Cordoba (Cordoue, Espagne) Notre-Dame de la Fuensanta

Cordoba (Cordoue, Espagne) 
Notre-Dame de la Fuensanta


Cordoba : Notre-Dame de la Fuensanta
Santuario de Nuestra Senora de la Fuensanta


La Vierge se manifeste près d'un figuier à Gonzalo Garcia et promet des guérisons grâce à l'eau d'une fontaine proche.


Cordoba : Notre-Dame de la Fuensanta
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 ...Tel était un simple ouvrier de Cordoue nommé Gundisalve Garzia.
Né dans l'obscurité, plongé dans l'indigence, obligé d'entretenir du fruit d'un travail ingrat et continuel (il était cardeur de laine), une femme paralytique et une fille aliénée, il savait, non discourir sur l'égalité d'âme dans l'infortune, mais se résigner à la volonté de Dieu qui l'éprouvait, et faire avec calme et constance tout ce était en lui pour secourir sa triste famille.
Son épouse partageait ses sentiments, et incapable de travailler elle-même, elle souffrait avec patience et appréciait, comme elle le devait, le dévouement de son époux, qui se consumait de soins et de fatigues pour elle.
Gondisalve devait encore joindre au travail opiniâtre auquel il se livrait pour obtenir le pain de tous les jours, l'exercice des emplois les plus pénibles et les plus bas dans l'intérieur de sa maison ; et, dans une position si digne d'intérêt et de secours, nul ne lui venait en aide, soit qu'il n'osât point faire connaître dans toute la vérité l'extrémité où il était réduit, soit que la providence, pour embellir la couronne que lui préparait la patience, permit que les dons de la charité n'arrivassent point jusqu'à lui.
Dans sa détresse, il se recommandait à la Vierge sainte, et, après Dieu, elle excitait toute sa confiance.
Cette confiance ne fut pas trompée.
Un jour que se voyant seul dans la campagne, il croyait pouvoir adresser au Ciel, avec plus de liberté, une plainte respectueuse, il se mit à invoquer Marie avec larmes et soupirs, la conjurant de ne pas l'abandonner dans la déplorable situation où il se trouvait réduit, puisqu'il ne savait à qui s'adresser sur la terre.
La Mère de Dieu vient au secours de son serviteur désolé, elle se présenté à lui assistée de saint Aciscle et de sainte Victoire, patrons de Cordoue, qu'il avait sans doute aussi invoqués ; elle lui dit avec bonté qu'il n'a qu'à puiser à une telle fontaine qu'elle lui indique dans le voisinage, que cette eau sera pour sa femme et sa fille un remède efficace.
"Du reste, ajoute-t-elle, ne t'étonne pas de la vertu de cette eau. Cette vertu lui vient de mon image cachée là, près de la source, entre les racines épaisses d'un figuier.
Je veux pour le bien d'un grand nombre de fidèles, qu'on la retire de ce lieu, qu'on l'honore et que les habitants de Cordoue lui bâtissent un temple."
Gondisalve, transporté de joie, court à la fontaine signalée par la sainte Vierge, et boit lui-même avec respect de son eau.
Bientôt, s'étant procuré un vase, il le remplit, et, parcourant en un instant la distance de deux milles qui le sépare de Cordoue, il se rend dans sa maison, raconte à son épouse la faveur dont la Mère de Dieu l'a honoré, et fait passer en elle toute la confiance qui l'anime.
La mère et la fille boivent de l'eau merveilleuse, et elles recouvrent une santé parfaite.
Tandis que, dans l'intérieur de leur maison, elles se répandent en louanges et en actions de grâces aux pieds du Sauveur et de sa sainte Mère, Gondisalve va trouver l'évêque, l'instruit de tout et le prie de bien vouloir faire creuser auprès de la fontaine, à l'endroit indiqué par le figuier, pour en tirer l'image de la Mère de Dieu.
Le prélat l'écoute avec attention, s'assure de la vérité du miracle, et en ayant acquis l'intime conviction, il réunit le peuple et se rend processionnellement à la fontaine.
On trouve le figuier, on l'arrache par son ordre, et parmi ses racines on découvre en effet une antique statue de la Vierge, longue de 50 cm, faite de bois, de couleur noire, avec un manteau doré.
Elle était dans un état de parfaite conservation ; seulement les couleurs étaient ternes ou altérées par l'humidité.
Sur le bras gauche, elle soutenait un Enfant Jésus qui paraissait debout.
