Le carême, Jésus dans le désert

Jésus au désert

Source : http://www.prierenfamille.com/Fiche.php?Id=208 

Présentation : Après son baptême dans le Jourdain et avant l'appel des premiers apôtres, Jésus s'isole et jeûne pendant 40 jours et 40 nuits dans le désert. C'est le premier Carême, plein de profondes leçons pour nous.

Après trente années de "vie cachée", Jésus quitte son atelier de charpentier à Nazareth. Mais, avant de commencer son ministère de prédication, sa "vie publique", et comme en transition, l'Evangile nous Le montre d'abord aller recevoir le baptême de Jean-Baptiste, puis s'enfoncer pour quarante jours dans la profondeur du désert pour un temps de prière et de pénitence. C'est ainsi qu'il inaugure sa mission de Rédempteur.

Trois scènes sont à contempler, inséparables, qui vont nous introduire dans le mystère du Carême :

1 - tout d'abord,son baptême par St Jean-Baptiste ;
2 - aussitôt après, il se retire dans le désert pendant 40 jours, dans le jeûne et la prière, subissant les assauts du démon ;
3 - puis, sortant du désert, il repasse par le Jourdain, à l'endroit où Jean-Baptiste continue de baptiser : ce dernier le désigne à Jean et André, les deux premiers disciples :
"Voici l'Agneau de Dieu, Celui qui ôte le péché du monde". (Jn 1, 29)

Le baptême

- En demandant à Jean le baptême, Jésus se met au rang des pécheurs. Et Il prend sur lui tous les péchés de tous les pécheurs de tous les temps.
Par ses souffrances, le juste, mon Serviteur, justifiera des multitudes en s'accablant de leurs fautes... Il s'est livré lui-même à la mort, et il a été compté parmi les malfaiteurs, alors qu'il supportait la faute de beaucoup et qu'il intercédait pour les pécheurs. (Is 53, 11-12)
Le Baptême de Jésus, c'est, de sa part, l'acceptation et l'inauguration de sa mission de Serviteur souffrant. Il se laisse compter parmi les pécheurs (cf. Is 53,12) ; Il est déjà l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jn 1, 29) ; déjà, Il anticipe le "baptême" de sa mort sanglante (cf. Mc 10, 38 - Lc 12, 50). Il vient déjà "accomplir toute justice" (Mt 3, 15) c'est-à-dire qu'Il se soumet tout entier à la volonté de son Père : Il consent par amour à ce baptême de mort pour la rémission de nos péchés (cf. Mt 26, 39)… (CEC 537)
- En réponse à cet acte d'humilité, Dieu se manifeste dans le mystère de la Sainte Trinité :
Le ciel s'ouvrit et l'Esprit-Saint descendit sur lui sous la forme d'une colombe.
Et un voix vint du ciel : "Tu es mon fils bien-aimé, en toi j'ai ma complaisance. (Lc 3, 22)
… A cette acceptation répond la voix du Père qui met toute sa complaisance en son Fils. L'Esprit, que Jésus possède en plénitude dès sa conception, vient reposer sur Lui (Jn 1, 32-33). Il en sera la source pour toute l'humanité. A son Baptême, les cieux s'ouvrirent (Mt 3, 16), que le péché d'Adam avait fermés ; et les eaux sont sanctifiées par la descente de Jésus et de l'Esprit, prélude de la création nouvelle. (CEC 537)
- Par son immersion dans le Jourdain, il sanctifie l'eau qui est l'élément essentiel du baptême : c'est ainsi, par sa toute-puissance divine, que l'eau du baptême nous procure la grâce sanctifiante, c'est-à-dire non seulement nous purifie du péché originel, mais nous donne effectivement la vie divine : la Sainte Trinité prend alors possession de notre âme et vient y faire sa demeure.
Raison fondamentale pour ne jamais retarder le baptême d'un nouveau-né !... L'Amour Divin ne peut attendre.

La retraite au désert

Après son baptême, Jésus, nous dit l'Evangile, fut conduit, poussé par le Saint-Esprit dans le désert, pour y être tenté par le diable.. (Mt 4, 1 - Mc 1,12 - Lc 4, 1).
Cette expression "poussé ", surprenante, nous montre en Jésus l'accomplissement d'une ancienne loi, celle du bouc émissaire (Lv 16, 20-22) : à la Fête des Expiations, le Grand-Prêtre se faisait amener un bouc, puis il lui posait les mains sur la tête, confessait tous les péchés du peuple, et en chargeait l'animal. Celui-ci était alors impur, on l'emmenait dans le désert, où il restait abandonné parmi les bêtes sauvages, et livré au démon.
C'est là une figure de Jésus notre Sauveur : c'est Lui qui a pris sur Lui tous nos péchés, et les portant sous les yeux de son Père, il fut par le Saint Esprit conduit au désert afin d'y faire pénitence pour nous tous et de ménager par là notre réconciliation avec Dieu.
"Vraiment c'était nos maladies qu'il portait, et nos douleurs dont il s'était chargé... Le châtiment qui nous donne la paix a été sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. (Is 53, 4-6)
Jésus, l'Agneau sans tache (1 P 1, 19) chargé de nos péchés, va être livré à la tentation du Malin.
Sa manière d'y répondre nous enseigne comment on lutte contre le démon et comment on en triomphe. Suivons la scène dans l'Evangile : Mt 4, 3-10 – Lc 4, 1-13.

