé que vingt ans plus tard, après la mort de son auteur, enlevé trop tôt à son pays et à l'art religieux.

Près de cet ex-voto, on en admire un autre que la cité offrit a Notre-Dame de Fourvières, après l'inondation de 1840, qui pouvait tout détruire, mais dont les suites funestes furent heureusement conjurées par l'intercession de cette toute-puissante patronne. 

Nous renonçons à citer tous les témoignages de gratitude qui attirent les regards des pèlerins et stimulent leur confiance ; les murs en sont littéralement couverts, et l'on est obligé d'en refuser chaque jour, faute de savoir où les placer. 

Chaque année, plus de quinze cent mille personnes gravissent la colline sacrée et viennent implorer Marie dans son sanctuaire bien-aimé. 

Toutes les douleurs y trouvent un refuge, et sans cesse la miséricordieuse reine du ciel y opère des prodiges de bonté.

Celui qui entrerait sous ces voûtes bénies pour obéir à une vaine curiosité, et qui jetterait les yeux sur cette merveilleuse histoire écrite par la reconnaissance des peuples, des princes, des paysans et des pauvres, en serait certainement touché ; des sentiments inconnus s'éveilleraient dans son cœur, et il ne pourrait s'éloigner sans avoir fléchi les genoux devant celle que tant de siècles ont invoquée. 
Depuis longtemps la nécessité d'agrandir l'église de Fourvières se faisait sentir; aux jours des fêtes de la Vierge, à la Nativité et à l'Assomption surtout, les pèlerins n'y pouvaient trouver place. 
En 1850, des travaux furent exécutés, grâce à une souscription, à laquelle la ville tout entière voulut prendre part. Une tour imposante, composée de trois étages, remplace aujourd'hui l'ancien clocher. Les deux premiers étages sont carrés ; le troisième, de forme octogone, soutient un dôme qui sert de piédestal à une magnifique statue de la Vierge immaculée.
Cette statue, haute de cinq mètres soixante centimètres, est en bronze doré. Elle est tournée du côté de la cité, et semble étendre vers ses enfants ses mains pleines de grâces. Elle étincelle sous les rayons du soleil, et du haut de la colline des Martyrs, elle domine un immense et splendide paysage, ou plutôt une vaste région de tous les points de laquelle s'élèvent vers son trône des vœux et des louanges. Elle garde la ville qui s'agite à ses pieds ; mais elle protège aussi tout le pays, et le voyageur qui l'aperçoit du sommet des Alpes la salue comme l'étoile tutélaire du chrétien.
Autour de cette sainte image, des inscriptions rappellent les bienfaits de la mère de Dieu ; et en face de la ville se lisent ces mots : « O Marie ! cette ville est à vous, protégez-la ! »
Le 8 décembre 1852, S. Em. le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, inaugura la statue de l'lmmaculée Conception. 
Cette fête restera célèbre dans les annales lyonnaises ; car jamais plus de joie, plus d'enthousiasme n'a marqué une cérémonie religieuse. 
Dès le matin du jour de l'inauguration, dit M. Bécoulet, le chapitre de la métropole, les curés de Lyon, les élèves des séminaires, les représentants de toutes les paroisses, partaient en procession de la cathédrale Saint-Jean, escortés d'une députation des fidèles de chacune des paroisses de la ville, avec bannières déployées. 
Au milieu de la procession paraissait le livre des saints Évangiles, proclamant la divine et virginale maternité de Marie. 
A côté, flottait l'étendard bleu de l'auguste Vierge, sur lequel des mains pieuses avaient brodé cette simple prière : « 0 Marie ! protégez la France !
La procession se grossissait, sur tout son parcours, par des flots de populations venues de tous les points du diocèse. S. Em. Monseigneur le cardinal-archevêque célèbre la sainte messe à l'autel du pèlerinage, puis il paraît sur une estrade, d'où il peut être aperçu de toute la ville, et il bénit la belle statue de la Vierge immaculée. Au signal donné pour cette bénédiction, toutes les cloches de la ville s'ébranlent ; l'airain retentit au loin, annonçant la pieuse cérémonie, et le canon mêle sa voix de tonnerre à ce concert imposant.
Tout à coup, un vent violent siffle dans les gracieuses découpures dentelées du clocher, agitant les oriflammes ; il semble vouloir arracher de sa base l'image de celle qui a foulé aux pieds le serpent infernal. La pluie vient se joindre à l'orage ; mais rien ne ralentit le pieux empressement des Lyonnais à rendre leurs hommages à la reine des cieux.
Tout le jour de la fête, on vit des groupes nombreux sur les quais de la Saône, les yeux fixés sur l'image de la Vierge immaculée. Tous les regards étaient tendus vers la sainte montagne ; toutes les cloches sonnaient à la volée, et le bronze des batailles saluait la Vierge puissante dont le Fils ne porte pas en vain le nom de Dieu des armées. Oh ! alors, que ce spectacle auguste semblait donner d'ivresse à cette sainte colline, et la montrer tressaillante, bondissante d'allégresse, toute palpitante de foi, toute résonnante de saints cantiques, toute ruisselante de prières ! Oh ! alors, dans les transports de notre admiration, n'avions-nous pas ces paroles sur les lèvres : O mère des Lyonnais ! sois heureuse de tes enfants ! O patronne de cette cité, toi qui as tant de titres éclatants à sa reconnaissance, Vierge puissante et toute bonne, reste à jamais sa protectrice, sa sauvegarde, son amour. O ville de Lyon, votre foi est grande ; qu'il vous soit fait selon ce que vous avez cru !
La nuit venue, illumination spontanée, unanime, enthousiaste, de toute la ville, malgré l'incertitude du temps. D'un bout à l'autre de la cité, on dirait un incendie général ; Les quais se déroulent comme des chaînes de diamants, dont les feux se reflètent dans les eaux des fleuves... De la terrasse de Fourvières, qui domine la ville, on voyait jusqu'aux extrémités des faubourgs étinceler des feux. Tout était diamanté, perlé, constellé, inondé de myriades de lumières.... Tout autour de la Vierge et sons ses pieds rayonnaient ces soleils innombrables, sur lesquels la reconnaissance des Lyonnais avait çà et là découpé, brodé, festonné, en lettres de flammes, à la louange de Marie, des emblèmes, des légendes, des appellations chères à la mère de Dieu, et toutes écrites avec le cœur. Les quartiers les plus pauvres rivaliseront avec les plus opulents ; on voyait même la lampe de la pieuse ouvrière suspendue à la fenêtre de sa mansarde.