La joie est universelle ; on bénit le Ciel, on remercie Marie qui veut donner à Cordoue un nouveau gage de sa protection, et parmi des chants d'allégresse, au bruit des cloches, on porte l'image dans le sanctuaire provisoire qu'on lui a destiné, en attendant que, selon le désir que la Vierge en a témoigné à Gondisalve, on ait bâti une chapelle où elle soit dignement honorée.
On l'invoque dès cet instant avec confiance ; on boit de la sainte fontaine en formant des vœux que bien souvent la bonté toute puissante de Marie daigne exaucer.
Cette eau salutaire rendit la santé au roi d'Aragon qui ressentait depuis longtemps les ardeurs d'une fièvre plus forte que tous les remèdes employés par l'art.
C'est surtout envers les captifs que Notre-Dame de Sainte-Fontaine se plait à se montrer pleine de bonté et de miséricorde. Ils ne l'invoquent jamais sans ressentir les effets de sa tendre compassion.
Le sanctuaire de Notre-Dame de Sainte-Fontaine a été, depuis sa fondation jusqu'à ces derniers temps, un lieu de dévotion très-fréquenté par les habitants de Cordoue et les populations voisines.
Belle et élégante par elle-même, la chapelle de la Vierge avait été enrichie par la piété des fidèles et la reconnaissance de ceux qui avaient reçu aux pieds de son Image des faveurs signalées.
Parmi tant de prodiges qu'elle s'est plu à opérer, nous choisissons un trait de bonté et d'attention maternelle que nous fournissent les Annales de la Compagnie de Jésus.
Thomas Sanchez, qui depuis acquit une si grande réputation de doctrine et de vertu, se trouvant jeune encore à Cordoue, sa patrie, et ayant résolu de quitter un monde dont il connaissait et redoutait les dangers, pour se réfugier dans le port de la vie religieuse, vers laquelle le portait un attrait qu'il ne doutait pas venir du ciel, manifeste avec humilité, mais avec ardeur aux supérieurs des jésuites les saints désirs que Dieu lui inspirait d'embrasser leur institut.
Un obstacle naturellement insurmontable s'y opposait ; le jeune Sanchez était bègue, et on lui répondit qu'avec ce défaut il n'était point propre à exercer les ministères de la Compagnie, et qu'en conséquence on ne pouvait le recevoir.
Ce refus lui fit éprouver une peine d'autant plus vive que ses désirs étaient plus ardents.
Heureusement pour lui que sa confiance était grande. Il se rend droit à la chapelle de Notre-Dame de Sainte-Fontaine pour laquelle il avait une dévotion spéciale, et se jetant à genoux devant l'Image de la Vierge, il répand son cœur devant elle, la suppliant de vouloir bien l'aider à réaliser les bons désir que le Ciel lui inspire, en l'affranchissant de ce bégaiement qui s'oppose à son entrée dans la Compagnie de Jésus.
La foi et la confiance filiale avec lesquelles il invoquait la Reine de bonté lui méritèrent d'en être regardé avec intérêt.
Il se sent exaucé à l'heure même.
Il essaie de parler, et il le fait avec autant de perfection que de facilité, quoiqu'il lui reste encore je ne sais quelle trace de sa première infirmité, qui semble devoir être un souvenir continuel du bienfait reçu.
Le jeune Sanchez voyant donc sa langue parfaitement dégagée de son premier lien, vole au collège de la Compagnie, se présente au P. Recteur, le conjurant de le recevoir dans l'ordre, puisque le Ciel, par l'intercession de Notre-Dame de Sainte-Fontaine a fait disparaître le seul obstacle qui s'y opposât.
Le Recteur ne peut revenir de son étonnement en entendant parler librement celui qui peu auparavant ne pouvait s'énoncer qu'avec tant de peine.
Ce prodige dont il ne peut douter est pour lui un pressant motif de recevoir dans la Compagnie un jeune homme si favorisé de la Reine des Anges et qui par son génie et ses vertus promet de fournir une brillante carrière dans les sciences ; promesse si bien réalisée depuis.
En mémoire et en reconnaissance de cette faveur éclatante, lorsque dans la suite le P. Sanchez venait à Cordoue, il ne manquait jamais de rendre visite à Notre-Dame de Sainte-Fontaine, avant même de se présenter au collège, et le lendemain il passait toute la journée en prières et en dévots exercices dans le même sanctuaire.
Impossible d'exprimer à quel point le jeune Sanchez estimait sa vocation, et le bienfait de la vie religieuse dont la Vierge sainte lui avait ouvert la carrière par une faveur si marquée.
On le vit, dès le principe, s'appliquer à l'acquisition des vertus avec une ferveur et un zèle qui étonnaient, même dans un novice ; et ce qu'il y eut de plus remarquable encore, c'est que sa constance ne se démentit jamais pendant les 47 ans qu'il passa dans la Société.