La triple tentation.

Satan ignorait le mystère de l'Incarnation, et tenta le Christ pour savoir s'il était le Fils de Dieu. Il va procéder comme au Paradis Terrestre : il agit avec Jésus comme avec Adam, mettant en jeu :
- la sensualité : Si tu es le Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains.
- l'orgueil (ou présomption : tenter Dieu) Si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas.  
- l'ambition (ou cupidité) : Je te donnerai toutes ces choses si, te prosternant, tu m'adores.

Comment Jésus résiste-t-il ?

En lui opposant les vérités éternelles exprimées dans la Sainte Ecriture :
- à la sensualité : l'homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. (Dt 8, 3)
- à l'orgueil : Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu. (Dt 6, 16)
- à l'ambition :Tu adoreras le Seigneur ton Dieu et le serviras lui seul. (Dt 6, 13)

Pourquoi Jésus voulut-il se soumettre à l'épreuve de la tentation ?

Toute sa vie publique sera un combat contre Satan : le but même de sa mission n'est-il pas de
réduire à l'impuissance celui qui a l'empire de la mort, le diable, et délivrer ceux que la crainte de la mort vouait toute leur vie à la servitude. (He 2, 14-15)
Ayant donc pris sur Lui nos péchés, notre condition d'hommes pécheurs, Jésus va mettre le diable en échec là même où Satan avait triomphé d'Adam : il nous apprend ainsi l'unique manière de résister au Malin.
Jésus est le nouvel Adam, resté fidèle là où le premier a succombé à la tentation… Il se révèle comme le Serviteur de Dieu totalement obéissant à la volonté divine. En cela, Jésus est vainqueur du diable : Il a "ligoté l'homme fort" pour lui reprendre son butin (Mc 3, 27). La victoire de Jésus sur le Tentateur anticipe la victoire de la passion, obéissance suprême de son amour filial du Père.
La tentation de Jésus manifeste la manière qu'a le Fils de Dieu d'être Messie, à l'opposé de celle que Lui propose Satan et que les hommes désirent Lui attribuer. C'est pourquoi le Christ a vaincu le Tentateur pour nous : Car nous n'avons pas un grand-prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, Lui qui a été éprouvé en tout, d'une manière semblable, à l'exception du péché (He 4,15). L'Eglise s'unit chaque année par les quarante jours du Grand Carême au mystère de Jésus au désert. (CEC 539-540)

A propos de la tentation, voir aussi les documents
« La tentation » (N° 218) et « Le Carême, un temps de combat spirituel » (N° 209).

Voici l'Agneau de Dieu, Celui qui ôte le péché du monde…

C'est ainsi que Jean-Baptiste, le Précurseur, désigne Jésus à sa sortie du désert, à deux de ses disciples, Jean et André (Jn 1, 29). Ceux-ci vont désormais le quitter pour s'attacher à Jésus, ce sont eux qui l'annonceront à leurs frères et leurs amis, ce qui constituera peu à peu le groupe des apôtres.
Voici l'Agneau de Dieu, Celui qui ôte le péché du monde : c'est l'annonce du sacrifice qui nous sauve.
En nous montrant comment résister au démon, notre Sauveur déjà nous indique la voie à suivre. Mais cela ne suffit pas : par nos seules forces, nous ne pouvons pas vaincre le mal.
Jésus a d'abord mis Satan en échec au désert, mais c'est au Golgotha, pendu au gibet de la Croix, que notre Sauveur va obtenir, pour nous la victoire finale, décisive, définitive : c'est donc toujours par les mérites de sa Sainte Croix, par son Sacrifice, que nous pouvons maintenant vaincre le mal dans nos vies.
Vous pouvez approfondir ce thème dans le Catéchisme de l'Eglise Catholique aux § 606 à 618.
En voici les titres : 606-607. Toute la vie du Christ est offrande au Père - 608 - L'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde - 609. Jésus épouse librement l'amour rédempteur du Père - 610-611. A la Cène, Jésus a anticipé l'offrande libre de sa vie - 612. L'agonie à Gethsémani - 613-614. La mort du Christ est le sacrifice unique et définitif - 615. Jésus substitue son obéissance à notre désobéissance - 616-617. Sur la Croix, Jésus consomme son sacrifice - 618. Notre participation au sacrifice du Christ.

Jésus au désert : quelles leçons pour nous ?