Du plus grand jusqu'au plus petit, tous veulent contribuer à l'éclat de cette fête, qui étonne le monde entier. Les quais de la Saône surtout attirent les regards ; les bateaux y sont ornés de couronnes et éclairés par des lanternes vénitiennes ; les bons mariniers ne sont pas les derniers à fêter celle qu'ils regardent comme leur protectrice.
La Saône, reflétant ces feux sans nombre, les multipliait à l'infini ; c'était un étrange et indéfinissable coup d'œil.... Oh ! quel jour béni pour les vrais serviteurs de Marie ! Comme le cœur battait vivement ce jour là ! Quelle douce joie l'inondait ! Lyon se révéla à lui-même et au monde. Toute la banlieue, à plusieurs kilomètres de distance, se prit aussi à illuminer, et de bruyantes fusées lancées du Dauphiné même disaient aux Lyonnais quelle part on prenait à leur joie. 

Le dimanche suivant seulement, l'illumination put avoir lieu sur la colline de Fourvières, plus exposée au vent que le reste de la ville.

Le soir arrivé, le clocher de la chapelle se festonna de lampions ; et lorsque tous les regards de la cité, resplendissante de feux, comme la première fois, étaient tournés vers Fourvières, des fusées sans nombre, s'élançant de la sainte montagne, allaient s'incliner devant la haute statue de la Vierge, l'éclairaient en passant de leur lueur éphémère, image des grandeurs d'ici-bas ; puis, en s'épanouissant dans l'air, laissaient pleuvoir sur la ville leurs gracieuses étoiles de diverses couleurs, charmant emblème des bénédictions de Marie. Par intervalles encore, les flammes du Bengale, arrachant aux ténèbres la grande image de la Vierge, la faisaient apparaître à la cité comme une vision céleste, entourée d'une atmosphère vaporeuse et pleine de charmes ; et lorsque la statue rentrait doucement dans le mystérieux sanctuaire que semblaient lui faire en ce moment les ombres de la nuit, on entendait encore, de la terrasse de Fourvières, les salves d'applaudissements, les hourras de salut et d'admiration que poussait la foule, qui stationnait sur la rive gauche de la Saône, visiblement dominée par le sentiment religieux dont étaient saisis tous les cœurs....
Oh ! il faut, pour se faire une idée vraie de ce qu'alors il a été donné de voir et d'entendre ; il faut, disons-nous, avoir été présent soi-même à cette grande fête du soir, dont le bourdon de la cathédrale donna le majestueux signal, et qui transfigura toute notre ville en un temple immense, illuminé de ses milliers de candélabres, et dont Fourvières était le sanctuaire, le lieu saint vers lequel se tournaient tous les regards, toutes les prières, toutes les actions de grâces. 
Cette fête se renouvelle tous les ans, le 8 décembre. 
La Nativité de la Vierge est aussi un jour de grande solennité.
La bénédiction du saint sacrement est donnée à la ville, du haut de la terrasse de Fourvières, et cette cérémonie imposante ne manque jamais d'attirer une foule immense. 
L'Assomption est la fête principale de Notre-Dame de Fourvières, et c'est ce jour-là surtout qu'on regrette que la sainte basilique n'ait pas de plus vastes proportions. 
On célèbre aussi avec une pompe inaccoutumée l'anniversaire séculaire de la consécration de la ville de Lyon à Notre-Dame de Fourvières, le 8 septembre 1643.
Parmi les pèlerins illustres qui se sont agenouillés dans cet auguste sanctuaire, nous ne pouvons passer sous silence l'empereur Napoléon III et l'impératrice Eugénie, qui s'y rendirent le 26 août 1860. L'impératrice voulut y laisser un souvenir de sa visite, et fit don à Notre-Dame d'une chapelle en vermeil du plus beau travail.
Source : Livre "Les pèlerinages de France" par Eugène Rosary




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