Aussi à peine fut-il initié aux saints ordres et eut-il terminé ses dernières études, qu'on le chargea du soin de former à l'esprit religieux les candidats de la Compagnie, dans le noviciat de Grenade, emploi qu'il exerça quelques années à la satisfaction commune et au grand avantage de ces jeunes plantes, précieuses espérances de son ordre.
Cependant les rares talents qui brillaient en lui, et qui, comme le jour naissant, jetaient dans leur progrès des lumières de plus en plus vives, firent juger aux supérieurs qu'un tel génie n'était pas fait seulement pour former quelques novices à la vie religieuse, et que la Providence l'avait fourni si abondamment des trésors d'une céleste doctrine pour l'intérêt de toute l'Eglise.
Il composa donc, par leur ordre, ces admirables traités de théologie qui lui ont assuré à jamais un des premiers rangs parmi les docteurs qui ont fleuri dans le monde, depuis saint Thomas.
Son assiduité à l'étude et l'austérité de sa vie paraîtraient incroyables, si l'on ne savait combien puissante est l'action de la grâce pour élever l'homme au-dessus de la nature de lui-même.
Avec un tempérament faible, il ne donnait pas moins de dix à douze heures par jour à la réflexion et à la composition, et toujours à jeun, car il ne prenait de nourriture qu'une fois le jour, et cela au coucher du soleil.
Quatre jours de la semaine, et de plus l'Avent et le Carême, tout son repas consistait, en quelques légumes et des fruits secs ; la veille des fêtes de Notre-Seigneur et de sa sainte Mère, il jeûnait au pain et à l'eau.
Il châtiait son corps avec une rigueur qui répondait à un tel genre de vie.
Grâce à la pratique constante de la pénitence et par un effet de cette protection de la Vierge sainte qui veillait sur lui avec une bienveillance toute spéciale, il eut le bonheur de porter au tombeau, après soixante ans de vie, son innocence baptismale ; ce qui est d'autant plus admirable que, pour l'instruction des légistes et des confesseurs, il fut obligé d'étudier et de traiter les parties les plus scabreuses et les plus délicates de la science morale, de sonder les replis secrets du cœur humain, et d'indiquer aux médecins des âmes les remèdes à employer pour guérir les consciences les plus corrompues.
Quelque plongé qu'il fût dans l'étude, il possédait le secret de converser avec Dieu avec cette sainte familiarité qu'il permet à ses amis ; et c'était principalement dans l'oraison qu'il trouvait la solution des difficultés dont la carrière théologique est hérissée.
Les doux noms de Jésus et de Marie étaient habituellement sur ses lèvres et leur amour occupait toujours délicieusement son cœur, c'était là le secret de sa piété et de son admirable constance.
Cette brillante lumière de l'Eglise s'éteignit à Grenade, le 19 mai 1610.
Le P. Thomas Sanchez reçut de l'archevêque, des ordres religieux, du sénat et de toutes les classes de citoyens les honneurs qu'on rend aux hommes qui meurent en odeur de sainteté, le Ciel sanctionnant en quelque sorte ces témoignages d'une vénération religieuse par l'éclat d'une pudeur angélique qui brillait sur son visage. Heureux ce fervent religieux, d'avoir été l'objet spécial de la protection de la Vierge très pure et d'avoir si bien correspondu aux grâces que le Ciel lui accordait par son moyen !
L'analogie des matières nous conduit à parler d'un autre des plus grands docteurs des temps modernes, à qui il fut donné de puiser à la même source que le P. Sanchez toute sa science et toute sa célébrité.
Ce ne fut pas, il est vrai, au sanctuaire de Notre-Dame de Bonne-Fontaine que ce privilége lui fut accordé, mais ce fut toujours aux pieds de Marie, et d'une manière assez semblable à ce que nous avons admiré dans le P. Sanchez.
Nous voulons parler d'un insigne théologien de la même nation et du même ordre religieux, du P. François Suarez.
Il était né à Grenade, le 5 janvier 1548, de parents distingués par leur naissance et leur vertu.
Parvenu à l'âge critique des passions, il sut, par la miséricorde du Seigneur et la pratique de la religion, se conserver pur et éviter les dangers qui entourent la jeunesse dans la carrière des études publiques.
Les sermons du P. Ramirex, qu'il entendit à Salamanque, lui inspirèrent le dessein de renoncer au monde et de se consacrer au service de Dieu dans la Compagnie de Jésus.