Une retraite : l'éloignement du monde

Il n'est pas donné à tout le monde d'aller s'enfoncer dans un désert… Mais ce qui, pour nous, peut remplacer le désert, c'est d'aller faire une retraite. C'est toujours salutaire pour nous aider à remettre de l'ordre dans notre vie, prendre de la distance par rapport à nos obligations habituelles et à toute l'agitation du monde dans lequel nous vivons.
Le monde veut le bruit et la dissipation, il a peur du silence. Il confond celui-ci avec le vide, il ignore que le silence est plénitude, car il est la place que l'homme fait à Dieu.
(H. Lubienska de Lenval)
Et même sans partir en retraite, si "le silence est la place que l'homme fait à Dieu", saurons-nous consacrer dans nos journées une part plus grande de notre temps à la prière et au silence intérieur ? Certes, ce n'est pas toujours facile, mais il faut d'abord le vouloir (CEC 2650) : on trouve alors la solution pour y arriver.
On trouve le temps de prier…en donnant à la prière la priorité sur tout ce qui n'est pas un devoir supérieur. Beaucoup de choses de notre vie ne nous sont pas impérativement imposées : un examen loyal nous permettra de constater combien nous nous créons d'obligations qui ne sont pas des devoirs.
Si nous les faisons délibérément passer après le devoir de la prière, nous trouverons le temps de prier, et de plus, nous mettrons de l'ordre dans notre vie.
Ecouter la parole de Dieu d'un cœur humble et pur et lui ouvrir notre âme dans la prière, c'est Le connaître autant qu'Il peut être connu ici-bas. C'est la part contemplative de notre vie.
(Dom Germain BARBIER. Moine bénédictin. Règlement de vie chrétienne. En-Calcat)

Se retirer du monde ... Pourquoi ?

Ne savez-vous pas que l'amitié du monde, c'est l'inimitié contre Dieu ?
Quiconque veut être ami du monde se rend ennemi de Dieu. (Jc 4, 4)

"Il y a incompatibilité entre l'esprit du monde et celui de l'Evangile. Ce n'est point dans l'agitation des affaires et des soucis terrestres que l'on trouve Dieu, mais dans la solitude et le silence.
C'est au désert, c'est en s'enfonçant vers le cœur du désert que Moïse aperçut le buisson ardent ; c'est au désert qu'Elie sentit passer la brise légère où se trouvait le Seigneur, et que saint Jean-Baptiste commença de prêcher la venue du Messie.
Les mille plaisirs apparents qu'offre le monde détournent l'âme de l'unique nécessaire..."
(Dom J. de MONLEON. Les instruments de la perfection)
L'Esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit ni le connaît. (Jn. 14, 17)
"Par ces mots, "le monde", Jésus désigne ici ceux qui sont pleins de l'amour du monde, amour qui ne vient pas du Père. C'est pourquoi, à l'amour du monde que nous avons tant de peine à diminuer et à détruire en nous, est opposé "l'amour de Dieu que répand dans nos cœurs l'Esprit-Saint qui nous a été donné". (Rm. 5, 5)
L'amour mondain est dépourvu de ces yeux invisibles au moyen desquels on peut voir l'Esprit-Saint qui ne peut être vu que d'une manière invisible : s'il n'est pas en nous, nous ne pouvons en avoir la connaissance. Si au contraire Il est en nous, nous pouvons Le voir comme nous voyons notre propre conscience. " (saint Augustin)

Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que Tu m'as donnés...
Père Saint, garde-les dans ton Nom...
Je ne Te demande pas de les ôter du monde, mais de les garder du mal... (Jn 17, 9, 11, 15)

Se séparer du monde...

Pour "être à Dieu", il est nécessaire de se séparer de ce qui n'est pas selon Dieu. L'histoire d'Israël, le peuple de Dieu, est aussi celle d'une séparation : quitter l'Egypte, la terre de servitude, c'est quitter l'esclavage du péché.
Sortez du milieu d'eux (les peuples païens) et séparez-vous, dit le Seigneur.
Ne touchez pas à ce qui est impur, et Moi, je vous accueillerai. (Lv. 26, 11-12, cité en 2 Co 6 16)
De même que les Hébreux dans le désert ont été soumis à un temps de purification rigoureuse avant de pouvoir entrer dans la Terre Promise, de même nous sommes invités à nous séparer de tout ce qui en nous est "servitude du péché", et à travailler à notre conversion : revenir vers Dieu et Lui soumettre toute notre vie.

Vous serez saints pour Moi, car Je suis Saint, Moi, le Seigneur,
et Je vous ai séparés des autres peuples, afin que vous soyez à Moi. (Lv 20, 26)

Telle est la spiritualité du Carême

Ce qui nous est demandé, c'est de nous séparer, non pas de tout ce qui fait notre vie quotidienne, mais de ce qui, dans notre vie quotidienne, est zone d'ombre où la lumière divine (la lumière pascale) ne pénètre pas encore.
De la même manière que nous isolons un malade contagieux, il est indispensable d'écarter de nous le mal sous toutes ses formes : le péché est la maladie de l'âme.
Et nous avons tout intérêt à réaliser cette purification avant la séparation finale, celle qui sera opérée par le Christ Lui-même lorsqu'Il viendra comme Juge à la fin du monde :
Il séparera les uns d'avec les autres, comme le berger sépare les brebis d'avec les boucs ;
et Il placera les brebis à sa droite et les boucs à sa gauche. (Mt 25, 32)


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