Il s'en ouvre au P. Recteur du collège de Salamanque, qui, s'étant assuré de la droiture de ses vues, le renvoie à quelques Pères de la maison, les chargeant d'examiner les dispositions et les talents du candidat.
Ces Pères sont tous d'avis que le jeune François est un ange de candeur et d'innocence, mais qu'il ne convient point à l'institut, à raison de la faiblesse de sa santé et du peu d'ouverture que parait avoir son intelligence.
Rebuté à Salamanque, le postulant se présente à Valladolid, où résidait alors le Provincial, Jean Suarez, homme d'un rare talent pour le discernement des esprits ; il se jette à ses pieds et le conjure avec larmes de le soustraire aux tempêtes et aux écueils du monde, en lui ouvrant le port de la Compagnie.
Le P. Provincial soumet l'affaire à l'examen des Consulteurs, et ceux-ci, portant le même jugement que les Pères de Salamanque, sont pour la négative.
Le P. Jean Suarez qui, pour l'ordinaire, suivait l'avis de ceux dont il avait demandé les lumières, par le mouvement d'une impulsion intérieure qui ne pouvait venir que d'en-haut, croit devoir, en cette circonstance, tenir une marche contraire.
Il reçoit le postulant et l'envoie au noviciat de Medinadel-Campo.
Dans cette sainte maison, le jeune François a le bonheur d'avoir pour maître et pour guide dans la vie intérieure le P. Alphonse Rodriguez que son Traité de la Perfection chrétienne et religieuse a rendu si justement célèbre.
Au bout d'un an de noviciat, il est envoyé à Salamanque pour y suivre le cours de philosophie.
Il se livre avec ardeur à l'étude de cette science, mais avec si peu de succès qu'il ne peut s'empêcher de s'abattre et de perdre courage.
Au bout de quelques mois d'efforts stériles, il va trouver le P. Guttières, recteur du collège, et lui demande en grâce d'être retiré des études, pour se consacrer aux humbles emplois des frères coadjuteurs.
Cet homme de Dieu, loin de lui accorder sa demande, ranime ses espérances et lui commande de continuer à étudier, ajoutant qu'il n'a qu'à faire ce qui dépend de lui et qu'il abandonne le succès à celui qui sait, quand il le veut, faire jaillir l'huile des rochers et rendre diserte la langue des petits enfants.
Le jeune François, résolu d'obéir, invoque avant tout le Père des lumières, le conjurant, si cela doit tourner à sa gloire, de dissiper les ténèbres de son esprit, ou du moins, si c'est le plan de sa Providence, d'incliner ses supérieurs à lui assigner des occupations plus convenables aux talents et aux facultés qu'il lui a donnés.
Pour être exaucé plus sûrement, il a recours à la Mère de Dieu, que dès l'enfance il a aimée comme sa mère et honorée comme sa souveraine ; il répand son cœur devant elle, et la supplie d'être son avocate et sa médiatrice auprès de son divin Fils. Son humble prière, sa tendre confiance ne pouvaient manquer d'être exaucées.
Le jeune François sent tout-à-coup son intelligence s'ouvrir et aux ténèbres de la nuit succéder tout l'éclat d'un plein jour.
Il s'opère dans lui, dans les facultés de son âme, la plus heureuse transformation ; il reconnaît par une heureuse expérience la vérité de cette parole du pape saint Léon : « Qu'on apprend vite, lorsqu'on a Dieu pour maître ! »
Le premier à s'apercevoir du changement admirable qui s'est accompli dans l'esprit de son disciple, est le répétiteur qui est chargé du soin de l'instruire en particulier et de mettre à la portée de son esprit si étroit et d'une si faible portée, les leçons du professeur.
Accoutumé à s'acquitter de son emploi un peu à contre-cœur et quelquefois avec dépit, comme quelqu'un qui perd son temps et sa peine, le voilà frappé d'un indicible étonnement, lorsque tout-à-coup il entend ce disciple d'une intelligence si lente d'abord, lui répéter les leçons du professeur avec ordre, facilité, lucidité ; lui proposer ensuite ses observations, ses difficultés ; discuter et apprécier ses réponses, et faire de nouvelles objections.
Le répétiteur ne sait s'il dort ou s'il veille. Le bruit de cette merveille se répand dans la maison ; tout le monde partage son étonnement.
Dès ce moment celui qui avait été pour quelques-uns de ses condisciples un objet de risée ou de pitié, devint pour tous un sujet d'admiration et presque d'envie.
Il est regardé comme un second maître, au point que le jeune Grégoire de Valentia, cet esprit aux grandes conceptions, depuis si célèbre par ses Commentaires sur saint Thomas, n'étant arrivé qu'au bout de l'année au cours de philosophie, son condisciple Suarez fut choisi parmi tous les étudiants pour lui enseigner la logique.
Le cours de théologie suivit de près celui de philosophie, et Suarez continua de ravir tout le monde par la pénétration de son esprit, la netteté de son langage, la vigueur de son raisonnement.
A cette époque, il arriva que le célèbre docteur Avila, prêchant sur les grandeurs de Marie, avança que la gloire et le bonheur qui récompensaient ses mérites dans le ciel, surpassaient la gloire et la félicité de tous les bienheureux pris ensemble, comme sa sainteté avait été au-dessus de la leur sur la terre.
La proposition parut exagérée à quelques esprits courts et pointilleux. Le P. Guthierez, qui ne voyait dans cette assertion rien qui ne fût parfaitement en harmonie avec la sagesse de Dieu, la dignité de Marie et les principes d'une rigoureuse théologie, chargea le jeune Suarez de chercher et de réunir des preuves qui en rendissent la vérité sensible pour toutes les intelligences.
On ne pouvait lui confier un travail plus conforme à ses inclinations. Il fait donc une dissertation où il montre que la sainteté et la gloire de Marie seule l'emportent sur la sainteté et la gloire de tous les élus pris collectivement ; et il allègue en faveur de cette pieuse croyance des arguments si forts, si concluants et en si grand nombre, qu'on ne peut s'empêcher de se ranger à son sentiment et d'admirer la doctrine d'un jeune théologien qui, à son aurore encore, brille comme un astre au plus haut point de sa carrière.
En 1571, l'Université de Salamanque obtint le privilège de terminer ses cours annuels par une dispute publique et solennelle où l'on argumenterait sur les points principaux de la théologie.
Le jeune Suarez fut choisi comme champion et défenseur des thèses assignées.
Or, parmi les thèses, il se fit un bonheur de relater celle qui avait paru étrange dans la bouche de maître Avila, et qu'il avait lui-même adoptée et soutenue avec autant de zèle que de succès.
Le coup parait hardi au docteur qui est chargé de l'examen et de la révision des thèses ; il ne peut se persuader qu'un élève de théologie puisse défendre avec avantage contre toute sorte d'assaillants et au sein d'une des plus brillantes universités du monde catholique, une proposition qui n'est, après tout, qu'une opinion, et qui doit soulever des contradictions de la part de tant de docteurs et de maîtres qui ont blanchi dans les études sacrées : le censeur veut donc effacer cette proposition.
Suarez ne veut pas en entendre parler ; il triomphe de toutes ses résistances.
Bientôt, dans la dispute, il se joue de toutes les difficultés qu'on lui oppose, répond à tout, met dans le plus beau jour sa thèse favorite, et s'acquiert, dans cette célèbre journée, une gloire qui présage ce qu'il sera, dans la suite, gloire qu'il renvoie tout entière à celle par qui lui sont venus, avec une si merveilleuse abondance, les dons d'intelligence et de sagesse.

Oh ! comme l'humble Suarez apprécia bien, toute sa vie, ce qu'il devait à la Mère de bonté ! Oh ! comme il se montra reconnaissant envers sa bienfaitrice et zélé pour défendre ses privilèges ! Quelle tendresse de dévotion dans ce profond docteur pour la Vierge sainte ! Il avait si souvent le rosaire à la main ! Il a écrit de si belles pages sur ses mystères et ses grandeurs ! Et lui aussi recourait assidûment à celle que Dieu a établie dépositaire des trésors de la céleste science, pour obtenir la solution des difficultés qu'il recontrait dans l'étude ; et lui aussi s'efforçait de mériter sa protection, non-seulement par de vives et fréquentes invocations, mais encore par des sacrifices, des œuvres pénibles et qui rendent témoignage d'un ardent amour ! En son honneur, il jeûnait deux jours de chaque semaine ; les jours où l'Eglise célèbre quelqu'une de ses solennités, il donnait à l'oraison deux heures entières, répandant son cœur devant elle et l'entretenant de sa reconnaissance et de ses nouveaux besoins, avec la simplicité et la candeur d'un enfant.
Terminons en deux mots ce qui concerne le sanctuaire de la Vierge auquel nous avons consacré ces pages.
Un vénérable religieux à qui nous avions demandé des renseignements sur son état présent, nous assure qu'il n'a eu rien à souffrir des orages politiques qui ont ravagé, depuis peu, la malheureuse Espagne.
Notre-Dame de Fuen Santa continue à être, pour la population de Cordoue, une source toujours ouverte de grâces et de bénédictions.










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